Les Coureurs de bois Jusqu’au débuts du 18e siécle, la traite des fourrures constituait presque la seule activité lucrative de la Nouvelle-France. Pour comprendre lattrait de cette forme de commerce dans la vie économique, i] suffit de rappeler que de 1670 4 1760, dans le seul gouvernement de Montréal, i] s’est conclu 13,055 contrats d'engagement pour des voyages dans les pays d'en haut, au dela de 15,000 individus sont partis de Montréal dans moins de cents ans.c1) Poussés par laventure et la traite des fourrures ces vovageurs et coureurs & bois pénétrérent le continent vers louest. L’attrait de la vie libre dans le pays d’en haut constituait une certaine menace 4 la stabilité et au développement de la colonie dans la vallée du St- Laurent. Aussi les autor ités essayérent de limiter le nombre de coureurs a bois. En 1681, l'intendant Duchesneau écrivait que labsence pendant deux années d’au moins cing cents coureurs de bois, ceux qui pouvaient le mieux travailler la terre, n‘aidait pas au relévement de agriculture. Dés 1670, on imposa un systéme de permis limité & vingt-cing par année. Chaque permis permettait & trois hommes de partir mais comme il: était impossible de surveiller tout le continent un intendant pouvait écrire qu'il n'y avait pas de famille qui n‘avait pas d’enfant, de frére, d'oncle ou de neveu coureur de bois; on voit que le nombre de ces voyageurs était important. Cependant, on ne devenait pas coureur a bois afin de s‘enrichir seulement. Tout le milieu géographique, économique et social poussait les jeunes hommes vers |I’Ouest. L’attrait du commerce des fourrures et la vie d'aventure étaient tel que le nombre toujours crotssant de coureurs & bolsinondait le marché et le saturait. Les autorités essayérent sans succés de limiter le nombre de coureurs. Malgré les restrictions et les menaces des sutorités, on trouvait autour de 4,000 traitants, commercants et coureurs de bois dans les pays d'en haut au | 8e siécle. Divers documents de l’époque nous renseignent sur le caractére des coureurs de bois(2) Le Pére Charlevoix écrivait, dans son journal de voyage en 1721: «il arriva que les Marchands nen voulant plus recevoir, nos Aventuriers quion appelle ici Coureurs de Bois, prirent le parti de les (les peaux de castors) vendre aux Anglais et que plusieurs sétablir dans la Nouvelle York.» Des 1667, Mgr de Laval se plaignait des désordres qu'il y a avait dans les missions au regard des Frangais qui y faisait le trafique. Lors du recensement de 1695, on énumérait 6,943 hommes dans la Nouvelle-France (3,552 hommes mariés ou célibataires entre 15 et 20 ans) On comptait alors environ 1,500 Frangais dans la traite des fourrures. En 1754, il y avait 6,820 chefs de famille et 4 peu prés 3,000 Francais dans les pays d’en haut ou en voyage. Ainsi cette proportion élevée de coureurs a bors et voyageurss'est-elle maintenue jusqu’a la fin du régime francais . Ces traitants, commercants et coureurs a bois, iNettrés pour la plupart, n’ont pas laissé de souvenirs ou récits de voyage. Cependant i) faut signaler les mémoires de La Vérendry et ses fils (1730-1751), les relations de Nicolas Perrot (1669-1690). et quelques autres. Cette catégorie de voyageurs n'est pas la plus représentée pendant cette période, cependant elle est importante. Aprés la conquéte, le contréte des fourrures passa aux Anglais. Cependant les Canadiens constituérent la vaste majorité des pagaveurs. Les coureurs de bois devinrent des voyageurs Benoit Brouillette, dans son livre Ze pénétration du continent eméricain par les Canadiens Trangais 1763-1846 (Montréal, 1939) étudia en détail le réle des Canadiens dans la traite des fourrures, aprés la conquéte. Dans la premiére partie il indiqua bien le probleme du transport, de lalimentation et de I'habitat, ainsi que les témoignages d'appréciation du rile des Canadiens. La défaite de 1760 coupa la colonie francaise de la vallée du St- Laurent de l'intérieur du continent. Bientét les colonies américaines, devenues les Etats-Unis, s‘emparérent des territoires au Sud-Ouest du Québec. Cantonée dans la vallée du St-Laurent et coupée de la mére-patrie, la population frangaise augmenta 4 un rythme vertigineux, entre 1760 et 1827 augmentation se chiffrait 4 400,000 soit 66%. t Je nombre de vovageurs demeura Stationnaire et méme diminua. En 1827, Joseph Bouchette évalua 4 300 les voyageurs qui faisait la traite des fourrures. L'ére des coureurs a bois disparu peu & peu aprés 1800. D'autres événements attirérent des Canadiens- francais en quéte d'aventures, comme les ruées vers lor en Californie en 1849 et en oe en 1858. (1) E.Z. Massicotte. Répertoire des engagements pour l'Ouest conservés dans les Archives Judiciaires de Montréal. (2) RM, Saunders T he Emergence of the Coureur de bors as & Social Type> Laurette Agnew L‘Association Historique Francophone de Victoria