VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 9 février 1990 - 11 Dieppe et les Canadiens Par Jean-Claude Boyer Le 26 septembre 1984. Bien installé dans le train Rouen- Dieppe (nord de la France), j’entame, en style télégraphi- que, la 72e page demon journal, évitant de mentionner des détails que je suis certain de retrouver dans les guides. Le train entre bientdt en gare de Dieppe, sur la Manche. Le nom de cette petite ville normande me rappelle le texte anglais sur le fameux raid du 19 aodt 1942 étudié au collége, il y aplus de vingt ans, a l’époque ou l'anglais était encore pour moi «la langue barbare des protes- tants». Je descends du train étonné de la vivacité de ce simple souvenir. Sac a dos consigné, j’entre- prends une longue promenade sous un ciel couvert. Premiére impression de Dieppe: petite ville plus «humaine» que Le Havre, |’autre port normand visité il y a quelques jours. Je m’arréte au carrefour de six rues, devant le café des Tribunaux. Des gamins jouent au chat autour d’un puits dit «salém, coiffé de la «nef dieppoise». Fleurs rouges et blanches. Régne sur cette place une atmosphére villageoise, dirait-on. LaGrand-Rue, piéton- ne, affiche une propreté exemplaire. Dans une autre vieille rue, des drapeaux canadiens flottent librement, attirant attention sur de grandes cheminées. Je crois voir; la-bas, un tricolore allemand. Impossible! C’est le drapeau belge (noir, jaune, rouge), bien sdr; il semble vouloir s’enrouler autour de sa hampe. Une salamandre, |’em- bléme de Francois ter, reléve la téte sur une enseigne verte. Je léve bientét les yeux sur la belle rosace de l’église Saint- Jacques, construite a partir de 1250. =: A V'intérieur, humidité péné- trante. Nef du Xllle siécle aux proportions harmonieuses.. Choeur aux vodtes en étoile. ~ Chapelles rayonnantes du XVle siécle, dont l’une est cléturée par une jolie balustrade de pierre. Chapelle du Sacré- Coeur, aux voites de style flamboyant. Beau saint Jacques en bois. Une frise représentant un défilé d’Indiens du Brésil évoque les lointains voyages des Dieppois. En montant ensuite vers le chateau de Dieppe (XVe s.), je demande un renseignement a un passant agé qui se déclare «toujours heureux de rencontrer un Canadien». Cette ancienne demeure des gouverneurs de la ville abrite une importante collection d'ivoires dieppois; de cartes et instruments de navigation. Je n’ai aucune envie de visiter ce musée. (Je partirais cependant volontiers a la découverte des falaises le long de la céte.) Magnifique vue panoramique sur la ville, sa plage et la mer agitée. Brrr, il fait frisquet. Balade sur la plage de galets, cheveux au vent, tout en dévorant un restant de baguette et une pomme. Boulevard du Maréchal-Foch, aménagé en promenade maritime. Quais animés. H6étels pour gens chic, genre Oscar Wilde. Le ciel devient d’un bleu délavé. Je me retrouve sur un belvédére. Une dame m/’apprend que cette plage est laplus proche de Paris et Dieppe la doyenne des stations balnéaires frangaises. Nous nous penchons, face a la Manche, sur une «reproduction» du grand raid de 1942, recouverte d’une vitre. Brrr, il fait carrément froid. Jemerends maintenant al’Au. Longue marche énergique dans larue en pente Louis-Fromager. Inscription, temps de repos, puis je me dirige rapidement vers le cimetiére canadien. Rue des Canadiens. Un panneau indique, prés d’une croix en pierre: «Canadian War Ceme- tery - Cimetiére de Guerre Canadien». M’y voila, seul. Je circule lentement devant de longues rangées de pierres tombales blanches adossées l'une a l’autre. Une feuille d’érable est gravée sur la partie supérieure de ces pierres. Petits arbustes, fleurs et, parfois, petit drapeau canadien. «J.-P. St-Germain, fils de M.Mme Omer St-Germain, 25 ans.» Clic!, une photo. Mourir sans avoir vécu: quel mystére! La plupart de ces jeunes avaient la moitié de mon age. Une émotion monte en moi. Pourquoi eux? Ici? Tant de mystéres m’envahissent |’ame. Personne autour de moi. Je me surprends a tourner la téte, comme pour chercher la présence d'un ami. Le jour décline. Dans un abri ouvert, je découvre, en ouvrant une petite porte, le«Cemetery Register». A mon nom et adresse j’ajoute: «Fier d’étre canadien.» Et je glisse dans mon_ sac _ en bandouliére un dépliant inti- tulé: «Quatre siécles d'histoire commune». Rue des Canadiens, a nou- veau. Une vache mélancolique me regarde passer, étonnée, semble-t-il, que je ne rumine pas comme tout le monde. Je prends un raccourci pour entrer bientét dans-un centre d’achats «Mammouth». Ici et 1a, gardien accompagné d’un chien poli- cier. Je me procure pain, fromage, pommes et chocolat. Retour a l’auberge. Nous ne sommes que trois globe-trotters. On me prévient qu'il n’y ade l’eau chaude que le, soir. Hospitalité, propreté, cuisine, télévision..., tout me plait ici, sauf le froid pénétrant. J’emprunte le guide d’un compagnon... esquimau, cu- rieux que je suis d’en apprendre davantage sur Dieppe. Ne retenons que ce fait historique: en 1365, des Dieppois visitent les cotes de Guinée et y fondent un «Petit Dieppe»... De fréquen- tes traversées _s’effectuent chaque jour a Newhaven, Angleterre. Dieppe est un port de péche et de commerce trés actif. Il porte méme le titre de «premier port bananier de France»! Le guide fermé, j’ai t6t fait de