14 — Le Soleil de Colombie, vendredi 22 mars 1985 Sécheresse Un Africain sur trois menacé Méme si c’est la si- tuation désastreuse de Ethiopie qui attire surtout l’attention, il y a 22 pays africains qui traversent actuellement une profonde crise ali- mentaire. C’est ce qu’indiquent plusieurs organismes _ internatio- naux, dont le Centre de recherche pour le déve- loppement _internatio- nal (CRDI), un orga- nisme canadien d’aide scientifique aux pays du tiers monde. La sécheresse afflige l’ensemble des pays du Sahel, c’est-a-dire les territoires en bordure sud du Sahara. Le flé- au, qui par exemple dé- cime |’Ethiopie au ryth- me de 100 morts par jour, se propage au Ni- ger, au Mali, en Mauri- tanie, au Tchad, au Burkina (Haute-Volta) et méme dans certaines régions du sud de I’A- frique. Cent cinquante millions d’Africains sont touchés, soit un habitant de ce conti- nent sur trois. La _ sécheresse est bien str aggravée par le contexte économique et social de 1’Afrique. Mais, a la base, ce sont les changements clima- tiques et la désertifica- tion qui ont provoqué cette rupture dans 1’é- quilibre écologique de ce continent. Du jet-stream... Certains spécialistes croient que la présente Cette région nigérienne, autrefois couverte de plantes céréaliéres, est maintenant dévastée par la sécheresse. La plupart des habitants ont fui. (Photo CRDD. sécheresse est reliée a des changements clima- tiques profonds. Com- ment expliquer ces bou- leversements ? Les hy- pothéses ne manquent pas. Certains spécialistes évoquent un_ surcroit d’activité des princi- paux systémes de circu- lation atmosphérique. Ce phénoméne modi- fierait la distribution et. la régularité des préci- pitations en repoussant les vents tropicaux vers l’équateur. C’est pour- quoi les pluies. qui ac- compagnent ordinaire- ment la mousson ne peuvent plus atteindre le Sahel, situé plus au nord. Par ailleurs, on a ob- servé que le jet-stream d’Afrique et le jet- stream subtropical se sont affaiblis ces der- niers temps. Or ces courants rapides dans les couches élevées de la troposphere sont essen- tiels a la formation des orages et des pluies au Sahel. ... a Peffet de serre D’autres se rallient a des hypothéses plus globales qui tiennent compte des relations entre les facteurs clima- tiques des hémispheres nord et sud. Le présu- mé «effet de serre», provoqué par une con- centration trop élevée de gaz carbonique et de poussiére dans |’atmo- sphére, joue peut-étre un rdle important dans ces modifications cli- matiques. Aucune de ces hypo- théses ne fait cependant l’unanimité au sein de la communauté scienti- fique. Mais de toute fa- con, le climat et ses ca- prices inattendus sont loin d’étre les seuls cou- pables. Le désert avance «Le désert attaque dix kilométres de front de végétation par an- née, soit 200 000 hecta- res.» Voila les chiffres alarmants mentionnés par M. Emile Gau- vreau, directeur des programmes pour le Sahel a l’ ACDI (Agen- ce canadienne de déve- loppement _internatio- nal). La transformation des territoires fertiles en déserts — la déserti- fication — représente une menace écologique lourde de conséquen- ces. En fait, désertifica- tion et sécheresse sont étroitement liées dans un sombre cercle vi- cieux. Il ne pleut pas : le niveau des nappes phréatiques diminue et la végétation dépérit, ce qui en retour coupe le cycle d’humidité essen- tiel a la pluie. Mais le déséquilibre ne s’arréte pas la. Trop de monde ? L’explosion démo- graphique au Sahel complique encore da- vantage le rapport des habitants avec leur en- vironnement déja vul- nérable. Ainsi en Afri- que, on fait cuire la nourriture avec du bois. Celui-ci devient de plus en plus rare, et ne peut donc protéger le couvert végétal me- nacé. En outre, le bétail aussi augmente puisque les cultures ne suffisent plus. Les animaux affa- més doivent manger les feuilles des arbres, qui finissent par dégénérer; les bétes se nourrissent alors des plantes au sol. Et ce dernier, de plus en plus dénudé et assé- ché, ou devenu infertile parce que surexploité et érodé, ne peut que bat- tre en retraite devant l’impitoyable envahis- seur qu’est le désert. La situation est com- plexe et ses multiples facettes exigent des so- lutions variées et a long terme surtout. Selon E- mile Gauvreau, l’aide internationale devra s’orienter selon trois axes principaux : stabi- lisation du couvert vé- gétal, équilibre alimen- taire et développement énergétique. Et pour que ces interventions soient vraiment vala- bles, insiste-t-il, il est absolument