a «ne TT aiaiee iat. ee Aprés la dispersion des vacances, campings, visi- tes de métropoles, séjours en Europe, nous revoici au seuil de l’automne, un seuil qui déja se dore de feuilles mortes, au regard des ave- nues od passent les écoliers. Quoi ! Faudra-t-il bientot se calfeutrer, se priver du soleil et des beaux voya- ges? Mais non ! Voici une clé pour les retrouver : la lecture. C’est le moment d’aller rendre visite au Bouquineur. La maison, d’une ancienneté pittoresque, perche en-haut d’un abrupt escalier, en bor- dure de la rue Davie, au nu- méro 1141. Rue d’apparte- ments et de résidences, qui petit A petit devient un cen- tre. Aprés quelques années a Vancouver, on apprend a en repérer les zones d’agré- ment ; Granville 1’Anglo- Saxonne, Robson 1]’Euro- péenne, Chinatown 1’Asia- tique. Derniére candidate, une quatriéme zone tente de s’aligner sur les autres, Gastown. _Je sais gré au Bouquineur de n’avoir pas ouvert 1a sa librairie. Certes il faut louer les commergants quis’ingé- nient 4 rehausser ce quar- tier. Magasins de luxe et restaurants pour gourmets rivalisent. Ici et 14, une ga- lerie d’art attire les ama- teurs qui discutent 4 portes ouvertes en sablant une con- trefagon de champagne. Mais A mon avis, et n’en déplaise aux enthousiastes et aux spé- culateurs, l’art et l’esprit ne peuvent fleurir 4 coups La vie traditionnelle des Esquimaux Netsilik est le sujet d’une série de films- conférences, donnée par le Professeur David Stevenson au Musée du Centenaire, les jeudis 4 8 p.m. La premiére séance nous a montré la chasse au caribou qui “a lieu en automne. Le paysage est alors sans neige, recouvert d’une mousse bru- ne et de flaques d’eau ot pullulent desmoustiques. Sous l’immensité du ciel se | dresse une petite tente de peau. C’est l’habitation tem- poraire d’une famille Net- silik. On voit la. femme qui étend minutieusement sur le sol une peau, pour la faire sécher. Il y a ce matin de petits nuages coquins qui jouent 4 cache cache dans les gorges d’Isabelle. On sent dans l’air comme | un peu de regret... une pe- tite peur au ventre pareille A celle que ressentent les enfants au premier jour d’é- cole. Isabelle se souvient du temps de sa jeunesse, quand, sur le chemin rocailleux, le bruit de ses galoches se mélait a celui de la cloche de l’école par les matins brumeux. XIV, LE SOLEIL, 17 SEPTEMBRE 1971 de dollars et certainement pas’ dans les bas-fonds. | Pourquoi avoir choisi cet emplacement pour une loin- taine imitation de Montpar- nassa et Montmartre, d’ail- leurs épanouies sur des hau- teurs ? On me rétorquera que les bas-fonds de Van- couver, port maritime, of- frent un caractére original : ils ont vu naftre la ville et ouvrent sur le large. Cela ne compense pas de graves défauts. L’horizon est mas- qué par de vilaines batis- ses. D’autre part, qu’on des- cende A Gastown le matin ou le soir, rien ne garde lavue, en dépit des étalages agui- chants, des épaves qui bal- lottent sur les trottoirs, dé- classés de tout Age, qui par l’alcool ou autrement s’enli- sent dans la misére. Voila pourquoi je suis heu- Na Waar WAVY e Un gamin 4 la tignasse noire s’entrafne avec une | fronde. Méme 4 trois ans, il connaft déja son role d’homme. Il faut tuer pour vivre ; les mouettes et les autres animaux du nord ne sont pas les amis mais les proies. A nos yeux, cette chasse continuelle semble répu- gnante, mais elle est évi- demment nécessaire A la survie des esquimaux. Lorsque les caribous vont traverser une étendue d’eau, les Netsilik dressent des piles de pierres sur la cdte. Les animaux croient avoir affaire 4 une armée d’hom- mes et, effrayés, se préci- | pitent dans l’eau. Les chas- Matin de septembre, par la fenétre de sa chambre, Isa- | belle apergoit une derniére rose quise balance 4 la bran- che du rosier. Les dahlias se flétrissent, les boutons d’or se