ntl atthte tort Les ayants-droit se rendront-ils a l’école francaise? par Raymond Théberge u-dela de 270 000 en- fants des provinces an- glophones du Canada (Paillé, 1988) auraientle droit de se faire instruire dans la langue frangaise selon |’ar- ticle 23 (1) de la Charte des droits et libertés. Cechiffrereprésente l’avenirdes communautés francophones a1’ex- térieur du Québec. Toutefois, dans les faits, on ne retrouve présente- ment que 150 000 écoliers qui re- coivent leur enseignement en fran- cais. Comment peut-on expliquer un tel décalage? Une analyse plus détaillée du groupe, qu’on appelle les ayants droit, révéle une structure démo- graphique et linguistique chez ceux- ci qui fournit de bons indices. Le groupe des ayants-droit se divise en deux sous-groupes lin- guistiques de taille comparable: ceux qui sont de langue maternelle francaise et ceux qui ne le sont pas. En effet, prés de lamoitié des effec- tifs admissibles a 1’école francaise n’ontpasacquis le francais au foyer. Sionexclut le Nouveau-Brunswick de l’analyse, la proportion d’en- fants de langue maternelle francaise baisse méme 4 moins du tiers (29.1%). Plusieurs facteurs contri- buent a cette situation; on pourrait citer les mariages mixtes, l’absence d’écoles frangaises, le manque de soutien institutionnel en francais et l’absence de garderies francopho- nes, Ces conditions exercent €vi- ~ demment une influence importante sur le comportement langagier des ayants-droit. Le phénoméne du contact des langues dans la plupart des milieux minoritaires canadiens fait en sorte que les francophones de la langue minoritaire sont souvent menacés de s’assimiler a la majorité dés leur enfance. Ona démontré notamment que, chez les minorités francopho- nes du Canada, les mariages mixtes avec un conjoint anglophone en- trainaient, pour les enfants, l’assi- milation linguistique quatre fois sur cing, quel que soit le sexe du con- joint anglophone. Dans plusieurs milieux, les enfants se retrouvent dans une situation de bilinguisme soustractif, c’est-a-dire, que les enfants apprennent une langue se- conde (l’anglais) au détriment de leur langue maternelle. Une conséquence immédiate est que nous retrouvons, dés la mater- nelle, un groupe hétérogéne d’élé- ves en ce qui a trait au niveau des compétences langagiéres en langue maternelle. Dans le cas du Manito- ba par exemple, une évaluation des classes matemnelles a démontré que 25% des enfants en maternelle ne parlaient que trés peu ou pas de francais 4 leur entrée a l’école. Les recherches antérieures ont démon- tré que la présence d’éléves anglo- phones ou d’éléves anglo-domi- nants dans une classe encourage Vusage de la langue seconde (Mougeon, Beniak, Canale,1984). De plus, il est difficile pour le pro- fesseur d’utiliser un langage au- thentique qui est 4 la portée du niveau de compétences lingiuisti- ques de tous les éléves. Comment contrebalancer Les francophones minoritaires au Canada ont toujours per¢ul’école francaise comme |’institution qui verrait 4 transmettre leur culture, a préserver leur langue et a freiner leur assimilation. Compte tenu des taux d’assimilation trés Elevés dans plusieurs régions du pays, on doit se demandersil’école peut, aelleseule, contrebalancer les effets d’un mi- lieu socio-culturel et socio-institu- tionnel qui est largement anglais. «L’article 23 n’a pas été placé dans la constitution pour donner ouverture a des classes bilingues ou d’immersion. Son but premier est, par le biais d’un enseignement dans la langue de la minorité, d’assurer aux enfants de la minorité de langue officielle une éducation de qualité égale a celle des enfants de la majo- rité (Bastarache etal, 1986, p.282).» Pour un bon nombre de jeunes qui avaient droit 4 une éducation en francais; il est probablement hélas, trop tard! Mais n’est-il pas possible d’intervenir auprés de ceux et celles qui ne sont pas encore.dans le sys- téme? Peut-on favoriser le dévelop- pement de leur langue maternelle et ainsi augmenter