we LES LIVRES par Roger DUFRANE André Maurois; ARIEL OU LA VIE DE SHELLEY. Qu’a voulu faire Maurois? La biographie authentique d’un per- sonnage singulier, On 1’a ac- cusé d’avoir romancé cette vie du poéte anglais. Pas le moins du monde, Si l*oeuvre se pré- sente de découverte en décou- verte, telle un roman, elle s’ap- puie sur de solides documents, A travers ceux-ci, l’auteur a étu- dié le caractére fuyant de son héros. Il a recréé 1%ime de Shelley au contact de la nature et des étres, sy Shelley est un bel ange re- volté, Il évolue dans 1’Angle- terre puritaine du début du dix- neuviéme siécle. Expulsé d’Ox- ford pour ses idées subversi- ves, il enléve une jeune fille, Hariet, et part avec elle sur les routes. Il 1%épouse; puis l’abandonne quand elle ne ré- pond plus 4 son idéal, Il sé- duit la fille d’un philosophe, Gol- dwin et l%entrafne dans ses er-. rances. Toute sa vie bréve, Shelley se verra entouré de fem- mes et il les rendra malheu- reuses, I] ira mourir par noyade en Italie, ot il s’était 1ié d’ami- tié avec Lord Byron. Shelley vivait dans un monde unique et irréel. C%est un uto- piste. Victime des idées de Rousseau, il croyait 1*homme né bon et g&té par l’ordre social. Shelley, aveuglé par ses chimeé- res, ne voyait pas qu’une vie sans contrainte ménerait tout droit au ices cae gouffre de l’anarchie. I] révait de fonder une école de médita- tion ou il s*imaginait assumant le rdle d’un nouveau messie en- touré d’une cour d’adulatrices. Les philosophes professionnels ne mettent jamais en pratique leurs théories. Ils savent l’opi- nion publique retardataire et ils tiennent 2 ménager leur liberté et leur vie. Un Shelley n’a- vait cure duscandale, C’est pour- quoi il se conduisait scandaleu- sement, ‘Shelley se moque de 1*’opinion publique. I] rompt brutalement avec le poéte Southey dés qu’il | Met a jour en celui-ci le fla- gorneur. Il crie sur tous les toits son athéisme, I] fréquente un philosophe sourcilleux et tout soudain il plante la ce respec- table personnage pour aller con— templer un feu d’artifice. Un jour, il traverse nu, en récitant des poémes, le salon ot sa fem- me offrait le thé 4 de prudes douairféres, Dans cette biographie de ]"hom- me révolté que fut Shelley, Mau- rois déploie un style 4a la fois clair et poétique. Un voile d’im- palpable tristesse enveloppe comme une brume sur une ri- viére anglaise ce récit. La vie de Shelley est avant tout une vie intérieure. De la une langue d*une grande fluidité, comme il convenait 4 la peinture de Shel- ley—Ariel, le génie aérien, “collections Eparenes et préts assurés. La Caisse Populaire de Maillardville Patronisez vos institutions, Pour un meilleur service. Faites-nous confiance, \ KIWANIS 12 éme vente arts et spectacles par LADISLAS KARDOS LA GALERIE VANCOUVER. C*est aprés la premiére guerre mondiale vers 1926 que quelques citoyens_ influents tels que H.A. Stone et W.H. Malkin formérent un groupe pour fonder une école des beaux Arts et un musée, Leur ambition était de faire de Vancouver, qui jusque 1a au point de vue culture] n’était qu’une ville de frontiére du ‘Far West?’, un centre artistique, Aprés que 1’%école eut fonctionnépendant 4 ans, ils ajoutérent une galerie d’art qui devait donner aux ar- tistes locaux l’occasion d’exposer leurs oeuvres et servira a 1’édu- cation générale par 1’acquisition d’une_ collection. permanente d'oeuvres classiques des grands maftres, Ils demandaient na- turellement l’assistance de la ville de Vancouver; mais c’était la dépression et la municipalité avait d’autres soucis que d*in- vestir dans un musée. L’association de la galeried*art réussissait a réunir $130,000 dont $40,000 servaient pour la construction, la ville ayant don- né finalement le terrain, $80,000 servaient a acheter des tableaux de maitres qui furent choisis avec l*’aide de