i ‘Acadie. Cette semaine. nous allons la vivre a l'heure de “L’Aca- die. l’'Acadie’, cet extraordi- naire document de Michel Brault et Pierre Perrault que Pre ar ee atta télévision d’Etat. Depuis hier. en effet, le film est a l’affi- che de la Comédie canadienne, et y restera bien longtemps je Lespere. Car c’est un film qu il faut non seulement voir. mais surtout revoir. Et cela pour une simple raison: c’est quil souléve tellement de. questions qu’on n’en a jamais fini, avec ce film. Il suffit dailleurs de rappeler le tollé général. qu’i] aura provoqué apres son passage a la télevi- sion pour qu'on serende comp- | te que ce n’est pas une simple “vue”, un spectacle. “L’Acadie, « l’Acadie’’, on s’en souvient, rapporte en grande partje les evénements qui sont survenus a |’Univer- sité de Mon¢ton en 1968 et 69. Ici, deux faits précis retien- dront notre attention: le pre- mier agita le milieu étudiant en février 1968 avec la gréve des étudiants de l'Université de Moncton pour obtenir le gel des frais de scolarité’ et la marche sur |’Hotel de ville pour obtenir ‘‘du’ bilinguis- me. Le second nous ameénera en janvier 1969 et a l’occupa- tion du Pavillon des sciences de l'Université de Moncton. ' Mais a travers ces deux .€pisodes distincts dans le temps, c'est une angoisse beau- coup plus profonde que !’on est amené a découvrir; angoisse vigoureusement exprimée par les étudiants, et admirablement rendue par le montage qu’en a fait Monique Fortier. Et c’est de savoir s'il est encore pos- sible. en Acadie, de survivre en francais. Question qu’on peut retourner de la facon sui- vante: est-il possible de vivre © en francais au Canada? Ce drame de la survivance est naturellement lourd d’im- plications. Les réactions sus- citées par le film et font foi: le probleme est on ne peut plus d’actualité. Et c’est na- turellement de Moncton que nous viendront les commentai- res les plus précis, les plus passionnes. . ; La population acadienne s’ est trouvee brusquement confron- tée a la. réalité: elle a réagi. Manifestations spontanées des étudiants, formation d'un front commun pour la défense des droits de la minorité franco- phone, création de plus en plus probable d@’un partiacadien, re- mise en se de la politique de I’ Hotel de ville de Moncton: ce sont 1a autant de signes ré vélateurs d’une prise de cons- cience que le film aura réussi a révéler. Il_ ne faudrait pas croire cependant que toutes les réac- tions ont eté favorables. Du cote francophone, on a émis certaines réserves. La plus violente aura été cele de l'é ditorialjste de Il’hebdomadai- re francophone d’Edmunston. “Le Madawaska” qui, rap- porte le journal, Le Soleil. remet en fait en lumieére les luttes régionales entre fran- cophones a l’intérieur meme . du Nouveau-Brunswick. C'est ainsi que pour le ‘“‘Madawas- ka’. le film “L’Acadie. l’Aca- . die’. “comme tout ce qui se fait au Québec a notre sujet’. vient de faire passer les Aca- - diens pour une bande darrié rés. Voila donc le Québec taxé d’ impérialisme! Chez les étudiants de Monc- ton le probleme ne se pose pas de la méme maniére. Le Qué bec. certes, exerce une gros- se fascination: le film est 1a pour en témoigner. Mais on regrette que la confrontation ait été réduite a une confron- tation étudiants — pouvoir an- Bphone. “Tl y manque, dira londine Maurice dans une interview au Soleil. |’inter- médiaire. ‘la Patente”. cest-a-dire I'dlite franco- phone.. qui compose avec le pouvoir anglophone.” Le probléme: acadien est donc complexe; plus com- plexe que ce que le film peut en réveler en deux heures de temps. Cela, on pouvait 1’i- maginer. Mais deux heures, c'est. déja une drdle de victoi- re pour les acadiens: on ne s’étonnera donc pas que la version anglaise ait été rédui- te a soixante-quinze minutes. Quarante-cing minutes de moins! Passons. Mais si le film n’aborde pas le probleme acadien dans toute sa complexité, de 1a a préten- dre que le film manque d’ob- . jectivité, il y a tout un océan a franchir. Et pourtant. le Moncton Times, l'un des quo- tidiens anglophones de Monc- ton, lui. le franchira aisément. De “l’Acadie, iAcadie”. il ne retiendra en effet que le fait que c'est ur film produit par YONF. Comment un organisme fédéral peut-il se permettre de dilapider