Le vendredi 4 juillet 1997 15 la contrebasse a toutes mesures Originaire de la ville de Québec, jouant de Ia basse électrique, André Lachance se laisse convaincre par des amis musiciens de prendre la route de T’Ouest. En sept ans, au rythme de Vancouver, il s’est laissé gagner par la sonorité bien particuliére de la contrebasse et des mesures éclatées du jazz. e Soleil : Qu’est-ce qui a poussé André Lachance, bassiste, & POuest tremplin & sa carriére de choisir comme musicien ? A.L. : Javais fait un démo avec des amis musiciens a Québec. Ils connaissaient un professeur de Université Laval = qui enseignait 4 Vancouver. Sans me le dire, ils ont fait une demande d’inscription pour moi au programme de jazz, au eollége Capilano de North Vancouver. Etant donné que ancien jen’aimais pas forcément mes études en sciences pures a Québec, j’ai décidé de les suivre dans |’Quest, question de voir un peu. Finalement, jai fait le programme de jazz (contrebasse) de trois ans & Capilano. L.S. : Comment étes-vous venu au jazz et a la contrebasse ? A.L. : Paimais jouer du rock, puis j’ai écouté du fusion et je suis venu, de facon toute naturelle, au jazz. La basse électrique ne se prétait pas forcément au style jazz acoustique, alors j’ai essayé la contrebasse et j'ai adoré ga. Maintenant, je joue toujours de la basse électrique, mais je me —_consacre presque enti¢rement a la contrebasse. L.S. : Quel est votre rapport avec la contrebasse ? A.L. : C’est un rapport trés physique. A cause de la place dus contrebassiste — dans Vorchestre ; il est le lien entre les autres cordes, la batterie et les percussions. Faut évidemment connaitre les harmonies, mais surtout travailler le rythme. Jessaie toujours de m’améliorer au niveau rythmique. C’est une quéte de musicien qui n’arréte jamais : développer un son bien personnel, comprendre le rythme et m’adapter dans tous les contextes musicaux. Lorsqu’on se familiarise avec la contrebasse, on doit travailler Vintonation. C’est un instrument qui demande de l’endurance au niveau des doigts, des mains, des poignets. Tu beaucoup de gymnastique pour acquérir la _ force nécessaire. Au début, aprés avec la dois faire quinze minutes contrebasse, tu n’en peux plus. Il faut continuellement fournir une forte pression des doigts pour garder une bonne sonorité. N’ayant pas de frette, il y a plus d’écart a couvrir pour les doigts. Aussi, je dirais qu’accorder une contrebasse, c’est 50 % Voreille et 50% le; reste de ton corps. L.S. : Avec quels groupes jouez-vous surtout ? A.L. : Jévolue avec trois & groupes réguliers. Kate Hammett- Vaughan, en duo (voix et basse) et en quartet, avec le groupe de Brad Turner, dans Festival international de jazz de quatre Avec le cadre du Vancouver, et avec lan McDougall, tromboniste de Victoria. Je me sens trés a l’aise avec tous ces musiciens. Et ces trois formations sont trés différentes. Je passe d’un extréme du jazz 4 l'autre. L.S. : Est-ce facile pour vous de vivre en tant que contrebassiste & Vancouver ? A.L. : Il faut dire que j'ai été chanceux. Depuis quatre ans, je vis de ma _ musique. Venseigne la contrebasse & Capilano pour le programme de jazz et je joue réguliérement avec plusieurs groupes. L.S.: Vancouver vous semble- t-l une ville ouverte sur le jazz ? A.L. : Il n’y a pas vraiment dendroit & Vancouver a vocation « jazz ». Ici, c'est plutét la formule restaurant, bistro, ot l’on doit surtout jouer des « classiques ». Il nexiste pas, comme Aa Toronto, de véritables clubs de jazz. L. S. : Quelles ont été vos surprises, vos coups de coeur durant lédition 1997 du Festival de jazz de Van- couver ? A.L. : Je n’ai pas eu l’occasion daller & plusieurs spectacles, puisque j’ai joué a treize reprises. Par contre, la semaine derniére, j’ai eu la chance d’entendre Michiel au violoncelle. C’était incroyable. Ca m’a renversé. L.S. : Avez-vous des projets de spectacles et d’enregistrement ? A.L. Avec le groupe d’lan MacDougall, je vais partici per & un concours de jazz acoustique & Montréal la semaine..prochaine. Nous. allons aussi donner quelques concerts au Québec. Coté enregistrement, avec le groupe de Brad Turner, nous sommes sensés aller en studio pour quelques piéces interprétées dans le cadre du Festival de jazz. On a d’ailleurs partici pé fin juillet réunir a l’émission « Jazz Beat » de Radio-Canada. Sinon, au niveau. des spectacles, je continue avec Kate tous les dimanches de *été au Latin Quarter. Dans un registre trés différent, je serai avec le groupe MoFunk Collective, la premiére fin de semaine daoit au Chameleon Urban Lounge. André a ensuite pris sa contrebasse pour la séance de photos. Et c’est la que je me suis rendue compte que les mots, méme bien choisis, ne peuvent rivaliser avec les notes profondes et sensuelles d’une contrebasse. PROPOS RECUEILLIS PAR JOHANNE CORDEAU Pierre-André Sonolet