Sir Charles Ho- mes, directeur de la Galerie Nationale a Londres, A.T. Sto- ne d aait a notre Galerie un vitrai. fait par un artiste an- glais, représentant son fils mort a la guerre. [I] parait que ce vitrail était trés beau et se trou- ve actuellement a la bibliothé- que municipale de Victoria, L’accord entre la ville et l’as— — sociation stipulait que les bati- ments et le mobilier, évalués aujourd‘hui a $1,900,000 et les d’une valeur de $2,000,000 appartiennent 4 la ville. Elle finance l*entretien ma- tériel des installations mais les frais d’exploitation du musée sont a la charge de 1*’association ainsi que les achats destinés 4 aug- menter la collection permanente, Les fonds proviennent de 3 sour- ces; cotisations des membres de 1*Association, droits d’entrée et donations privées et gouver- nementales, En 1945, Emily Carr, le grand peintre de la Colombie Britan- nique, méconnu. et pauvre, légua a l’association environ 200 toiles — qu’elle n*’avait jamais pu vendre. Elle stipula qu’une partie devait étre vendue pour alimenter une bourse aux étudiants de 1’école des beaux arts et que l’autre partie soit exposée 4 la galerie. En 1950, Lauren Harris et T. Ingledow réunirent les fonds né- cessaires pour construire une nouvelle aile a la galerie afin d*’y abriter la collection Emily Carr et de permettre a la ga- lerie d*élargir ses activités, La ville contribua en donnant le ter- rain. La nouvelle construction doubla la surface disponible et fut congue suffisamment forte pour pouvoir surélever le bati- ment d*’un deuxiéme étage, Jusque la, la galerie fut ad- ministrée par des amateurs vo- lontaires, Le premier directeur professionnel fut Gérald Morris qui essaya de sortir 1’Associa- © tion de son cadre provincial. Avec l*intérét public grandissant, les directeurs successifs, Hume, W. Dale, Taylor, Simmins, Doris Shadbolt et depuis 3 ans, An- D’ART DE ‘valeurs esthétiques. i i een ee ame ee A re ee oo tte Ome ariel CC — tony Emery, ont essayé de mettre la galerie sur un plan non seu- lement’ national mais mondial. C*est Simmins qui commenca 4 exclure les artistes locaux en les décourageant d’abord par des expositions sélectionnées d*’une facon trop sévére, par un seul juge quill faisait venir de To- ronto, I] abandonna ensuite les expositions annuelles pour ne montrer que les oeuvres de jeu- nes artistes d’avant-garde, sur- tout américains ou canadiens ayant trouvé appréciationauprés: des milieux officiels de 1l’art 'a Toronto, Montréal, New York ou Los Angeles, Emery, qui est lui-méme amateur de l’art flamand du 15e siécle, est de l’avis qu*’il est matériellement impossible de montrer les grandes oéuvres classiques, Premiére- ment les musées, les proprié— taires de ces oeuvres ne veu-— lent pas préter leurs trésors. Les frais d’assurance et de trans— ports seraient prohibitifs et la climatisation et le contrdle d*hu- midité de notre galerie sont dé- finitivement insuffisants, Deuxiémement, il considére que 50% de la population étant en dessous de 25 ans, c'est la jeu- nesse qu’il veut attirer; cette jeu- nesse ne s*intéresse que trés ‘peu a l’art classique, Pour les jeunes, dit Emery, 1’experience de la vie est l’art, Marcel Duchamps disait; ‘Il est impos- sible de concevoir qu’aucune oeuvre ne soit pas aussi une oeuvre d’art’’, Donc. . . tout vae « « Creuser une tranchée dans Central Park a New York et la remplir est une oeuvre d’art. Gonfler une espéce de sac en plastique, le laisser trafher par terre pour que le public puisse lui donner des coups de pieds, est aussi une Oeuvre ‘d’art, J’ai malheureusement beaucoup plus de 25 ans et de ce fait je peux difficilement dissocier l’art des Le ‘sGe-— neration Gap” intervient d’une fagon presque prohibitive. Mais je constate que la jeunesse s*in- téresse 4 cet art nouveau , que les critiques en parlent