page 6 La culture des virus par Jacky MARGUIN Connaissez-vous l’histoire de la troika du prince Repnine chassant le loup dans les plai- nes enneigées de la Russie impériale du 18e siécle et assiégé par quelque trois ou quatre mille de ces animaux affamés, préts a le dé- vorer? Dans ce cas vous possédez déja les éléments qui vont composer le tableau que je me propose de peindre devant vous. Cepen- dant, ceci pour avoir une perspective, si je puis écrire, plus compléte de la scéne, il s’a- vére souhaitable que vous transplantiez le dé- cor des plaines austéres de la Russie des Tsars dans la pacifique province montagneuse de la Colombie Britannique, preniez la place de la troika an nom de la cible, renvoyiez les loups dans leur taniéres, les substituiez 4 des virus (ou V. russe) et sachant que nous vivons au Canada, pays de réputation, je précise bien de réputation, bilingue, ne soupconniez aucun jeu de mot. Nous nous trouvons done désormais en pré- sence d’un ennemi, sans doute invisible, mais a la puissance de pénétration. Vous objecterez que la troika du prince, & laquelle étaient attelés trois chevaux rapides, avait les moyens de fuir l’ennemi, alors que présentement vous n’avez aucune chance de lui échapper, si ce n’est de courir au diable, ceci indépendemment de votre religion et de votre culture. En effet, la béte, permettez-moi l’expression, vous suivra oti que vous alliez. Que vous vous réfugiez dans votre logis, et rentriez par con- séquent dans votre “coquille”’, l’ennemi vous assaillira et vous “en fera voir de toutes les couleurs”, surtout depuis l’apparition de la télévision de méme nom. Si votre curiosité vous pousse a savoir le pourquoi et le comment de cette intrusion, vous serez alors, “chambré” en guise de réponse avec une fiévre sur com- mande, ce sera done a votre tour “de passer par toutes les couleurs”, et obligé de rompre, par principe, avec toutes relations extérieures, pour une période allant d’un jour a Véternité, suivant les cas et selon votre conduite. Les mauvaises langues, les ennemis du bi- linguisme ou les partisans de I’ “unilinguisme” & votre choix, pourront toujours faire valoir que nous subissons une poussée de fiévre sem- blable 4 celle qu’eurent 4 supporter les habi- tants de Londres en 1940, ils éprouveront quel- ques difficultés 4 faire monter la température. Car s’il apparait que les V1 et les V2 ont bien été mis a feu par les Allemands, rien ne prouve que les Soviétiques soient a Vorigine du virus, dont la silhouette vient jeter une ombre sur notre tableau a l’échelle thermométrique. Ces insensés sont déja la proie du délire. Je vous en parle d’ailleurs en connaissance L’APPEL Avril 1966 de cause puisque je subis encore les terribles effets de cet agent corrosif (lorsque cette ar- ticle vous parvienadra, il sera convenable, je Vespére vivement sinon il ne me serait méme par permis de le regretter profondemment, de conjuguer ce dernier verbe au passé). Au fait aprés lui avoir attribué la grippe espagnole, la grippe asiatique, je veux dire le mal frangais, le mal anglais, pourquoi ne pas le rendre responsable de cette grippe que Von pourrait aussi bien baptiser communément, une fois n’est pas coutume, russe, afin que chacun y trouve son compte et dans un but équitable. Mais allez savoir si les Américains, dont la rubescence d’une corps étranger en- fiévre, n’en tomberaient pas malade et ne verraient pas la le signe d’une mauvaise étoile . rouge, bien entendu. Et puis ils risquerai- ent de nous prendre en grippe. Ne changeons done rien 4 nos méthodes de combat et laissons 4 ces doctrinaires le soin de nous administrer la médecine qui consiste a nous vacciner afin de mieux nous immuniser, voir nous endormir ... et pas seulement de- vant la télévision. Je vais cependant vous faire une confiden- ce de malade: en voyant s’éteindre celui qui “brtila” mes heures, que dis-je, mes journées fiévreuses, et avec qui, par habitude, je m’étais lié d’amitié, je regrette qu’il n’ait pas la pro- priété d’inoculer ce serum de santé le bilin- guisme. Contagieux comme il est, son action provoquerait, 4 n’en pas douter, des résultats “languissants”. C’est sirement la raison pour laquelle la plupart des bipédes que nous sommes s’immu- nisent contre un tel danger, en s’inoculant en temps voulu “l’anti” que vous savez, sous la forme d’un bouillon de culture. Puisque le silence est d’or et la parole d’ar- gent, personne n’avouera de quelle culture il s’agit, mais tout le monde sera d’accord pour affirmer sans frais, que si ma plume est encrée de venin ¢’est parce que j’ai une langue de vi- pére. Jacky MARGUIN. AIMEZ-VOUS ECRIRE? Si “oui” n’attendez plus pour nous appor- ter votre collaboration. Nous avons une solution & tous vos problémes. Vos de- mandes de documentation ou de rensei- gnements ne vous engagent a rien. Alors faites comme ceux qui ont réussi, créez votre chance. En ce qui concerne cette annonce, écrivez en mentionnant votre journal a: P.B.I., 700 ouest, 16€me Avenue, Vancouver, B.C.