Le Soleil de Colombie, vendredi 2 octobre 1987 - 13 Récit d’un tour du monde La grande beuverie Par Jean-Claude Boyer . [Suite de la semaine derniére] Je reprends ma place dans une nouvelle explosion de joie de vivre. Le trombone, cette fois, a pris la vedette. Un cété de table se léve carré tandis que l’autre se rasseoit. Puison se balance bras dessus bras dessous, frappe sur les tables 4 pleines mains, lance un chapeau en l’air, siffle, interpelle a distance, éclate de rire... Les musiciens se lévent en bloc suivis par la foule qui reconnait instantanément la nouvelle chan- son. La moitié de la salle monte sur les bancs alors que l'autre moitié rythme la cadence 4 qui mieux mieux en frappant sur les derriéres exhaussés. On martéle le plancher. Ein Proszt revient, robuste, solennel. Un certain apaisement refait surface. Ici et 1a, on dévore poissons ou poulets frits, saucisses et moutarde jaune, cornichons, radis, choucroute, tout en mastiquant du _ pain _ salé (Pretzel) - ce qui incite a boire davantage. Ma table est sur le point d’exploser (Jiirgen est né, ce jour-la, 4 17h40 précises) : eins, zwet, dret, pow! wow! Jai l'impression de vivre déja la premiére minute du X XIe siécle. On. accroche des oiseaux en plastique sur le bord des chopes pour leur branler la queue a tout moment. En entendant les premiéres mesures de Marleen, V'une des_ chansons préférées de mon pére (décédé l'année derniére), mes yeux roulent dans l’eau. Je prends une bonne gorgée de biére froide pour me ressaisir et chante a gorge déployée la version en la lala lala la. Je me sens plus que pompette dans cette immense bouilloire surchauffée. On chan- te maintenant, et danse comme on peut, l'inévitable Beer Barrel Polka. Une autre rengaine, a tempo changeant, incite a frapper dans les mains des uns et des autres, a s’asseoir sur ses Lilt: talons et a se relever comme un bouchon qui saute. Et Ezn Proszt est repris de _ plus belle, redoublant les ardeurs grégaires de la foule en délire. Vers 18h00, je commande une deuxiéme chope que j'aurai la sagesse d’étirer jusqu’a la fermeture (vers 23h00), l’alcool me montant vite a la téte. Grand- pére déclare tout 4 coup, d’une voix hardie : «Du bist etn lustiger Franko-Kanadier» Traduction simultanée «You're a jolly French Canadian». Ma version francaise «Vous étes un Canadien francais bon vivant». Et en québécois : «T’es l’fun en écoeurant, J.-C.). Nous parvenons a converser sans trop nous €époumonner a propos de tout et de rien. L’un me raconte la tradition des folkfests noyés dans la biére qui se célébrent de village en village du printemps a la fin aoit, concluant que Noél en devient moins joyeux qu’en Amérique. L’autre me brosse un tableau coloré de sa vie de tous les jours. Le pére regrette que sa femme ait la grippe : «Elle serazt sur la table a se trémoussem, affirme-t-il. Je leur parle du Montreal under- ground qui adoucit grandement les rigueurs de janvier-février, au point qu'il est possible de mener une vie normale sans pratique- ment se mettre le nez dehors. Et jenchaine avec le _ village saisonnier qui apparait sur les glaces de Sainte-Anne-de-la- Pérade pour la péche aux petits poissons des chenaux. «Les gens péchent dans leur salon!», osai-je ajouter comme paroles d’Evangi- le. Personne ne me croit, bien entendu. C’est ’heure du pot-pourri, qui n’en finit plus. Une chope se renverse ; les blagues en allemand fusent. Le mercure de |’entrain monte en fléche 4 mesure que les litres diminuent. A une table voisine, un grand blond bati comme un pan de mur attache un secondaires. travers le monde. sur le sujet donné. Jeanne Baillaut au 255-4157. “RACINES” Racines est un programme destiné aux éléves étudiant le francais dans les programmes cadre et immersion et les écoles Les ateliers contenus dans Racines sont particuliérement congus pour amener les étudiants a s’exprimer sur le sujet présenté. A travers des oeuvres d’art toujours présentées sous forme de diapositives, les étudiants ont l’occasion de découvrir la culture canadienne d’expression francaise et la culture francophone a Grace a la variété des sujets offerts, les éléves prennent connaissance de l/histoire, la géographie, la poésie, la littérature, les coutumes et les traditions des peuples francophones. Durant les ateliers l’'emphase est mise sur la participation des éléves, l'idée fondamentale étant de les amener a s'exprimer sur ce qui leur est présenté, tout en leur fournissant un contenu solide Les ateliers contenus dans Racines tentent dans la mesure du possible d’apporter un complément. aux sujets faisant partie du programme académique d’enseignement. Certains peuvent étre adaptés de la premiére 4 la douziéme année. D'autres sont strictement concus pour le niveau secondaire. DUREE DES PRESENTATIONS: de 20 a 60 minutes dépendant du niveau de francais et de l’ége des étudiants. COUT: 15$ a 30$ suivant la durée des présentations. Pour de plus amples renseignements contacter: VOYAGES petit bouquet de fleurs a ses grosses