8 Le Soleil de Colombie, Vendredi 7 Avril 1978 Divagations par Roger Dufrane Rien de plus mystérieux qu'un puits ni de plus étran- ge qu'un songe. Qu’on se penche sur l'un, ou bien sur l'autre, cela remue douce- ment, des images s’éveillent et s’effacent. On s’en reléve tout troublé. Est-ce pour cette raison que les légendes évoquent des jeunes filles révant aux bords des fontai- nes? Et n’était-ce pas aux alentours des fontaines que les fées de la Gaule venaient dispenser bénéfices ou maleé- fices? Mais laissons-la le passé. Ce qui sollicite notre curiosi- té, aujourd’hui ot la vie moderne a effacé les puits moussus d’un temps révolu, mais ne peut effacer, malgré ses ordinateurs, le puits éternel des songes, c’est le phénoméne, encore inexpli- qué par la science, des réves. Il parait que des réves se déclenchent 4 chaque som- meil, mais que la plupart du temps, au réveil, nous ne nous souvenons plus de ces aventures imaginaires. Il pa- rait aussi que nos réves mélangent les images de notre univers familier. Voila ce qu’enseignent les scri- bouilleurs et les peseurs de Vineonscient. Mais fions- nous plutét 4 notre expérien- ce personnelle. Et reconnais- sons que nos réves nous transportent, chacun de nous, dans un monde illogi- que et abracadabrant. Nos réves refaconnent le monde. Le Paris que je parcours dans le sommeil, déforme, dénoue le Paris réel. Et pourtant c’est Paris, un Pa- ris que mon imagination débridée se forge et ou je me trempe 4 plaisir. Jamais, 4 l'état de veille, je ne con- fonds ce Paris-la avec le . Paris réel. I dort, jusqu’a un autre réve, dans un domaine réservé. a Jeu no 12 1. Trouver ces mots commune quand [esprit vient aux mots le francais, je le parle par ey L’Année du francais. Campagne de valorisa- tion de l'usage et de la qualité du frangais. Les illustrations qui suivent correspondent a des mots qui ont en commun une meme idée de «protection contre quelque chose». 2. Relever la partie du mot qui leur est 1. a) pare-chocs b) pare-brise c) pare-soleil d) paratonnerre e) parapluie f) parachute 2. Le verbe parer, «se garder d'un coup, s'opposer. a», nous est venu du latin par lintermédiaire de l'italien. On peut parer un coup (l’éviter) ou parer a un inconvenient (s'en préserver). L’element para - (pare -) des mots précédents est tire de ce verbe. Cette chronique a été préparée par l'équipe de francais de la MM Téle-université. g) pare-étincelles h) parapet i) pare-feu j ) parasol k) paravent |) pare-boue ci Comment s’étonner, de- vant le sortilége du phéno- méne onirique, qu’on cher- che depuis des temps immé- moriaux a interpréter les réves pour prévoir l'avenir? Joseph, fils de Jacob, l’ado- lescent qui, laissa aux mains de Putiphar son manteau au lieu de se laisser cajoler, Joseph épouvantait le Pha- raon avec des cauchemars de vaches grasses et de vaches maigres. Mais n’allons pas si loin. Mon grand-pére, le matin aprés le petit déjeu- ner, s’emparait d’un petit livre tout écorné, chaussait ses besicles et feuilletait le volume avec intérét. A ses pieds, je contemplais béate- ment la couverture illustrée. Elle montrait une femme aux longs cheveux dorés, auréolée de fumées bleua- tres qui formaient un titre que je lisais laborieusement: la clé des songes. “J’ai révé d'un serpent, me disait mon grand-pére, il faudra nous méfier du voisin”. Et d’au- tres fois, sur un sourire: “J'ai révé d’un pigeon voya- geur. Nous aurons une lettre de ton pére”. Or je croyais aux songes, comme je croyais 4 Saint-Nicolas et au Pére Noél. D’ailleurs, les matins ot mon grand-pére annongait une lettre de mes parents, il en arrivait