centre de la ville ot trd- nent le Palais municipal, le grand cafe, le jardin pu- blic voguant comme un Ppa- quebot sur les flots du paysage. Non ! Le quartier de pittoresque forme une bourgade tapie dau flanc de la cité. C’est un village an- cien, coloré, mangé peu a peu par la pioche des démo- lisseurs, et que les riches traversent en trombe, sans rien voir. Imaginez des toi- tures dont la pente déborde au-dessus des trottoirs, des appuis de fenétres ornés de boftes de conserves en guise de pots de fleurs, des paves larges et inégaux, des ve- nelles A pic. Misére et cou- leur !’’. Si vous aimez tant ” ne venez-vous pas y vivre Question embarrassante | La pauvreté touchée par la est toujours belle. Des chau- 4 Séte, sa ville natale, od il s’est éteint le 28 mai, 4 V’age de 59 ans. La dépouille mortelle de l’ancien direc- teur du Théatre National Po- pulaire (TNP) fut transpor- pait sur la colline et qu’il avait appelée ‘‘Midi le Jus- te’? au Cimetiére marin tout aussi originaire de Séte. ‘Avec la disparition de Jean Vilar, c’est tout une page du theatre frangais qui est tournée, a déclaré le mi- nistre des Affaires cultu- relles de France, M. Jac- ques Duhamel, en apprenant la mort de l’illustre homme de théatre, dont la carriére s’est échelonnée sur prés de 35 ans. Inscrit A l’Ecole de Char- les Dullin en 1933 et régis- seur A l’Atelier, Vilar de- vait au début de la derniére guerre faire partie d’une troupe de tournée, ‘‘La Rou- lotte’’, qui se produisit pen- dant prés de deux ans dans = Le quartier le plus origi- | nal de Jalapa n’est pas au | qui attire le visiteur avide | ga, m’a-t-on dit, pourquoi | baguette magique du soleil | Les funérailles de Jean | Vilar ont eu lieu le 29 mai, | tée de la villa qu’il occu- | proche, rendu célébre par | un livre de Paul Valéry, lui | mines édifiées pierre a pierre et de guingois, des | ruelles qui se tortillent dans | la verdure, tout cela amuse les yeux. Naturellement, je | n’aimerais pas y vivre. Au moins ne pourra-t-on pas | me reprocher d’avoir dé- daigné cet aspect du Mexi- que. J’ai regardé trottiner | les anes dans les impasses ; j’y ai respiré les remugles | de cuisine A l’huile ; j’ai risqué un regard furtif dans la piéce unique des cabanes. | Emportant d’images, j’ai essayé de me figurer la vie des miséreux. Et j’ai constaté que toute ville est un monde, ot des | groupes sociaux fort divers | se coudoient en aveugles. Gette jolie Cendrillon qui balance un seau au rythme de ses hanches, ot va-t-elle? Mais au moulin, comme ses | soeurs d’autrefois faisaient dans l’ancienne France. Ce | ceur voulues. mon bouquet | qu’elle y porte, ce n’est pas du beau froment doré, mais 150 villes et date du 15 juillet 1942. Il ne devait connaftre ce- | pendant la notoriété qu’en 1945 alors que les criti- | ques dramatiques de Paris lui accordent leur Prix de théatre pour la mise enscé- ne de ‘*Meurtre dans la ca- thédrale’’ de T.S. Eliot et son En 1947, Vilar préside a la naissance du Festival d’ Avignon dont il devait diri- ger les destinées jusqu’a sa mort, et qui devait devenir l’un des hauts lieux de l’ac- tivité théatrale frang aise contemporaine. Au mois d’aoat 1951, Vilar devient directeur du Theatre du palais de Chaillot auquel il rend son nom d’origine, le Théatre National Popu- laire. Sous sa direction, ce theatre devait se classer parmi les premiers de Fran- ce, aux cOtés de la Comédie- Frangaise et de la Compa- gnie Renaud-Barrault ins- villages de| France. Sa premiére mise | en scéne, celle de ‘‘La Dan- | se de mort’’ de Strindberg | interprétation du role | | de Thomas Becket. tout simplement du mais. Avec sa mouture, elle con- | fectionnera tantot, sur le pas | de sa porte, la pate des tor- tillas. De sa petite main brune, elle tapotera longue- ment la pAte pour donner aux crépes la forme et la min- Ces crépes