Suite

profondeurs, rendre les réalités spiri-
tuelles accessibles a tous par la voie
des sens, donner a l’homme une meil-
leure connatssance de lui-méme, béné-
fique non seulement sur le plan dela
culture, mais sur le plan éthique et
religieux.”’ On ne craint donc pas !’ex-
pression artistique; on mise sur elle.

Or on sait que cette “expression”
pose parfois des problemes moraux:
pensons simplement a une certaine
vague actuelle de films, ou 4 divers
spectacles qui veulent décrire certains
aspects de la vie. “‘L’artiste est con-
fronté. avec la vie tout entiére dans
ses manifestations bonnes ou mauvai-
ses. Le discernement et le tact se ré-
velent donc nécessaires, chaque fois
que l’expression artistique atteint des
publics composites ou se rencontrent
des personnes de milieux fort divers.
Cela s’impose plus particuliérement
lorsque l’oeuvre a pour théme la con-
frontation de homme avec le mal.”

Il semble bien qu’on soit loin de la
condamnation pure et simple des oeu-
vres et qu'on fait appel a la responsa-
bilité personnelle des individus.

Le document emploie un langage
semblable en traitant de la publicité,
jugée importante parce qu’elle signale
aux consommateurs les services dispo-
nibles et qu'elle encourage une plus
large diffusion des produits.

Encore 1a, la référence est a J‘indi-
vidu: “Tout cela est bon, a condition
que soit respectée la liberté de choix
de l’acheteur.”’ :

Cette optique positive apparait en-
core davantage quand le document
aborde Ja question du cinéma. Pas un
mot sur les dimensions moralement
négatives de certains films. On dit
simplement: “Bon nombre de films
montrent des sujets qui favorisent le
progrés et la dignité de ’homme. Les

oeuvres de ce genre meéritent d’étre
signalées et approuvées. Les Centrales
catholiques du cinéma recommande-
ront les meilleurs films et soutien-
dront leurs: réalisateurs.’’ Au lieu de
condamner, on invite a promouvoir.

L‘action des catholiques

_ Autre point a souligner dans cette
nouvelle Ins!

instruction pastorale: on ny |
parle pas tant de l’action de l’'Eglise—

officielle que de l’attitude chrétienne
dans cette culture de mass-media.

Il est trés peu question des ‘‘produc-
tions” de l’Eglise; quelques mots seu-
lement sur la presse catholique et les
émissions religieuses de radio et télé-
vision:

“La presse catholique — journaux,
revues, magazines et périodiques —
peut étre un instrument trés efficace
pour faire connaitre le monde a ’E-
glise et l’Eglise au monde. II faut évi-
ter toutefois de créer des publications
nouvelles qui risqueraient de nuire a
la qualité des publications existantes.”

On reconnait la valeur des émis-
sions religieuses mais on considére
que “Jes aspects religieux de la vie
humaine auront leur place normale
dans les programmes généraux de
radio et de télévision”.

Liinsistance est plutot mise sur la
formation des usagers des mass-me-
dia. “L’Eglise considére comme une
de ses taches les plus urgentes de
tout mettre en oeuvre pour donner
aux usagers une formation conforme
aux principes chrétiens.”

La préoccupation premiere semble
étre de rendre les chrétiens conscients
du réle positif. des moyens de commu-
nication sociale. ‘Les usagers doivent
étre formés a tirer le plus grand pro-

fit des. media, non seulement pour
leur avantage personnel, mais pour
s’acquitter de leur réle dans les
échanges sociaux et pour une collabo-
ration efficace entre membres
de la communauté humaine, enfin
pour trouver les meilleurs moyens de

promouvoir la justice entre les na-
tions, en éliminant les terribles inéga-
lités entre peuples riches et peuples
indigents.”’

mieux connaitre leur public, 4 péné-
trer son ame, plus ils seront capables
de s’adapter aux besoins des usagers
et de faire grandir ainsi la compré-
hension profonde entre les hommes et
ep lene intime entre les es-.
prits.”

Les nouveautés

Le langage de l’Eglise s’enrichit de
nouveaux mots qu’elle n’aurait pas
oser employer il y a peu de temps.
Plus que cela, l’Eglise accepte des
méthodes d’action fort répandues dans
les milieux profanes. Exemple: les re-
lations publiques.

“Chaque évéque, chaque Conférence
épiscopale, ainsi que le Saint-Siége
aura son porte-parole ou représentant
officiel. (...) Ces porte-parole, ainsi
que tous ceux quiapparaissent
comme les témoins de la vie de l’E-
glise, doivent tenir compte des princi-
pes des relations publiques...” Lan-
gage nouveau, mais surtout réalité
nouvelle. :

Il faut aussi noter une grande im-
portance accordée a l’opinion publi-
que, telle que déja définie par Pie
XII: ‘Un écho naturel, une résonance
commune et plus ou moins spontanée
a la fois des événements et des situa-

tions actuelles dans lesprit et le juge-
ment des hommes.”

Enfin, remarquons la préoccupation
de préserver les individus dans leur
droit a Vinformation, en recourant
méme a une législation sur le sujet,

pour se défendre “contre les pressions

économiques, politiques ou idéologi-
ques qui peuvent s’opposer au libre
exercice”. On-veut aussi garantir le
droit a la critique qu’ont les citoyens,
“en particulier lorsquwils sont en face

p du bli 4 -
Le document romain sur les moyens
de communication sociale apparait
donc plus important dans son style
que dans ses énoncés. La fagon démo-
cratique de le préparer a peut-étre in-
fluencé ce style. Il en résulte un texte
d'Eglise a lécoute du monde et au
Service de la création. . :

Jean-Guy
DUBUC

» Nicsaeiareece

e Soleil, anciennement Le Soleil de Vancouver, fondé e
968 et L’Appel, fondé en 1965, est un journal indépendant
publié chaque semaine par Le Soleil de Colombie Ltée
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II, LE SOLEIL, 11 JUIN 1971

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