VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 29 juillet 1988 -11 Varanasi, ville sainte Par Jean-Claude Boyer Suite de la semaine derniére Vers 5heures30, le lendemain matin, je me retrouve au milieu d’un autre groupe de touristes pour la visite guidée de Varanasi. Nous nous rendons d’abord sur la rive gauche du Gange ow m/attend |’un des spectacles les plus exotiques de mon tour.du monde: des centaines. d'Indiens .de tous ages svaffairent déja a leur toilette ou «purification» mati- nale dans les eaux sacrées - et combien polluées - du fleuve et sur de grands escaliers appelés «gahts». J’ai |’impression d’arri- ver au beau milieu d’une gigantesque représentation théatrale ot acteurs et figurants auraient tous ala fois envahi et la scéne et les gradins. Des pétards claquent pour marquer, nous dit-on, les débuts d’un festival musulman. Notre guide nous présente le responsable de la mini-croisiére incluse dans le tour. Celui-ci a t6t fait de nous prévenir qu'il s’attend a recevoir un pourboire de chacun des passagers. __ Avant de monter dans |’embar- cation, j’ai letemps d’observer a entoure. Des dizaines de jeunes gens et quelques vieillards font leurs exercises de yoga, le regard détaché du monde. Les Indiennes se glissent dans |’eau en sari pour sy «purifier» discréetement. Un prétre brah- mane bénit un fidéle - moyennant une offrande. Les plus démunis, en grand nombre, affichent leur sempi- ternelle mendicité, donnant aux autres «l'occasion de faire un bonneaction»,comme me disait un musulman. A une certaine distance,une vache sacrée entre dans |’eau (non moins sacrée); une autre en sort, nonchalante. En nous éloignant du «gaht», je suis frappé par la vue unique que donnent,du fleuve, les quelque cent escaliers aboutés qui longent les berges,surmon- tés de constructions vétustes aux structures les plus variées. La lumiére magique de |’aube a disparu. La ville est maintenant revenue a la vie. Notre amiral se lance dans un monologue passionné au cours duquel i! ose affirmer que «les bakchichs seront obligatoires»! Je ne retiendrai de ses élucubrations que |’exemple suivant. En haut du «gaht» Manikarnika se trouve un puits célébre; Pavarti, déesse repré- sentant la puissance de la nature, y ayant laissé tomber par mégarde un_ pendant d’oreille, Siva, une des trois principales divinités du pan- théon hindou, aurait creusé le réservoir pour |’en retirer mais rempli la dénivellation de sa transpiration! En descendant de l’embarcation, des dizaines de «gahts» plus loin, notre Indien reprend son petit refrain,com- me si les maigres pourboires étaient son seul gagne-pain. C’est a l’un des deux «gahts» dits «de crémation» quel’onnous fait débarquer,nous prévenant Récit d’un tour du monde qu'il est absolument interdit de prendre des photos. C’est ici que les corps des fidéles sont réduits en cendres a la fin de leur dernier voyage terrestre vers le Gange sacré. Ces corps sont emmaillotés dans des vétements blancs et transportés sur des brancards de bambou, ou méme, dit-on, sur des toits de taxi. Un «allumeur de bdcher, vétu de blanc, téte rasée, circule avec lenteur, le visage impassible, autour d’un bdcher qu’il vient tout juste d’allumer. De petites flammes s’élévent hésitantes. En écri- vant ces lignes, je revois clairement sur l’écran de mon imagination ce corps humain dévoré par les flammes grandis- santes. Je revois les pieds du cadavre, sa chevelure et son vétement devenir fumée. Le mystére de la vie et de la mort me paralyse quelques instants. Un touriste doit mesaisirle bras pour me ramener a la réalité. J'entends alors le guide proclamer:«Ceux qui meurent sur les rives du _ fleuve obtiennent de Siva une meilleu- re réincarnation ou méme la rédemption éternelle». Un der- mon gré le trainztrainsquisNOUS..nier,coup -d’oeil sur le fleuve: + des baigneurs se lavent la bouche a méme|’eau dégoitan- te alors