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UN PEU D'HISTOIRE

| Maillardville, berceau de la francophonie

L’histoire de la Colombie-Britannique est récente. Officiellement créée en 1858, la province compte plusieurs municipalités qui franchissent a peine leur
premier centenaire. En 1991, la ville de Coquitlam fétait ses 100 ans de fondation. Cet événement présentait un intérét particulier pour la communauté
francophone car c’est a Maillardville, quartier de cette banlieue vancouvéroise que l'histoire de la francophonie a débuté dans cette province.

Le développement de 1’in-
dustrie du bois sur les rives de la
riviére Fraser a permis la migra-
tion de Canadiens frangais del’ Est
canadien. Le 28 septembre 1909,
le premier contingent de biiche-
rons (environ 110) arrive a
Coquitlam aprés une longue tra-
versée en chemin de fer. La com-
pagnie Canadian Western Lumber
Company, propriétaire de Fraser
Mills, met 4 la disposition des
nouveaux arrivants des terrains
ou ils peuvent s’établir. Un se-
cond débarquement de Canadiens
frangais se produit en juin 1910.

Dés leur arrivée, les nou-
veaux immigrants se regroupent
en construisant leurs maisons et
leur église dans un village, un
hameau francophone aujourd’hui
connu sous le nom de
Maillardville. Avant cette appel-
lation, les anglophones dési-
gnaient cet espace urbain sous le
nom de Pea Soup Hill (colline de
la soupe aux pois), quelquefois
Frenchtown, Shacktown et méme
Paréville... Le ..nom. fut
officiellement enregistré en
1912.

Le nom de Maillardville
souligne |’immense contribution
apporté par le pére Oblat Edmond
Maillard 4 l’enracinement et au
développement dela communauté
francophone dans |’extréme ouest
canadien. Le 11 décembre 1910,

a peine un an aprés |’arrivée des
premiers Canadiens francais,
l’église de Notre-Dame de Lour-
des voit le jour. Le pére Maillard,
tout au long de la construction de
Véglise, allait prodiguer ses en-
couragements aux pionniers. Il
fut aussi l’instigateur de levée de
fonds pour aider a payer l’édifice.
Mais l’impulsion de cette vitalité
catholique frangaise revient au
révérend pére Patrick O’Boyle,
oblat au collége Saint-Louis de
New Westminster, en collabora-
tion avec Théodore Théroux dela
compagnie de bois. Leur plan de
créationd’unnoyau de Canadiens
francais a réussi.

Les soeurs de 1’Enfant
Jésus ont aussi contribué a ce ras-
semblementet @ la diffusion de la
culture frangaise. Elles ont as-
sumé la direction de la premiére
école. D’autres personnes ont
aussi participé 4 l’essor de
Maillardville et de sa commu-
nauté. Plusieurs noms de familles

de ces pionniers sont aujourd’hui |

en quelque sorte immortalisés car
ils composent une partie des noms

des rues qui sillonnent
Maillardville.
Pionniers
Le patriarche et probable-

ment le premier Canadien fran-
cais 4 travailler pour la Fraser

L'Eglise Notre-Dame de Lourdes; symbole de la vitalité franco-
‘phone depuis le début du siécle.

Vendredi 24 avril 1992

Mills est Jean-Baptiste Dicaire et
celui qui voit en premier lieu
Maillardville. Aprés une bréve
visite en 1904, il retourne a Hull
au Québec et revient a la téte de la
premiére vague de francophones
migranten Colombie-Britannique.
Il connut des an-
nées difficiles a la
compagnie de bois
car il était militant
syndicaliste vou-
lant améliorer les
conditions de tra-
vail de ses confré-
res. Il a aussi été
Vinitiateur de la
fondation du Foyer
Maillard, une mai-
son de retraite pour
personnes Agées
qui offre un service
bilingue.
Auréle
Boileau, né le qua-
tre aodit 1911, est
considéré comme
le premier garcon,
né a Maillardville.
Ses parents Joseph
et Bernadette ont
quitté Rockland
(Ontario), pour
s’établir a
Maillardville en
1910. Son pére,
professeur, a tra-
vaillé pour lacom-
pagnie ferroviaire
du Canadien National a son arri-
vée. Parcontre, son fils Auréle fut

p

 engagé par la compagnie de

bois.

