16 Le Soleil de Colombie, vendredi 5 janvier 1979 C.R.T.C. ... (suite de la page précédente) quels avaient confié a d’autres le soin de répondre. Les plaintes ont fait l’objet de 112 transmissions, mais en dépit du grand nombre de personnes auxquelles elles ont été en- voyées, 8 des plaignants n’ont jamais recu de réponse de Radio-Canada. Sur les plaignants auxquels on a répondu, un seul s’est déclaré satisfait, les autres considérant en général que les réponses recues étaient sarcastiques, évasives ou de pure forme. e) Tous les Canadiens ont droit a un service de radiodiffusion dans les langues anglaise et francaise, au fur et 4 mesure | | que des fonds publics deviennent | | disponibles. ee | | (Loi sur la radiodiffusion, article 3e) | L’opinion des spécialistes Le Comité a interrogé des personnes qui ont déja oc- cupé des postes clés au service des nouvelles et des af- faires publiques de Radio-Canada ou ont bénéficié d’ex- cellents postes d’observation. Ces interviews ont fait ressortir qu’en période de grands bouleversements politi- ques et sociaux, Radio-Canada n’a jamais réussi a exer- cer un vrai leadership; qu’elle n’arrive pas a ordonner ses priorités de facon a fournir une image plus fidéle des réalités nationales; qu’elle a une attitude plus défensive que réceptive a l’égard du public; que sa supercentralisa- tion a produit une hiérarchie essentiellement rattachée au président 4 Ottawa, et deux quartiers généraux a Mont- réal et a Toronto qui ont tendance a déterminer les priorités en fonction de leur secteur; et que d’excellentes émissions ont tendance a se perdre dans une programma- tion stéréotypée, coulée dans le moule nord-américain. Unité et identité canadiennes Deux observations s’imposent au sujet du mandat qu’a Radio-Canada de contribuer au développement de Punité nationale et de refléter ’identité canadienne: au Canada, unité veut dire que des gens aux vues, aux at- titudes et aux antécédents les plus divers se sentent liés dans la poursuite d’une méme cause et partagent une expérience commune, et la notion d’identité n’a rien de tifient 4 une région donnée qu’ils ont le désir de faire con- naitre au reste du pays par la voie de la radiodiffusion. Pourtant, un examen des horaires d’émissions 1977 - 1978 du réseau anglais laisse croire que les régions du Canada anglais, d’un océan a |’autre, n’existent que 1’été. Au réseau frangais, la vieille capitale produit a l’occasion une émission mettant en relief les particularités de sa région, mais, sauf cette exception, la participation régionale se limite 4 Ottawa, Toronto et Moncton. Les deux réseaux consacrent rarement des émissions a l’autre langue et a l’autre culture. Le réseau francais diffuse des versions post-synchronisées de productions de CTV Vancouver, de l’OECA (télévison éducative de 1’On- tarie) et d’un producteur indépendant; a l’exception du téléjournal, deux émissions seulement (Le ‘‘60’’ et ‘‘Le Pour et le Contre’) montrent a l’occasion le visage du Canada anglais. Au réseau anglais, l’élection du 15 novembre 1976 a suscité un vif intérét 4 l’endroit du Québec et quelques émissions (“The Watson Report’, “La Pierre’’, etc.) ont fait mieux connaitre cette province au reste du pays. Les deux solitudes Au manque d’intérét de chacun des réseaux envers les régions et l’autre groupe linguistique, s’ajoutent des \ ~ commun avec l’uniformité, car tous les Canadiens s’iden- _ différences de points de vue, d’attitudes et de méthodes de travail entre les journalistes francophones et anglo- phones, divergences accentuées par la structure méme de Radio-Canada ot la liaison entre les deux réseaux ne se fait plus qu’au niveau de la haute direction par Vintermédiaire du “Comité des Six’, qui comprend le président et le vice-président exécutif. Le Comité d’enquéte a pu déterminer ot achoppent les efforts de collaboration entre les deux réseaux: peu d’employés du réseau anglais parlant frangais, la langue de travail dans tout groupe est l’anglais et les membres de langue frangaise sont forcés de s’adapter a cette situa- tion; la rareté d’hommes publics capables de s’exprimer en francais se ressent dans les émissions de nouvelles et d'affaires publiques; présumant généralement de 1’in- différence des auditoires 4 l’égard de l’autre culture, les réalisateurs ne sont guére disposés a produire des émis- sions qui, selon eux, ne susciteront que peu d’intérét; Vorganisation hiérarchique de la production étant concue selon la langue, les réalisateurs, techniciens et scripts communiquent dans leur langue avec leurs supérieurs et ont peu de rapports avec leurs collégues de |’autre langue; trés rares sont les réalisateurs de langue anglaise capables de travailler en coproduction, de méme que les gens aptes a fonctionner au sein d’une équipe bilingue. Radio-Canada et le Parlement Le mandat confié au Comité d’enquéte comprenait aussi l’examen de‘cette question: est-il opportun d’établir une Commission royale d’enquéte sur l’ensemble des questions