Saati, —~UREEEE GERRI Tk |e 2 Editorial n cette journée internationale de la femme, nous sommes en droit de nous demander si a l’aube du XXle siécle nos aspirations personnelles et nos revendications de groupe sont exaucées ou sur le point de I’étre. Notre vigilance porte-t-elle fruit ? Nos recherches et notre travail nous permettent -ils de vivre dans un environnement plus sain ? Est-ce que les médias écrits et électroniques véhiculent une information réelle et equitable sur les dossiers qui intéressent davantage les femmes ? Ce cahier spécial de la femme se veut ala fois une mise a jour et une réflexion sur les principales préoccupations des Canadiennes qu’elles soient dans les Territoires du Nord Ouest, au Labrador, en Ontario ou au Québec. Fondamenta- lement, les questions et les besoins sont les mémes mais puisque tout est relatif il faut voir que dans certains milieux les femmes sont aux prises avec un premier projet de regroupement alors qu’ailleurs on se prépare pour des Etats Généraux. Certaines personnes auraient strement envie de dire que les femmes d'une province sont «en retard» ou «20 ans en arriére» dans leur cheminement par rapport aux autres. Une telle conclusion est faussée dés le départ car s'il est une chose que le fédéralisme canadien nous a apprise c'est que chaque province ou territoire doit survivre indépendemment des autres, et que les comparaisons aboutissent a des déchirements ; de plus, la réalité geographique, démographique et linguistique fait en sorte que chaque partie du pays a une composante sociale qui lui est propre et qui par le fait méme ne peut étre comparée a une autre. Par exemple, nulle part au pays ne retrouve-t-on Ihomogénéité linguistique du Qué- bec, tout comme le va et vient des résidents et résidentes de la Terre Neuve ou des Territoires est spécifique 4 ces deux extrémités du pays. Faut-il voir aussi que nos médias locaux ou nationaux ne sont pas toujours une réflexion exacte de qui nous sommes surtout celles d’entre nous qui vivons & 'extérieur du Québec. Pas de quotidien de langue frangaise a l'ouest d'Ottawa, pas de programmation régionale de Radio Canada a Terre Neuve, et une seule revue féministe publiée a l'intention des femmes francophones vivant a l'extérieur du Québec ; et si les «Dames de Coeur» soulévent les problémes cruciaux des péche au lever du jour ou en montant a bord d'une gigantesque moissoneuse --en troquant leurs talons hauts et leurs serviettes en cuir pour des bottes de caoutchouc et un chapeau dur ! Tout ca pour dire que ce n'est pas seulement a Ottawa, Vancouver, Toronto et Montréal que les femmes travaillent a faire avancer les dossiers prioritaires des femmes : équité d'emploi et de salaire, garderies, avortement, libre-échange ; te Javiolence au foyer, lamise au point de l'action commune des femmes, “Ga préoccuppe aussi les femmes d’Edmonton, de Sudbury et de Port au Port. C'est ainsi que dans les Territoires on travaille a jeter les bases d'un premier regroupement des franco-tennoises, qu’en Ontario les femmes viennent de mettre sur pied un réseau de garderies francophones, qu’au Nouveau Brunswick une femme est nommée vice premiére ministre, qu’au Québec les femmes se retrou- veront et se féteront dans le cadre des Etats Généraux, pendant qu’a Terre Neuve les problémes de chémage et d’accés a l'éducation freinent |'évolution d'autres dossiers féministes. Entre-temps, on constate que l'accés a l'éducation supérieure est encore une grande aventure pour les femmes, que le libre-6change continue de susciter des arguments contradictoires dans sa perspective feminine et qu’a l'extérieur du Québec les femmes doivent davantage concilier leur engagement par rapport a la francophonie et a la condition feminine. L'autonomie des femmes c'est pour demain. Tout est en place surtout la volonté des premiéres concernées. Thérése Boutin femmes, je les verrais mal tenter de véhiculer leurs messages en partant pour la Militer un jour... militer toujours...? uinze ans aprés l'année internationale de la femme, cinquante ans aprés le droit de vote aux femmes du Québec, 70 ans aprés la victoire des suffragettes cana- diennes, on est en droit de se demander pourquoi encore militer, pourquoi encore se regrouper dans des organismes fémi- nistes, pourquoi toujours lutter... La réponse est simple. Les femmes elles-mémes sentent le besoin individuel et collectif de travailler ensemble d'une part, et d'autre part, la parité avec les hommes n’estpas encore chose faite, qu'on parle de salaire, d’autonomie, de respect, d’accés ou de représentativité politique. Sur le plan individuel, plusieurs femmes ont encore besoin de briser l'isole- ment soit parce que géographiquement elles sont loin des centres d'action et de décisions, soit tout simplement qu’elles sont au foyer ou dans un milieu de travail oll elles se sentent confinées et éprouvent le besoin de sortir et faire autre chose. Pour d'autres, c'est l'occasion de partager, d’é- changer, de s’ouvrir. Le regroupement donne a toute individue l'occasion de pour- suivre sa réflexion et par conséquent de se conscientiser davantage par rapport a elle- méme et par rapport aux autres, tout en expérimentant des nouvelles fagons de penser, de créer etd’agir. De plus, chacune peut mettre a profit ses qualités et ses habiletés de femme pour développer des nouveaux modéles, discours et comporte- ments. Au sein d'un groupe, elle retrouve un appui important pour sa démarche. Cet appui est ce qui fait la force du collectif. Car si une femme en tant qu’indi- vidue peut apporter beaucoup au groupe et en retirer de nombreux avantages, c’est la force de la collectivité qui fait avancer