essentiel qu’on arrive a mieux connaitre 1’ Homme sa- hélien avec ses besoins, ses rapports avec son milieu et, surtout, avec ses différences. Un contrat social «C’est un travail de longue haleine, pour- suit-il, et c’est pour- quoi nous parlons de contrat social a long terme entre les pays ré-. cipiendaires et les pays intervenant dans le Sa- hel. Si on veut garder un certain optimisme pour la survie des po- pulations du Sahel, la seule voie est celle du contrat social basé sur le respect de la diffé- rence. » Isabelle Paradis Service Hebdo-science des transports ‘ Commission canadienne Canadian Transpo Commission COMITE DES TRANSPORTS PAR VEHICULE AMOTEUR Avis d’audience publique Le Comité des transports par véhicule & moteur de la Commission canadienne des transports tiendra une audience publique 4 Vancouver (C.-B.) 4 compter du mardi, 16 avril 1985, relativement a:. L’avis donné par 266,936 B.C. Ltd., une filiale 4 part entiére de Yellow Freight Systems Inc. du Delaware, conformément a l'article 27 de la Loi nationale sur les transports, de son projet d’acquisition de toutes les actions en circulation de Custom Courier Services Ltd. Le but de ladite audience est d’aider le Comité dans lenquéte qu'il méne pour déterminer si ce projet d’acquisition restreindra indiment la concurrence ou portera autrement préjudice a l'intérét public. L’audience débutera 4 9h30 heure locale, le mardi 16 avril 1985, dans la salle d'audience n° 2 de la Cour fédérale du Canada, 700 ouest, rue Georgia, Vancouver (C.-B.) Toute personne intéressée peut assister a l’audience publique et témoigner relativement a cet avis d’acquisition. oer Les parties désireuses de comparaitre et de se faire entendre en francais sont priées d’en informer la Commission le plus tét possible afin de lui permettre de prendre les dispositions nécessaires. Toute personne handicapée qui a besoin d’installation ou de services spéciaux et qui entend témoigner ou prendre la parole a l’audience devrait informer la Commission de ses besoins au moins 15 jours avant le début de I’audience et la Commission s’efforcera d’y satisfaire. On peut obtenir plus de renseignements en faisant une demande par écrit au Secrétaire du Comité des transports par véhicule 4 moteur ou en lui téléphonant au (819) 997-1083. Canada Murielle Bouchard Secrétaire intérimaire Comité des transports par véhicule a moteur LES ARAIGNEES VEGETARIENNES ? (SHS) Les araignées tis- seuses de toiles, depuis toujours considérées comme carnivores, se nourriraient en grande partie de substances vé- gétales. Comment ? En mangeant des parties de leur toile a des fins de recyclage. C’est du moins ce qu’avancent deux biologistes des U- niversités de Colombie- Britannique et de Dal- housie qui ont étudié le comportement du Ara- neus diadematus, une petite araignée large- ‘ment répandue au Ca- nada. Selon les deux chercheurs, la toile de Varaignée recueille des milliers de minuscules particules végétales, tel le pollen. En «faisant son ménage», Ilarai- gnée se trouve a absor- ber ces particules trés nourrissantes. Si cette thése est acceptée, les a- raignées seront consi- dérées comme omnivo- res, les insectes ne cons- tituant qu’un suppleé- ment a leur diéte. Le Sahel en quelques chiffres Le Sahel comptait 30 millions d’habitants en 1980; on s’attend a ce qu’il y en ait 50 millions en l’an 2000. Pourtant le territoire n’est capa- ble d’en faire vivre que de 15 a 20 millions. * * * La population urbai- ne au Sahel croit de 8a 10% par année; en |’an 2000, 25 a 50% de la population sahélienne sera concentrée dans les grandes villes. his sear 3% La dette de |’ensem- ble des pays du Sahel é€- tait de 450 millions en 1970, 3,5 milliards en 1980 et sera d’environ 6 milliards en 1985. Les budgets nationaux sont financés a 30% par 1’ai- de extérieure; les bud- gets d’investissement sont financés a 80 et 90% par l’aide exté- rieure également. * * * On prévoit qu’en l’an 2000, au Sahel, il y aura un déficit alimen- taire de 3 millions de tonnes de céréales. Le nombre de bouches a nourrir par paysan pas- sera de 2,8 a 3,6. a eee Actuellement, on uti- lise de 15 a 18 millions de tonnes de bois par année. En |’an 2000, la demande s’élévera aux environs de 30 millions de tonnes. Source : article Le dé- fi sahélien, par Yoro Sarr, dans CRDI Ex- plore, vol. 13, numéro 4. Ce jeune nigérien porte un arbre qui doit étre planté lors de la Journée de I’arbre, le 3 aofait de chaque an- née, une manifestation populaire d’envergure pour le reboisement du pays. (Photo CRDI).