caethcumeecmenet EE 9 - Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 21 juillet 1995 Le nouvel age devient adulte Aux armes, etc... ..est en train de chantonner le poéte honni sur ma chaine stéréo. C’est de circonstance, vu que le 14 juillet était hier. Le 14 juillet 1889, jour de la prise de la Bastille. Prise symbolique, car la Bastille ne tenfermait aucun prisonnier et l’on ne peut considérer qu’elle était vraiment défendue. Mais tout de mémela date ot les Francais célébrent leur fierté nationale. La communauté. francophone de Vancouver a célébré ce 14 juillet lors de son «6 4 9» hebdomadaire. Sibylle Paulet, jeune talent fraichement débarqué de France, a interprété quelques classiques de la chanson francaise. Nous avons eu droit a la Marseillaise - bien évidemment - ainsi qu’a diverses chansons de Piaf, de Brel, de Patricia Kaas et de quelques autres cousins et cousines du Vieux continent. La premiére partie de son spectacle semblait un peu trop «frangaise» pour le publicde la salle, Amajorité québécois, qui était surtout 1a pour parlera leurs amis etnon pour entendre un spectacle, ai-je entendu dire. La seconde partie du spectacle comprenait des chansons plus «internationales», tel Le lion est mort ce soir d’Henri Salvador ou Djobi Djoba des Gipsy Kings. Sibylles’est également lancée, avec |’aide et la complicité du guitariste Jean-Luc Perron, dans |’interprétation de La complainte du phoque en Alaska. Sibylle avait auparavant chanté au Gala provincial de la chanson et 4 une partie de la Saint- Jean. Whistler le 24 juin demier. Le spectacle du Centre culturel était sa premiére prestation seule sur scéne. Un certain manque de technique de chant fut compensé par un enthousiasme dans 1|’interprétation du répertoire. Sibylle ne peut que progresser et on lui souhaite d’aller loin. On lui souhaite également bonne chance. On souhaite également bonne chance au nouveau président. dela République, M. Jacques Chirac, ainsi qu’a l’organisation écologique Greenpeace en cette veille d’essai nucléaire. On souhaite au Président Chirac de ne pas faire perdre la face aux nationaux frangais en envoyant les services secrets faire sauter des bateaux d’écologistes en y laissant leur carte devisite. Cas’est déja fait. En fait, l’on souhaite qu’il ne fasse pas exploser de bateaux du tout. L’on souhaite également aux trois éco-terroristes de Greenpeace de ne pas étre assez «cons» pour aller se baladeren Zodiac a1’endroit ot aura lieul’explosion nucléaire. Comptent- ils s’enchafner sur le détonateur?... C’est assez curieux, par ailleurs, que le mouvement Greenpeace s’en prenne constamment au gouvernement frangais et harcéle moins les autres puissances, comme les Etats-Unis d’Amérique, l’ex-U.R.S.S. etla Chine, qui procédent a des essais nucléaires souterrains. Est-ce parce que le mouvement n’a que peu d’adeptes au pays de l’oie gavée, et qu’il se venge? Ou serait-ce, comme le suggére Paul Watson ( autre éco- terroriste grandiloquent ), que ces autres puissances pré-citées ne s’en laisseraient pas faire voir par une bande de grano-écolo post-soixante- huitards dans leurs petits bateaux a moteur? Eric-Alain Laville PAR FREDERIC CHEVASSUS Le banyan est un gros arbre africain plein de racines qui partent du tronc et vont se planter dans la terre. C’est aussi le nom que Kolin Lymworth a donné 4 sa librairie de Kitsilano dans les années 70. Aujourd’hui, la librairie Banyan est la plus grosse librairie alternative du Canada. Elle est bien connue 4 Vancouver, surtout par les adeptes du nouvel age et les chercheurs de spiritualité en tout genre, ainsi bien sir, que par les résidents de Kitsilano, un des quartiers les plus «alternatifs» de Vancouver. C’est 1a que j’ai rencontré Peter Boski, qui y travaille depuis quatre ans, et qui a bien voulu faire le pointavec moi sur ce fameux «mouvement du nouvel age». Tout d’abord, une précision, personne dans le milieu n’emploie plus ce terme. On le trouve péjoratif, «quétaine», restrictif. A Banyan Books, on parle plutét de métaphysique, de spiritualité et de mode de vie alternatif. Mais peu importe comment on le nomme. Le mouvement est bien parti. I] estméme en pleine expansion. Des livres qu'il y a quelques années, n’étaient disponibles que dans de rares librairies spécialisées se retrouvent maintenant dans toutes Jes grandes librairies. Autre signe qui ne trompe pas, ces titres apparaissent