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par Ben WEIDER

CHAPITRE XII
(Suite)

LA RETRAITE, LA DER—
NIERE RENCONTRE ET
LA MORT D’UN GEANT

Ronaldo faisait des tours
de force en compagnie d'un
autre costaud européen,
nommé Smith. La troupe
comprenait également un
clown célébre de l’époque,
J.-B. Charlebois, !’équilibris-
te Tom McCarthy, des con-
torsionnistes, des acrobates
et une fanfare, dirigée par un
“ex-chef de Fanfare de Cava-
lerie militaire francaise”,
nous apprennent les affiches

Cet épisode de la vie de
Louis, ot il était seul propri-
étaire du cirque, avait laissé
au géant une foule d’anecdo-
tes. Au cours de la tournée
aux Etats-Unis et dans la
Province de Québec, il avait
pu juger de sa popularité
devenue plus grande méme
depuis qu’il s’était retiré de
la compétition active.

Malgré sa retraite, il con-
tinuait a voir énormément
de monde et restait en
contact étroit avec les mili-
eux sportifs dont les person-
nalités venaient bavarder
avec lui. L’un des plus
assidus était Gus Lambert,
le tavernier sportif, qui avait
été une sorte d’Yvon Robert
de l’époque, lutteur-boxeur
et méme leveur de poids a
occasion.

Stabilisée par le régime
lacté, la maladie de Louis
n’empirait plus, mais sa san-
té ne s’améliorait pas.
Trompé par les apparences
et répondant aux sollicita-
tions d'un tempérament de
lutteur toujours généreux,
le champion devait commet-
tre au moins deux grandes
imprudences.

Tout d'abord il accepta de
faire un match avec Horace
Barré. Celui-ci avait eu la
téte enflée par des amis,
toujours préts a envenimer
les choses,

— Tu as vécu dans l’ombre
de Louis Cyr, lui disait-on
tous les jours: Il ne t’a
jamais laissé donner le meil-
leur de toi-méme; tu es plus
fort que lui; il est jaloux de
toi. C’est toi homme le plus
fort du Canada...

Le brave Horace avait de
gros muscles et une petite
téte. Ces flagorneries éhon-»
tées le touchérent, II finit
par lancer un défi a son
maitre vieilli et diminué par
la maladie. Louis Cyr,
malgré l'avis des médecins
et de sa famille, releva le
défi. Il aimait Barré, mais ne
pouvait laisser passer un tel
affront.

Les deux hommes se ren-
contrérent et Louis fut vain-
queur. Dans aucun des
mouvements de Barré Louis
ne fit beaucoup mieux que
son adversaire; le grand Cyr
ne voulait pas forcer, ni
humilier son ancien protégé.
Mais le résultat fut net.

Toronto a son
hebdo francais

Depuis plusieurs semai-
nes, l’on peut voir sur les
trottoirs de Toronto, a cété

_ des boites distributrices de

journaux bien établis tels
que le Star et le Globe, celles
‘d'un nouvel hebdomadaire
de langue francaise, Le
Toronto Express. (Ces _boi-
tes viennent rappeler la pré-
sence d’environ 100 000 To-
rontois d’origine francaise).

Le Toronto Express, pu-
blié déja depuis 20 mois, se
vendait jusqu’a présent par
abonnement; la mise en pla-
ce des boites distributrices
constitue une étape impor-
tante pour le journal dont le
tirage passe de 5 000 a 20
900 exemplaires. Ses pro-
priétaires, M. Jean Mazaré,
un jeune Torontois d'origine
roumaine, et M. Francois
Taisne, un Montréalais di-

pl6mé de science politique,
s‘occupent seuls de la mise
en page, de la composition,
du tirage:et de la distri-
bution.

M. Taisne explique qu’il
n'est pas question de faire
un journal communautaire:
“Six autres journaux ont
essayé cette formule avant
nous. Tous ont échoué. Plu-
sieurs villes ontariennes ont
d’excellents hebdos de lan-
gue francaise qui reflétent
essentiellement les activités
locales. Mais il faut trouver
une formule adaptée a To-
ronto,‘un journal qui rejoint
ces “francophones invisi-
bles” dispersés dans tous les
quartiers, et les anglophones
qui s'‘intéressent a la culture
par le biais de la langue
frangaise”. (Hebdo Canada).

Ils ont choisi ’aventure

en canoé

Il faut environ deux ans
pour parcourir la distance
séparant Vancouver de
Montréal... en canoé bien
sir. Deux Canadiens, Jerry
LaChapelle, 34 ans, de
Montréal, et son cousin De-
nis Bilodeau, 22 ans de
Québec, ont entrepris en
canoé un long périple de
24,100 milles (38880 km).