ainsi les deniers du public dans la réalisation d'un film pareil? C'est-a-di- Une scéne du film “l’Acadie, l’Acadie” de Brault et Perrauit. re un film qw ne semploie nullement a _ deécrire les “bons” et les ‘‘mauvais” cd-~ tés de la situation: un film donc, qui ne respecte pas ce fameux équilibre entre ce qui it étre bon et ce qui peut etre ‘‘moins bons’’. Mais le bouquet. c'est lors- que I’éditorialiste du Monc- ton Times accuse les cinéas- tes de collution avec les étu- diants contestataires. Cette sympathie que manifestent de toute évidence les réalisa- teurs a l’endroit de ces jeu- nes qui réclament un droit qui leur est garanti, ne peut étre que suspecte. Conclusion: le film devrait s’intituler “Une année dans la vie de six étu- diants de l'Université de Monc- ton.” Et. surtout n’allez pas parler de l’Acadie. ce detail encombrant. Mais l’Acadie. vous la dé vouvrirez néanmoins 4 tra- vers ce film: et cela n’a rien d'un détail. Ou si vous le pré férez, ce n'est plus un. detail depuis “L’ Acadie. I’Acadie”. Le gagnant Studio 11. Chiéoutimi la Superbe conserve son titre qui lui vaut pour une annee encore une Yenommée pareille a I Olympe: le plus, beau des mortels a éte elu parmi ses.fils, il a nom Guy Parent, et il a re- cu hier des mains de son prédecesseur, formé dans la méme cité, la couronne <3 d’ Apollon. Tel est le sort que lui réservait une émission spéciale de Studio 11, dont le déroulement tout en faste n’a pas éte retransmis a la radio d’Etat comme prévu, les techniciens de Radio-Canada, sans doute indifférents 2 un événement qui laisse les micros impuissants, ayant choisi ce moment unique pour débrayer. Directeur adjoint du service aux étu- diants au CEGEP de Chicoutimi, l’heu- reux titulaire doit son regne éphémere d'une année a la défaite conjuguée d’un chercheur, d’un ecclésiastique, d’un Hon- grois, d'un célibataire, d’un finissant d’éducation physique, d’un Torontois uni- lingue et de l'animateur d'une emission télévisée dont le titre, ‘‘Au masculin’’, acertes été dicté par quelque augure. L’ennui de ce genre de concours, c’est qu'il, v a des hommes qui portent mal leur beauté présumée, comme d'autres sont mal a l’aise dans. un smoking, sur- tout s’ils ont a affronter pour la défendre les questions et les remarques impitoya- bles de Mme Lise Payette; animatrice de Le deuxiéme ennui, s’il en est, c’est que les finalistes des ‘‘huitsrégions-de- la-chaine - francaise-de-Radio-Canada”’ sont élus d’aprés des instantanés photo- graphiques. Il” est difficile d’imaginer qui peut s’en contenter, sauf Barbara , qui chantait naguére subversivement: “Si la photo est bon-on-ne...”* Le troisieme et dernier ennui, pour faire comble, c’est Yvon Deschamps qui l’a révélé, lui qui recevait hier dans son décor de la salle Maisonneuve (Place -des Arts), les huit concurrents, les trois animateurs, les cing artistes invités, les Rectificatif Contrairement a l'information pa- rue en page 7 du DEVOIR de jeudi, 10 février, sous la rubrique ‘Des Québécois s’envolent vers Paris pour la conférence sur I’Indochine’,.la Fédé ration des femmes du Québec n’est : représentée a cette conférence et n’y envoie aucun délégué. Ses « M. Guy Parent, de Chicoutimi, a été élu le plus bel homme du Canada par le Jury de Studio 11, composé cette année de Mmes Andrée Champagne, Lizette Gervais, Nathalie Naubert, Marie-France Beaulieu et Nicole Labonne (Miss Québec 1971). Ginette Reno, qui trinque avec le gagnant, assurait avec Yvon Deschamps, Shirley Theroux, Michel Louvain, Alys Robi et la basse Jean-Clément Bergeron, la partie musicale du spec- ctacle de couronnement. ;Wingt-deux musiciens, ainsi que le par- : = Vharmonie ambigué et trompeusé terre, la corbeille et le balcon des fidé- des et assidues auditrices 4 qui un jury _de belles femmes reconnues avait ravi i'le privilege de désigner le plus beau. 1 ‘$'il était permis au témoin de ce cou- ronnement d'exprimer un avis, il dirait que le charme lui pardit plus désirable les traits. Mais Deschamps. qui ne ra- ; te jamais la note. a dit beaucoup mieux: :“Un peut pas tre beau pour tout le monde. tout le temps”. Puis, se ravisant et compleétant la rime: “Si, la seule. ma- niére, c’ est d’étre beau en dedans.”’ LE SOLEIL, 25 FEVRIER 1972, IX.