que d’autres lavent leur linge...Une longue file de lépreux se tient a l’ombre, attendant notre passage... Suit la visite de quelques temples perdus dans_ des ruelles-corridors aux détours inextricables. L’un d’eux est rempli de singes qui s’amusent a faire sonner des clochettes. Un autre, le Temple d’Or, est dédié a Siva, maitre de l’univers. Il n'est pas permis aux non-hindous d’y pénétrer. On peut cependant l’admirer du premier étage d’un batiment public situé del’autre cété d'une rue étroite. Un nombre invrai- semblable de petites boutiques s’entassent dans le voisinage; on y vend surtout des colliers de fleurs. Des trops nombreux détails accumulés dans mon journal, je ne retiens ici que deux «curiosités»: le «puits de la connaissance», contenant le «lingam» (symbole phallique) de Siva, et |’empreinte des pieds de Vishnou. Le dernier temple du tour (Bharat Mata) attirera vivement mon attention: dédié ala «mére Inde», on y trouve, au lieu des habituels dieux et déesses, une carte du pays en relief qu'on a mis six ans a sculpter dans le marbre. Ce tour de ville comprend également un petit déjeuner (le jus d’ananas est exquis!), une visite éclair de l’université hindoue et d’un musée, et, il fallait s'y attendre,une «récep- tion» dans un magasin de - soiries. Une «limca» bien froide nous désaltére, tandis que des vendeurs au langage soyeux étalent sur un grand matelas blanc tissus dignes de reines, foulards et cravates aux couleurs chatoyantes. J’admire en silence sans me _ laisser prendre au jeu. De retour au restaurant de I’hdtel, j’ai envie de commander tout ce qu’offre le menu. En attendant d’étre_ servi, je demande a une jolie blonde, attablée seule elle aussi: «Do you mind if | join you?» («Cela ne vous fait rien si je m’asseois avec vous?»). Elle me répond: «No», Je viens donc pour m’attabler. «Nooo! !» crie-t-elle, comme si j’allais la violer. Je retourne ama solitude, foudroyé par des dizaines de regards. Sieste prolongée. La panne d'électricité qui n’en finit plus - nous sommes sans ventilateur - rend la chaleur infernale. tl me faudra ensuite le reste de l’‘aprés-midi pour expédier au Québec un simple colis (ce qui fait l’objet d’un autre article). Le repas du soir méritera une page compléte dans mon journal: dispute violente entre un touriste et le caissier, et service abracadrabant que je renonce a décrire... : Le lendemain matin, il n’y ani 6lectricité ni...eau. Je fais la grasse matinée. Longue révas- serie: dans moins de dix heures j'arriverai a Calcutta... Derniére promenade dans les rues. Surpeuplées, sales. et poussiéreuses. J’apercois «un veillard sans doute encore jeune» transportant sur sa téte, dans un filet, une quantité phénoménale de pots en terre cuite. Gens de tous ages au pas modéré, Indiennes bien mises, infirmes,«quéteux»,vaches, charrettes,chéevres, chiens ga- leux,rickshaws,klaxons et son- nettes. Je demande a un passant, en lui montrant un aérogramme, ou se trouve le bureau de poste le plus prés. «ll y en a un la-bas pres du gros arbre»,me répond-il. Je m’y rends. Cen’est qu’une boite aux lettres. Je me résigne a y jeter ma lettre, d’autant plus que le timbre n'est pas détachable. Apres avoir parcouru une certaine distance, je me retourne, pris d’un soudain remords : un gamin a en effet le bras plongé dans la boite. II le retire pour tenter de trouver quelque chose qui pourrait faciliter sa prise (au timbre précieux). Je reviens donc sur mes pas. Personne ne parle l'anglais. Un des Indiens qui s’approchent parle cependant le francais. Il expliquera a |’enfant que sa conduite pourrait avoir de graves conséquences et que, de toute facon, le timbre est imprimé sur le papier. Revenu a l’hdétel, je°tente de téléphoner au vice-président du tourisme qui m’a promis, a la mi-avril, de publier un article sur mon aventure de «café drogué» dans la prochaine parution d’une revue touristique