6 Education: «Enjeu National»-Volume II, Semaine du 19 mars 1990 La nécessifé d’importer nos professeurs par Ghyslain Charron on an mal an, les quatre provinces de l’Ouest et les deux Territoires re- cherchent 600 profes- seurs pour les écoles d’immersion et francophones de leur territoire. A chaque année, c’est une course contre lamontre, c’est une véritable expédition qui s’organise vers les universités de l’Est du pays. La réalité vécue dans les locali- tés de l'Ouest est propre a découra- ger n’importe quel administrateur scolaire: jeunes professeurs inex- périmentés, impossibilité de trans- mettre des valeurs propres a la com- munauté locale, frais accrus pour tenter d’attirer des candidats et ré- gions rurales souvent défavorisées. Lionel Rémillard, le surinten- dant du Conseil scolaire de High Prairie, en Alberta, préside un comité de quatre éclaireurs repré- i SS A St es ee 0 SS RR SA oe eS 9k ike TOE 752 Sa = = NI n i Dr 1 =f 2 SS ry |g << Sees i < Te Bas ee Gabe tine © Bedell 8 bf Apes oe Eee Ro S28 See iS es wn I O. 1; | @ =] ‘Bisbee Ay See Sar ge) age Nt SU eS BRS As bigs 2 " eaageeees «1 i] =. oO Tee] Sen 1 ise Sees Eis & = Bie Ss Seo: } dino aes | ee o| & | foe ee TS no ‘Sis e=ss- 3 PT 4 ee rt jae ce l Lae i I I I offerts en francais. UNIVERSITE D’OTTAWA i sentant 75 conseils scolaires de V’Ouest. Alberta et Saskathewan ... ll est moins couiteux d’importer des professeurs que de les former sur place... Ce groupe visite toutes les uni- versités du Québec, de |’Ontario et du Nouveau-Brunswick a la recher- che de futurs diplémés francopho- nes et bilingues souhaitant ensei- ee ee ee ee ee Pour demain ! Plus de 130 programmes UNIVERSITY OF OTTAWA ADMISSION = LIAISON 550, RUE CUMBERLAND, OTTAWA (ONTARIO) K1N 6N5 (613) 564-3928 gner dans les écoles d’immersion et francophones de 1’Ouest. Que ce soit le Manitoba, la Saskatchewan, 1’ Alberta, la Colombie-Britannique ou le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest, le probléme est le méme: il y apénurie de professeurs. Sur le plan de Ja formation, |’ Al- berta est la plus chanceuse. La Faculté Saint-Jean, a Edmonton, et les universités de Calgary etde Leth- bridge réussissent 4 former une centaine d’enseignants a chaque année. A Régina, par contre, une vingtainé ont gradué I’an dernier. Une trentaine compléteront leurs cours cette année. Dans les deux provinces, lesressources humaines, pédagogiques et financiéres sont insuffisantes d’autant plus qu’il est moins couteux d’importer des pro- fesseurs que de les former sur place Le Nouveau-Brunswick en fait les frais. Rodrigue Landry du Cen- tre de recherche de l’Université de Moncton soutient que la pénurie est latente. ° Concertation D’ici cing ans, elle sera 1a. C’est pourquoi tous les intervenants sco- laires se concertent pour trouver des solutions qui répondent vrai- ment a la réalité de demain. Mais selon Ronald LeBreton de 1’ Asso- ciation des enseignants et ensei- gnantes francophones du Nouveau- Brunswick, la crise sera causée par le fait qu’au début de l’an 2 000, cinquante pour cent des trois mille professeurs auront droita la retraite. Une variété de solutions est envisa- gée dont la formation d’un nombre accru de nouveaux maitres et la possibilité de garder sur le marché du travail des centaines d’ensei- gnants qui le souhaiteraient. L’Alberta, quant 4 elle, a déja modifié son approche dans ce dos- sier car depuis deux ans, la Faculté Saint-Jean forme des enseignants francophones spécialement pour les écoles et les programmes de la minorité francophone. Toutefois, les ressources et les fonds sont insuffi- sants. Pis encore, le ministére de V’Education de |’Alberta ne veut pas accroitre le budget de la forma- tion des maitres quand de fait, il existe un surplus de personnel an- glophone et francophone dans le corps professoral déstin€ aux éco- les anglaises. Une étude du Service de recherche du ministére démon- tre qu’en 1989, ce surplus était de 800 enseignants. Conséquence: puisqu’en raison des compétences linguistiques les enseignants peu- vent difficilement effectuer le trans- fert des écoles anglaises aux écoles francaises et d’immersion, ces der- niéres sont forcées de recruter a !’extérieur de la province, alors que dans les écoles anglaises on de- mande souvent a des professeurs d’enseigner des matiéres pour les- quelles ils n’ont pas nécessairement la formation, l’intérét ou les aptitu- des. Ignorance de la réalité La formation des maitres est- elle adéquate? «Pour les écoles d’immersion et francophones, les dipl6més du Québec pour la plupart sont compétents mais ils ignorent tout de la réalité des francophones hors Québec, dece que cela signifie vivre en milieu minoritaire», af- firme M. Rémillard. Leur intégra- tion 4 la communauté est souvent difficile et plus d’un décident de rentrer aprés un an ou deux. Ce sont en général les communautés rurales qui en paient la note, elles qui doi- vent maintenir la qualité de l’édu- cation dans un contexte de fort roulement de personnel. Les nouveaux professeurs for- més pour le marché de!’ école d’im- mersion sont-ils compétents pour enseigner dans les écoles franco- phones? «Non», répond Yvon Mahé, le directeur de l’école Héri- tage, a Jean Coté, dans la région de la Riviére-la-Paix, en Alberta. Se- lon lui, on ne peut pas comparer une école homogéne francophone a une école d’immersion. Les besoins éducatifs, pédagogiques et cultu- rels sont complétement différents. Quant a Viviane Beaudoin, prési- dente de la Fédération des parents francophones del’ Alberta, elle sou- tient «que si la formation offerte aux enseignants est orientée vers l’école d’immersion, soit l’appren- tissage du francais langue seconde, elle ne peut répondre aux besoins des éléves des écoles francophones dont le frangais est la langue mater- nelle». Au Nouveau-Brunswick, c’est trés simple, «immersion, c’est pour les Anglais», affirme Ronald LeBreton de l’ AEFNB. «... Les diplémés du Québec pour la plupart sont compétents mais ils ignorent tout de la réalité (...) en milieu minoritaire... ». — Lionel Rémillard C’est pourquoi au sein du minis- tére de l’Education, il y a deux sys- témes autonomes et totalement in- dépendants. Et, conclut Viviane Beaudoin, c’est 14 que «les franco- phones de tout le pays se rejoignent. Seule 1l’école francophone peut transmettre les valeurs et la culture delacommunauté francophone». i Ghyslain Charron est journa- liste-pigiste au Manitoba )