2 - Le Soten, veNDREDI 28 Janvier 1994 Au revoir Les meilleures choses ont une fin. Aprés seize mois sous Le Soleil de Colombie-Britannique, mon service en tant que coopérant- journaliste s’achéve dans quelques jours. Voici donc venue |’heure de linévitable bilan, exercice 6 combien narcissique, mais sans doute nécessaire. Nombreux sont les beaux projets avortés, par manque de temps, de moyens, ou plus vraisemblablement, de détermination : ce reportage choc sur les pécheurs a |’heure de |’Alena, cet article sur la Boussole, le centre francophone du East-Side, cette passionnante série sur |’histoire des francophones en Colombie-Britannique. La liste serait interminable. La tache revient désormais a d’autres que moi, et nul doute qu’ils sauronts’y atteler aussi bien, sinon mieux. Autre regret, et non des moindres, |’échec de toutes les tentatives pour recruter ces indispen- sables correspondants en régions, qui seuls, permettraient au journal de couvrir réellement la province. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir ménager les efforts ! Heureusement, ceux-ci se sont révélés plus payants dans d’autres domaines, comme la maquette du journal quia été sensiblement améliorée. De méme, la petite révolution culturelle qu’a représenté |’ajout de l’adjectif “britannique” au nom du journal a permis de mettre fin aux sempiternellcs confusions avecune marque de café. De maniére générale, et méme s’il reste encore un immense chemin a parcourir, toute l’Equipe du Soleil a travaillé ferme, avec les moyens du bord, 4 améliorer progressivement le contenu et la présentation du joumal. Dixiéme d’une longue lignée de jeunes et fringuants journalistes détachés depuis 1979 auprés du journal par le ministére francais des Affaires Etrangéres pour y effectuer leur service national, je serais le demier. Cette fois-ci, point de reléve, car dans un contexte de réduction budgétaire, la France a malheureusement di mettre un terme 4 sa participation 4 ce programme de journalistes-coopérants, 4 Vancouver, a Régina, comme a Yellowknife. Comme tous mes prédécesseurs, je me suis trés vite attaché a ce petit journal ; comme eux, je ne pourrai que regretter que ce programme ne puisse étre poursuivi. A Vheure du départ, des images défilent, qui déja, s’inscrivent parmi les souvenirs : le mémorable aria d’une chanteuse anonyme lors d’un conseil des présidents de la FFCB, a Kamloops, ennovembre 1992 ; la bénédiction du pére Laplante lors du banquet du 25e anniversaire du Soleil ; |’attente sous la pluie battante de Boris Elstine et Bill Clinton, en avril demier ; ces deux heures rocambolesques passées 4 me perdre autour de Sooke, sur !’ile de Vancouver, pour arriver, plus qu’en retard, et presque en panne séche, a Ja session de formation de |’ APIPC ; cette interview avec Marguerite Fauquenoy, professeur 4 SFU, au cours duquel mon magnétophone m’a cruellement trahi ; et tous ces lundis soirs de veille, devant |’ordinateur, dans les locaux de la rue Main. La tentation est grande d’évoquer ici d’autres souvenirs plus personnels, comme ce plongeon dans une crique de Gambier Island, le 30 septembre ; les barbecues au mois de mai sur Spanish Bank, quand le ciel s’embrasait ; une expédition humide 4 Carmanah Valley ; le grand rodéo de Williams Lake, le jour de la féte nationale ; le saloon-hétel de la rue principale de Merritt... Au moment de boucler mes malles, le mot qui me vient naturellement a l’esprit, c’est merci. La liste serait trop longue pour citer tous ceux qui au cours de ces mois, m’ont aidé, renseigné, soutenu ou simplement souri. Bien entendu, je tiens 4 remercier et 4 souhaiter bonne chance 4 toute |’équipe du journal, Suzanne Bélanger, Noélle Mathis, Pierre Longnus, et tous les bénévoles,comme Monique Cashman, qui chaque semaine, inlassablement, fournissent un effort remarquable et souvent ingrat. Merci, bien sir, également, a Jacques Baillaut, l’4me du Soleil, qui, avec sa femme Jeanne, fut pour moi beaucoup plus qu’un patron. Enfin, et surtout, merci 4 vous tous, chers lecteurs, vous par et pour qui le journal existe depuis bient6t vingt-six ans. Aprés avoir vaillamment fété son vingt-cinquiéme anniversaire et franchi une nouvelle étape en déménageant, le Soleil traverse aujourd’hui unephase plus difficile. La réduction des budgets publicitaires fédéraux déséquilibre de maniére préoccupante les comptes du journal. Je pars cependant confiant, car en vingt-six ans d’existence, le Soleil en vu d’autres et a déja surmonté plus d’une épreuve. Excés d’optimiste ? Il n’est en tout cas guére concevable que “le seul journal en frangais a l’ouest des Rocheuses” cesse de paraitre. Que le bilinguisme officiel, du moins sous sa forme actuelle, soit susceptible d’étre repensé dans les années a venir n’y change rien, pas plus que la vague réformiste. On oublie trop souvent que les francophones de Colombie- Britannique, méme s’ils sont dispersés et atomisés, sont plus nombreux que leurs amis Franco-Manitobains, si souvent cités comme modéle de vitalité. I] n’y a pas de raison pour ne pas étre confiant en I’avenir des francophones de la céte ouest, pour peu que ceux-ci fassent preuve de dynamisme et taisent quelques unes de leurs sourdes rivalités. Quant au journal, il sera 4 l’image de la communauté. Les médias sont les reflets d’une société et Le Soleil ne fait exception. Passager en transit, j’ai toujours su, au cours de ces seize mois, que le moment venu, le départ serait difficile. Caron ne quitte pas le coeur léger la Colombie-Britannique et Vancouver la belle. Que les journaux télévisés locaux des