Le Soleil de Colombié,:Vendredi 24 novembre 1978 19 Le fait francais en Colombie-Britannique par Glen Cowley Un projet conjoint: Société Historique Franco-Colombienne: ee " istorique Fédération des Franco-Colombiens Franco-Colombienne Le Soleil de Colom bie traduit par Robert Lebel adapté et monté par Christiane Coté Les grandes explorations qui ouvrirent l’ouest canadien Troisiéme partie Résumé de la semaine ' derniére 1793: de TAlberta, Alexan- dre Mackenzie avec ses gui- des Canadiens-Frangais des- cend la Riviére La Paix [Peace River] afin de trou- ver un passage vers I’Ouest et la mer. La route jugée périlleuse mais riche en four- rures amena d’autres expé- _ditions et l’ouverture de postes de traite. En 1805, par exemple, Simon Fraser descendit la riviére et lais- sa au Lac MacLead, la Malice et 22 autres Voya- geurs qui fondérent le pre- mier campement habité de la province. Les années qui suivirent fu- rent marquées par l’ouver- ture de nombreux postes: Fort St-James, Fort Fraser et plusieurs autres établis, pour la plupart, par les Voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest. Les expéditions sur la Co- lumbia par Thompson et Fraser furent infructueuses: Thompson découvrit que les Américains avaient déja éta- bli un poste a son embou- chure et Fraser s’apercut que la riviére qu'il descen- dit jusqu’a la mer n’était pas la Columbia et lui donna donc son nom. Lui aussi _revint décu. ‘La Compagnie du Nord- Ouest décida alors de se consacrer au développement des territoires ot elle avait établi ses avant-postes: le _ commerce des peaux s’inten- sifia. La CNO acquit, en 1812, a la veille de la guerre qui éclata cette année-la aux Etats-Unis, un poste del’ “American Fur Trade Com- pany”, établi, l’été précé- dent, au confluent des Rivié- res Nord et Sud Thompson. Fort Thompson, aujourd’hui Kamloops, compléta le ré- seau de postes de la compa- gnie. Le premier courtier placé a la téte de ce fort fut un Canadien-Francais _ appelé La Rocque. A l’instar de Quesnel, La Rocque aban- donna le commerce de la fourrure pour retourner au Québec et descendre dans l’'aréne politique. Ainsi, en 1812, la Compa- gnie du Nord-Ouest détenait les Forts MacLeod, St-Ja- mes, Fraser, George, Thompson, St-John (dont les origines demeurent incertai- nes mais qui était bien établis 4 cette époque) et la Kootenay House ainsi que nombreux autres postes de traite de moindre impor- tance. Tandis que les Ecossais se caractérisaient par une mo- bilité croissante, les Cana- diens-Francais et les Métis se sédentarisaient pour colo- niser l’ensemble de la pro- vince. Bien des années auparavant, deux Canadiens-Frangais, Radisson et Groseiller, avaient découvert a l'Est un- nouveau territoire qui allait devenir la Baie d’Hudson. . Devant le manque d’empres- sement des Canadiens-Fran- cais a le développer, les Canadiens-Anglais s’en em- parérent et c’est ainsi que devrait s’allier les Voya- geurs. En 1815, la CBH recruta activement des Voyageurs pour offrir une concurrence plus soutenue ala CNOQ; le temps aidant, la CBH absor- ba la CNO et, en 1821, la Compagnie de la Baie d’Hud- son avait acquis le mono- pole du commerce de la fourrure en Colombie-Bri- tannique. Bien que la compagnie dépendit en grande partie des Voyageurs pour ses opé- rations, elle décida, lors de cette prise en charge, de transférer son siége social de Montréal a Hudson’s Bay: la CBH avait pris pied dans la province avec ses hommes et ses capitaux. En 1821, un poste fut érigé a l’endroit mmméme ou MacKenzie avait rebrous- sé chemin sur la Fraser: Fort Alexandria devait constituer la jonction entre les postes du Nord et ceux qui seraient établis par la suite au Sud. Rencontre de Voyageurs a un campement d’hiver indien naquit, en 1670, la Compa- gnie de la Baie d’Hudson (CBH). | Se contentant de faire la traite des peaux avec les Indiens habitant ces terri- toires, la CBH fut mise en difficulté par la dynamique CNO qui étendaaait ses ten- tacules de Montréal aux cé- tes du Pacifique. La CBH tenta-alors de concourir avec la Compa- gnie du Nord-Ouest en éta- . blissant des postes a l’inté- rieur des terres. Bien vite cependant, la CBH découvrit que, pour: ce: faire; -elle D’autres postes furent également fondés: Fort Kil- maurs en 1822, Fort Conol- ly et Fort Chilcoten en 1826, Fort Téte Jeune Cache en 1827, Fort Nass en 1881, Fort Simpson.en 1834 et Fort Babine en 1835. Les Canadiens-Francais et les Métis étaient de plus en plus isolés. Plus au