disparaitre sous plusieurs cou- vertures. OU est ma tuque? (Constatation a la fin de mon tour du monde, un an plus tard: c'est sans doute a Dieppe que j'ai eu le plus froid.) Le lendemain matin, je me... dégéle petit a petit et reprends mon pas énergique dans la longue rue Louis-Fromager. Prés de la gare, un étalage de cartes postales présentent des dessins vivants sur les «petits métiers d’autrefois»: rétameur, rempailleur, reémouleur, écrivain public («discrétion assuréen), marchande de fleurs, marchan- de de poisson... Petite collec- tion sur le débarquement (6 juin 1944) et monument aux «Fusi- liers Mont-Royal». Dans le train qui me raméne a Rouen, j’en profite pour lire «Quatre siécles d'histoire com- mune», dont voici les grandes lignes. Au XVle siécle, Dieppe était un des plus fameux ports de France et ses capitaines parmi les plus audacieux. C’est un Dieppois qui le premier explora l’embouchure du St- Laurent. Un autre reconnut la céte du futur Canada. Un troisiéme y organisa trois expéditions. En 1603, le gouverneur du chateau de Dieppe fut nommé vice-roi de la Nouvelle-France. «Dés /ors, les relations Dieppe-Canada_ se noueront chaque année davan- tage.» Hébert, de Dieppe, fonde la premiére famille canadienne. En 1639, création de |’Hétel- Dieu de Québec par des Augustines de Dieppe et des Ursulines d’Honfleur... Suit une description du raid du 19 aodt 1942. En moins de six heures de combat: 1 000 morts et 600 blessés canadiens et anglais, 500 morts et 300 blessés allemands, plus de 100 avions delaR.A.F. abattus, etc. Heures infernales. En 1944, ce sont encore les Canadiens qui libérent le ville du joug nazi. «Les Canadiens, conclut le dépliant, sont aujourd’hui chez eux a Dieppe.» A Rouen, en attendant le départ pour Paris, je vais acheter du «collant invisible» qui me servira a envoyer des colis au Québec. Le commis ne comprend pas. «Du Scotch tape.» «Ah! du scotch.» Vive le bon francais! Surprise en reprenant le train: Mike Baiani et Louise Bérubé, Québécois en lune de miel avec qui j’ai passé du bon temps a Rouen. Je «descends» volontiers en deuxiéme classe avec eux, histoire d’avoir du «fun»! Arrivé a destination, je me procure «Pariscope», publica- tion hebdomadaire sur les spectacles, puis me rends au cinéma «Paramount Opéra», boulevard des Capucines. A l’affiche: «INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT». Prochai- ne représentation dans une heure. Achat du billet. On m’apprend que je dois entrer dans lasalletout de suite ou me faire rembourser. Je me fais donc= rembourser pour aller flaner au soleil sur les marches de l’Opéra. En pénétrant plus tard dans le grand cinéma a moitié vide, une «Ouvreuse» m’oblige a m’entas- ser avec tout le monde au centre; elle attend encore son pourboire. Projection d'une aventure de Popeye, puis d’une série de messages publicitai- res. Les lumiéres s’allument. Des vendeuses circulent, pa- niers en bandouliére. «Chocolat glacé!...» Autre pays, autres moeurs. Quant au film, il m’en met plein les yeux et les oreilles. Rien de mieux qu’une aventure palpitante pour entrer moi-méme, pour ainsi dire, dans |’écran. En fin de soirée, train de nuit pour Munich ot je compte vivre une des_ folles journées du festival de la biére et assister a une représentation de..., vous l’'avez_ deviné, l’opéra AIDA. Allongésur une banquette, jene tarde pas a oublier tout a fait mes défis quotidiens de voyageur solitaire. O bs al As-tu ce qu’il faut? Tu as entre 17 et 20 ans? Tu es citoyen canadien Ou immigrant regu? Tu veux sortir du troupeau et avoir ton mot a dire sur ton y avenir? Jeunesse Canada Monde est un organisme_privé sans but lucratif qui te donne l'occasion de tinitier aux réalités du développement au Canada et au Tiers-Monde. Intéressé? Communique avec nous. Jeunesse Canada Monde 2330, Notre-Dame ouest Montréal, Québec H3J 1N4 (514) 931-3526 NJ No 90079 WR au réle: d’exploiter, d’une base voilure fixe du groupe C. 350-Troisigme Avenue VENTURE AVIATION LTD. QUI SE PROPOSE D’EXERCER SON ACTIVITE SOUS LE NOM DE VENTURE AVIATION AVIS DE DEMANDE DE SERVICE AERIEN Venture Aviation Ltd. qui se propose d'exercer son activité sous le nom de Venture Aviation a présenté une demande a | Office national des transports du Canada pour une licence afin située a Vancouver, Britannique) un service intérieur de vols affrétés (classe 4) pour le transport de personnes et de marchandises au moyen d’aéronefs a Toute collectivité, personne ou entité intéressées, peut faire une intervention contre cette demande suivant les modalités fixées dans les Régles générales de |'Office national des transports du Canada. L’intervention doit étre déposée au Secrétaire de |’Office au plus tard le 12 mars 1990. Copies de l’intervention doit étre déposée en méme temps a la demanderesse et une preuve de la signification doit étre envoyée a |'Office. Le dépét de |'intervention auprés du Secrétaire peut se faire en mains propres, par courrier recommandé ou par messager, a lO ffice national des eee du Canada au 3iéme étage, ord, S7K 6G7, par télécopieur (no 306-975-5206). L'Office fournira sur demande les détails de la demande et les instructions pour le dépét d'une intervention. Pour de plus amples renseignements, téléphonez a Shane Stevenson au 306-975-5218. (Colombie- Saskatoon (Saskatchewan),