une. Expliquez cela! Plus tard, aprés avoir perdu la foi en Saint-Nicolas, j'ai cherché dans les livres une explication scientifique des réves. Les philosophes et les psychologues au style hérissé m’ont fait bailler sur. leurs pages. “Le réve, disaient-ils, c’est le désir qui conduit le monde, désir de bien manger, de bien aimer, de bien vivre”. Et ils rame- naient tout a la libido du docteur Freud. I] m’ont in- - duit 4 divaguer dangereuse- ment. Je préfére aujourd’hui me fier 4 ma propre expé- rience. Dans le sommeil, toute volonté endormie mais |’ima- gination sans entraves, on rencontre des personnages énigmatiques, et qui parais- sent sortir tout armés et indépendants de notre téte. Ils nous sourient, nous bous- culent, nous tourmentent et s’en vont a tous les diables. On cherche dans les réves des prémonitions de l'avenir. Les nécromants de jadis, les diseuses de bonne aventture d’'aujourd’hui, interrogent nos réves pour y voir notre futur. Ont-ils tout a fait tort! Nos songes forment de trou- blantes paraboles. Une hor- de de loups suppose la peur d’étre détruit par quelque événement que nous pres- sentons sans pouvoir raison- ner. Il arrive, au coeur d’un beau réve, qu’on se réveille soudain. C’était au moment ou la princesse, assisi au bord du puits, nous tendait une rose. La belle venait de nous sourire en nous révé- lant son mon “Eglantine”! Et plus jamais, plus jamais, nous n’avons pu la revoir. Expliquez ce songe-la! La “neut” et les gens par Wolfgang Ebert Bonne nouvelle pour tous les amis de la bombe aux neutrons: Elle est revenue! Depuis des mois entiers elle avait disparu des manchet- tes, de sorte que beaucoup peuvent s’étre demandés, sérieusement et soucieuse-_ ment, ce qui lui était arrivé. Si, entretemps, elle avait été remplacée par une arme plus efficace? Ou si des fautes de construction s’étaient fait remarquer, telles que, a la maniére d’une nouvelle auto, elle avait été retirée préma- turément du marché? Ou si on ne lui avait pas trouvé un dépét convenable? Enfin, on ‘n’est toujours pas arrivé a bien disposer des ordures atomiques! En tout cas, elle est reve- _nue, plus illustre que jamais. Et nous remarquons mainte- nant qu’elle nous manquait. Nombreux sont ceux qui ne se croient pas capables, sans elle, de vivre, ou de survi- vre. La “neut”, pour la désigner de son nom cou- rant, est bel et bien apparen- tée a la vieille et vénérable “bombe a H” -— sa petite- niéce, pour ainsi dire ---, mais elle fait déja partie d’une nouvelle génération d’armes, lesquelles ne doi- vent pas étre utilisées dans les guerres, car elles servent un seul but, celui de la préservation de la paix. Plus il y a d’armes, plus celle-ci est assurée --- régle univer- selle et infléchissable. Les Grands Pouvoirs en produisent tant, qu’ils peu- vent, avec leur magnanimité bien connue, en octroyer quelques-unes aux petits é- tats. Ils préférent les états situés dans les régions ten- dues, puisque ces cadeaux promettent d'y exercer un effet détendant. Cependant, ceux qui se demandent si ce calcul est exact, ont le droit d’étre un peu tendus. Ce qui est nouveau dans la ‘“neut’, c’est, comme nous assurent les connaisseurs, qu’elle n’endommage pas limmobilier. C'est done un instrument d’une propreté presque excessive, épar- gnant aux survivants ‘un conflit supposé la lourde tache du nettoyage. Cela ne correspond évidemment pas 4 nos notions démodées d’u- ne “bombe”, ce qui veut dire qu'il nous faudra nous accou- tumer de nouveau 4a la ‘“neut’’. Le prochain pas devra étre la création d’une bombe qui ne nuise pas aux humains. Mais, dans ce cas, ou serait sa