VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 3 novembre 1989 - 11 De Versailles a Pigalle Par Jean-Claude Boyer Paris, 18 septembre 1984. Je me réveille comme je me suis endormi, en songeant au plus prestigieux des chateaux fran- cais, Versailles. Café au lait, baguette et confiture. Puis métro et train de banlieue. J’écris une diziéme carte postale ama meére. Et me voila devant |l’immense demeure de Louis XIV, déja visitée en 1979, sauf les appartements du roi, |’Opéra et la chapelle. (N’ayant pas eu le temps de visiter ces joyaux au début de mon premier tour d'Europe, je suis retourné a Versailles a la fin, mais une alerte a la bombe miavait empéché de satisfaire ma curiosité.) Que de touristes! - C’est la, dit-on, le monument le plus visité en France aprés la tour Eiffel. Cette visite partielle - guidée, bien entendu - me replonge dans les fastes de la monarchie absolue. Je renonce a décrire les appartements royaux. Mar- bres, peintures, mobilier d’ar- gent, tapisseries, tapis..., di- gnes d’un conte de fées. Que ces termes suffisent: luxe, .élégance, préciosité, raffine- ment, harmonie. Volupté pour |’'ame artiste. __Pénétrons dans |’Opéra royal. Cette grande salle de spectacle fut inaugurée en 1770 a l'occasion du mariage du dauphin (futur Louis XVI) avec Marie-Antoinette. Premiere sal- lede formeovale en France, elle constituait en plein régne du Roi-Soleil une des premiéres manifestations du style qu’on appellera style Louis XVI. Décoration étonnamment mo- derne inspirée de |’Antiquité. Pour les fétes et les festins, les planchers de la corbeille et du parterre pouvaient 6tre mis au niveau de la scéne. Cette salle, toute de bois, offre une acoustique d’une rare qualité. Sa _ capacité, d’environ 700 personnes, pouvait presque se doubler en montant des galeries. sur la scéne. Au centre du balcon, sous une demi-coupole d’un effet trés réussi, s‘ouvre la loge privée du roi. Tout en haut, dans les cintres, d’autres loges achévent l’ordonnance des volumes inté- rieurs. Les bas-reliefs des balcons représentent dieux de l'Olympe, petits amours et signes du zodiaque. Initialement réservé a la cour, l’Opéra de Versailles connut des réceptions somptueuses a l'occasion de la visite des grands de ce monde, dont la reine Victoria en 1855 et, cent ans plus tard, la reine Elizabeth, visite qui coincida avec |’aché- vement de la derniére restaura- tion. Rendons-nous maintenant ala chapelle. Dédiée a saint Louis (IX), elle séduit par son harmonieux décor blanc et or. Tribune royale. Longue nef réservée aux courtisans. Nous admirons les bas-reliefs des piliers et des arcades, les fines sculptures des orgues, |’autel en marbre oré d’une Pieta... Dans |’abside: glorieuse Résur- rection. Visite déja terminée. «Le chateau de Versailles est, par son architecture, son décor intérieur, son mobilier et les oeuvres d'art contemporaines qu'il conserve, par ses remar- quables jardins et ses Trianons, le prototype de I’art classique francais.» Création dela royauté a son apogée. De retour a Paris, je décide de me rendre a la Sainte-Chapelle (manquée en 1979), dans l’enceinte actuelle du Palais de Justice. J'observe ses propor- tions gracieuses surmontées d'une fléche fort élancée. Entrons dans la chapelle haute. ~ Coup de foudre esthétique! Je suis ébloui par ces murs presque entiérement a jour: immense verriére captant le moindre rayon de_ soleil. Merveille de l’art gothique! J’en deviens tout ému, comme si la Beauté elle-méme m’était sou- dain apparue. Entreprise au Xille siécle par saint Louis pour abriter les reliques de la Passion (aujour- d’hui a la cathédrale Notre- Dame), la Sainte-Chapelle fut érigée en un temps record: moins de trente-trois mois. La grande rose de sa facade, sa nef voitée d’ogives et son splen- dide ensemble de_ verriéres (««évidant au maximum les parois et substituant le verre ala pierre suivant une conception nouvelle d'une grande hardies- se») me.laissent..bouche. bée. D’aspect fragile, ce bijou d’église n’aurait pas eu une seule fissure depuis sept siécles! Prodigue d’équilibre. Ses vitraux sont les plus anciens de Paris. Leurs 1134. scénes forment une véritable bible historiée - de la Genése a l’Apocalypse. Je m/’arréte de- vant l’une d’elle pour noter dans mon journal: «Adoration des Bergers [en haut] qui marchent vers la créche [en bas). L’abondante lumiére pénétrant cette grande symphonie de couleurs rappelle la Parole de Dieu, © dispensatrice de la Lumiére. Tout le vaisseau est entouré d’arcatures, dont les chapiteaux finement sculptés reproduisent des motifs végé- taux. A chaque -pilier est adossée une statue d’apétre, chacune remarquable de vie. Les orgues y étaient tenues au XVile s. par les Couperin. Me revient en mémoire la biogra- phie passionnante de Francois, lue au temps de ma jeunesse trop peu folle. Comme je miappréte a descendre dans la chapelle basse, le soleil disparait, pour signifier sans doute la fin du spectacle, les hautes verriéres s’étant pour ainsi dire éteintes. Cette chapelle n’a que 7 m de haut. Ses colonnes, qui soutiennent la vodte centrale, violemment décorée au XIXe siécle, sont contre-butées par d’élégants arcs-boutants a jour. Le sol est fait de dalles recouvrant des tombes de chanoines. Je remontebientét a étage oll je me procure des cartes postales «Paris et ses merveilles» qui ravivront le souvenir que je garde de ce magnifique temple de Dieu. En quittant la Sainte-Cha- pelle, je descends me promener sur le quai del’Horloge, entre la Seine et la Conciergerie, qui renfermait jadis |’habitation du concierge du Palais - chargé de la garde des prisonniers. Les quatre tours dece monument se reflétent dans le fleuve. Je lis leurs noms dans le Michelin: Bon-Bec (s’y trouvait la cham- bre de la question, ot l'on finissait par «déclouer le bec» des prisonniers), d’Argent (qui renfermait le trésor des rois), de César (élevée sur des fonda- tions d’origine romaine) et de I’Horloge. Je m’attarde devant celle-ci. Elle regut en 1370 la premiére horloge publique de Paris, qui n’a jamais cessé de rythmer sa vie. Elle perd deux heures et demie sur deux mille ans, parait-il, selon un test scientifique moderne. En 1798, la ville fit fondre sa cloche -d’argent, coupable qu’elle était d’avoir sonné les grandes heures de la monarchie. La Conciergerie fut aménagée pendant la Ré€volution pour rassembler jusqu’a 1,200 déte- nus a la fois, pour la plupart voués a la guillotine, dont Marie-Antoinette, les Giron- dins, Danton, le poéte André Chénier et enfin, Robespierre a son tour. (Le chimiste Lavoisier y fut également emprisonné. Comme il demandait un sursis a son exécution pour terminer un mémoire, !’un des juges lui répondit: «La République n’a pas besoin de savants.») La Conciergerie était appelée «L’antichambre de la guillo- tine». Je me rends ensuite a la ‘cathédrale Notre-Dame, déja visitée, bien sar, en 1979. Surle vaste parvis, je m’émeus a nouveau devant la grande rose, les deux tours reliées aleur base par une élégante galerie a jour, la galerie des rois surmontant les trois portails... Je songe au mot de Claudel: «Notre-Dame de Paris n'est pas seulement un édifice, c'est une personne». (La grande fresque