relatives au service public de radiodiffusion? Pour y répondre, le Comité s’est renseigné sur la maniére dont Radio-Canada rend compte de ses activités au Parle- ment. Une étude portant sur le mode de fonctionnement du Comité parlementaire sur la radiodiffusion, les films et les arts indique que ledit Comité ne peut exécuter con- venablement son travail, pour deux raisons: 1. Le peu de temps dont disposent les députés pour faire l’examen détaillé de 1l’état de la radiodiffusion, le Comité ne s’étant réuni que 51 fois pour une durée totale de 115 heures au cours des années 1967-1976; 2. L’absence de service d’ex- perts dont il aurait besoin pour effectuer des recherches. En conséquence, la participation des membres se limite a poser des questions superficielles pour donner suite aux plaintes de leurs électeurs, ou encore a donner une opinion générale sur les prévisions budgétaires. . Outre le Comité parlementaire, trois organismes assurent la liaison entre Radio-Canada et le Parlement. D’abord, le Secrétariat d’Etat par lequel les divers organismes nationaux a caractére culturel, dont Radio- Canada, rendent compte a la Chambre des communes. En fait, le Secrétaire d’Etat n’est qu’un “‘messager”’ de la Société Radio-Canada, et il respecte les régles établies de non-ingérence politique. Puis, le ministre des Communications auquel incombe la responsabilité de l’aspect technique des communica- tions, et donc la radiodiffusion. Comme, cependant, cer- tains moyens de télécommunications sont de propriété ou de juridiction provinciale, il a di se pencher de plus en plus sur les revendications juridictionnelles formulées par les provinces. Enfin, la Loi sur la radiodiffusion de 1968 a créé le C.R.T.C. comme organisme ehargé de surveiller et de réglementer l’ensemble du systéme national de radio- diffusion, tant public que privé. Depuis 1976, il doit aussi réglementer les tarifs et certaines fonctions des en- treprises de télécommunications de compétence fédérale situées a Terre-Neuve, au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord- Ouest. Les relations actuelles entre les divers éléments de la structure administrative dont reléve Radio-Canada sont bizarres et paralysantes; il faudrait, semble-t-il, qu’un seul ministére ou organisme gouvernemental, embras- sant tous les aspects et toutes les fonctions de la com- munication culturelle, soit le pivot d’une politique in- tégrée. Il faudrait également examiner de trés prés com- ment les agences culturelles pourraient établir des liens plus étroits avec le public en général, sans pour autant négliger l’activité culturelle. Aucune recommandation dans l’immédiat Le Comité croit que le statut actuel de Radio-Canada (organisme autonome qui n’a de compte a rendre a per- sonne) constitue un danger, puisqu’il suscite la mise en question de son existence méme. I] recommande donc fortement, dans l’intérét du public autant que dans celui de Radio-Canada, que !’on revoie sa structure administra- tive avant de mettre en place quelque groupe que ce soit pour procéder a une étude de grande envergure. Sur le plan pratique, Radio-Canada est présentement composée de deux entités distinctes donnant quotidienne- ment la preuve qu’il ne s’agit pas d’une entreprise in- tégrée. Il faudra prendre au plus tot des mesures pour que tous les employés de Radio-canada sentent qu’ils tra- vaillent pour une seule et méme entreprise qui est a la fois frangaise et anglaise. Cette intégration devrait permettre une décentralisation beaucoup plus poussée de Radio- Canada. g) Le service national de radiodiffusion devrait (i) étre un service équilibré qui renseigne, tous ages, aux intéréts et aux gouts divers, et qui offre une répartition équitable de toute la gamme de la pro- | grammation; | | (ii) étre étendu a toutes les régions du | Canada, au fur et a mesure que des | fonds publics deviennent disponibles ; (iii) etre de langue anglaise et de langue francaise, répondre aux besoins par- ticuliers des diverses régions et con- tribuer activement 4 la fourniture et a V’échange d’informations et de diver- tissements d’ordre culturel et| régional, et | | (iv) contribuer au développement de | V’unité nationale et exprimer constam- | ment la réalité canadienne. - | (Loi sur la radiodiffusion, article 3g) | En conclusion, le Comité ne recommande pas la créa- tion d’une Commission royale d’enquéte dans l’immédiat. Quand les questions qui se posent actuellement au Canada auront trouvé réponse; quand Radio-Canada aura eu la possibilité de montrer-ce qu’elle peut faire de sa propre initiative; quand le Parlement aura repensé ses rapports avec Radio-Canada, les autres organismes culturels et les autres média; quand on saura mieux vers quoi évoluent les techniques, alors seulement sera nécessaire une en- quéte approfondie qui fournira au Parlement une base lui permettant de légiférer en toute certitude. E | | | | éclaire et divertisse des personnes de | 1 | ie Ces textes sont fournis par le Secrétariat d'Etat 2