a ee aA eS sa it Le frangais a Dawson Creek Par Alain Clerc ee oe LE FRANCAIS DANS LES ECOLES par Alain Clerc Le frangais, c’est connu, c’est la deuxiéme langue of- ficielle du pays. Pourtant lorsqu’on enseigne la langue de Moliére en Colombie Bri- tannique on s’étonne de voir autant de réticences, de la part des autorités d’une part, et de la part des enseignés. Il reste certainement beau- coup 4 faire pour promouvoir le franc¢ais dans nos écoles. Ce qui devrait étre consi- déré comme un grand avan- tage voire un privilége - un ‘pays bilingue - apparaft 4 la plupart de nos éléves comme un handicap, une malheureu- se obligation. Que les mathé- matiques, lVhistoire ou la géographie soient branches obligatoires pour entrer & 1’Université, comprendra, mais pour le frangais l’idée n’est pas ad- mise et cela refléte une in- compréhension des réalités politiques canadiennes: la Confédération n’aunsens qu’ . historiquement ou géogra- phiquement, social@ment elle n’est pas ressentie par la majorité de la popula- tion de notre province. Quelques éléves dans une école de Dawson Creek ont rédigé des compositions re- latant leur impression 4 1’é- gard du frangais; il est utile de noter qu’ils s’expriment trés librement. Ces compo- sitions auraient pu étre é- crites n’importe ou en Co- lombie Britannique. Ajou- tons simplement que la ‘Peace River’ contient une forte concentration d’euro- | péens de provenance germa- nique, les ‘Sudétes’, et: que plusieurs des rédacteurs sont plus familiers avec la langue allemande qu’avec le frangais. Mais ceciest aussi une réalité canadienne.Notre jeune nation comporte un grand nombre d’émigrés et, pour lapremiére génération, l’apprentissage de l’anglais. cause deja de grands pro- blémes. Ces emigrés voient dés lors d’un mauvais oeil leurs enfants se débattre avec le frangais, une nou- velle langue etrangére! Ces parents bien souvent préfé- reraient voir leur enfant ap- prendre l’italien, le tchéque ou 1l’allemand. Cela tend 4 démontrer que pour cette premiére, et indi- rectement cette deuxiéme génération d’émigrés la réa- lité canadienne est mal assi- milée. Le Dominion n’appa- raft plus comme un pays biculturel. Nos représen- tants A l’étranger devraient cependant bien insister sur ce point: le Canada est bilin- gue, vos enfants devront dés lors apprendre A l’école ces deux langues, que votre lieu de résidence soit le Québec ou une province anglaise. Cela sans aucun doute faci- literait l’enseignement du francais dans nos écoles. Le gouvernement porte aussi sa part de responsa- bilité, rien que l’impression des ‘report cards’ souligne la place mineure du francais, et de tels détails ne passent _pas inapercus de nos éléves. Le frangais sur ces‘ cartes, apparait en dernier lieu aprés 1’éducation physique I’histoire et la géographiel D’autre part, nos autorités auraient dQ depuis longtemps entreprendre une campagne | d’éducation visant 4 insister sur le biculturalisme de tout éléve le. ‘Paysage de la région de Dawson Creek notre pays. Il est tout de méme frappant de constater que le département de l’Edu- cation ne procéde 4 aucun échange d’eléves durant les vacances d’été ou durant 1’ année scolaire, que ce soit au niveau des éléves ou des enseignants d’ailleurs. En Europe, la France, 1’Alle- magne, l’Italie, la Suisse rocédent A des échanges d’ éléves au grand profit de ces dernier et de la compreé- hension internationale. Le Canada ne le fait pas Aa Pintérieur de ses frontiéres! Nous publions intégralement ci-dessous la traduction de l’une de ces compositions d’éléves, comme unexemple significatif et développé de l’incompréhension que peut rencontrer l’enseignement du frangais dans nos écoles. LE FRANCAIS DANS LES ECOLES CANADIENNES Par Richard Mills, Grade 9. Le Canada est le pays de beaucoup de races diffé- rentes; citons les Caucasoi- des, les Mongaloides, et les Negroides. Chaque race a en moyenne quelque douze divisions, et chacune de ces divisions se partage elle- méme en diverses langues. Ces langues se ramifient en de nombreux dialectes, qui ont chacun des