de Victor Hugo me revient en mémoire; elle avait constituéle seul sujet d’un examen a l'Université de Montréal.) A l’intérieur, j’obser- ve le travail minutieux de restaurateurs de tableaux. Je revois les innombrables statues et- reliefs, les nombreuses chapelles, les larges verriéres... On amis presque deux siécles a compléter Notre-Dame, le plus bel édifice religieux de la capitale et l'un des sommets de l’art frangais. Mes pas me raménent ensuite au bord de la Seine. Je suis du regard le cours de ses eaux paisibles. Elle me remémore la noyade de mon frére Gilles, 8 ans, dans la Liévre, qui traverse ma ville natale (Mont-Laurier, Québec), et celle de Léopoldine Hugo, la fille du grand poéte, qui périt toute jeune dans ses eaux, en Normandie. Et me revient aussi a l’esprit |’exquis poéme d’Apollinaire, «Le Pont Mirabeau». Mes pensées vagabondent encore un bon moment. Je me rends dans un McDonald, puis a la station Beaubourg. De 1a, jusqu’a Pigalle, ou je sifflote malgré moi, tout en me faufilant dans la foule bigarrée des passants, des airs immortels de la Piaf. Des filles de joie lancent sur moi des oeillades incendiai- res. Vade retro, Satana! Je léve le regard vers le Sacré-Coeur illuminé. Le Moulin-Rouge, les Folies-Bergéres... Peu a peu, je deviens comme obsédé par «C’est |’amour...» Au_ point {qu’en m’endormant, ce soir-la, je chante encore a moi-méme: «... /l faut tant et tant de larmes pour avoir le droit d’aimem. LA LIBRAIRIE DU SOLEIL 980, RUE MAIN. Ei de a Travaux publics Canada lV'adresse ci-dessus. Amalgamated Construction vigueur depuis le 7 aoit 1981. projet, (604) 666-8212. 666-0185. Ni la plus basse ni nécessairement retenue. APPEL D’OFFRE LES SOUMISSIONS CACHETEES, visant les entreprises ou services 6numérés ci-aprés, adressées au Gestionnaire régional, Politique et administration des marchés dela Région du Pacifique, Travaux publics Canada, 601, (Colombie-Britannique) V6E 3W5 seront regues jusqu’a|heure et la date limite déterminées. On peut se procurer les documents de soumission par|’entremise du bureau de distribution des plans, a PROJET. Projet No. 70C-89-0055: pour Péches et Océans. Rénovation de la centrale de pompage d’eau de mer, West Vancouver, C.-B. Date limite: le 24 novembre 1989 a 11h00 (11 a.m. PDST) Les documents de soumission peuvent étre consultés a Amalgamated Construction Association de C.-B. a Vancouver. Dépét des soumissions: les sous-traitants de travaux mécaniques et électriques doivent mettre leurs offres 4: Bureau des dépéts de soumissions de Vancouver et la Vallée du Bas Fraser, aux soins de Association, Vancouver, C.-B. V6H 2K3, le mardi 21 novembre 1989 a 15h00 au plus tard, suivant les «Régles standards de dépét des soumissions (projet de construction d immeubles du gouvernement fédéral)» en Les entrepreneurs intéressés sont invités a participer a une visite du site qui se tiendra le mardi 14 novembre 1989 a 10 heures. Pourrenseignements techniques, appeler: W.T. Vaughan, Chef de Pour information concernant l’appel d’offre, appeler: aucune des soumissions ne sera Public Works Canada 1166 rue Alberni, Vancouver, 2675 rue Oak, (604) Canada ALCOOL... TROP, C’EST RISQUE! TROP SOUVENT, Nomination CN A.S. Eklove Peter A. Clarke, premier vice-président du Marketing a Montréal, est heureux d’annon- cer la nomination de Arthur S. Eklove au poste de vice- président adjoint Véhicules automobiles. M. Ekiove est responsable du groupe commercial Véhicules automobiles au sein du CN et il reléve de A.J. Gillies, vice- président Intermodal. Sa nomination est entrée en vigueur le ter octobre 1989.