afin d’aider a prévenir de tels délits. Laligne est défectueuse. Je fais bient6t mes adieux au person- nel de |’établissement qui me souhaite de terminer mon tour du monde en beauté. Je les remercie, particulierement le gérant, pour le traitement de faveur qu’ils m/’ont accordé. Leur gentillesse a sdrement contribué a amoindrir les effets de la chaleur torride et a4 mieux me résigner a mon_ petit malheur. L’un d’eux, Narayan, insiste, en me donnant son adresse, pour que je lui écrive. L’aéroport se trouve a une vingtaine de kilométres du «Tourist Bungalow». Je décide de m’y rendre en rickshaw a pédales. Le «cycliste», choisi pour son honnéteté par le gérant lui-méme, a l’air ravi du marché conclu: 20 roupies (2$), pourboire inclus! Pendant la longue attente qui pécéde” l’embarquement, je parcours des yeux (écouteurs aux oreilles) quelques dépliants sur Varanasi -nom provenant de «Varauna» et «Asi», les deux cours d'eau qui lalongent. Cette ville sainte est un centre d'apprentissage et de civilisa- tion depuis plus de deux mille ans. C’est ici que Siva aurait établi sa résidence pendant sa vie terrestre. Varanasi est condidérée par les hidous et les bouddhistes comme le principal centre de la doctrine et de la culture brahmaniques. Vu le réle prépondérant qu'elle joue dans le développement de hindi, langue nationale de l'Union indienne, elle est devenue un symbole de la renaissance de cette langue. Bon nombre d'instituts cultu- rels et d'industries florissantes (soie,brocart tapis ,orféverie, verrerie,bois) ajoutent a sa renommée. Il est ironique qu'elle soit située dans la région lamoins évoluée de |’Inde...Ala fois lieu de nélerinage et centre touristique le olus important du pays, Varanasi prépare bien la voie au voyageur privilégié qui s‘envole ensuite vers le mystére urbain par excellence: Calcutta. ivi publique du Canada Commission dela Fonction Public Service Commission of Canada Inspecteurs, explosifs g Energie, Mines et Ressources Canada Direction des explosifs Ottawa (Ontario) Vancouver (Colombie-Britannique) Nous recherchons deux inspecteurs, explosifs, afin de participer a un programme continu d’inspection de la sécurité reliée aux explosifs. L’objectif de ce programme consiste a assurer la sécurité du public et celle des personnes chargées de la fabrication, de l’entreposage et du transport d’explosifs. C’est par le respect de la Loi sur les explosifs que cet objectif sera atteint ainsi qu’au moyen de relations et d’une collaboration soutenues avec d’autres organismes gouvernementaux doublées de judicieux conseils aux utilisateurs touchant tous les aspects de la sécurité sur les explosifs. Vous devez détenir un dipléme en ingénierie, en chimie ou une option connexe d’une université reconnue et posséder de l’expérience dans la conception, le contrdéle de la qualité, l'utilisation des explosifs ou un champ de recherche pertinent. De méme, des antécédants en inspection et mise en application des reglements concernant les explosifs sont souhaitables. Le poste situé a Vancouver exige la connaissance de I’anglais et celui d’Ottawa, la connaissance du frangais et de l’anglais. Nous offrons un salaire situé entre 32 537 $ et 40 026 $ a la mesure de votre expérience et de vos compétences. ’ Acheminez votre demande d’emploi et/ou votre curriculum vitae, en indiquant le numéro de référence S-88-3 1-721 1-49DL-W9F, a: 171, rue Slater Ottawa (Ontario) K1A OM7 Date limite : le 8 aoit 1988 Les renseignements personnels que vous fournissez sont protégés par la Loi sur la protection des renseignements personnels. Ils seront conservés dans le fichier de renseignements personnels CFP/P-PU-040, Dossiers concernant la sélection du personnel. This information is available in English by contacting the person mentioned above. La Fonction publique du Canada Diane Léger (613) 996-8053 Commission de la Fonction publique du Canada