Sud, en 1824, James MacMillan, accompa- gné de 39 hommes, partit du Fort George, situé a l’em- bouchure de la Columbia, pour explorer plus avant la riviéne, Fraser dans. J'inten- tion d’établir de nouveaux -postes. De toute évidence, les Etats-Unis allaient pren- dre sous leur contrdle les territoires au Sud du 49é paralléle et la Compagnie de la Baie D’Hudson avait déci- dé d’asseoir ses bases en territoire britannique. Baptiste Proveau, qui avait accompagné Fraser dans son premier voyage, faisait partie de cette expé- dition ainsi que le Métis Noél Annance et Michel LaFram- boise. ; L’expédition fut couron- née de succés et, trois ans plus tard, le 30 juillet 1827, ils revinrent sur leurs pas pour édifier le premier poste dans le Bas-Continent: Fort Langley fut construit par ces hommes qui avaient été rejoints par un groupe d’une quinzaine d'autres, parmi lesquels se trouvaient Louis Proveau, Pierre Charles et Sauvé. Le 2 juillet 1828 naquit Louis Langley, le premier enfant non-Indien a voir le jour. dans le Bas-Continent. Trois mois plus tard, 18 Voyageurs descendirent la Fraser en compagnie du Gouverneur Thompson, qui dirigeait alors la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le gouverneur ne cacha pas sa satisfaction 4 la vue du fort mais affirma qu’une plus grande superficie de terres arables serait bientét indis- pensable. Aussi, en 1839, un nou- veau Fort Langley fut érigé a quelques milles en amont: il fut aussi prospere que le précédent. Tandis que les Etats-Unis revendiquaient, avec une in- sistance grandissante, les. territoires du Sud du 49e paralléle, les Canadiens-An- glais étaient décidés a gar- der I'Ile de Vancouver sous leur contréle et érigérent, en 1843, le Fort Victoria. Le poste prit rapidement de importance pour devenir le quartier-général des opéra- tions de l'Ouest de la CBH. serait remplacé par un autre type de Canadien-Frangais qui, comme lui, allait s’iden- tifier aux terres sur lesquel- les il était venu s’installer. Pendant prés d'un demi- siécle le Voyageur avait colo- nisé la Colombie-Britannique en contrélant la nature mé. me de son développement. ‘Mackenzie au bord du Pacifique Sept ans plus tard, en 1850, il fut flanqué du Fort Nanaimo. Sur le continent, en 1848, Jason Ovide Allard partit du Fort Langley pour établir deux postes sur la Fraser: c'est ainsi qu'un Canadien- Francais fonda Fort Hope et Fort Yale. Plus au Sud, en Califor- nie, de l’or venait d’étre dé- couvert! Le commerce de la fourrure se ressentirait grandement de cette décou- verte et la ruée qui ne fai- sait alors que débuter allait s'étendre jusqu’en Alaska. Peu a peu, la Compagnie de la Baie d’Hudson était délaissée par ses employés, fascinés par le métal jaune et l’'appat du gain. D’abord lentement, pluis de plus en plus rapidement aprés que la premiére mine ait été ouver- te en Colombie-Britannique, en 1858. Il ne s’agissait alors plus pour la compagnie de conserver sa main-d’oeuvre mais bien de garder le controle des_ territoires qu'elle avait ouverts. Les_ postes- demeurérent mais la ruée vers l’or avit sonné le glas de la traite des peaux et, par conséquent, de la prépondérance des Cana- diens-Francais en Colombie- Britannique. Bien que le commerce de la fourrure ‘réussit 4 se maintenir, tant bien que mal, a ]'intérieur des terres et dans le Nord de la province, le destin du Voyageur était: scellé:_ il Les Canadiens-Frangais. maintenant coupés du Qué.. bec et isolés, ne seraient jamais plus l’élément fonda- ° mental de la colonisation: leur contribution demeurera néanmoins d’une grande si- gnification. Ainsi, ils servi- ront d’intermédiaires entre les Canadiens-Anglais et les Autochtones, constitueront et dirigeront des camps de pionniers, assoieront les re- vendications territoriales de la Grande-Bretagne et, d'une maniére générale, ouvriront le chemin a ceux, nombreux, qui les suivront dans leur aventure. Comme le commerce de la fourrure allait étre remplacé comme principale activité économique, par l’agricultu- re, l’exploitation des res- sources miniéres et forestié- res, les Canadiens-Francais allaient 1a encore s’affirmer. Mais bien avant que la ruée vers l’or ne déferle sur la province, un Canadien- ~ Francais muni d’une croix au lieu d’une pagaie, d'un sur- plis noir au lieu du costume bigarré du Voyageur frayait sa route vers |’Ouest: Je lien entre le Québec et la Colom- bie-Britannique allait étre renoué... La semaine prochaine: L’arrivée des missionnaires francophones.