‘6 Le Soleil de Colombie, Vendredi 5 Aoat 1977 L’'URBANISATION | Et vogue la galere! Par Léonce Gaudreault Le phénoméne d’urbanisation a été pour la société franco- manitobaine importants facteurs d’assimi- lation 4 la majorité anglopho- ne. Autour de leur église, de leur centre paroissial, de leur caisse populaire, les Franco- Manibobains ont pu_ se maintenir tant bien que mal malgré les politiques ex- trémement restrictives de leur gouvernement provincial. On a interdit longtemps |’en- seignement en francais dans les écoles mais les étudiants, avec la complicité de leurs enseignants, réussissaient tou- jours 4 se plonger dans des livres en francais, quitte 4 les cacher lors de la visite des -inspecteurs d’école du gouver- nement provincial. Toutefois |’urbanisation a obli- gé beaucoup de jeunes a s’ex- patrier & la ville, pour y trouver du travail. La centralisation des structures scolaires et municipales a également contribué a plonger encore davantage la minorité francophone dans le bain de la majorité. Saint-Boniface fait maintenant partie de la région métropo- litaine de Winnipeg avec tout ce que cela implique d’inté- gration au niveau des struc- tures. L'urbanisation s‘étend maintenant dans des petites municipalités comme Saint- Adolphe ou Sainte-Anne, au- trefois essentiellement franco- phones. . Avec I'arrivée d‘anglophones, les comités sportifs deviennent “des “community club”, les - scouts deviennent des “scouts” (prononcer. a I‘anglai- se), etc., méme les curés francophones qui se présen- taient autrefois comme des gardiens de la langue com- mencent a faire de la place & la langue anglaise dans leurs sermons. Dans ce dernier cas, le phénoméne est tellement alarmant que le récent congrés de la Socié- té franco-manitobaine a de- mandé au clergé catholique de un des plus TUE LES 3 FRA ae Cc O-MA re ITOBAINS PAR: Valérie Marshall Deuxiéme d’une série d’articles parus dans “‘ Le Soleil ” de Québec. Ces reportages sont le reflet d’une réalité francophone hors Québec, telle qu’elle apparait au jour- naliste Léonce Gaudreault, de Québec. (Le Soleil, 30 avril 1977) se définir face au probléme linguistique. Ce n'est pas sans raison que les élites ménent présentement une lutte aussi acharnée pour 'établissement d'un réseau \d’enseignement francais auto- Inome. La lutte gagne aussi \la campagne manitobaine. A 40 MILLES DE WINNIPEG Mais dans ces petites muni- cipalités non encore touchées par le phénoméne d’urbanisa- tion de Winnipeg, la lutte prend une tournure différen- te, C’est ainsi que dans la petite municipalité centenaire de Saint-Pierre-Jolys se trouvent des agriculteurs conscients des problémes d’assimilation. Mais il veulent 4 tout prix éviter le type de problémes que connait Saint-Boniface. “Nous, on veut faire ¢a pro- gressivement”’, nous confiera Edouard Robidoux -dont la famille de cing enfants repré- sente la cinquigme génération vivant dans la méme maison sur le “chemin de la Four- che” a Saint-Pierre. Sa fem- me et lui n’ont pas encore quarante ans. encore I'impression de pion- niers acharnés cherchant a tirer le meilleur profit de la riche terre de la plaine mani- - tobaine, dans la vallée de la riviére Rouge. Principalement’ 4 cause de la télévision et de la force d’at- traction de la langue anglai- se, méme si les parents par- lent francais 4 la maison, les enfants Robidoux n‘ont pas de probléme en anglais. S’il y a probléme, ce serait plutét inverse. "C'est impossible de ne pas apprendre I'anglais au Manitoba, mais c'est possible de perdre le fran- gaisici’, dira Edouard Ro- . bidoux dont ses ancétres viennent de la région des Cantons de |’Est. Il est commissaire d’école. Comment entend-il régler le probléme de I’école? Progres- sivement. “un pas a la fois .. comme Séraphin, tranquil- lement pas vite’. Il tient mordicus au droit des pa- rents