prononcia- tions; orthographes et voca- bulaires différents. Ces dia- lectes et langues se référent surtout A la phonétique ence qui concerne l’orthographe; et la plupart d’entre eux sont apparentés d’une certaine maniére. = : Les Européens représentent le plus grand pourcentage des centaines de milliers d’émigrants qui résident ac- tuellement au Canada. Parmi eux, comptons surtout les Anglais, les Ukrainiens, les Francais, les Italiens, les Scandinaves et les Alle- mands. Chaque groupe de personnes a le droit de réclamer l’em- ploi de sa langue au Canada; mais le droit légal fut at- tribué au frangais, sans que les raisons de ce choix aient a jamais été clairement dé- finies. Toujours est-il que le Canada est maintenant un pays bilingue, avec le fran- gais pour deuxiéme langue. Ou serait-ce comme pre- miére La raison - aussi obscure par une grande ma- jorité, ce qui n’est pas le cas. Si les éléves des écoles supérieures du Canada de- vaient apprendre la langue la plus employée sur terre, nous serions maintenant en train d’étudier les diffé- rentes formes de chinois et de nous échiner sur la tra- duction des ‘Citations de Mao-Tse-Tung’. Mais le frangais est langue officielle au Canada. Et nous devons 1’étudier. Mais on nous pose la ques- tion: pourquoi Pourquoi devons-nous étudier une lan- gue qu’un trés large. pour- ~centage de notre population au Nord de la Colombie Bri- au Nord de la Colombie Britannique n’employera jamais. Une grande partie de la population estudiantine de la ‘Peace River’ est for- mée de descendants d’emi- grés allemands, ce qui laisse A supposer que l’allemand serait Aa la fois plus utile et plus facile pour ces é- tudiants. L’Ukrainien ne serait-il pas beaucoup plus facile pour les étudiants slaves Et le chinois pour les étudiants orientaux II y a lA une raison de cesser d’apprendre le frangais. Mais; aprés les Anglais, les Frangais furent en im- portance la seconde tranche de population de. Canada. Pour cette raison, ils reven- diquérent le droit de parler leur langue au gouverne- ment. Leur demande recut un accueil mitigé, mais fi- nalement le frangais devint une langue officielle. Peut- étre les anglais ressentent- ils encore la géne d’avoir repoussé le gouvernement francais hors des-frontiéres de ce beau pays. Ou peut- étre encore sympathisent- ils avec cette pauvre mino- rité opprimée et font-ils preuve une fois de plus de leurs qualité de bons joueurs et de leur absence de pré- jugés. Photo du gouvernement de la C.-B. -Vivons. I] stimule une pri : Mais le francais élargit esprit. Il augmente la fa- culté de penser... pour ceux qui ont la possibilité de le comprendre. Pour les au tres, c’est surtout une caus de frustrations, une aide précieuse Al’incomnie. Pen- dant un temps remarquable- ment court, le frangais a | pouvoir magique de cause des troubles nerveux 4 tou un chacun. Il transforme corps autrefois vigoureuxe une coquille vide. C’est s principal avantage. Le fran- gais a encore l’utilité vous occuper quelques heu- res. pendant la semaine e de fournir un gagne-pain a un professeur. Mais le francais crée éga- lement un intérét pour d autres aspects de la vie, e dehors de la petite partie d Canada dans laquelle no de conscience chez 1’étu diant. Celui-ci réalise q des personnes différente peuvent subsister en dehor de lui. Cela élargit l’esprit Une bonne connaissance d frang¢ais - si toutefois 0 parvient A l’acquérir - pré- sente quelques avantages: i sera possible désormais d assister 4 un film franga sans avoir 4 lire les sous- titres anglais. On pourr séjourner A Paris sans avoi l’air du touriste américai ou Canadien et de l’idée qu’o s’en fait: commun, bruyan' et appliqué. Pensez instant 4 tous les avantages! Maintenant nous pouvons lir le cOté frangais des étiquet- tes! Sans avoir 4 retourner| le produit! Les frangais n’ont pas 4 se faire du soucis. Le fran- hae et la vieille culture ran¢aise sont loins d’étre morts au Canada. Et le temps de chanter un Requiem pour le frangais n’est pas encore arrive. Traduit par Brigitte Clerc cna LE SOLEIL, 18 FEVRIER 1972, Ill i i