12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 11 aot 1978 Napoléon et les Indiens par Roger DUFRANE Suite a une erreur typo- graphique, Le Soleil _re- prend, cette semaine “au complet”, l'article Napoléon et les Indiens paru le 4 aoit. Francois m’entretenait de choses et d’autres dans son studio. Un piano, orné d'un buste de Ravel, dormait sous son couvercle. Tout un mur était tapissé de livres. Je lus quelques titres:-la Chanson de Roland, la Princesse de Cléves, Tableau de la langue francaise. — C'est dréle, dis-je 4 mon ami, je ne vois pas de livres anglais. —Ca ne devrait pas t’éton- ner. Mon studio est mon refuge dans un océan d’an- glophonie. L’anglais, je le saurai toujours assez. Toute la semaine il clame ses coin- coin a mes oreilles. Dans mon studio, j’oublie la comé- die de tous les jours, ot il faut jouer le jeu pour gagner sa vie, et je retrouve les compagnons de mes songes. D’ailleurs j'ai quelques li- vres en ‘angue an:’ . 1a- haut, dar coin, ¢ .vra- ges sur ouver et la Colombie-. anique. Francois iendait le bras vers le plafond. Le rabais- sant, il s'’empara d'un album a couverture brune: | FONCTIONS: Culturel. animation culturelle. SALAIRE: DATE LIMITE: ler septembre 1978. LIEU DE TRAVAIL: OFFRE D’EMPLOI Le Conseil Culturel Franco-Colombien lance un concours ouvert aux hommes et aux femmes pour le poste de Coordonnateur Culturel Provincial. QUALIFICATIONS REQUISES: e Avoir une bonne connaissance des besoins de la communauté franco-colombienne. e Posséder un esprit d’initiative et de créativité. ¢ Etre disposé a travailler en équipe. e Posséder de |’expérience en organisation et en @ De $917.00 4 $1,235.00 par mois. —Regarde ¢a, ma derniére acquisition. Je l’ai comman- dée a un libraire du Quai Saint-Michel. C’était un recueil de cro- quis originaux sur |’épopée impériale, ou plut6t sur la vie quotidienne des soldats de Napoléon. On voyait les ’ grenadiers traverser |’Alle- magne, recus a bras ouverts par les Bavaroises, puis s’é- loigner vers l'infinie Russie, d’ot ils se sont fait refouler oar le général Hiver. Puis, en loques, ils ont retraversé l'Allemagne, se faisant main- tenant insulter (le sort des vaincus). Et le volume se terminait sur la bataille de Waterloo. —Tu connais Waterloo, Francois? —J’y suis allé il y.a long- temps, C’est un village com- me ils le sont tous, avec des vaches dans les prairies et des chemins fleurant-la bou- se et l’églantine. Non loin de . la (car la bataille n’a pas eu lieu a Waterloo), une foire pour touristes! Monuments, teliques, et tout le saint- frusquin! “Waterloo, morne plaine!” disait Victor Hugo? Pour moi, cela n’avait rien de morne. J’avais rencontré une étudiante de l’Univer- sité de Bruxelles. Nous nous . sommes promenés dans les chemins creux. Nous avons bu une biére dans un de ces cabarets belges, si frais et si intimes. Puis nous sommes e Coordonner les tournées nationales ou provincia- les d’artistes ou de troupes. ¢ Coordonner en Colombie-Britannique le Colloque ¢ Diffuser toutes les informations culturelles pertinentes aux groupes culturels ou aux artistes et artisans de la Colombie-Britannique. e Exécuter toute autre taches que lui confiera le €.C.F.C. dans le cadre de son mandat. ¢ Etre capable d’entretenir de bonnes relations entre le C.C.F.C. et ses membres. ¢ Les candidatures devront étre envoyées avant le e Au Siége Social de la Fédération des Franco- montés au Lion. Tu connais cette motte aménagée avec Vargent anglais, les marches qu'on grimpe, le-lion de bronze