Praeger BIEN LE BONJOUR par Annette Voyer (Cet article est dédié aux professeurs. du BC. dési- reux d’améliorer leur mé- thode d’enseignement.) Il y a belle lurette de cela. c’était a l’époque ow l’ins- truction n’était méme pas obligatoire. Cependant, on découvrait des écoles par- tout, méme dans les coins les plus reculés du pays. Le probléme n’était donc pas la. Le grand problé- me consistait 4 rencon- trer quelqu’un résigné 4a s’isoler au diable au vert, en échange d’un maigre sa- laire et dans des condi-- tions de travail pires enco- re! Qui aurait osé offrir une telle situation 4 une jeune fille bien préparée. Per- sonne.. On connaissait la réponse. Levant tres haut son joli petit nez, elle aurait dit: ‘Moi, institutrice de cam- pagne. Vous voulez rire. Je suis diplOmée et puis, j’en ai marre de la ferme, moi, Jenfiie-21 Ce fut pour ces raisons que Mme LaBonté, veuve d’un certain 4ge, trés res- pectable et religieuse, a- vait été nommée directrice et professeur del’école du Rang Zéro d’un minuscule village dans le grand Nord de notre beau pays. Ensei- _gner a une quinzaine d’é- léves de six a dix ans n’é- tait pas une sinécure mais Mme LaBonté était coura- geuse; ‘‘Ce qui doit étre fait, doit étre fait’, di- sait-elle. Déja, son pro- gramme était prét et elle le suivait scupuleuse- ment. La nomination de Mme Ia Bonté était donc un choix heureux. Ce que le cerveau des en- fants réussirait A encais- ser pendant ces longs 9 mois d’école, seul M. I’Inspecteur serait en me- sure de l’évaluer. Mais il se faisait rare, M. l’Inspecteur: une cour- te visite une fois l’an, ni plus moins ni moins, cela le 21 juin. Le 21 juin. C’était préci- sément le 21 juin, ce jour- 14. Quelle joie! Génée dans son corset, Mme LaBonté faisait nerveusement les cent pas dans la classe. Comme elle était fiére de ses petits! Ils étaient si mignons quand ils étaient ‘endimanchés! Tout 4 coup, on entendit le trot d’un cheval. **Le voi- ci’’ criérent les enfants. Mme LaBonté retoucha sa coiffure, jetaun coup d’oeil furtif dans son miroir; on frappa, une fillette ouvrit et M. l’Inspecteur entra. Oh! ce qu’il était bien, M. l’Inspecteur: de taille moyenne, les yeux verts, les tempes grises et une adorable petite moustache si bien taillée! J’oserais méme dire qu’elle invitait au baiser. Qui sait si le pouls de Mme LaBonté ne s’accéléra pas lorsqu’elle serra la main de 1’élégant de l’élégant visiteur. Le coeur est toujours jeu- ne. Vv pUle faa v ak BES caw} 6) ‘¢Bien le bonjour, M.’’! dit- elle, visiblement émue. _ Sans méme attendre le si- gnal de Mme la Directrice, les enfants attaquérent: ‘*].e voicil’agneau sidoux, le vrai pain des an. .an.. ges; le voici ’agneau_ si - doux, adorons-le tous’’. - Puis ils saluérent. Un sourire narquois il- lumina le visage dudistin- gué visiteur. - Asseyez-vous, mes en- fants, vous avez de jolies voix, ditil, mais il faudrait les cultiver. - Ca se cultive, ¢a, des voix, M.1’Inspecteur, fit un gamin. - Bien oui, mon garcon. -'Ca c’est dréle! J’en ai jamais vu pousser dans le jardin. Les gosses rigolérent. - Pour ca oui, M. 1’Ins- pecteur. - Somme toute, vous étes des gens trés heureux, n’est-ce pas, mes enfants. - Oui, M.1’Inspecteur, sur- tout quand il n’y a pas d’é- cole. Puis, s’inclinant légére- ment vers Mme Labonté, l’inspecteur ajouta: ‘‘Il ne faut pas trop’ exiger d’eux. Ils feront bien leur chemin, vous verrez! Les garcons’ se débrouil- leront, les filles se ma- rieront. De plus, les fem- mes ‘n’ont pas besoin de connaftre combien il y a d’étoiles dans le ciel pour faire des enfants. Cela, je présume que vous le savez aussi bien que moi, n’est-ce pas, Madame’”’. Mme LaBonté rougit lé- gérement: ‘*Comment o- sait-il’’. Un sourire 4 la fois iro- nique et séduisant anima les yeux du monsieur. L’embarras de Mme La- Bonté semblait l’amuser énormément. Juste au moment ot M. l’Inspecteur tentait de se lever, une question im- prévue le fit retomber sur son siége. C’était une fillette. Ce qu’elles peuvent 6tre embétantes, les filles! - M. 1l’Inspecteur, M. 1’Ins- pecteur, dit-elle. Ce sont les femmes quifont des enfants. Ca c’est. drdle, moé, je croyais que c’était - le Bon Dieu. _ Oh! 14 14! Monsieur sor- tit son mouchoir, s’épon- gea le front. ‘*Quite a - TOTSSISH. i ATA job’’, pensa-t-il’. ‘*Oh! ce n’est pas que cela soit dé- sgréable A condition de — ne pas flaner’’! Tl fallut qu’un gamin a- jouta son grain de sel: **Hé, les filles, dit-il, si vous voulez savoir com- ment ca se fait, les en- fants, venez dans ma gran- Gen Une hilarité incontrdla- ble envahit la classe. M. l’Inspecteur profita du désordre pour prendre son chapeau