a4 choisir la langue d’enseignement. Wt n’est lls donnent. pas partisan de moyens coer- citifs, A Saint-Pierre, ils ont com- mencé a instaurer progressive- ment l’enseignement en fran- sais. Dans dix ans, espére le commissaire-agriculteur Robi- doux, on aura terminé la fran- cisation de I|'école. ul souhaite, cependant, qu’entre- temps le Québec ne se sé- parera pas, ce qui, selon lui, risquerait de compromettre les gains des Franco-Manito- bains. ROSSILLON... VOUS CONNAISSEZ? Avant de faire connaissance avec I’hospitalité de la famil- le Robidoux, le représentant du SOLEIL avait eu droit a une visite du village de Saint-Pierre-Jolys par le ‘pharmacien René Mulaire, tout comme il I'avait fait en 1968 pour Philippe Rossil- lon, ce représentant du gouvernement francais que fa presse a présenté comme un “agent provocateur”. Au milieu de ta tournée, il confiera finalement que c‘est lui qui avait été a la source de la petite crise poli- tique qui avait marqué la so- ciété franco-manitobaine. 11 en parle avec une certaine amertume et aussi une cer- taine fierté, tout comme il a 6té fier d’avoir contri- bué & amener la_ reine Elisabeth dans ce village a Voccasion du centenaire, en 1970, de l’entrée du Mani- toba dans la Confédération. L’invitation faite 4 M. Rossil lon I’avait été aprés qu’une délégation d'une quinzaine de personnes de la région s‘était rendue en France. C’é- tait une visite de courtoisie, rien de plus et, pourtant, la presse anglophone en a fait une affaire de provocation. Avant de le quitter, ce lut- teur acharné a défendre la cause francaise au Manitoba montre fiérement le “coq gaulois” qui perche au haut du clocher de I'église et qui dominera cet été la place publique aménagée pour mar- quer le centidéme anniversaire de la petite municipalité. Cet espace est acheté par le Secrétariat d’Etat. Les textes qui s’y trouvent sont publiés dans les 14 journaux mem- bres de l’Association de la presse Québec, APFHQ. srapcephone:: Bors: pése 4,54 kg ( 10 livres) et la lourde 908 kg (II ton- nes}. Sous fa Tour de la paix se trouve la Chapelle du sou- UNE VISITE A NE PAS MANQUER‘: ose cn i928 2 1 Pour le caporal G-H.Lafon- taine et les 15 membres du service d’ordre et de sécurité de la Chambre des Commu- nes 4 Ottawa, faire visiter le Parlement du Canada a. quel- que 1,300 personnes par jour représente un véritable tour de force. Le Parlement, siége du gou- vernement fédéral, comprend le Sénat, la Chambre des Com- munes, la bibliothéque et la Chapelle du souvenir. Pour la plupart des touristes qui vien- nent dans la région de la capi- tale nationale, ces lieux sont a voir absolument. Pendant la demi-heure que dure la visite, on peut glaner quelques faits intéressants sur l'histoire du pays, sur sa struc- ture politique et sur |’édifice lui-méme. La visite guidée commence dans le foyer de la Chambre des Communes, basse du Canada. ensuite a l’intérieur. Les 264 élus du peuple, qui y siégent, travaillent dans un cadre artistique et archi On passe la chambre # femmes qui ont combattu au cours de la Premiére guerre de protection. mondiale. L'épopée des for- Le Sénat est également appe- ices armées canadiennes en Eu- 16 la Chambre rouge. Le pla-'rope est gravée dans les murs fond est fait de plaques aie la chapelle. verre cernées de feuilles d'or! Sur l’autel du sacrifice qui et représentant les emblémes'occupe le milieu de la piéce des premiers groupes ethniques est déposé le Livre du souve- qui ont émigré au Canada. nir ot sont inscrits les noms Afin que les sénateurs puis- des 66,65! Canadiens morts sent y voir clair, on a installé-4 la guerre.Chaque jour a la tectural dont la beauté défie (a5 f l'imagination. Le plafond de la salle, haute de I5 métres (50 pieds). , est en toile ir- landaise peinte 4 la main sur place. A quelques pas de la Cham- bre des Communes, la