Les Paré furent un groupe
important des premiers Canadiens
francais a venir travailler pour la
Western Canadian Lumber. Parmi
les 110 premiers arrivés, il y avait
31 Paré dontla source était Hilaire
et ses sept enfants. Parmi ces der-
niers, deux étaient célibataires,
les cinq autres étant mariés et
ayant des descendants. Ils s’éta-
blirent 4 Maillardville. En 1913,
Emeri Paré devient le premier chef
de police de la ville de Coquitlam
en plus d’étre responsable des
pompiers. Son salaire mensuel
était de 75 dollars. Au début de
son existence, Maillardville avait
son propre orchestre, La fanfare

canadienne-francaise. Les Paré,
famille encline 4 la musique, y
avait quatre représentants.
Albért Séguin, né a
Maillardville en 1912, s’engage
dés l’4ge de 17 ans a la Fraser
Mills, sur les traces de son pére

is ans, le festival du Bois fait la promotion de la
culture francophone.

David. Il effectue différentes ta-
ches pendant 40 ans. Le 27 dé-
cembre 1935, il prend pour épouse
Florence Allard, elle aussi issue
d’une famille de pionniers cana-
diens-frangais. Ils sont considé-
rés comme le plus vieux couple
local de la communauté franco-
phone. Née en 1918, Florence
Allard a grandi dans un environ-
nement d’entrepreneurs. Son pére
Tom opérait une usine de champi-
gnons, son oncle Bill possédait un
salon funéraire et son oncle Jim
exploitait une carriére de sable.
Florence a aussi géré un salon de
coiffure a1’époque.
D’autres familles et per-
sonnes comme le pére Delestre,
les Lamoureux, les Bouthot, les
Hammond méritent d’étre recon-
nus. A titre de pionniers, ils ont

contribué a batir l’histoire d’hier
et de demain.

Une communauté
en expansion

Suivant la trace de ces fon-
dateurs de lacommu-
nauté francophone,
Maillardville a
grandi et s’est déve-
loppée. Elle est le ber-
ceau de plusieurs or-
ganismes assurant
l’épanouissement de
la culture frangaise.
Apres avoir pris ra-
cine a Victoria,
Maillardville fut le
siége de la Fédéra-
tion des Franco-
-Colombiens jusqu’en
1971, date de son
déménagement a
Vancouver. Pendant
six ans (1965-1971),
un périodique fran-
cophone, L’ Appel, a.
informé la commu-
nauté.

En 1946, la paroisse
: Notre-Dame de
: Fatima voyaitle jour,
assurant ainsi deux
foyers de diffusion
avec Notre-Dame de
Lourdes de la culture
et de la langue fran-
gaise dans un envi-
ronnement anglophone -par 1’in-
termédiaire de leurs écoles pa-
roissiales.. Cette méme année, un
premier institut financier, La
caisse populaire de Maillardville,
aujourd’hui nommée Village
Credit Union, confirme
l’implantation des francophones
dans la communauté. Aprés des
débuts modestes, la caisse se con-
solide et offre toujours un service
bilingue 4 sa clientéle.

Au niveau culturel, la
troupe les Echos du Pacifique, les
Scouts et guides, La Société
Maillardville-Uni et le Festival
du Bois pour n’en nommer que
quelques uns assurent la survie de
I’héritage de ces pionniers du dé-
but du siécle.

Daniel Bélanger

Longue vie et prospérité a notre confrére francophone
a l'occasion de sa marche vers son premier quart de siécle.

__ BALOWIN ACKERMAN
Editeur du Pozifische Rundscjow.
Le journal canadien de langue allemande, publié en C.B.

Tél.: (804) 270-2923 - Fax (604) 273-9365

Le Soleil de Colombie