grandes chaines fassent leur une sur l’absence de neige 4 Grouse Mountain est symptomatique. La Colombie-Britannique demeure plus que jamais un oasis de paix et de prospérité dans un monde en chaos. Je me souviendrai. Et si je ne sais ni quand, ni comment, je sais que je reviendrai. Frédéric Lenoir —NFoRMATION L'essence de notre identite Suite de la Une parlementaire. Monsieur Chrétien avait une dette envers Monsieur Robichaud quiavait cédésonsiége afin de lui permettre de se faire élire a la Chambre des communes, il y a trois ans. Le lendemain, il ‘annongait la nommination du député franco-ontarien de Glengarry-Prescott-Russel, Don Boudria, au poste de whip adjoint du gouvernement. En décembre, Jean Chrétien a annongé la nomination des 23 secrétaires parlementaires du Cabinet. Le député de Saint- Boniface au Manitoba, Ronald Duhamel, a été nommé secrétaire parlementaire du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Jean Chrétien a ensuite dévoilé la composition des quatre comités du cabinet, qui prennent les décisions. La encore, place a été faite 4 deux ministres francophones hors Québec. En effet, Doug Young siége au comité sur la politique du développement économique, et Diane Marleau, sur le comité de la politique du développement social. Les deux ministres siégent aussi ensemble sur un troisiéme comité. Symbole parmi les symboles, c’est la députée de Madawaska- Victoria au Nouveau- Brunswick, Pierrette Ringuette- Maltais, qui a été l’une des deux motionnaires de |’ Adresse en réponse au Discours du Trone. Madame Maltais est une recrue 4 Ottawa,mais le premier ministre Jean Chrétien n’a pas caché son admiration en la félicitant publiquement en Chambre. Et Dieu sait ce que Jean Chrétien avait en téteenproposant 4 Madame Maltais d’appuyer la motion. Le 5 avril-1965, lors du Discours du Trone, la personne qui appuyait la motion s’appelait... Jean Chrétien ! Le hasard a voulu aussi.que la veille du Discours du Trdéne, deux députés francophones de l’Ontario, Jean-Robert Gauthier et Gilbert Parent, se retrouvent nez-a-nez, au cinquiéme tour de scrutin, lors de 1|’élection 4 la présidence de la Chambre des communes. La rumeur veut que le gouvernement ait appuyé la candidature de Gilbert Parent. Enfin, derniére nomination, le député franco-ontarien de Stormont-Dundas, Bob Kilger, vient tout juste d’ étre nommé vice- président adjoint des comités pléniers de la Chambre. APF Le Discours du Trone La FFCB se rejouit La Fédération des francophones de Colomble-Britannique est relativement satisfalte du Discours du Tréne du 18 javier demier. La présidente dela FFCB, Nicole Hennessey, fait part de ses réactions. La présidente de la Fédération des Francophones de la Colombie-Britannique, Madame Nicole Hennessey, se réjouit du discours du tréne qui ouvrait officiellement la premiére session parlementaire sous la gouverne du parti Libéral, le 18 janvier 1994. “Monsieur Chrétien a tenu Sa promesse en annongant le rétablissement du Programme de contestation judiciaire. De plus, poursuit la présidente, j’ai été ravie d’entendre cette mentiontrées positive a Végard des langues officielles. Dans son discours, le Parti libérala spécifié que “notre patrimoine culturel et nos deux langues officielles constituent V’essence méme de notre identité nationale et contribuent @ notre enrichissement social et économique”, a cité Nicole Hennessey. Le gouvernement a ajouté qu’ il prendrait des mesures visant 4 promouvoir |’identité culturelledu Canada. Ila également fait mention de rétablir le niveau original de financement pour le programme d’alphabétisation, dossier important pour la communauté francophone de la Colombie-Britannique. “Nous avons toujours reconnu l’importance de ce discours parce qu’il trace les lignes directrices dela démarche duparti au pouvoir”, ajoute Nicole Hennessey. Cette fois-ci, le discours est encore plus intéressant, puisqu’il mentionne des projets qui touchent notre communauté de trés prés.” Ces nouvelles sont réconfortantes pour la communauté francophone de la Colombie-Britannique qui subit difficilement les derniéres coupures budgétaires fédérales du Le budget Mazankowski et qui attend toujours impatiemment la gestion scolaire. “Nous sommes heureux du fait que le gouvernement de Monsieur Chrétien a signalé Vimportance du patrimoine et des deux langues officielles en les incluant dans le discours du tréne. Nous espérons maintenant que des mesures concrétes appuieront justement les intentions du gouvernement libéral”, a conclu la présidente. a olet de Colombie-Britannique Le seul journal en frangais a l'ouest des Rocheuses “SANS PEUR NI FAVEUR"™ Président-directeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef: Pierre Longnus Administration et gestion ; Noélle Mathis Journaliste-coopérant : Frédéric Lenoir Infographisme : Suzanne Bélanger Correspondant national : Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs : Claudine Lavallée, Marielle Croft, Catherine Lannoy Collaborateurs Arts et spectacles : Marie-Louise Bussiéres, Nigel Barbour, Marie Michaud, Marc Fournier, Yvan Brunet, Louis Anctil Ouverture du journal : 9h a | 7h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil. 1645, Seme avenue Ouest, Vancouver, C.-B., V6) | NS. Tél: (604) 730-9575. Fax: 730-9576. L'abonnement annuel co(te 25$ au Canada, 55$ a l'étranger. Le journal Le Soleil de Colombie-Britannique est publié par Le Soleil de Colombie Ltée. Enregistré comme courrier de deuxiéme classe. No0046.- TPS No R 103242624 Impression : Horizon Publications Hebdomadaire fondé en 1968 par André Piolar