de plus en plus souvent dans la liste des best-sellers du New-York Times. Qui n’a pas entendu parler, en effet, du livre «Le Chemin. le’ moins fréquenté», de Scott Peck? Le nouvel age, c’est vaste. Cela englobe des dizaines de’ disciplines différentes et semble contenir tout ce qui s’oppose 4 la médecine occidentale oua la religion de nos parents et de nos grand- parents. A la place de «nouveau» peut-étre conviendrait-il de parler 4 Partir... oui, mais prudence! La plupartdes voyageurs avec qui jem'entretiens me parle decesentiment d'étre comme une mini-célébrité dans ces nouveaux pays qu'ils décou- vrent. Cette attention inhabituelle qu'ils recoiventdu peuple parce qu' ils sont étrangers et le fait de se sentir libre et sans pressions sociales, crée parfois une impression de puissance. Cela entraine parfois une insoucian- ce face aux dangers, alors qu'ils sonten fait extrémement vulnérables. La vie est fragile... peu importe ot l'on se trouve. ere PAR JOCELYNE GAUMOND J'aimerais consacrer cette chronique a la mémoire de Richard, un ami anglais, dont j'ai appris le décés tout recemment. On ne con- nait pas encore les détails concer- nant sa mort, et. peut-étre ne les connaitrons-nous vraiment jamais... Lui et une compagne de voyage se sont supposément noyés en Thailande, ot ils voyageaient de- puis février der- nier. J'ai connu Richard en jan- vier 1992 alors que nous tra- vaillions ensem- ble sur une ferme en Australie. Richard n'avait pas vraiment cessé de voyager a travers le monde depuis, trainant toujours son vélo et enseignant I'an- glais de temps a autres sur son par- cours. Son regard et son allure lui donnaient un air un peu étrange. On l'appelait Je perdu, car il semblait toujours avoir|'esprit ailleurs. I] pen- sait probablement 4 ses prochaines destinations, des projets souvent farfelus, mais qu'il menait 4 terme. Au premier abord, on pou- vait se demander commentil avait pu retrouver son chemin a travers cette immensité qu'il avait parcourue. Bien que trés silencieux, il ne pouvait passer inapergu. Ce désir de parcou- rir le monde, il le tenait certainement de sa mére, qu'il rencontrait 4 l'occa- sion dans un quelconque pays. En apprenant le décés de Richard, je n'ai pu m'empécher de Ces photos de personnes disparues affichées dans les auberges de jeunesse sont bien réelles et ne devraient pas étre prises a la légére. penser a quel point la vie est fragile. On a souvent tendance 4 l'oublier, surtout en ce qui conceme les voya- geurs. C'est avec des frissons que je me remémore certains actes que j'ai moi-méme posés en voyageant. J'ai fait confiance 4 des inconnus, me suis baladé dans des: endroits non recommandables, j'ai fait du pouce et du covoiturage dans des bagno- les peu sécuritaires... En fait, plu- sieurs choses que je ne risquerais pas dans mon propre milieu. S'infiltrer dans un envi- ronnement qui n'est pas le no- tre, parmiunpeu- ple dont on ne connait pas les moeurs et cou- tumes et cé- toyant sans ces- se des inconnus, n’est pas sans ris- que pour quelqu'un qui n'est pas bien préparé et informé. Certains voyageurs se sentent invincibles alors que leur situation les rend da- vantage vulnérables. Ces photos de personnes disparues affichées dans les auberges de jeunesse sont bien réelles et ne devraient pas étre prises a la légére. i Bien entendu, on ne peut s'empécher de vivre, et souvent les événements imprévus font partie de nos plus belles expériences de. vie. Voyager est une source d'apprentis- sage incomparable et ce que l'on en retire ne peut tout simplement pas s'apprendre sur un banc d’école... Mais il ne faut pas jouer avec le feu. Il n'est pas rare de laisser notre coeur dans un pays enchanteur, sachons seulement ne pas y laisser davanta- ge! de «renouveau», car ses principales sources d’inspiration sont les traditions anciennes, notamment le bouddhisme tibétain, le zen, le taoisme, le gnosticisme et la religion de l’ancienne Egypte, pour n’en citer que quelques-unes... De nombreuses personnes se sont tournées vers ces méthodes de guérison alternatives aprés avoir éprouvé les limites de la médecine traditionnelle et pour répondre au besoin d’une approche plus holis- tique. Ces méthodes alternatives nous enseignent comment prendre soin de notre santé et plus généralement, comment prendre soin de notre personne. Un adepte deviendra végétarien, un autre pratiquera le yoga, la