Information Réflexions Esculape et ses victimes Au cours des siécles, les médecins ont été 1’ objet de satires virulentes de la part d’auteurs célébres. Dans «Monsieur de Pourceaugnac», Moliére s’atta- que a un médecin prétentieux qui mystifie son patient par un jargon hermétique: «Premiérement, pour remédier a cette pléthore obdu- rante et a cette cacochymie luxu- riante par tout le corps, je suis davis qu’il soit phlébotomisé li- béralement» (autrement dit: il faut saigner le malade pour venir a bout d’abondantes humeurs vi- ciées). Le pauvre Pourceaugnac, affolé, prend la fuite. Jules Romains, au ving- tiéme siécle, a mis en scéne le célébre Docteur Knock, faux médecin qui a acquis des con- naissances en lisant des prospec- tus médicaux. Ayant acheté un cabinet, il explique 4 sa malade, au tableau noir: «Voici votre moéile épiniére, en coupe. Vous recon- naissez votre faisceau de Tiirck et ici votre colonne de Clarke... Quand vous étes tombée de léchelle, votre Tiirck et votre Clarke ont glissé en sens inverse. Vous me direz que c’ est trés peu. Evidemment, mais c’ est tout de méme mal placé». La dame en noir, impressionnée par tant de connaissances, est préte a suivre le traitement prescrit. Dans le premier cas, Pour- ceaugnac a fui, intimidé et terro- risé. Dans l’autre, la patiente, subjuguée, fait confiance 4 Knock qui, bon psychologue, a pris le temps de lui expliquer son cas. Depuis des temps immé- moriaux, nous avons placé nos médecins sur un tel piédestal que nous ne pouvons pas supporter qu’ ils ne ressemblent pas tous au Docteur Marcus Welby, le célé- bre médecin d’un ancien pro- gramme de télévision, dévoué jusqu’a l’abnégation. Il faudrait cependant se faire a l’idée que les praticiens de maintenant ne dé- tiennent plus tous les secrets des Dieu - encore que maints d’entre eux voudraient nous en persuader - et que nous, les patients, ne sommes plus les paillassons et soi-disant pauvres d’esprit de jadis, préts 4 accepter qu’on nous jette de la poudre aux yeux. Le dialogue est difficile? Tl faut le provoquer. Chacun peut - s’attendre au respect de l’autre. Tout patient a le droit, et aussi le devoir, d’étre informé sans étre intimidé; tout médecin a1l’obliga- tion d’expliquer un traitement en termes clairs et de prendre des ~-marmonner... décisions avec son malade. Vous vous plaignez qu’Esculape avait un pied dans le corridor avant que le temps que vous avez perdu ou bien, suggérez-lui qu’avec un rythme de travail aussi forcené, il de sa piéce! Bien sir, les méde- cins ont des urgences, mais vous étes-vous jamais demandé pour- quoi ces urgences inopinées se produi- 4 : tude & ae C'est tout ce qu'il y a de plus simple, Madame Bradley. J'avais prescrit des grosses pillules blanches et vous y étiez allergique; nous en avons essayé des jaunes pour les neutraliser et tout allait bien sinon qu'elles vous donnaient des étourdissements et des démangeaisons; afin d'éliminer cela, je vous fais maintenant une ordonnance pour des pillules ovales. Caricature parue dans PUNCH, le 23 avril 1978. sent toujours avant votre rendez-vous et jamais aprés? Quant aux médicaments, veillez au grain: non seulement ils ont tous des effets secondai- res mais beaucoup ne cohabitent pas de bonne foi et éprou- vent méme les uns pour les autres une véritable révulsion qui risque de nuire au bon équilibre de toutes vos facultés! Et comment voulez- vous que votre mé- decin se souvienne de l’imbroglio interne dont il est responsa- ble? II ne faut tout de vous n’ayez pu poser vos ques- tions. Pourquoi ne l’avez-vous pas rattrapé par le pan de sa chemise ou de son blanc manteau? II ne se lave pas les mains apres chaque malade. Ne savez-vous pas qu’un microbe en tue un autre? Vous persistez & lui parler quand il a son stéthoscope dans les oreilles. Comment voulez-vous qu’il y ait dialogue? II ne vous a pas dévoi- 1é votre tension mais 1’a seule- ment griffonnée dans votre dos- sier, en le refermant brusquement. Etes-vous muette? Il ne vous a pas parlé des risques du prochain test. C’est peut-étre pour cela qu’il arefermé votre dossier; votre ten- sion aurait pu monter au niveau de l’apoplexie! Il n’a aucune chaleur humaine! Ecoutez-le vous saurez pourquoi: «Je suis trop occupé pour passer des heures a expli- quer». «C’ est trop complexe pour le profane». «Ma salle d’ attente est pleine de malades». Et pour- quoi est-ce que sa salle d’attente est si pleine, 4 celui-la? Parce qu’il est mal organisé, parce qu’il’ apris des rendez-vous toutes les 5 minutes au lieu de les espacer plus, parce que les malades vien- nent avec un mal de gorge et se plaignent de souffrir de 4 maux supplémentaires, parce que de faire — attendre les patients lui donne le sentiment de sa propre importance ou parce que les patients sont impressionnés de le voir si occu- pé. Et notre temps 4 nous alors, qu’est-ce qu’il en fait? Il est aussi précieux que le sien, non! La prochaine fois, envoyez-lui une facture d’un dollar la minute pour Vendredi 26 octobre 1990 a droit ala crise cardiaque! Ce ne serait que lui rendre la monnaie d’été et de voyage. Bureau de Recrutement - Milice Vancouver et C.-B. (604) 666-4193 (a frais virés) Victoria (604) 388-3672 (a frais virés) -Donnez a votre carriére civile a plein temps une autre dimension. Augmentez votre revenu en travaillant 4 temps partiel dans la Milice, la Réserve de terre des Forces canadiennes. Vivez une expérience unique et enrichissante. Travaillez avec des gens intéressants durant quelques week-ends et certaines soirées. Profitez de diverses possibilités d’emploi Joignez-vous a la Réserve dés maintenant! Pour de plus amples renseignements, communiquez avec: méme pas lui deman- der 1’impossible! N’avez-vous jamais entendu par- ler d’une maladie dite «iatrogéni- Canada Le Soleil de Colombie Marc, étudiant a plein temps, caporal dans la Milice, a temps partiel. ARMEES CANADIENNES REGULIERE ET DE RESERVE que»? Abordez le sujet a l’occa- sion d’une prochaine visite. Vous verrez sa réaction. Pour finir sur une note op- timiste, saviez-vous qu’en 1986, le lapin, oui le lapin, a été immor- talisé dans le magazine «Science»? Un jour, dans un groupe d’études scientifiques, quelques jolis la- pins furent calinés par des hu- mains et d’autres ignorés com- plétement. L’ analyse de sang des calinés révéla un taux de choles- térol 40% inférieur a celui des dédaignés. Tous les lapins étaient des males et les calineuses des femmes au coeur tendre. Vu que les lapins et les humains réagis- sent de facon similaire en cas d’ affection cardiaque, 4 vous de tirer de cette histoire - absolu- ment vraie - les conclusions vou- lues! «Playboy, avec tous ses petits lapins, va un jour passer au rang de journal médical», a dit Peter Gott, M.D. Claudine Letourneur