Ils longeront la céte du
Pacifique, contourneront le
cap Horn pour revenir au
Canada en longeant la céte
de l’Atlantique, puis en re-
montant le St-Laurent. Les
deux canoistes qui ont quitté
Vancouver en juillet, avaient
déja parcouru 2,100 milles
‘3381 km) a la fin du mois de

septembre et avaient atteint .

Long Beach en Californie.
Le soir, ils établissent leur,

'Mebdo Canada)

campement dans un coin
vrotégé du rivage. Ils ne
voyagent que par beau
temps. :

“Tout le monde dit que
notre entreprise est irréali-
sable, a déclaré LaChapelle,
mais rien n'est impossible.”
Les deux jeunes gens ne
s‘inquiétent pas non plus de
‘a possibilité de voir des
pays d'Amérique latine met-
tre fin a leur voyage, méme
sils doivent traverser les
eaux territoriales de onze
Etats sud-américains.

“Je ne transporte pas
darmes, je me moque de la
oolitique et je ne discute
iimais de religion. Je suis
‘out simplement Canadien”,
declare LaChapelle.

Sur lascéne

internationale
[SOP]

ITALIE — Les médecins
écrivent si mal (plus mal
qu'ailleurs, semble-t-il)
qu'un journal, le “Il Messa-
gero”, a proposé fort sérieu-
sement au gouvernement de
passer une loi pour obliger
‘es savants docteurs 4 taper
'eurs ordonnances a la ma-
chine...

ANGLETERRE — On dit
que les marins ont des
petites amies qui les atten-
dent dans chaque port. Mais,
selon un rapport que vient
de publier |’'Organisation in-
ternationale .du_ travail
(OIT), cette réputation est
largement surfaite. Les
ports étant souvent éloignés
de la ville et de ses plai-
sirs, les marins restent a
bord plus souvent qu’au-
trement et se contentent de
lever le coude, ce qui expli-
que, en partie du moins, le
taux élevé d’alcoolisme chez
les gens de mer... Parlant de
marins, il s’est produit ces
jours derniers, au large du
petit port anglais de Brid-
lington, en Angleterre, un
incident peu banal.

Informé qu'un petit ba-
teau de péche était en diffi-
culté, le service de sécurité
maritime dépécha aussitét
un canot de sauvetage. Mais
le capitaine du navire en
détresse refusa carrément
toute assistance: “Occupez-
vous de vos affaires, hurla-
t-il, et moi je m’occuperai
des miennes”. Ce n'est qu’a-
prés moult tentatives et

"intervention d'un homme- .

grenouille que le canot de
sauvetage parvint a prendre

.\ “La Mariole” en remorque et

4 le ramener au port. Le
rafiot prenait l'eau, son mo-
teur était arrété, il n'y avait
A bord aucun équipement de
navigation, pas de fanal de
signalisation, pas méme un
gilet de-sauvetage... ...

Payant pour cela un prix
énorme, quant a sa santé,
Louis Cyr gagna toutes les
épreuves. .

Les conseillers de Barré
rentrérent sous terre. Le
calme revint, mais pour peu
de temps. Une nouvelle
gloire se levait dans le
toyaume de la force.

On était en 1905. Cette
année-la apparut dans le
Québec le jeune Hector Dé-
carie, dont la carriére fut
fulgurante. Trés vite, il
disposa de tous ses adver-
saires. Illes battait d’une
facon décisive et bientdt
commenga a faire cavalier
seul.

Ayant a juste titre pris de
V'assurance, il lanca un défi a
Horace Barré, mais ce der-
nier, assez, déprimé par son
aventure contre Louis Cyr,
et souffrant d'une hernie, se
déroba. Le jeune et
bouillant Hector fit éclater
une joie féroce.

— La bande a Louis Cyr se

.

Le Soleil de Colombie, Vendredi 27 Janvier 1978 11

L’homme le plus fort du monde

AUX EDITIONS VICTOR-LEVY BEAULIEU:

dérobe! Le plus fort, c’est
moi!

Puis, plus par dérision que
par conviction, il langa le défi
a l’empereur de la force.
Tous les familiers de Louis
Cyr et son médecin furent
atterrés de la décision du
colosse. Dans son état de
santé, accepter la rencontre
était une folie! L’expérience
avec Barré avait failli mal
tourner. Qu’allait-il se pas-
ser contre un Décarie autre-
ment plus redoutable?

Mais Louis était aussi
obstiné qu'il était fort. Il
était atteint dans son amour-
propre. II serait mort plutét
que dese dérober. Le défi
d’Hector fut relevé.

La rencontre fut fixée au
26 février 1906.

Louis accepta toutes les
conditions de son jeune ad-
versaire. Une bourse de
mille dollars devait récom-
penser le vainqueur.

