‘Le couple LES DETOURS OU OESTIN. Julien et eee 6 Virginie avec __ leurs deux jeunes garcons iquittent la | France en 1952 pour | aller s’ins- = Seats taller en ~ommnne Alberta sur un « homestead », au nord du petit centre francophone de Bonnyville, ou Julien doit occuper la fonction de régisseur. II fait le récit de leur long voyage afin d’atteindre leur destination. Ils traversent 1’ Atlanti- que en mars, période d’équinoxe et de fortes tempétes qui rendent tout le monde malade. Arrivés a Hali- fax et aprés une longue attente, ils prennent le train pour Montréal ot ils s’arrétent chez des amis, mais ils n’apprécient pas leur court sé- jour car ils sont complétement épuisés et dépaysés. Le reste du voyage se fait par le CPR jusqu’a Régina, Edmonton et enfin Bonny- ville. Alors qu’ils espéraient trouver une belle grande ferme prospére, ils s’apergoivent qu’ils sont en charge d’une demi-section, sur un « homestead » abandonné depuis plusieurs années, a la terre peu fertile, et ou trainent quelques mauvaises machines agricoles. L’habitation n’est qu’une petite 10 AOOT 2008 Depuis 1941... Les détours du destin de Jean Bacle, Editions des Plaines, Saint-Boniface, 2001 cabane, un « shack », sans eau et sans électricité. Julien décrit en détail leur quotidien de pionniers devant affronter l’isolement, la solitude, la pauvreté et surtout les rigueurs de leur premier hiver dans les Prairies. Ils ne sont pas du tout préparés a ces longs mois de neige, de gel, de vent et de froids extré- mes. Parce qu’ils forment un cou- ple uni, doté d’une santé vigou- reuse et d’un sens de |’humour, et grace a l’entraide de bons voisins, ils réussissent 4 surmonter les diffi- cultés et méme a apprécier cette expérience. L’auteur donne surtout le point de vue de Julien, décrit ses travaux a la ferme, ses nombreux défis. D’a- prés son mari, Virginie, pourtant citadine habituée aux services de la ville, s’adapte sans probléme. Elle se satisfait de son réle d’épouse et de mére de deux, puis de trois en- fants. Nous ne savons pas grand- chose de ses épreuves, par exemple celle d’étre enfermée avec trois petits dans un espace étroit et peu confortable des jours d’affilée du- rant les gros froids qui durent. Ap- paremment, elle reste pleinement heureuse... Dans une deuxiéme partie, pour gagner mieux leur vie, Julien dé- ménage plus au nord ou il se fait embaucher comme manceuvre sur le chantier de construction d’un immense aéroport militaire. Voila pour lui une expérience toute nou- velle dont il se sort bien. Finale- ment, il est transféré 4 Edmonton avec sa famille. Ce sera peut-étre le sujet d’un autre récit. Il semble que l’auteur retrace en partie ses propres expériences puis- que, comme son personnage princi- pal, il est venu de France au Cana- da en 1952 aprés avoir accepté le poste de régisseur d’une petite ferme. Dans un style alerte, parfois empreint de drdélerie, il nous fait partager sa découverte de la vie nord-ameéricaine, bien différente de ce qu’il a connu dans son pays d’origine. Jean Bacle nous donne un témoignage aux accents authen- tiques sur divers aspects de la vie dans un coin perdu, au nord de l’Alberta, au début des années 1950. Monique Genuist