10 - Le Soleil de Colombie, vendredi 19- octobre 1979 Six personnes en quéte du bonheur Plainte contre inconnu Le bonheur. Tout le monde en parle, ne fit-ce que pour le dénigrer. II n'est d’ailleurs per- sonne qui ne s’en fasse une idée plus ou moins vague. De humble midinette lectrice avi- de du courrier du coeur au mys- tique. qui aspire a la félicité é- ternelle en passant par Napo- léon qui y voyait le plein épa- nouissement de ses facultés, la notion de bonheur vit plus ou moins en permanence dans le coeur de l'homme. Le mot, qui se préte a toutes les interpré- tations, divise la littérature uni- verselle en deux camps. A coups de génie certains écri- vains en font le but ultime de I'humanité tandis que d'autres en démontrent, de facon irréfu- table, la futilité. ll semble, ‘pour plusieurs grands esprits, que la recher- che du bonheur, inhérente a la condition humaine, soit néan- moins peu de choses en regard du mystére du monde et du vide des espaces infinis. C’est pour- quoi Goethe demande qu'on se raccroche d’autant plus les uns aux autres. Shakespeare, tout comme Dostoievski, nous dépeint des étres plus ou moins jumineux qui se débattent dans un clair-obscur d’apocalypse, a la recherche d’on ne sait quoi. Selon Keats, notre monde n'est | pas tant «une vallée de larmes» Stross use ou se faconnent les Ames» tandis que pour Mir- cea Eliade, la vie, c'est «|'épreu- ve du labyrinthe». Un auteur francais, Georges Neveux, apporte a son tour son témoignage sur la question de facon magistrale dans une piéce émouvante, a la fois dense et trés nuancée, ou il prend carré- ment parti: Plainte contre in- connu. 2 Cette comédie dramatique qui sera présentée aux Beaux Di- manches le 21 octobre a 20 h 30, peut étre lue de différentes facgons et demande aux comé- diens: le meilleur d’eux-mémes. L’oeuvre exige une_interpréta- tion serrée, toute centrée sur le dialogue et incarnée en pro- fondeur. Féte amitié Lors de \la «premiére» de Winston McQuade recoit qui a- vait été présentée exception- nellement un samedi, le 15 sep- tembre pour étre précis, les té- léspectateurs de Radio-Canada se sont demandés: «Est-ce que ce sera toujours un party com- me ¢a?» Hé bien oui, ce sera toujours un party, une féte de l’amitié, un joyeux rendez-vous pour les artistes, les sportifs, les gens du spectacle, les amuseurs pu- blics et les autres. A chacune des réceptions de Winston McQuade on rencontrera des chanteurs et des chanteuses, des comédiens et des comédien- nes, des peintres et des instru- mentistes, des athlétes a |’oc- casion, enfin tous ces gens qui divertissent, amusent ou tout simplement travaillent dans l‘ombre pour notre divertisse- ment et amusement. Les concepteurs de la série Winston McQuade recoit ont voulu. présenter |'information artistique de facon agréable, le plus simplement possible, dans la joie et les rires, au milieu d'une féte quoi! Au lieu d’as- seoir Madame Une Telle sur une La piéce En Russie vers 1910. Six per- sonnes, inquiétes, malheureu- ses, insatisfaites de leur sort, décident de porter plainte con- tre Dieu. Elles se présentent done devant un procureur a qui elles exposent leur cas a tour de role. Celui-ci, épicurien superfi- ciel, imbu de lui-méme et pour qui le devoir de sa charge n'est que routine ou pure curiosité, laisse entendre aux plaignants qu’ils ne doivent pas sen pren- dre a Dieu. Ils porteront donc plainte contre inconnu et en- suite, se suicideront tous en- semble. _ Mais le procureur qui ne peut. “supporter le malheur des autres parce que ca le dérange, ou qui se donne bonne conscience trop facilement, bouffonne et plas- tronne devant ses plaignants. I] voudrait convaincre de vivre ceux qui, par leur suicide, trou- bleraient sa quiétude, et il se donne alors en exemple d’hom- me heureux. Toute son existen- ce fut consacrée au bonheur. Un dur coup lui est cependant porté quand on lui conseille de se regarder dans un miroir ot il verra un mort-vivant, un étre vide, sans coeur et sans ame. Peu a peu les plaignants se rapprocheront les uns des au- tres, commenceront @ sentir et a comprendre que «la mort, au’ fond, ressemble a la maison du procureur: c'est le bonheur par chaise en face de |’animateur - qui lui demande pourquoi, com- ment et ot elle présente son prochain vernissage, Winston invite &@ son party. Entre une conversation avec Yvon Dufour et une branche de céleri, Mada- me Une Telle donne & son héte toutes les précisions concer- le vide.» Ils découvriront qu’il vaut mieux vivre, méme en ayant mal par les autres. Et leur enthousiasme augmentera quand ils sauront qu’un bébé va naitre bient6t et qu’on se trou- ve toujours beau quand on se regarde dans les yeux de son enfant. Le bonheur, s'il existe, ré- side dans le regard d'autrui et «les hommes qui n'ont jamais souffert sont encore plus mal- heureux que les autres.» Nous verrons que si la nature a horreur du vide, |’A4me supporte mal, a la longue, le néant du coeur. Le procureur qui aura évité les miroirs pour se con- templer dans son portrait-miroir avantageux