force, sa mena- ce? Or un naif pourrait de- mander, “Enfin, 4 quoi bon, ce machin?” En réponse: A part les thémes de conver- sation 4 table que pourrait fournir cette bombe aux hauts fonctionnaires, elle ar- rive fort 4 propos dans les luttes domestiques, ot les munitions des deux cdtés s’épuisent trés vite. La CDU (Christlich - Demokratische Union, parti conservateur fédéral) et, encore plus, sa soeur, la CSU (Christlich- -- = po eee Soziale Union, parti conser- vateur bavarois) en ont be- soin, ne fiit-ce que pour démontrer que, quand il s'agirait d'une lutte achar- née, elles seraient prétes 4 piétiner les cadavres. La FDP (Freie Demokratische Partei, membre de la coali- tion gouvernementale) en a besoin pour démontrer qu’el- le s’est libérée de la tutelle de la SPD (Sozialdemokra- tische Partei Deutschlands, parti du chancelier). La SPD en a besoin parce que le chancelier et M. Carter ai- ment --- et avec quel enthou- wsiasme! --- 4 s’en servir pour faire leur jeu de cartes politique. Le gouvernement fédéral (de Allemagne de Ouest) en a besoin, enfin, comme instrument de pres- sion. D’ailleurs, la “neut” joue un réle tout spécial, jeu ou participent les Russes aussi. Les Russes n’ont pas encore la bombe aux neutrons, et e’est pour cela quils ne Voctroient pas a l'Ouest. “Les contes sur la bombes -aux neutrons ne nous pri- vent pas de sommeil” (décla- ration de M. Kossyguine); pourtant, les Russes nous ont menacés, sans la moin- dre dissimulation, de repré- sailles massives si nous accu- mulions des tas de cette arme. La réaction inamicale des Russes laisse deviner lefficacité, et lutilité, de la “neut”. Voila pourquoi notre gouvernement (de Bonn) veut persuader les Russes, a l'aide de la vente d'une paire de roquettes SS-20, de s’en passer. Que la “neut’’ vaille vraiment son prix, qu’elle le vaudrait en cas d’extrémité, comme le disent ses partisans, nous sommes obli- gés de le croire sans preuve, car nous n’avons pas le choix. La fin de l’affaire reste, bien sfir, imprévisible. [traduit de allemand par Leon Hurvitz] Gl eee 30 P’TITES MINUTES... Suite de la page 7 - Québec et Victoria e Si vous aviez le choix, quel est Vendroit oi vous aimeriez vivre, travailler? Il y a deux endroits que j’aime beaucoup: la ville de Québec et Victoria, en Colombie-Britannique. La ville de Québec, parce qu’il y a 1a tout ce que j'aime: V’histoire, des gens sympathiques, de trés bons restaurants, des paysages superbes (on n’a qu’a aller dans les Laurentides) et on peut y faire du ski; malheureusement il y a beaucoup de neige et V’hiver est long. A Victoria, c’est le climat qui me plait par- dessus tout; on peut y faire du ski et la nature est trés belle; mais en ce qui est des’ restaurants, c’est beaucoup plus restreint qu’a Québec, pour les fins gourmets. e Comptez-vous rester encore longtemps dans les Forces armées canadiennes? Jusqu’a l’Age de 55 ans, A moins que, pour une raison familiale quelconque ou une raison de maladie, je doive partir, Evidemment, si je refuse d’accepter une politique quelconque, alors, je sortirai ! e Avez-vous songé a ce que vous aimeriez faire quand vous quitterez l’armée? Je ne détesterais pas aller dans une autre gestion de compagnie civile ou dans la gestion du ministére des Transports, du cété aéronautique. e@ Quelque chose qui finit comme général, président directeur général? Oui, ¢a a du bon sens. Le salaire est bon et il y a un peu de prestige. C’est un fait qu’on devient gaspilleux, et les petites douceurs deviennen apres! e P&R 708 B aches ve (Ces textes sont fournis par le Secretariat d'Etat) t des choses que l’on exige