Pee a ee aT eo ae ee ee eae ee Oe re eee? ee ape en Europe par Roger Dufrane - Vendredi 23 Aoat - Que _la Grand-Place de Bruxelles est attrayante ce matin, bariolée ensoncen- tre par le va- et-vient des istes, noire, grise et dorée en son pourtour! I faut bien s’en arracher pour aller casser la crot- te. Et ot irons-nous, s’il vous plaft. Mais dans le quartier des gourmets, voyons, A quelques pas d’ ci, je veux dire la rue des Bouchers. Je m/’attable a la friture Léon. Ce restau- rateur a fait fortune en servant des casseroles de moules et des plats de fri- tes. C’est aujourd’hui un restaurant de prix modes- te, serveuses en bas, gar- cons a4 l’étage, of l’on vous sert des menus de trois et cinq services. Les habi- tués de l’établissement s’ empiffrent et 4 observer mon élégante et svelte voi- sine, je me demande quels sports elle pratique pour garder sa ligne onduleuse. Et allez-y! Garcon, le plat du jour! Gargon! un paté de volaille pour Ma- dame et pour moi un mou- les et frites! Le person- nel, en noir et blanc, le plateau au bout du bras, circule dans une chaleur d’enfer. : Alors que je savoure mon romsteck aux pomimes, seauce béarnaise, un of- ficier en retraite, roset- te-A la boutonniére, mous- tache en bataille et veston croisé, s’assied en face de moi et passe sa com- mande. On le sert, mais on oublie le pain. Avant que. j’aie pu dire .‘‘ouf’’, mon bonhomme_ s’empa- re de mon quignon de pain francais et le bran- dit comme un baton de maréchal. *Permettez’’! Il rompt le pain et ne laisse dans mon — panier que quelques bribes.Puis, devant mon ébahissement: “Garcon! Du pain pour monsieur’’! Le sans-géne . et la dextérité de monpar-= tenaire me laissent pan- — tois, d’autant que mon gail- lard ne s’est pas départiun seul instant de sa civilité. L’ aplomb de certains Bruxellois est si renver- sant qu’on en Oublie de se facher. Un dimanche ma- tin, nous nous rendons au vieux marché de la Rue Haute. Nous garons la voiture dans une cdte des alentours. ‘‘Vous ne pou- vez pas stationner ici’’, me _crie un énerguméne = qui vient d’arréter sa Fiat un peu plus has; si un agent vous attrape, crac! Aw violon!’’? - Vous stationnez bien vous-méme, lui dis- je” - Oui, mais je n’en ai que pour deux minutes” - Lundi 26 Aoft - Retour A Paris. Il n’est que 8 heures du matin et la cohue se bouscule pour- tant sur le quai de la gare. Toutes les dix minutes, s’ arréte et repart quelque train au long cours. Voici le ndtre. Aprés une bréve bousculade dans le couloir du compartiment, j’attteins ma place réservée. Le train s’ébranle. A cdté de moi, une vieille Américai- ne en pantalon pousse sou- dain les hauts cris. On lui a _volé son portefeuil- le. ‘*That could not hap- pen in America’’, s’excla- me-t-elle d’un air har- gneux? ‘Excuse me, La- dy! lui dis-je, what about New-York Elle me lance un regard furibond; ‘‘Jam from San Diego’’, me jette-t-elle. Et cette réponse me désarme. A Aulnoye, deux Francai- ses viennent se _ plaindre au garde qu’on,leur a sub- tilise A chacune leur por- or Chicago’’. te-monnaie. Celui-ci, dé- solé, ne sait ou donner de la téte. Il se rue d’un com- partiment Al’autre: ‘‘Je vous supplie de prendre garde 4 votre argent, M2s- dames et Messieurs. De- puis deux mois, le banditis- me s’est accru de fagon fantastique’’. Je revois Paris avec un immense plaisir. Il faut a- voir parcouru Bruxelles un jour et Paris le lendemain pour concevoir les. diffé- rences qui séparent deux capitales. Bruxelles est belle, mais Aun degré moindre que Paris. Les hotels de maftre y sont plus petits, les perspecti- ves moins vastes. D’ail- leurs, je me rappelle trop bien mon enfance 4 Paris et j’en ai lu tant de livres que cette ville reste ma pa- trie de coeur. ‘ Aux alentours de la Gare du Nord, ou sur les Grands Boulevards, l’atmosphére de féte me grise. Le soir, je m’attable dans les cafés et me livre a toutes sortes de comparaisons. Le. café bruxellois est plutdt un re- fuge. Ilrespire une atmos- phére imtime etfamiliale. Le café parisien n’offre rien de pareil. Il déborde sur lesimmenses trottoirs et s’ouvre aux quatre- vents. Certes, il existe, hors du centre, des petits bistrots familiaux. J’en ai connu una Montmartre, rue Lamarck. Les artistes y rencontraient les repré- sentants de commerce et la patronne, la Mére Cat- toir, venait cueillir sur les étag¢res quelques bou- teilles de liqueur pour