sont éteints, il n’y a plus de ro- marin et le persil va re- joindre les pissenlits dans l’oubli. Les mauvaises her- bes sont pourtant toujours 1a. Cependant, Isabelle n’est pas triste : son jardin est a l’image de la vie ; au milieu des épines et des soucis, il y a l’amour, et si l’espoir y refleurit, c’est Tee CES et ), yp | i mh Al VAR d reux de voir Le Bouquineur installé dans le haut de la ville. Il y a longtemps que je révais pour Vancouver d’une librairie frangaise. Dans les années cinquante, un libraire allemand, qui tenait boutique 4 deux pas du Centre, réser- vait un rayon pour les livres frangais. Mais son choix était réduit. Je revois en souvenir sa figure bavaroise 4 l’Alliance Frangaise ot il cherchait 4 racoler une clientéle. Il souriait d’un air emprunté et s’ennuyait roya- lement dans ce milieu. Un jour, il a quitté Vancouver, & mon grand regret. Plus tard, le ‘‘ Book Barrel’’ s’est ouvert sur Granville. Dans le fond, un rayonnage étalait une série de livres de poche, choix encore trop restreint. Enfin, voici le Bouquineur ! J’aime cette enseigne, qui = | sey cs y TU A} LE | oA aa, RE SY , wi pa, Kd seurs sautent dans leurs ka- ! yaks et, avec des grogne- , ments rythmés, dispersent les caribous et les poursui- vent un 4 un. Comme un matador, l’es- quimau pique l’animal en- tre les épaules et attend, le pique encore et le pour- suit jusqu’A ce qu’il meure © dans l’eau. Ayant regagné la terre fer- me, tout le groupe se réu- nit pour écorcher la béte. Les gestes sont rapides et habiles ; cela est vite fait. Rien n’est gaspille ; ce qui ne sera pas mangé immé- diatement est caché sous de. grosses pierres. Le petit regarde tout ; il met sa pierre en place et mange que, voyez-vous, 1’impor- tant... c’est la rose. ISABELLE peut-étre enten- due A l’émission ‘‘Du vent dans les voiles ’’ présentée |. par Serge Arsenault du lundi au vendredi A 7 h, sur les } ondes de CBUF-FM, 97.7 Vancouver et le dimanche 4 8h33 au réseau national. me parle de quéte intellec- tuelle et d’aventure roma- nesque. I] est dans la nature humaine de vouloir sortir de soi. Des malheureux, comme on sait, le font par des arti- fices nocifs : boissons ou drogues. Mais les honnétes gens savent qu’on peut s’éva- der plus sainement dans les beaux sites de l’univers réel, par le voyage, et dans leurs reflets dans les livres, par la lecture. Bouquiner, n’est- ce pas chercher entre les pa-| ges des bouquins une évasion de la vie quotidienne “ Et lorsqu’un livre répond A notre soif de partir dans les avenues du réve, écoutons son appel et achetons-le. Le Bouquineur peut satis-]. faire les plus difficiles. Le libraire et sa femme, de gotts modernes, cultivés, savent conseiller sans s’im- poser. L’aménagement de la librairie est accueillant, ar- tistique et pratique. Il sem- ble qu’on flane dans les pié- ces d’une maison. Dans un coin, la littérature fran- gaise ; dans un autre, la ca-] nadienne. Sur une table basse, Bécassine s’ébahit et Tintin fait la culbute. La, les livres d’art ; ailleurs, ‘les romans et études socia- les. Aux murs, quelques gra- vures de bon goftt et sans conformisme. Allez voir le Bouquineur ! Vous quitterez cette librai- rie, un livre sous le bras, et vous répétant une parole qui me revient de je ne sais quelle lecture : ‘‘Il y a des lieux ot souffle l’esprit !’’ sa part. Pour ce film, on a recons- maintenant de cette facon. Il se dégage pourtant une authenticité absolue, grAce a la simplicité et 4 la spon- tanéité de la famille filmée, et grace 4 la sobre beauté' de la photographie. Dieu merci, il n’y a pas de musique de fond. Nous sen- tons le silence des grands espaces, ot le vent souffle, et ot l’-homme ne parle que nice eee a quelque chose 4 re. La Fédération des Franco: Colombiens 1013-B Brunette Maillardville (B.C.) Tél. 526-9616 ies a a — rrr Pee eee ae ore re eer