Conte du temps des fétes -INNOCENT XIV! Un rang de Val-Paradis, au fo vers lé milieu de ce siécle. No (Deuxiéme de trois parties) nd de l’Abitibi (région miniére de l'Ouest du Québec), ble maison ancestrale a l'abri d’un énorme sapin enneigé plusieurs fois centenaire. La scéne se passe dans une grande salle a manger- cuisine peinte en jaune pdle-défraichi. ... Tourbillon de rigolades, bientét suivi d’une véritable dé- clamation du petit Nicolas, passablement déluré pour son Age: - Came fait penser: est-ce que vous l’avez-vous-tu vu, a la fin de la messe de minuit, la grand tataise a Rita Dufour qui faisa la Sainte Viarge? A l’aval’air d’une vra vra morte. “ La petite Julie aux beaux yeux bleux, cheveux couleur de miel, s’empresse d’insister: - Ah! Cac’est vra. Est-a (elle était) ren- due varte, varte, varte; varte, 1a, c’est bin simple, varte comme le sapin de Noél... - Espéce d’innocente XIX! s’écrie Monique, en essayant d’imiter la voix vibrante de sa mére. C’est méme pas vra, ga! Est-a pas si tant varte que ga! Pis a part de ga, tu saura que ¢a s’peut méme pas que le monde vienne varte! Comme si on pourra avoir la téte comme des tomates a katchup! Maudite niaiseuse! (Maro et Jérémie font en vain un geste pour la faire taire.) Tu te penses bin belle pis bin fine, - - toi, Julie Brisefer, mais t’es pas mal innocente! : Aubord des larmes, la bou- che grande ouverte, la pauvre Julie reste toute figée d’ étonnement, aba- sourdie, trop insultée pour parve- nir a déclencher ce qu’on appelle «ses Chutes Niagorab). Nouveaux gros rires et ricanements, suivis d’un début de chicane des enfants, mais qui sont vite étouffés... Maro vient de se - lever vivement pour aller se plan- ter - aussi droite que M. le curé Chauvin a 1’élévation - derriére son Jérémie. D’une lenteur amou- “reuse, elle glisse ses mains gercées par les énormes lessives sur les solides épaules de son vieux... Cette démarche inattendue a le méme effet sur tous que le rideau tombé par hasard au beau milieu d’une piéce de théatre. Ainsi, le regard pergant de Maro, sage et mystérieux posé droit devant elle, a suffi pour imposer a tous le silence. On entendrait une souris trotter. - «V’lamaman transformée en pré- tresse pour procéder a un rituel de purificatiom», songe Claudine, la fille ainée au sens déja aigii des responsabilités. - Mes chers enfants, croyez-moi, croyez-moi pas... Pause. La pendule en pro- fite pour faire entendre son joli carillon. " Mystére et boule de gomme! La bonne mére de famille respire profondément deux fois de suite. Tous les yeux restent rivés sur elle; grands etpetits, chacun est maintenant persuadé qu’elle est Un paysage d'hiver de Val-Paradis en Abitibi. sur le point de faire ou bien une déclaration fatidique, ou bien!’ an- nonce d’un événement hors del’ or- dinaire particuliérement heureux. Leur apprendra-t-elle que la fin du monde surviendra 1’an prochain, bien avant l’ouverture, en 1960, du fameux message de Fatima? Son médecin lui aurait-il appris qu’elle souffre d’une mala- die incurable? Lui a-t-on annoncé, aujourd’hui, la mort de 1’oncle Alfred, son jeune frére aveugle et paralysé, ou le décés de Sa Sain- teté Pie X11? A moins qu’ils’agisse du mariage de Joseph autemps des bleuets. Sur son palier, l’antique pendule, fidéle, exacte, implaca- ble, rythme sans cesse l”heure fu- gitive, marquant chaque battement de coeur, chaque instant de la vie terrestre, du sceau de |’éphémére et de la fragilité. - Croyez-moi, croyez-moi pas, mes chers enfants, reprend calmement Maro, cette fois sur un ton plus résolu. L’ année prochaine... L’an- née prochaine, vous aurez un aut’ p’tit frére ou une aut’ p’tite soeur. Mon quatorziéme! Ce dernier mot devient presque inaudible dans la surexcitation, pour ne pas dire éruption, générale. - Wow! Atta boy! Hourra! s’écrie la longue tablée d’une seule voix, les benjamins répétant ensuite comme en écho: «Youppi! Youppi! On, méman,'si c’est 1’fun!» Le pére Jérémie, enfin déli- vré de ce secret lourd a porter, se remet vite a fredonner, les gros doigts agiles posés sur les touches usées de son accordéon musette: «C’est bin effrayant, c’est bin ef- frayant comme c’est épouvanta- ble! A chaque année, apra I’mariage, faut agrandir ia table...» Les sons cristallins de la ‘pendule passent presque inapergus tant la rengaine bien cadencée est forte, forte 4 en ébranler le toit enneigée et la cheminée. Plus tard, le dernier couplet terminé, Jérémie le fait suivre, comme d’habitude, de deux ulti- mes reprises du refrain... ~Ensemble, les enfants. Maro etsa belle progéniture: 13 «gosses» bien comptés ®, reprennent donc en choeur: «C’est bin effrayant, c’est bin effrayant...» La grande marrmaille res- semble a une bande de moineaux alignés sur des fils comme les no- tes d’une portée musicale, chacun s’égosillant une toute