au sommet qui rugit vers la France. Ma jolie monitrice m’a appris la qu’u- ne armée francaise, venue vers 1832 aider les Belges a chasser les Hollandais, lui avait coupé la queue. Ma compagne m’a entrainé dans une salle obscure voir le film de la bataille. Je me rappelle quelques scénes: un Napo- léon mal en train et qui souffre de l’estomac, un Cambronne enragé qui lance aux Anglais le fameux mot de cing lettres. D’ailleurs, le film semble du cdté des Francais et je me demande ce qu’en pensent les touris- tes Anglais. —Et les touristes Cana- diens, Francois. Les Cana- diens Anglais, par atavisme, n’aiment pas Napoléon. Ils le tiennent pour un personnage remuant mais sans envergu- re. Or, Napoléon était un grand homme. Ses soldats Vadoraient. I] a imposé un nouveau code de lois encore en vigueur. En Belgique, il a eréé l'industrie du sucre. Il a agrandi le port d’Anvers qui, grace a lui, est devenu une immense porte maritime. Les Canadiens Frangais ont attendu de lui la délivrance. Francois m’observait, en souriant d’un air entendu. —Puisque tu admires le Petit Caporal, me dit-il, je ‘vais te préter un livre en langue anglaise ow il est parlé de lui. Tu verras que les Indiens, comme les Ca- nadiens Frangais, ont espéré en lui. -Francois me tendait un petit livre rose: —Ce sont les légendes de Vancouver, par Pauline Johnson. Fille d’un chef Iro- quois, elle est venue vivre a Vancouver. De vieux In- diens de la céte lui ont conté des histoires. Elle évoque de Lisez les écrivains francophones PIERRE BENOIT De l’Académie frangaise, néa Albi en 1866, mort en 1962. Fils d’officier, i] vécut en Algérie et en Tunisie jusqu’en 1907 puis fit en France des études de Lettres et d'Histoire. Ses deux pre- miers livres: Koenigsmark et L’Atlantide (1917-1919) lui valurent d’emblée un immense succés. Ses romans, une cinquan- taine, sont tous écrits selon la méme technique: une intrigue mouvementée, une part de mystére, une héroi- ne romantique et fatale dont le prénom commence tou- jours par la lettre A, un dénouement dramatique; comme cadre, un pays loin- tain a moins que ce ne soit le Sud-Ouest de la France. P. Benoit fut sans doute Vauteur le plus lu entre les deux guerres. Il n’en est plus de méme maintenant que son oeuvre a vieilli. A ses grandes fictions exotiques, nous préférons ses drames de la vie provinciale fran- chologiques. EDITEURS: Albin Michel; Livre de Poche. caise et leurs aspects psy- Colombiens 4 Vancouver. Pourra étre appelé a PARMI SES MEILLEU- RES OEUVRES: Mademoi- selle de la Ferté, qui, restée célibataire, se venge impla- cablement de tous ceux qui ont empéché son mariage. _ Alberte, un homme et une femme emportés par la pas- sion, une mére qui devient la rivale de sa fille. Le déjeu- - ner de Souceyrac, une affai- re de captation d’héritage. Axelle: en Prusse, pendant la premiére guerre mondia- le, un prisonnier francais rencontre une jeune alle- mande de grande famille. Le Puits de Jacob. Quel choix va faire Agar, jolie danseuse juive? continuer a Paris une vie de plaisir ou retourner en Israél pour y travailler et souffrir? LISEZ POUR COMMEN- CER: L’'lle Verte, sans doute le meilleur roman de P. Benoit: rapide drame fami- lial qui se noue autour d’un homme guetté par la démen- ce. Le lecteur ne pourra oublier le cadre étrange de cette ile de la Gironde ni la présence obsédante des oi- seaux. jolies princesses changées coureur des bois qui leur a en montagnes, de jeunes servi d’interpréte. C’est ain- guerriers amoureux, et aussi. si que