Entrevue avec Son Excellence Monseigneur Raymond Roussin Le vendredi 26 mars nous avons rencontré l’évéque pour lui poser quelques questions et nous résumerons ses réponses le plus fidélement possible. Q. Excellence, je vous remercie de nous avoir relaté votre vie qui est si intéressante et bien remplie. Comme vous étes relativement jeune, vous pourrez encore voyager et ajouter a la richesse de votre vie... si cela est possible. Je voudrais vous poser deux ou trois questions sachant que vous étes la depuis peu de temps, en somme, depuis 4 peine cinq mois! Quelle est la différence entre le diocése de Victoria et le diocése de Gravelbourg que vous venez de quitter? R. C’est difficile 4 dire parce que je n’ai pas encore passé un an ici et les premiers mois étaient simplement pour m/’acclimater, connaitre le milieu. Une chose que je vois déja c’est que la composition des communautés, qu’elles soient catholiques ou autres, est tellement diversifiée dans le sens que les gens viennent de partout et j’ai rencontré trés peu de gens qui, essentiellement, sont de la Colombie-Britannique et cela, d’aprés ce que je peux voir, joue beaucoup dans la dynamique des communautés. Il y a du positif la—dedans évidemment mais il y a aussi beaucoup d’aspects négatifs, je crois, a cause d’un manque possible de cohésion parce qu’on vient de partout et que chacun améne avec soi sa vision de l’Eglise, sa vision de la communauté et comment faire pour agencer tout cela! C’est un des grands défis que j’ai devant moi. Q. Ma deuxiéme question ressemble peut-étre un peu 4 la premiére ou peut-étre pas et il est peut-étre injuste de vous la poser parce que vous étes la depuis septembre seulement. Vous avez sans doute circulé un peu dans I’ile, alors quelles sont, selon vous, les forces et les faiblesses du diocése? R. Les gens qui font partie active de l’Eglise, donc le tiers me dit-on de la population catholique qui s’annonce comme catholique parce que ces gens le veulent. II y a cette vitalité, cet intérét. Cette qualité positive est pour moi trés, tres puissante. Ici je vois chez les laiques un intérét poussé pour l’Eglise, pour la communauté. Je vois aussi des gens qui croient vraiment aux écoles catholiques. Q. Est-ce qu’il y a dans le diocése de Victoria un aspect sur lequel vous aimeriez mettre 1’accent? R. Votre question est juste. Déja je vois un besoin de faire avancer la formation dans la foi des jeunes et des adultes, donc a travers |’éducation religieuse. Q. On parle souvent du peu de vocations religieuses, de la pénurie de prétres, comment allez-vous faire pour attirer des prétres a Victoria? Il faudra aller les chercher ailleurs, n’est- ce pas? R. Ca, honnétement, je vais vous dire que je ne connais pas encore la réponse. Je crois qu’il y a ici des jeunes que Dieu appelle. Un des problemes, c’est la formation religieuse chez les jeunes et les familles. Les vocations religieuses viennent des familles qui vivent la vie chrétienne ouvertement et ¢a depuis des générations. Une vocation religieuse, c’est une grace de Dieu. En méme temps, je suis conscient qu’il y a un certain nombre de prétres d’ailleurs qui manifestent de l’intérét pour vivre dans 1’ Ouest. Q. Vous étes, bien sir, au courant qu’il y a une paroisse frangaise 4 Victoria. Nous avons eu le plaisir de vous rencontrer a la derni¢re réunion du conseil paroissial. Comment voyez-vous l’avenir de la paroisse Saint-Jean- Baptiste? R. Je dois dire que lorsque je regarde l’avenir de toutes les paroisses je ne saisis pas encore quel est leur avenir. Certaines semblent diminuer qu’elles soient anglophones ou francophones et qui diminuent méme dans le contexte de Victoria. Quant a la communauté francophone, il faut qu’a tout prix les gens qui sont la se rendent compte que la communauté Saint-Jean-Baptiste n’est pas pour moi une question de survivre — survivre ¢a vaut la peine si vous voulez mais déja c’est défaitiste! — il faut vivre, il faut qu’il y ait une croissance, une certaine croissance spirituelle! A ce point de vue on ne peut pas s’attendre a ce que le prétre (ou les prétres) fasse tout! Il doit étre appuyé par les laiques qui sont préparés a donner un peu de leur temps. Cela est d’autant plus important pour la paroisse francaise parce que la vous avez a vous débattre sur le plan de la langue qui est toujours en danger a cause du milieu dans lequel vous vous _trouvez. On est obligé de faire l’expression de la foi en francais dans toutes ses beautés. Sachez que j’appuierai ce qui sera fait. De ces mots rassurants, Excellence, nous vous remercions. Gérald & Henriette Moreau