derniére fois en guise de «bonne nuit». Et fina- lement, toute la maisonnée ralentit pour accompagner le rythme .de l’accordéon paternel dont les plis paralléles sont prés de se rompre: «Faut agrandir la table.» La féte des Rois Le soir du 6 janvier, l’Epi- phanie, derniére célébration du temps des fétes. Autre réunion de Y’imposante famille «catholique Brisebois», qui fait la grande joie des parents. Autre fin de banquet agitée, débordante de plaisirs pour petits et grands. Vient le moment tant at- tendu od Maro distribue entre fré- res et soeurs un chapelet de mor- ceaux de gateau marbré - blanc, rose et brun. Chacunle sait: dans la moitié «phrasée» au cholocat, sau- poudrée de noix de coco 4 teinte verte, se cache le pois traditionnel, alors que]’ autre moitié, d’unrouge Pére-Noél, contient la «beam, comme on dit au Québec. La distribution terminée, chacun attend ‘avec impatience le signal de la plonge dans sa part de gateau. - Voyons donc, Natole, pas tout d’suite, fait la mére en fusillant son fils boutonneux du regard. Attends donc comme tous les autres que je crie «Bean. Go!» Jean-Claude Boyer Le joual qu’impose le contexte dans les passages en discours di- rect a été réduit au minimum pour faciliter 1a lecture. ® «Ce mot cochon-la qui disent pour les p’tits Francais en France.» EnfoRmaATiION_ Le SoLeIL, VENDRED! 16 DECEMBRE 1994 - 5 + CARREFOUR ‘¢ CHRETIEN EVANGELIQUE Expérimentez la différence ! Contactez Pasteur Robert Lapointe au 525-1705 Ecole Elémentaire Millside, 1432 Brunette, Coquitiam. : Service tous les dimanchesa | 0h Ecole du dimanche pour enfants de 0a I4ansalih Cours biblique tous les jeudis a 1 9h30 a * CN AMERIQUE DU h APPEL D'OFFRES POUR L'ENTRETIEN DES PAROIS ROCHEUSES ET DIVERS TRAVAUX DE STABILISATION LE LONG DE L'EMPRISE DE LA VOIE DANS LE NORD ET LE SUD DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE AINSI QUE DANS L’OUEST DE L’ALBERTA Les travaux comprennent le découpage, le dérochage, le boulonnage et le gunitage de parois rocheuses. Les personnes intéressées doivent nous faire parvenir une offre cachetée dans l’enveloppe faisant partie du dossier d'appel d’offres, au plus tard le jeudi 12 janvier 1995, a midi, heure normale des Rocheuses. Le dossier d'appel d'offres peut étre obtenu a partir du jeudi 8 décembre 1994 moyennant la présentation d'un cheque visé non remboursable de cinquante dollars au nom de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, en s'adressant a l'agente de lingénierie - Contrats, 16° étage, 10004, 104 Avenue, Edmonton (Alberta), ou a l'ingénieur adjoint de district, 11717, 138th Street, 2° étage, Surrey (Colombie-Britannique), téléphone (604) 589-6602, ou encore, a lingénieur de district, au 145, 3rd Avenue, 2° étage, Kamloops (ColombieBritannique), telephone (604) 371-5435. Chaque offre doit étre accompagnée d’un cautionnement de soumission au nom des Chemins de fer nationaux du Canada au montant équivalent a dix pour cent du prix de la soumission. Renseignements techniques : M. Tom L. Bourgonje, ingénieur Services techniques, Kamloops (Colombie-Britannique), (604) 371-5414. Renseignements sur l'appel d’offres : M™ Diana L. Novak, agente de l'ingénierie - Contrats, Ouest canadien, Edmonton (Alberta), (403) 421-6382, ou numéro sans frais 1-800-896-7977. Le CN se réserve le droit de rejeter toutes les offres et ne s'engage pas a accepter la plus basse. R.B. Boyd Premier vice-president Quest canadien Edmonton (Alberta) CN AMERIQUE DU b AVIS DE VENTE Conformément a la Loi sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales et au Reglement sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales, prenez note que la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada propose de vendre la gare situee au 145, Lorne Street, au point milliaire 1,04 de la subdivision de Ashcroft, a Ville de Kamloops. Conformément au paragraphe 7. 1) de la Loi précitée, toute personne s'opposant a cette vente peut le faire en envoyant un avis écrit précisant les motifs de son opposition et tout autre détail qu'elle juge pertinent a : L'honorable Michel Dupuy Ministre des Communications Ottawa (Ontario) K1A 0C8 dans les soixante jours suivant le 21 décembre 1994 (date de présentation, au ministre, de la demande relative a la vente de la gare). Une copie de l'avis d'opposition doit étre envoyée simultanément a la Compagnie de chemins de fer requérante, a l'adresse suivante : Maitre S.A. Cantin, c.r. Avocat général Chemins de fer nationaux du Canada C.P. 8100 Succursale «A» Montréal (Québec) H3C 3N4 Tel. : (514) 399-4260 Pour obtenir plus de renseignements, priére de communiquer avec : Chemins de fer nationaux du Canada 16€ étage 10004 - 104 Avenue Edmonton (Alberta) T5J OK2 A attention de A.R. Erickson, Affaires réglementaires Téléphone : (403) 421-6430 Télécopie : (403) 421-6689