avec en-— thousiasme dans leurs jargons et que les directeurs des musées. prétent leurs salles pour 1’expo- ser. Le gouvernement méme, par le Canada Council, donne des bourses et des subventions aux artistes de cette école, Il doit done y avoir une valeur que je comprends mal ou d’une fagon plut6t philosophique et sociale. Emery dit, avec raison, que 1*évolution des galeries commer- ciales a heureusement permis a son institut de ne plus s*’oc- cuper de la question de promo- tion des artistes locaux de talent, plus ou moins amateurs, quipro- liférent et qui font des tableaux dont la raison d’%tre est la dée-. coration des murs des salles a manger bourgeoises. Cette interprétation du 1 ¢ “sart?est un sujet que je voudrais traiter une autre fois, Au- jourd*hui, je parlerai plutdt de la structure matérielle et admi- ‘nistrative de notre galerie. D*une initiative privée, d’une institution d’amateur provinciale elle est devenue un facteur im- portant sur le plan national, D’un - budget total de $20,000 en 1955 avec une allocation de $3,000 pour des expositions, elle dispose aujourd‘hui d’un budget total de $360,000. C*%est grace aux ta- lents diplomatiques de Aubrey Peck qui était président de 1*As- sociation en 1961 que la muni- cipalité a commencé a recon- naftre l*importance de la galerie, Aujourdhui la _ ville contribue $100,000 pour 1l*%entretien, Cette somme est utilisée approximati- vemnt comme suit: $50,000, salaire pour 8 employés. on tout il y a 21 employés) 8,000, gardes de sécurité $1,500 chauffage, $5,000, électricité, $2,500, assurances, $1,000 , systéme d’alarme, $9,500, petites réparations, $12,000, constructions (il fallait par exemple agrandir la porte d*’entrée. pour permettre l’entrée de certaines toiles de dimensions gigantesques.) $10.500, dépenses diverses, Total: 100,000. Les fonds pour payer les ac— tivites culturelles de la galerie telles que; Expositions, concerts, danses, éducation etc. pro- viennent des sources suivantes: $100,000 , Canada Council $25,000, cotisations des membres @ y a 2,300 dont 600 étudiants) 25,000, donations (il y a envi- ron 250 donateurs) $20,000, profits de la boutique dans la galerie, $16,000, droits d’entrée pro- venant de 32,000 visiteurs payants | $18,000, Gouvernement pro- vincial, La galerie a l’obliga- tion de dépenser $12,500 pour des expositions dans les villes de province,accompagnéespar un guide qualifié. $1,000, la ville de West Vancou- ver. $200, la villede North Vancouver. Avec l’agrandissement de la ville, Mactivité de la galerie ira ‘certainement' en croissant. Les locaux deviendront certainement insuffisants, Déja aujourd hui, le programme des expositions et autres évé- nements sont établis 2 ans a l’avance, Ilest question de trans— férer la Galerie a un autre en- droit. Emery ne veut pas quit- ter le centre de la ville car il compte beaucoup sur les jeu- nes employés de bureaux qu’il attire aujourd’hui avec des con- certs et autres activités pendant les heures du déjeuner. Il se- rait d’accord pour faire cons- truire un nouveau batiment dans le voisinage du theatre Reine Elizabeth mais il ne veut pas bouger avant d’@tre certain de recevoir une contribution plus grande de la municipalité et du Canada Council qui lui permet- trait de remplir ces nouveaux locaux avec un programme inté- ressant, Emery est un homme sympa- thique qui poursuit avec carac- tere et le savoir faire d’un pro- fessionnel qualifié sa vision de 1*évolution de l’art. Je ne suis pas tout a fait d*accord avec sa politique de suivre plutét la jeunesse que de la guider, Il lui laisse trop de liberté dans des expériences et des happe- nings, dans cet art de vivre qui est art pour eux. II] y a certe une atmosphere de jeunesse dans notre galerie qui n’est pas tou- jours plaisante a voir mais qui est assezintéressantearespirer.