les dossiers. Car le regroupement augmente la visibilité et ainsi contribue a mieux faire connaitre les besoins et les intéréts des femmes ; il permet d’avoir plus de pouvoir pour revendiquer |'essentiel comme par exemple l’'autonomie, |’égalité ; il constitue une force pour exiger des programmes et des services pour répondre aux besoins de toutes les femmes ; enfin, il permet d’exer- cer une influence sur la prise de décision gouvernementale. Le collectif apprend aux femmes a tra- vailler de fagon concertée et leur assure une présence et une voix dans tous les dossiers d'actualité qui ont des répercus- sions sur leur vie de femme et sur celle de leurs enfants. C'est a la fois pourvoir 4 son présent et garantir son avenir. La grande force de la collectivité est la complicité et la complémentarité qui se dé- veloppe-entre les femmes, ce qui permet a chacune de s'afficher et de s’affirmer plutot que de rester la majorité silencieuse. Sile regroupement apporte satisfaction tantsurle planindividuel que collectif, pour- quoi toujours lutter ? Parce que nous sommes les mieux placées pour identifier nos besoins et y répondre. Parce que nous ne sommes pas au pouvoir ce qui fait que nous devons constamment formuler et re- formuler nos demandes et étre tres vigi- lantes pour voir a ce que suite soit donnée aux revendications. La lutte nous permet d’étre davantage présentes sur la scene politique la o se prennent les décisions. Femmes, nous sommes en grande par- tie les véhicules des valeurs humaines ; c'est nous en majorité qui passons le meil- leur de nos journées avec nos enfants ou encore qui oeuvront dans des domaines ou les enfants font leur apprentissage de la vie; et en tant que tel nous devons redou- bler de prudence. Nous devons faire en sorte que ceux et celles qui sont a nos législatures fédérale et provinciales ces- sent d’avoir des intéréts politiques compar- timentés et individualistes en faveur d'une grande globalisation. Les femmes ont déja laissé tomber nombre de frontiéres : elles combattent pour un meilleur environnement, pour la démocratie, pour la paix en sachant trés bien que ce qu’elles font pour le bien de 'humanité elles le font pour leur plus grand épanouissement. Thérése Boutin et Nicol G. Vinette Sa LTE La pleine égalité Ls Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme (CCCSF) rendait public en décembre dernier son rapport annuel 1987—1988. Le Conseil profitait de l'occasion pour demander au gouverne- ment fédéral de prendre les moyens pour que les femmes puissent atteindre la pleine égalité dans les domaines économiques, sociaux et juridiques d'ici a 1990. Le CCCSF a émis des recommanda- tions spécifiques par rapport a certains dossiers chauds de l’actualité tels que la violence conjugale, les services de garde, le logement et I'hygiéne de la reproduction. Ses membres ont étudié un total de treize thémes d'importance pour les femmes et leurs familles. La violence conjugale Les statistiques démontrent qu’a cha- que année un million de Canadiennes sont agressées physiquement et sexuellement ‘dans-leur foyer. Les victimes subissent également des mauvais traitements d’or- dre émotif et psychologique. Leur situation financiére laisse a désirer dans bien des cas. Il existe présentement une pénurie de maisons de transition pour femmes battues et leurs enfants. Le Conseil consultatif pro- pose de créer des programmes spéciaux d'aide aux familles dont les enfants sont perturbés et qui requiérent les soins de spécialistes. ll exige également que des mesures soient prises pour rendre les mai- sons d'accueil plus accessibles aux femmes isolées a cause de facteurs tels que la distance, la langue ou un handicap. Logement Le manque de logements a coiits mo- diques pour les femmes chef de famille est un probléme toujours aussi aigué. Ce type de locataires, tout comme les femmes du troisigme age, consacrent prés de 80 % de leurs revenus pour se loger. Les femmes handicapées, les veuves, les victimes de violence conjugale, les sans abri et les femmes divorcées viventtoutes les mémes contraintes dans ce secteur. Service de garde Prés de deux millions d’enfants d’age pré-scolaire au Canada ont besoin de ser- vices de garde. Actuellement, le gouverne- pour 1990 ment ne dispose que de 244,000 places en garderie, ce quine suffit pas a la demande sans cesse grandissante. Le CCCSF re- commande également la création de pro- grammes de garde pour répondre aux besoins particuliers des résidentes de mi- lieux ruraux, des immigrantes et des fa- milles autochtones. (Voir l'article "Les garderies franco-on- tariennes... un enfantement difficile.") Hygiéne de la reproduction Le Conseil définitlaliberté de reproduc- tion comme étant, avant tout, une question d'égalité. Il estime que les femmes congoi- vent, portent et élévent leurs enfants dans des conditions inégales dans notre société. L'organisme presse le fédéral de mettre & la disposition des fomuinies; partout au Ca- nada, des services d’hygiéne de la repro- duction qui comprennent des renseigne- ments sur la planification familiale, les méthodes contraceptives, l'éducation sexuelle et l'avortement. Le CCCSF pro- pose que ces services soient couverts par les régimes provinciaux d'assurance-mala- die. “Au cours de l'année qui vient, le CCCSF entend poursuivre son mandat qui est de conseiller le gouvernement fédéral en matiére de condition féminine et de renseigner le public sur les dossiers qui touchent de prés les femmes. Le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme existe depuis quinze ans. Andrée Germain et Guylaine Levesque ____CAHIER DES FEMMES, MARS 1989 — a eSer SHAM .CANIASG Ca AZIM AD