Les deux adversaires en
présence étaient aussi dis-

ERPPEPPP BEB PA A bp Se

% Le coin du traducteur %
REPEPLEEEEEELEPLEELEPDH

“ETUDE LEGALE”

1) L’adjectif LEGAL signifie ‘‘établi par la loi,
conforme 4 Ia loi”. I] ne signifie pas “relatif au droit, a

Vexercice du droit”.

2) L'expression ETUDE LEGALE est un calque de
legal office et ne se justifie pas en frangais. On dira

ETUDE CABINET.

Une étude d’avocat, de notaire.

Un cabinet d’avocat.

(FAUTE) L’ETUDE LEGALE de Me B. est au

premier étage.

(CORRECT) Le CABINET de Me B. est au premier

étage.
“TRAVERSE”

Au Canada, on emploie souvent le mot “traverse” pour
indiquer un endroit ot I’on passe. L’usage a consacré

PASSAGE en ce sens.

(FAUTE)

TRAVERSE D’ANIMAUX
D'ECOLIERS
D'ENFANTS

TRAVERSE DE PIETONS

(CORRECT)

PASSAGE D’ANIMAUX
D'ECOLIERS
D'ENFANTS

PASSAGE POUR PIETONS

Quant a l'emploi de la préposition qui suit passage, il
s'agit d'une pure question d’usage.

Cinématographie

Les recettes provenant
des admissions dans_ les
1,129 salles de cinéma et les
399 ciné-pares en exploita-
tion au pays se sont élevées
4 $224.0 millions en 1976.

Les revenus provenant de
toutes Jes autres sources
feoneessions, — rafraichisse-
ments et distributrices auto-
matiques) ont totalisé $54.6
miilions.

Le total des admissions
pavyantes a été de 95.4
millions et les taxes sur les
amusements se sont chif-
frées a $16.2 millions.

Les traitements et les
sulaires verses a l'effectif
total de 14,944 ont atteint
$56.0 millions. (Statistique
Canada).

semblables qu'on pouvait 1’é-
tre. Bien qu’aégé seulement
de 44 ans, Louis Cyr, miné
par la maladie et affaibli par
un régime exclusivement

lacté, était l’ombre de lui-
méme. C’est d’ailleurs la
une facon de parler car il
était de dimensions énormes
et pesait beaucoup plus de
300 livres; son corps jadis
d'une dureté d’acier était
devenu mou et recouvert
d'une épaisse couche de

graisse malsaine.

De trés gros muscles se
trouvaient sous cette enve-
loppe, mais ils étaient rouil-
lés, ankylosés par l’inaction,
diminués dans leurs possibi-
lités. A sa néphrite et 4 sa

‘maladie de coeur, étaient

venus s’ajouter d'autres si-
gnes de délabrement physi-
que: il avait le souffle trés
court et se déplacait avec
beaucoup de difficultés.
Mais cette carcasse si éprou-
vée cachait toujours une
volonté de champion, un
coeur indomptable.

Hector Décarie était au
sommet de sa gloire. Il
approchait de la trentaine;
c’était un magnifique spéci-
men d’humanité. Superbe-
ment proportionné, il pesait
190 livres et depuis huit ans
n’avait pas rencontré son
maitre dans le bras de fer
par exemple.

Les conditions de la ren-
contre avaient été fixées
comme suit: Chacun des
deux hommes devait choisir
quatre mouvements et y
faire de son mieux. L’autre
concurrent devait aussi faire
de son mieux dans les mou-
vements choisis par lui et
dans ceux de son adversaire.

Celui qui se montrait le
meilleur dans un mouve-
ment recevait un point; il y
avait done huit points, au
maximum, a ramasser.

Hector Décarie était au
courant, comme tout le mon-
de, du fait que le grand
Louis Cyr avait passé le
sommet de sa splendeur et
que sa santé laissait 4 dési-
rer. Son estime pour le vieux
lion se trouva décuplée lors-
que Louis accepta la rencon-
tre.

Louis Cyr de son cété
n'avait jamais éprouvé d’ani-
mosité envers les champions
qu'il affrontait. I] s’était
fiché une ou deux fois dans
sa vie, comme le jour ot le
Cvclope et son compere le
défiérent imprudemment.
Mais en se présentant contre
Décarie il n’était animé que
de cette ardente flamme de
la compétition sportive qui
brfiila toujours en lui.

Le Pare Sohmer était
archi-comble. On avait refu-
sé du monde et seuls les
privilégiés ou ceux qui
étaient venus plusieurs heu-
res a l'avance purent péné-
trer dans l'enceinte. On ne
narlait que de cela depuis
qguinze jours, tant a Mont-
réal qu'a Québec.

A suivre