ew . 6 — Le Soleil de Colombie, vendredi 13 mai 1983 Voyages SO mR PET Un promeneur en voyage XVIII - Le retour vers le Canada Par Roger Dufrane [Suite] Du Square Marie-Louise dont j'ai peine 4 m’arracher, je descends vers la Place Saint- Josse. Ce quartier doit m’étre familier: j'y ai travaillé au- trefois. Et pourtant je m’éga- re. Cest l’église de la Place Saint Josse qui m’a induit en erreur. Je la placais, d’aprés mes souvenirs, d'un cété de la Place, alors qu'il fallait la situer de l'autre. En suite de quoi, remontant “da chausée dans la mav- vaise direction, je me retrouve tout prés du Square Ambio- rix, mon point de départ. La figure des villes change au cours des années. Tout change: les visages des gens, le tracé des rues, les enseignes. ot est la passerelle de la Rue du Vallon qui rejoignait, surplombant la rue, les deux parties d'un grand magasin. Envolée! Comme sont envolées les mar- chandes des Quatre Saisons et leurs voiturettes, les baraques a frites, et, il faut le dire, nombre de nos illusions. par aboutir, elle est toujours 1a, belle, élégante et désuéte dans la pérénité de son décor. Il faut.la voir en automne, vers quatre heures de l'aprés-midi. Les sempiternels touristes s'y font plus rares. Les Bru- xellois, aux terrasses, parais- sent reprendre ion de leur domaine. Le soleil bas, a nent sur les pavés et les verres aux terrasses. Jeud: 28 Matin. Le soleil brille et se mire aux fenétres des maisons. Qui eat cru que des vacan- ces en Belgique a l’automne fussent si ensoleillées? Cer- taines journées sont fraiches, les gazons mouil- és, mais la brume lumineuse poétise les choses. Dans ‘le quartier ot je loge, en marge du trafic automobile, les moindres bruits résonnent: le pas d’un piéton, un chat qui miaule, deux comméres ar- mées de leur cabas et qui discutent, des cris d’oiseaux. Les feuilles rousses et jaunes yent le trottoir éveil- souvenirs de lende- mains de féte, les fétes d’un chant la perfection du bon- heur ici, ailleurs, partout, et naturellement sans jamais trouver parfaitement ce que je cherche, je voudrais pouvoir ~ concilier le meilleur de deux mondes, ce qui ‘Test pas possible. a la fois pale et orange, ravive les dorures des facades. = La seule agence. de voyage francophone = Appelez Jacques 689-0461 Vendredi, samedt et diman- che. Trois jours d’efferves- cence avant le grand retour et par 14 méme confondus dans mes souvenirs, Vendredi ma- tin, visite 4 Uccle, au Nord de Bruxelles, chez une cousine qui posséde un arbre généa- logique de ma famille pater- nelle, et qui malheureuse- ment est absente. Je me console en arpentant les trot- toirs de la rue. Cette rue, od par coincidence, j'ai passé ma itre enfance, me rappel- le d’agréables souvenirs. Tét le matin, on y voyait les mar- chandes de lait avec leurs cru- chons logés sur une petite carriole trainée par un chien malinois. Parfois, de la fené- tre de notre appartement, on voyait en-bas, un saltimban- que avec sa viole montée sur roues et dont il tournait la manivelle. Une rengaine se répandait dans la rue et sur le toit de la voiture un singe gambadait. Senteurs baffriolantes L’aprés-midi, je vais dire au revoir a une autre cousine, toujours joviale malgré son Age. Le soir, visite a Stockel, a de jeunesse. Autre agréable souvenir, de nos vingt ans, celui-la. En ce temps-la nous chantions, jeunes gens et jeu- nes filles, dans les chemins de Nous" allions a ala Grand-Place: I’Hétel de Ville dans son écrin de pierre; les maisons des corporations, grises et dorées aux facades si délicatement ouvragées qu'on pense a de la dentelle de Bru-' xelles. Des senteurs baffrio- lantes de cuisine trainent dans les rues alentour, tandis que soudain, de l'une d’elles, on débouche sur la fontaine do- minée par la statue du plus vieux bourgeois de Bruxelles, le gamin au geste effronté, qui, costumé ou non, alimen- te la vasque qui murmure. Le dimanche matin, nous nous embarquons dans un city-hopper qui nous méne a Amsterdam, ot le DC10 du Canadien Pacifique va nous emmener a Vancouver. Deux incidents, l'un au départ de Bruxelles, l'autre en vol a partir d’Amsterdam. L’'aéro- gare de Zavethem. Contréle des passeports et billets: N’y a-t-il pas d’étiquettes pour les valises, dis-je & voix haute en it de ce qui m’ap- parait comme un carnet d’éti- quettes sur le comptoir, alors. qu'il s'agit des billets d’un ; -Tiche Arabe. Je bafouille une _ excuse, il sourit, et la famille s'esclaffe. Les montagnes, le calme A mon cété dans I’avion du Canadien Pacifique, une vicil- 2) a 0-0 oso aaeaer | Hastings Travel Ltd 0 RE ()