Galerie d‘honneur ot plaques et statues racontent I’histoire du Canada. La galerie conduit a la bi- bliothéque du Parlement qui aura 100 ans en 1976, mais dont on a bien failli ne jamais féter le 40e anniversaire. En 1916 gréce a la présence d’esprit d’un des secrétaires qui ferma les portes d’acier et protégea l’entrée avec des sacs de sable, fa bibliothéque 4.7 m (15 pi 9 po). L'aiguil- échappa de justesse a |'in- cendie qui a ravagé le reste 4 po) de large et celle des du Parlement. En 1952, un nouvel incen- die éclata, cette fois a |'inté- rieur méme de la bibliothé- paix signée en (918 a la fin 1,816 kg (deux tonnes). galement impressionnante. Le méme heure, on tourne les pages du livre de fagon 4 ce que la méme page soit exposée le méme jour de chaque an- née. L’été , la cérémonie de la reléve de la garde attire des milliers de touristes sur la pelouse qui s‘étend devant le Parlement. Chaque jour a dix heures, on peut y admirer le spec- . tacle coloré qu’offrent la Gar- de a pied du gouverneur gé- néral et les Canadian Grena- dier Guards vétus de tuni- ques flamboyantes et de cas- ques en peau d’ours noir qui déploient leur savoir-faire au cours d’un exercice de 45 minutes. Pour tous renseignements touristiques sur le Canada,prié- deux lustres en bronze noir de Russie, pesant chacun | La visite guidée se termine ici, mais il reste encore d’au- tres choses intéressantes 4 voir. De la Tour de la paix haute de87.3m. ( 291 pieds) le visiteur a une vue imprena- ble d’Ottawa et de Hull (Qué- bec) qui se trouve de |’autre cété de la rividre des Outa- ouais. L'horloge de la tour est 6é- diamétre- de la face est de le des minutes a 2,5 m (8 pi heures 1,8 m (5 pil po). Le carillon de la tour a été installé pour commémorer la que. L’eau et la fumée y fi- de la Premidre Guerre Mon- re d’écrire a l'Office de touris- rent des dégats considérables. diale. Il est constitué de 53 me du Canada, 150 rue Kent, Il fallut plus de quatre années cloches dont la plus petite Ottawa, Canada. KIA OHE. de labeur pour restaurer les livres, les murs et le plancher. x Les milliers de sculptures # () en bois et en pierre qui or- ¥ Rstetctokotedetesiaake ok kak ak ae aia ak ae aa ak ak ae se ae ae eae ae eat LE MOT DU JOUR: nent le Parlement constituent ihre ibkeckeeeee white Nun de ses principaux attraits. Des sculpteurs sont encore 4 l’oeuvre dans tous les coins. Chaque soir, ils viennent pour- suivre leur téche et 4 5 h du matin font place nette avant que la journée ne commence. On pense qu'il faudra prés de 75 ans encore pour termi- ner le travail d'art. Le caporal Lafontaine affirme que dans la seule Chambre des Commu- nes il reste 118 piéces qui at- tendent. d’étre —sculptées. En regardant attentivement, vous verrez que certains sculp- teurs fatigués d’inventer des visages de rois et de politi- ciens les ont sculptés a leur ressemblance. L‘un d’eux qui travaillait dans le foyer adja- cent au Sénat a non seulement — son propre visage, mais également ses « lunettes ‘ N’OUBLIONS PAS DEUX CHOSES Pourquoi dit-on piastre pour dollar au Cansda? L’his- toire de ce mot piastre est intéressante, comme toutes ah histoires de mots d’ailleurs. Piastre vient de l’espa- L’intendant Talon aurait, parait-il, encouragé ee transactions commerciales avec les colonies espa- gnoles, ce qui aurait introduit la monnaie espagnole du méme coup. A cela ajoutez le commerce illicite de la fourrure entre les villes canadiennes et celles des colonies anglo-américaines,qui favorisera l’entrée des oles chez nous.Une ordonnance de far fixa le taux de cette monnaie et la les noms de Spanish Dollar Pour Sap Caner Go ets ool 28 mone je Faroe Mais n’oublions pas : Priz cows, Fe (tiré de la publication “Le mot du jour”, éditée par I'Office de la langue francaise du Québec et préparée par Louis-Paul Béguin, linguiste).. . .