bretelles en cuir. «Funzcu- li, funicula.» Des bans retentis- sent de tous cdétés. Une autre tyrolienne. Et de nouveau Ez Prostt. L’anglais des Allemgnad se fait plus inspiré alors que je me sens maintenant parfaitement bilin- gue. On fait la chaine dans les allées. Certains deviennent fréné- tiques. J’observe en souriant tout en grignotant mon niéme Pretzel. Le grand-pére prise toujours avec ferveur. Un Ecossais se joint a nous. I] nous parle des Hell’s Angels de Hambourg, la terreur du Nord. A son avis, trop de jeunes s’enivrent trop, provo- quant trop de bagarres, de vandalisme, de vols. «Les gens de Hambourg et de la Baviére se sentent supérieurs au reste de UAllemagne,» conclut-il a batons. rompus, comme ceux de Galles et d'Ecosse se sentent supérieurs au reste de l’Angleterre.» Puis il achéte un snoopy-boxeur en peluche a l'une des soeurs de Jurgen, belle comme une Miss Oktoberfest ; elle en devient folle. A la fin de la soirée, elle me fera promettre de lui écrire! Un énerguméne bizarrement accoutré passe prés de notre table en claironnant un semblant de mélodie, non moins bizarre. On sen moque ouvertement, ce qui le rend encore plus bizarroide. De nouveau la polka du tonneau de biére, puis Ein Proszt. Jiirgen me parle (je ne sais plus pourquoi) des crazy winds provenant des Alpes, tandis qu’autour de la salle se forme une immense chaine humaine fort agitée. Les rythmes passent de lent a trés vite... Des sifflements déchirent l’air. Une minibagarre attire l’attention momentané- ment dés les premiéres notes de Valder, valdera dont les Ah! Ah! se font vigoureux comme des coups de massues. Une serveuse- frigidaire surgit en trombe a une table voisine transportant... onze chopes bien comptées, soit onze litres! Elle en dépose deux devant un gros rougeaud au sourire de bienheureux. La gigantesque salle est toujours comble et l’ambiance électrisante. Plus la soirée avance, plus les agents de sécurité ont du mal a empécher les fétards de monter sur les tables. Une nouvelle chanson allemande commence lentement; le rythme s’accélére, devient vif, fougueux : la foule capote. Et ca recommence. Et de nouveau Ein Prosit chanté avec encore plus de passion que les dix précédents. Le feu roule ainsi jusqu’a 22h45 alors que l’orches- tre exécute la grande finale de ce 3 octobre. Les adieux 4 ma famille sont brefs, la demi- conscience de chacun aidant. On sort en grappes, accrochés ou pendus les uns aux autres, certains a quatre pattes, littérale- ment. C'est le corps alourdi et Vesprit nébuleux que je m’achemine vers la Hauptbahnhof pour prendre, comme prévu, le prochain train de nuit pour Cologne - d’ou jirai, demain, visiter des parents d’amis. Or, un soleil éclatant me réveillera en douceur, le lende- main matin, dans la région de... Hambourg, 4600 km au nord-est de Cologne. Peu m’importe : j’ai bien dormi, personne ne m/’attend, et j'ai un Eurailpass premiére classe. J’en profiterai pour récupérer davantage, les jambes allongées, les yeux rivés sur la fenétre ou défile cette autre partie de l’Allemagne, la téte remplie (écouteurs aux oreilles) des grands chefs-d’oeuvre de la musique allemande. L’heure d’attente avant le départ du train pour Wiippertal - direction Cologne - file comme un TGV. Je déambule en sifflotant dans les rues moderni- sées de Hambourg, me rappelant aisément ma visite de 1979. Bien installé, une fois de plus, dans un compartiment luxueux, je fais l'inventaire de la paperasse accumulée depuis quelques jours et mets la main sur le dépliant d’ Oktoberfest 1984. Statistiques ahurissantes. En 1983, quelques 6 600 000 fétards ont consommé 588 683 poulets rétis, 59 boeufs rétis 4 la broche, 305 059 paires de saucisses de porc et 60 271 pattes de cochon, le tout englouti dans 12 089 830 gallons de biére. La folle gaité des 7 000 buveurs ‘entassés dans chacun des dix longs batiments (pendant 16 jours) atteint son paroxysme le soir, lorsque les orchestres soulévent les toits, ajoutent au vertige de l’ivresse les refrains les plus grisants. La plus grande beuverie du monde et son exubérance font désormais partie du plus grand voyage de ma vie. exceptionnel. sante.. Imaginez, toute l’information a portée de votre main, chaque mois, dans L’Actualité. Recueillir les éléments dont vous avez besoin pour rester a la fine pointe des événe- ments et des grandes questions, au Canada et dans le monde entier : voila ‘L’ Actualité. Précise, claire, intéres- . indispensable. Et mainte- nant, jusqu’a moitié prix. Commandez 20 numéros dés main- tenant et payez LA MOITIE DU PRIX EN KIOSQUE — soit seule- ment 1 $ le numéro. Commandez 12 numéros et économisez 11 $. Utilisez le bon de commande — votre passe- port pour des économies, des lec- ‘tures et une prime exceptionnelles ! L’Actualité donnera 50% de votre paiement d’abonnement 4 la Fondation Donatien Frémont. Economisez jusqu’a 50% sur Lactualité — Voici le moment ou jamais de vous abonner a L’Actualité. 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