se garnissent de légumes, de viandes, de sauces. Elles servent, chez les Mexicains du peuple, 4 la fois d’assiette et de pain. La société du Mexique est aussi tourmentée que l’oro- graphie de son sol. Dans le méme paté de maisons rési- dent, A l’abri d’habitations qui passent du taudis au ma- noir en cOtoyant la petite villa, totes les classes de la société, classes, mais vingt, trente, plus encore. Et tous ces mondes se nourrissent diffé- remment. La table des ri- ches se couvre de volailles, vins, patisseries, confitu- res. J’en ai taté en répon- dant A l’invitation d’un no- table. Mon hodte, solide grillage. L’intérieur luxueux contraste avec l’as- pect Crédences, tableaux, tables finement gnol. On pense aux chateaux de la Renaissance frang aise. Dans la cuisine s’affairent des Indiennes. Au coup de sonnette de la maftresse de maison, elles viennent nous servir en silence. On me ré- gale d’un plantureux repas occidental. Je le déplore, moi qui m’attendais 4d’exo- | tiques et mirobolantes re- cettes. Les riches Mexicains ai- tallée A 1’Odéon-Théatre de France. Au cours des douze années qui suivirent, l’activité de Jean Vilar devait s’identi- fier complétement A celle du | TNP et du Festival d’Avi- | gnon, soit comme directeur artistique, metteur en scéne ou comédien. Des milliers de spectateurs frangais et étrangers eurent pendant cette période l’occasion d’ applaudir des comédiens comme Gérard Philippe, Da- niel Sorano, Maria Casarés | et Georges Wilson et le plai- sir de redécouvrir des clas- siques comme ‘‘ Le Cid ’’, ‘’ Dom Juan ’’, ‘‘L’Avare’’, ‘* Lorenzaccio ”’, ** Le Prin- ce de Hombourg ” ou de prendre contact avec les oeuvres de Brecht, Buchner, Gatti, Duras, etc. Aprés son depart du TNP, Vilar devait continuer de travailler en franc-tireur, signant notamment plusieurs mises en scéne d’opéra A la Scala de Milan, A Venise et A Genéve, et donnant A 1’Athénée, en 1964, une pro- duction du ‘‘Dossier Oppen- non pas trois | | dans sa charmante | femme et ses deux fillettes, | habitent une forteresse au | sévére de la fagade. | sculptées, siéges | tapissés de cuirs, tout cela évoque 1’Age colonial espa- | -heimer’’ qui connut un énor- | suite des événements de mai ment imiter l’Europe, plus particuliérement 1l’Espagne. On envoie les jeunes gens aj. Séville et A Madrid pour y cultiver les belles maniéres et les beaux-arts. Soirée agréable. Excellent dfner couronné de café et de co- gnac. ‘‘ Connaissez-vous, me dit mon hote, le village de San Rafael Il se trouve au sud de Vera-Cruz et fut fondé au dix-neuviéme sié- cle par un fermier de Bour- gogne’’. Je lui demande si on y parle le francais : ‘«OQui, quelques habitants, les plus vieux !’’. Dmer chez Mike et safem- me, tous deux originaires de Vancouver. Mike joue du cor anglais 4 l’orchestre sym- phonique de Jalapa, et sa femme de la clarinette. Je les ai rencontrés l’autre di- manche sous le pont Xa- litic. Ce jeune couple, ex- trémement sympathique, ha- bite une coquette casa, meu- blée A la canadienne : télé un coin ; divan dans l’autre, et ornée de tapis et ustensiles mexicains. Moins d’apparat qu’hier soir. La table ne comporte pas de haut bout : elle est ronde. A tour de role, Mike et sa femme se lévent pour faire un tour 4 la cuisine. La servante est toute rieuse. On ne lui voit pas cet air soumis des autres servantes mexicainese Je suis sar qu’elle regrettera le départ prochain de ses jeunes maf- tres. (A suivre ) me succés. Appelé par André Malraux en juillet 1967 a effectue une étude en profondeur su les théatres lyriques de France et pressenti par la suite pour prendre la direct- ion de 1’Opéra et de l’Opéra Comique, Vilar devait, a la 1968, informer le responsa- ble des Affaires culturelles qu’il n’accepterait aucune fonction officielle du gouver- nement. Jean Vilar LE, SOLEIL, 4 JUIN 1971, XI