al- ler en verser dans sa sau- ce! A suivre. Les explosifs dans les tunnels QUEBEC - Le Ministre des Transports du Québec, M. Raymond Mailloux, est en train de mettre au point u- ne réglementation qui aura pour effet d’augmenter les mesures punitives contre ceux qui transportent des matiéres explosives dans des tunnels comme celui d’Hippolyte Lafontaine, 4 Montréal. ‘Grace au prochain ré- glement, personne ne sera tenté de récidivé ’’ a lan- cé M. Mailloux au député péquiste de Lafontaine, M. Marcel Léger, qui lui sou- mettait le probléme. Selon M. Léger, de nom- breux camionneurs outre- passent actuellement les réglements et s’engagent dans le. tunnel Hippolyte- Lafontaine, A Montréal, a-~ vec des cargaisons explo- sives. Le Ministre Mailloux a reconnu que l’actuel ré- glement était trop tendre, surtout parce que les a- mendes ne sont pas suffi- samment élevées. La si- tuation sera corrigée sous peu, a indiqué M. Mail- loux. Le Soleil de Colombie, 20 Décembre 1974, 5 VICTOIRE ? Au cours de l’histoire du monde, il arrive parfois que les soldats soient ac- . clamés. Les choses ne sont pas allées touta fait si loin 4 Paris - pas tout 4 fait, mais presque. Dés le pre- mier coup d’oeil jeté aux soldats, le coeur du peu- ple battit évidemment plus fort. C’est la gréve des ébou- eurs. Les ordures, en- tassées sur les trottoirs constituaient des barrica- des malodorantes. Au centre de Paris, on ne pouvait plus parler dela ‘tville (des) lumiére (s ray- onnantes)’’ car, tout sim- plement dit, Paris pour- rissait. Donnons la parole aux chiffres. En temps nor- mal, on transporte chaque jour aux endroits d’inciné- ration et de recyclage, si- tués dans la banlieue de Paris, 3,000 tonnes d’or- dures. Trois jours aprés l’éclat de la gréve, on en- tendit dire: ‘‘ Volontaires, en avant’’. En fait, 3,000 soldats, dont plusieurs venus des sta- tions militaires frangaises situées en Allemagne, en- trérent 4 Paris et se char- gérent des 500 camions d’ ordures vides et abandon- nés. Le premier jour de leur activité, 4 en croire les rapports militaires, ils ne débarrassérent la ville que de 2,000 tonnes. C’est- a-dire, les soldats étaient inférieurs aux profession- nels, soit parce qu’ils ne connaissaient pas assez bien Paris, soit parce qu’ ils avaient encore 4 maf- triser les maniements né- cessaires 4 cette espéce de travail. Trois jours plus tard, premiére annonce de victoire: les soldats des ordures avaient ramassé plus de 3,000 tonnes” et cette performance resta constante. Les braves soldats méri- tent donc des insignes de distinction. Mais quelle sorte d’insignes. Et com- ment les porteront-ils. Comme ruban 4a la bouton- niére de l’uniforme or- dinaire. Pour les jours de féte (allemand: Fest) aura- t-on besoin de quelque cho- se de plus sfr, par exem- ple l’ordre des ordures, suspendu au cou. Devant le Palais Bourbon, of siégent les Députés, 4 gigantesques camions d’ ordures apparurent un beau jour avant midi. Ou- vers vers |’arriére, leurs lumiéres rouges brillant avec éclat, ils portaient, sur chaque marchepied, un soldat, debout en posture rigoureusement militaire. Le chauffeur du premier s’ était évidemment égaré. Maintenant, il étaitentrain de corriger cette faute, car il redirigeait son camion en courbe - courbe assez parhétique, d’ailleurs. Les auzres camions suivaient le premier, bien discipli- nés et conscients de leur propre condu‘te, sans four- nir aucu1 obstacle au tra- fic civil. Pasni les gens qui fai- saient la queue en vue d’ac- quérir des billets d’entrée a la Chambr2, beaucoup mirent leurs sacs-&a-main sous le bras, leurs tes feuilles entre 133 S2Hu-™. “ons aot isdir les soidats. Quelques autres criérent Bravo! Il se peut egaiz: mit que -qury. 7 183-4 ies alent hués, mis i: Sy aa on feanga's. ae serait que ‘*bou’’, trés doux, presque ina adi! > Il reste donc l’impression générale qui’il ne msnquait pas grand’chose et que, €é- tant donné les bonnes cir- constances, les Parisiens auraient acclamé les sol- dats encore une fois. La reconstruction des voies ferrées a recommencé en- tre Da Nang et Hue au Sud-Vietnam. Ce pays a une li- gne principale de 1,109 kilométres entre Saigon et Dong Ha et une autre ligne mesurant 1,357 kilometres au to- tal. Les lignes endommagées par la guerre et divers au- tres fléaux sont nécessaires a l'avenir du pays et le Sud- Vietnam en a cértainement un grand besoin: ?