méditation ou encore le tai-chi. L’important étant _pour chaque individu de trouver ce qui lui convient. Les détracteurs de ce mouvement le critiquent en disant qu’il repose sur une démarche Du «euh»... ~ Il me trottait dans la téte depuis des semaines de placer un euh dans |’un de mes articles, mais je craignais qu’on le prenne pour un dérapage fantaisiste, une coquille typographique. Je souhaitais qu’il soit pris au sérieux, vraiment. Je le voulais lesummum du texte, le roi, le seul mot qui, une fois la lecture ‘terminée, devait subsister puissamment imprimé en la mémoire dulecteurautant qu’ il m’ étaitdevenu une obsession. Swift Current, Saskatchewan, 4h18 : je lével’aube. Comme |’autobus qui me raméne 4 Vancouver, je déboule dans la délivrance. * Tout a commencé dans une salle d’accouchement. On me faisait subir mon premier déménagement. Ma mére poussait comme une diablesse pour se débarrasser de moi, tout en offrant l’un de ses plus beaux numéros de grimaces. J’étais entre deux mondes, a moitié dedans, ‘a moitié dehors, en indécision. La machoire basse-ventrale de ma mére “comprimait ma petite poitrine. J’ai alors émis un «euh» de décompression. «Vous dites, madame ?» s’est enquit V’accoucheur. «Je suis en trop grande peine pour dire quelque chose, monsieur» aréponduma mére. «Est-ce vous I' infirmiére?» a poursuivi le médecin dans sa méticuleuse enquéte. «Patron, daignez considérer que cette interjection quoiqu’obscurément présente dans mon vocabulaire ne s’inscrit pas dans mon niveau de langage, qui, vous le savez, jure avec le beau parlé», Réalisant nativement que les hommes s’écartaient de |’essentiel, c’est-a- dire de moi, je me suis fait plus petit, j'ai enroulé autour de mes pieds de égocentrique et qu’il favorise une désertion des grandes causes sociales au profit de|’individualisme. Les «nouvel-agistes» répondent au contraire que c’est en s’améliorant soi-méme que l’on va changer le monde et parlent de transformation de la conscience ou d’élévation du niveau de conscience dans le monde. Dans ma prochaine chroni- que, a paraitre le mois prochain, je vous parlerai de la musique nouvel 48° Pour en savoir plus, je vous recommande deux revues, en anglais mais gratuites, Common Ground et Shared Vision’. A titre indicatif, voici aussi une sélection des ouvrages les plus populaires en ce moment : La Prophétie des Andes, de James Redfiels; The Artist Way, de Julia Cameron; Sex, Ecology, Spirituality, de Ken Wilber. 1 Vous pouvez également trouver la revue québécoise Guide Ressources a la Librairie Manhattan Books et dans certains kiosques de Vancouver. la tripaille 4 ma mére et je me suis siphonné dans mon refuge primitif. «Euh» s’est exclamé l’accoucheur de surprise constatant ma disparition. Je raconterai, peut- étre plus tard dans ma vie, la suite compléte de ma naissance tant les souvenirs m’en sont encore cuisants. Mais on m’a fait naitre. Jen di hérité]’exécration de me plier 4 cequi vaal’encontrede ma volonté. Cela m’a donné un cdté socialement déviant qui sera difficile asurmonter. Qu’on me pardonne mon freudisme psychédélique, mais c’est le seul qui n’obéisse qu’a moi-méme. Ce «euh» précoce, dans sa minuscule existence, est devenu — pour moi le mot le plus fort de la langue francaise. Je mesuis demandé si Jésus-Christ avait dit «euh». I est, en tout cas, rare de l’entendre chez un politicien et chez tous les gens qui ont pour profession de donner des raisons. Leurs discours policés sont remplis du vide de son absence. Pour tout ce que je découvre dans ma vie maintenant, j’ai juste envie a chaque fois de pousser un «euh». Euh d’étonnement, d’indignation, decolére, de déception, de tendresse, de plaisir; euh me semble la seule fagon d’exprimer immédiatement l’ensemble des émotions humaines. Je suis épuisé de courir aprés des raisons fuyantes pour expliquer le monde. Je suis dégu des raisons des autres. L’univers des raisons est en trompe-l’oeil. A l’opposé, euh décline le monde. I] n’existe pas un moment of} on ne puisse le dire. Alors, n’étant ni un polytechnicien, ni un normalien, ni quelque chose de connu qui finisse par «ien», j’ai convenu pour un temps d’étre un adepte du euh, un euhien. Jean-Claude Lemonnier 1551 West 7th Avenue Vancouver, B.C. V6J 1S1 736-9806 poste 340 gt A a a, cemeahonats Gaamndaeaaeataamenenae oe : GON SF A A Oy LN tg et NPD Nps aA QAP CaN pene A PEA pA pret teeta arr snag