les inscriptions aux écoles francaises? Un projet qui pourrait potentiel- lement produire ces résultats serait lacréation d’un systéme national de garderies francophones. Cette option est fondée sur une conception particuliére du langage, a savoir que le développement lan- gagier joue non seulement un rdéle ence quia trait 4 la communication mais aussi au niveau de la concep- tualisation et de la manipulation symbolique de!’environnement. De plus, les enfants en milieu minori- taire étant souvent défavorisés sur le plan de leur développement lan- gagier, et celui-ci étant si essentiel au succés scolaire, ces enfants vien- nent souvent a faire face a l’échec, puis al’abandon scolaire prématuré et au cercle vicieux qui s’ensuit. Un réseau de garderies Un réseau de service de garde canadien-francais en milieu mino- ritaire pourrait militer contre la réalisation de ce scénario fataliste en tentant d’atteindre deux grands objectifs. Premiérement, il pourrait assurer l’acquisition d’une telle compétence communicative en fran- cais par l’enfant afin que celui-ci _ soit en mesure de fonctionner en francais. Deuxiémement, le pro- gramme devrait favoriser le déve- loppementd’attitudes positives chez l'enfant vis-a-vis de son apparte- nance ethnolinguistique, c’est-a- dire luiinculquer un sens de fierté et une estime de soi en tant que fran- cophone. En somme, un tel systeme peut étre vu comme un vaccin con- tre la faillite. La structure changeante du marché du travail a créé un besoin pour des services de garde al’ échelle du pays. Les communautés franco- phones ne peuvent pas échapper a cette réalité mais leurs besoins dif- férent de ceux de la majorité anglo- phone. De fait, en raison de ces changements sociaux, les jeunes enfants sont exposés en bas age aux influences externes du foyer, d’ou l’importance d’établir des endroits qui sontpropices au développement langagier dans leur langue mater- nelle. Pour conclure, il semble que les ayants-droit se rendront a |’école francaise seulement si certaines mesures sont prises pour assurer leur acquisition du francais en bas age. Pour ce faire, on doit prévoir la création d’un systéme de garde francophone qui alimentera, par la suite, les écoles francaises. De fa- con plus ponctuelle, on doitadopter des politiques qui assureront le déploiement de ressources pour offrir des cours spéciaux ou du tuto- rat 4 ces enfants, leur permettant ainsi de serattraperets ’intégrer aux classes réguliéres. L’établissement de centres scolaires communautai- res dans les milieux qui sont faibles sur le plan de la vitalité ethnolin- guistique, est une approche qui peut fournir l’infrastructure socio-cultu- relle minimale requise pour assurer la survie d’une communauté. Le regroupement des ressources d’ une méme communauté produira des résultats plus appréciables que des initiatives individuelles. Raymond Théber ge est directeur du Centre de recherche au Collége Saint-Boniface. Proportion des écoliers de langue maternelle francaise parmi ceux admissible a ‘instruction en langue frangaise, provinces anglophones et territoires canadiens Total des écoliers Ecoliers % admissibles a admissibles de francophone l'instruction en langue maternelle francais francaise Terre-Neuve A147. 267 23,9 ile-du-Prince-Edouard 2 280 706 31,0 Nouvelle-Ecosse 10516 3791 36,1 Nouveau-Brunswick 57 331 46 350 80,8 Ontario 135 612 70 462 52,0 Manitoba 17 754 6 681 37,6 Saskatchewan 10 722 1 762 16,4 Alberta = 21 993 5 318 25,2 Colombie-Britannique 14815 2602 17,6 Yukon 215 49 22,8 Territoires du Nord-Ouest 459 119 25,9 Total Canada 271 914 138 107 50,8 - Source: Paillé, M., Les écoliers du Canada admissibles a recevoir leur instruction en frangais ou en anglais, Ottawa, Commissariat aux Langues officielles, 1988. ....entre autres! NORTHERN COLLEGE of Applied Arts and Yechnology Le succes d’un océan a l’autre grace a un diplome | en technologie ou en métiers du College Northern! 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