les Indiens ont confié_ Napoléon. Les Indiens en aux deux Frangais, une amu- avaient entendu parler par —lette pour Napoléon, et ils des marins venus de Russie. racontent que |'Empereur a Ils se sont mis A admirer été battu pour avoir perdu le notre empereur et ils lui ont _ talisman. envoyé un talisman. —Par quel moyen? —Par deux soldats fran- cais prisonniers des Russes. Débarqués sur la céte cana- dienne du Pacifique, ceux-ci avaient conversé avec un Tu en as de bonnes, :.Fran- cois. La semaine prochaine, tu me diras que les Indiens ont connu Jeanne d’Arc et lui ont envoyé une médaille de Sainte-Catherine. La création d’une page Cette semaine dans notre rubrique “Les Piéces et le Théatre” nous nous faisons un grand grand plaisir en vous présentant un modéle d’écriture qui porte sur un sujet qu’ont a coeur tous les écrivains: LA CREATION D’UNE PAGE. Pour une piéce, il faut un sujet ou - plusieurs sujets; et lorsqu’on a plusieurs sujets, il faut un Roi pour présenter la piéce. Mais les sujets se sont révoltés, le - Roi fut décapité et je n’ai pas de piéce a présenter. Je pourrais toujours raconter la révolte, mais c’est du déja vu. Je pourrais toujours présenter du déja vu, mais je trouve ¢a révoltant. Je pourrais toujours vous conter ma. vie, mais ce serait ennuyant car je ne fais rien d’important. Je ne fais méme pas mes travaux scolaires sans pour autant étre un mauvais sujet. J’aimerais vous parler du temps, du beau temps qui passe et de l’espace, mais ce serait de la politique et je n’ai pas le droit, pour des raisons politiques. On pourrait s’entretenir de Dieu, mais ce ne serait pas | catholique, ce serait plutét nostalgique. Je voudrais vous parler de l'amour, ¢a rime toujours, mais j'ai oublié le chemin sans détour_et ce serait trop long et trop con.. Non, je ne peux faire de piéce, car je ne suis Roi et n’ai aucun sujet a juger ot a emprisonner. Je suis fleur des champs qui s’endort a l’automne et s’éveille au printemps, je suis renard et liévre en méme temps, je suis gueux de route et pierre de chemin, je suis sans doute du lendemain, ou de l’envers de la plume, la bille au bout du stylo et la page qu’on barbouille, le mirage qui fouille. Je ne suis pas rien, je ne suis pas tout, je ne suis pas négation méme, mais je suis quand méme rendu au bas de ma page, et sans faire trop de dommages aux poubelles qui jonchent la cour du Roi décapité. lum vitae a: 3170 rue Willow Vancouver, C.-B. ~ -V5Z 3P5 voyager dans la province ou a I'extérieur. Priére d’adresser votre candidature et votre curricu- Conseil Culturel Franco-Colombien a-s Jean Riou, Directeur Général Fédération des Franco-Colombiens ...[sabelle, bouleversée, apercut son pére. Accroupi au bout d’une étroite langue de sable, sans souci de la pluie, du vent, des flots qui déferlaient de tous cétés, il avait prés de lui une manne d’osier oi il puisait. Il jetait A manger a une volée d’oiseaux qui se bousculaient avec de stridentes clameurs. Il y en avait de trés gros et de tout petits; des effrontés et des pusillanimes; des blancs, des noirs, des roux; des palmipédes et des échassiers; des plongeurs et des coureurs de gréve... Ils composaient 4 Etienne Ruiz une fantastique auréole. (L’lle Verte) ‘ Nous espérons que cette oeuvre didacti- que et a la page a su vous plaire et sinon, n’oubliez pas que souvent ce n’est pas celui qui porte la couronne qui est le plus heureux mais bien son dentiste. Bonjour et & la semaine prochaine. Prof. André UMBRIACO, S.D.L.R.* *S.D.L.R.: Scout de la Reine.