et annoncer: ‘*Allez, les gosses, vous étes en vacances’”’! - He! He! Criérent les en- fants, puis. subito presto, ils décampérent. Un coup de régle sur le pupitre de Mme la Direc- trice rétablit ]’ordre. - Ne perdons pas detemps, n’est-ce-pas, Madame. Passons 4 l’arithmétique. Je devrais dire au calcul mental. - Certainement, pecteur. - Moé! cria un autre gars. - C’est bon, écoute-moi bien: j’ai 12 pommes, je t’en donne 3, combien m’en reste-t-il. - Attendez un ti peu, M. l’Inspecteur. A voix basse, le gosse fit cette originale opération: ‘*5 doigts dans une main pi 5 doigte dans l’autre, ca fait 10, pi mon crayon et pi ma régle, ¢a_ fait -ca fait 12. J’Ote ma régle pi mon crayon pi je plie un doigt. . -¢a fait. . .c¢a fait NEUF”’! - Il vous reste 9 pom- mes. C’est ben ga, M. 1? Inspecteur. - Oui, c’est bien ga, mais tu y as mis du temps. Il faudra pratiquer beaucoup n’est-ce-pas, Madame. - Certainement, M. 1’Ins- pecteur. - Vous me permettez une M. 1|’Ins- _ derniére question, Mada- me. - Certainement, M. l’Ins- pecteur. - Toi, la-bas. Une fillette se leva. - Tu es trés jolie, lesais-_ fu. Ce que tout abonné o.” e doit savoir 1. La date d'expiration de votre abonnement apparait a la suite de votre nom sur votre journal. 2. Pour ne risquer d’étre . annulé, envoyez votre paiement avant ou pendant le mois de votre tate d'échéance. 3. Si vous déménagez, envoyez-nous votre nouvelle adresse (avec Vancienne) trois semaines avant votre démé- nagement. 4 N’hésitez pas a nous I ou a venir nous n’importe quel - Fat eme concernant abonnement ou le jour- Le Soleil de Colombie, 19 Mars 1976, 11 - Oui, M. l’Inspecteur. - Allons, peux-tu me dire qui a tué Abel. - Personne a tué Abel, M. l’Inspecteur. - Personne, sais-tu. - Voyez-vous le gars qui court 1a-bas dans le val- lon. Ce gars-la, c’est A- bel pi Abel c’est mon fré- re. Vous voyez bien que personne a tué Abel. comment le - Vous pouvez le croire, . M. l’Inspecteur, ajouta Mme la Directrice, nous ne comptons aucun crimi- nel dans notre petit village. Cette fois, M. 1l’Inspec- teur rit de tout son coeur. - Vous avez une classe in- téressante, Madame. Marchez. €a vous fera une belle jambe. a) | Marchez. Dés aujourd'hui. lettres cesucmrs BRAVO! March 17, 1976 Vive le Soleil! Avant de mourir, j’espére que je puisse parler francais. Vo- tre hebdomadaire est trés bon. Il m’aide beaucoup. (J’ai 70 ans). Sincérement Mme Marie Carr Travis Victoria - MERCI Monsieur, J’écris pour renouveler mon.abonnement au Soleil de Colombie. Je voudrais vous remercier premiére- ment, pour ne pas avoir terminé mon abonnement a la vraie date d’expiration. J’avais complétement ou- blié de vous payer. J’aime 4 lire le Soleil, parce que je suis étudiant en francais et veuxl’amé- liorer et aussi parce qu’il y a toujours dans votre journal des articles con- cernant les peuples de Van- couver. Mais je vous pose une question. Est-ce ‘que vous utilisez toujours la grammaire et les cons- tructions idiomatiques. Par exemple ‘‘il va sans dire’’ au lieu de ‘‘il s’en- tend’’. Je ne vous accuse pas; je ne veux que savoir pour ma connaissance. D’autres choses, je suis pour la télévision francai- se, si seulement pour des raisons personnelles. Je suis contre l’abattage des phoques et voudrais que vous suiviez les aventures de l’équipe du Greenpeace et en publiiez les articles. Comme je suis étudiant, je ne me sens pas assez ri- che d’inclure un donen ai- de au journal hors de mon abonnement. Merci beaucoup Sincérement. Doug Beames, Vancouver Merci, -M. Doug Beames, pour votre lettre. Concer- nant ‘‘grammaire & cons- tructions idiomatiques’’ ‘c’est évidemment ‘‘cela va sans dire’’ qui devrait étre employé. Le personnel du ‘*Soleil’’est trés limité du fait d’un manque de fonds et il peut nous arriver de passer sur des erreurs, et nous nous en excusons 4 l’avance. LA PONCTUATION ! Un jour Mlle de la Vir- gule fut demandée en ma- riage par M. de Tréma. Mlle de la Virgule refusa sous prétexte que M. du Tréma ~ était engagé a Mlle de la Cédille,. . .M. du Tréma, piqué au vif par ces paroles pronon- cées d’un accent aigu, ré- pliqua d’un accent grave: ‘‘Assez, Mademoiselle, - point d’exclamation, je ne souffrirai point: d’inter- rogation. Puis, ayant cour- bé la téte ensigne d’accent circonflexe, il sortit en serrant les deux points. - - (Extrait du Bulletin de la S.F.C.C. Calgary) - Campagne de souscription Obj GOUTTE A GOUTI« NOUVEAUX SOUSCRIPTEURS PERRET R.E. Sorrento, -VOYER Annette, Vancouver TRAVIS Mary C. ,Victoria,: CECILLON Emilie, Chilliw TOTAL A DATE S »C.B. $10.00 C.B. $ 1.00 ack, C.B. $ 5.00 :$20 000 C.B. ges. eaeR wa ss a oe es a ee