et triomphant, de- viendra matiére de plus-en plus Opaque iusqu’au désespoir fi- nal... La réalisation Le réalisateur Richard Martin a été fasciné par cette piéce qui lui donnait |’occasion d’employer ses Caméras comme un miroir a facettes ou comme un oeil hugolien habile a déceler |’Abel ou le Cain tapi au fond des ames. || a d’ailleurs tout centré sur l’action intérieure, sur les comédiens, leur jeu, leurs mimi- ques, leurs expressions, leurs yeux, leurs regards... On ressent alors une sorte d'exaltation a vi- vre ainsi d’aussi prés dans I'in- timité de figures humaines qui nant I'événement artistique dont elle s’occupe. Winston procéde de la méme facon avec les di- recteurs de théatre qui montent un spectacle, avec les comé- diens qui y participent, ainsi qu’avec les prime donne et les solistes de concert qui se pro- duisent 4 la Place des Arts ou ‘dans quelque autre salle de Montréal. : Le mercredi 24 octobre a 19 h 30, (désormais ce sera tou- jours le mercredi), Winston Mc Quade recoit avec I’assistance et la sollicitude de sa sympa- thique «technicienne en aména- gement général et particulier», Rose Ouellette, le gratin du monde artistique, littéraire et sportif. On verra parmi ses hé- tes de marque: Yvon Des- champs, Angéle Arsenault, Ni- cole Croisille, Marie-Claire Sé- guin, Yvon Dufour, Michel Coté, le romancier et dramaturge fran- _~¢ais Yves Navarre ainsi que le champion de hockey Guy La- fleur. Tout ce beau monde sera’ entouré de nombreux autres in- vités... Winston nous réserve des surprises agréables. F.C. ESSCETS escenario time nee aR nous renvoient a nous-mémes au moment ow le portrait est quasi disparu de la peinture con- temporaine. Les personnages, qui évoluent dans une piéce close (qui n'est pas sans rappeler la chambre ou le cosmonaute de 2007, |'Odys- sée de l’espace est enfermé pour subir une ultime mutation), sont lancés les uns contre les autres pour bient6t se regrouper en une communauté d’ames et achever au mieux leur évolution intérieure. Le miroir-oei] du réalisateur scrute a fond ces consciences ou tout se concentre peu a peu en lumiére, ot méme: Jes _ lar- mes, gouttes irradiantes, chan- tent le «bonheur» réel, dans la souffrance partagée. Quelle idée merveilleuse que d'avoir exclu la musique instru- mentale de cette piéce. et de ne faire entendre que des choeurs, des voix -humaines, une plainte unanime et frémissante: le chant de |’ame. Les comédiens Les amateurs de théatre se- ront ravis par cette piéce non seulement & cause du sujet qui va droit au coeur, mais par le jeu remarquable des comédiens. Evidemment l'éloge de Gérard Poirier n'est plus a faire et c'est un régal de le voir ainsi vivre en profondeur le réle du procu- Sports de plein air et d'intérieur A |'émission les Héros du sa- medi, télévisée |e 20 octobre a 10 heures a la chaine frangaise de Radio-Canada, le commenta- teur Claude Quenneville nous invitera & voir une partie de softball qui réunira des équipes de filles de 12 4 14 ans. Les _ deux équipes en présence ‘se- ront les Elites de Mascouche et les Cornets de Terrebonne. Jean-Jules Gagnon sera |’analys- te de cette rencontre. Réalisa- tion: Henri Parizeau. Le samedi 20 octobre a 17 heures, a |’émission la Soirée du hockey, la télévision de Ra- dio-Canada présentera en direct du Forum de Montréal la partie de hockey qui mettra aux prises les Rangers de New. York et les Canadiens. Reporters sportifs: René Lecavalier, Gilles Trem- blay. Richard Garneau et Lionel Fp waters. Mie SE reur superficiel, sententieux, prétentieux, condescendant et, tout a coup, misérable, horrible a voir quand il s'apercoit tel qu'il est. Quant a Gaétan Labréche, qu'on a toujours plus ou moins confiné dans les réles de farfe- Jus, il se révélera en per- sonnage dostoievskien émou- vant, nuancé, profond. Alors que Jacques Godin, bloc mono- lithique ravagé par le remords, incarne avec toujours plus de talent des étres plus complexes, Monique Miller, toujours jeune et égale a elle-méme dans |’ex- cellent, réussit ce paradoxe de présenter une figure a la fois souffrante et sereine._ ‘Marthe Thierry et Marthe Nadeau nous étonnent méme dans’ des réles secondaires tandis que Denise Tessier et Miche] Cété, jeunes et convainquants, captent |'at- tention. L’auteur Rappelons que Georges Ne- veux, né en Ukraine en 1900 d'une mére russe et d'un pére francais, a écrit, en plus de Plainte contre inconnu, des pié- ces comme Juliette ou la clef des songes; le Voyage de Thé- sée; Zamore et le Systéme deux. Les critiques de théatre signalent comme l'une de ses qualités principales son «tragi- que qui refuse |’emphase». René Houle Duval. Réalisation: Michel Qui- doz et Jacques Primeau. Le dimanche 21 octobre a 11. heures, a |'’émission Football canadien, la chaine francaise de Radio-Canada présente, en di- rect du stade Yvor Wynne, le match qui opposera les Rough Riders d'Ottawa aux Tigers Cats de Hamilton. Commentateur: Pierre Dufault. Analyste: Pierre Dumont. Commentateur a la mi- temps: Camil Dubé. Réalisation: Jacques Viau. 7