6 Le Soleil de Colombie, vendredi 12 décembre 1980 Inauguration du cycle _automne-hiver de I'Alliance Francaise Aléxandre SPAGNOLO Ces jours derniers, M. Jean-Pierre Joannidés, directeur del’Alliance Frangaise, a inauguré le cycle automne-hiver des manifestations culturelles de ce Centre d’Etudes, en présentant, devant une salle comble, son invité d”honneur en la personne de M. André Camp. ; M.A. Camp est le conférencier officiel - disons itinérant - de l'Alliance Frangaise. I] ajoute a ce titre, plusieurs autres, dont: — président du syndicat professionnel de la critique dramatique et musicale. - rédacteur en chef de la revue “l’Avant-Scéne”, - Secrétaire général de l’Association Internationale des Critiques du théatre. M. Camp a, également plusieurs cordes a son arc: - Historien. A publié des études hispaniques sur les auteurs de l’Amérique latine, -Journaliste statutaire atta- ché a ’ORTF, - Médaillé de la Résistance sous la France libre et King’s Medal of Courage et Medal of Freedom. M. Camp est originaire du Languedoc, donc occitanien. On sait que l’Occitan désigne parfois les dialectes des langues d’Oc, soit le proven- cal, le dauphinois, |’auver- gnat, le limousin, le gascon et méme le catalan or Camp ou Camps est un nom catalan. Son exposé liminaire, d’ailleurs le théme de sa conférence était l'Aventure de Jean Vilar ou histoire du Théatre National. Populaire (TNP) et le Festival d’Avi- gnon. Le Théatre National Popu- laire est l’art de la communi- cation 4 plusieurs niveaux, done un art populaire. Les thétres étaient un art a ciel ouvert, a l’époque paienne par exemple, comme celui de Dionysios avec ses 50,000 spectateurs, a celles des grecs et romains, avec des spectacles durant des dix heures sur des places publiques, 4 celle du Moyen- Age, également un art a l’air libre mais déja dans les salles... enfumées. Puis, par des étapes successives, il a glissé vers le théatre des élites: monar- ques, princes, nobles. La Révolution Frangaise n'a pas fait grand’chose, mais a pro- clamé la liberté d'action des théatres, qui en 1806,. fut abolie, pour étre rétablie en 1866, mais avec certaines régles concernant la sécurité dans les salles. Plus prés de nous, c’est en France la popularité des _ soixante Théatres des Boule- vards qui atteignent certai- nes couches de la population, mais pas encore toutes. Ils sont un public alvéolé dans des loges, des baignoires, des fauteuils d’orchestre.... Avec lesidées socialistes quis infiltraient peu 4 peu dans les couches d'une popu- lation se jugeant frustrée, le besoin de réels théatres populaires se dessinait; ce fut celui de Busson. Les Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy (1873- 1914), qui révélent son dme ardent et son esprit avide didéal, conciliant ses aspira- tions de chrétien et de socialiste, comme les oeuvres de Romain Rolland (1866-1944) instillérent, dés 1908, Vidée du théatre nouveau pour un peuple nouveau. Le célébre Firmin Gémier (1869-1933) fut le premier a concevoir la plate-forme des grandes foules délaissées, il produisit des piéces au Cirque d’Hiver, afin de réali- ser la fusion de toutes les couches de la population. En 1920, c’est le T.N.P. au Palais du Trocadéro, cet édifice construit sur les hauteurs de Passy al’occa- sion d’Expo 1878, reconstruit sous le nom de Palais Chaillot pour l’Expo 1937. Gémier passa au Théatre de l’Odéon et Jean Vilar s’assura des destinées du T.N.P. Ile considéra comme une nourriture, au méme titre que le pain et le vin. On n’oublia pas de présenter, 4 des prix trés abordables, les anciens, Moliére, Racine, Corneille, etc... Il regut plus de quatre millions de specta- teurs. Le coup d’envoi était bien lancé. Il atteignait les étudiants, les membres des professions libérales, beaucoup moins les ouvriers et les paysans. I] porta la jeunesse 4 amorcer |’étude de la culture et de la politique. Qui était Jean Vilar? Néa Séte, patrie de Paul Valéry, en 1916. Acteur et metteur en scéne, de nature timide et taciturne, mais fut I’éléve du célébre Charles Dullin, du Théatre de!’Atelier, celui qui fit connaitre Luigi Pirandello (Prix Nobel) en France. Durant la guerre mondiale II, Vilar créa le théatre itinérant, “La Roulotte”. Son succés fut percutant. En 1947, Vilar se hasarda a Avignon, ce fut le triomphe du festival d’Avignon, qui devint depuis le festival annuel: en cela, il fut aidé par Gérard Philippe, Daniel Sorano, Georges Wilson. Puis Villeurbanne (arron- dissement de Lyon) devint le centre du T.N.P. Ala mort de Jean Vilar, Georges Wilson prend la suite du TNP mais le lachera plus tard 4 cause de certains découragements. La TV Radio-Canada (Chaine 7) présente actuellement “La Lumiére des Justes” d’aprés Yoeuvre d’Henri Troyat, ot nous pouvons admirer Georges Wilson dans son réle de l’autoritaire noble russe. Depuis le TNP et son corollaire le Festival d’Avignon continuent sur leur lancée avec un succés certain. L’auditoire de |’ Alliance Francaise a eu l’occasion Conférence de M. André Camp d’entendre les voix de Jean Vilar, Gérard Philippe et Daniel Sorano, au cours d’un enregistrement sur bande magnétique d'une entrevue avec M. André Camp, au centre de l’ORTF. C’était captivant, d’autant plus que les trois interlocuteurs ne sont plus de ce monde. Tout enremerciant M.A. Camp pour sa brillante confé- rence, nous lui souhaitons grand succés au cours de ses prochaines conféren- ces dans plusieurs villes du Canada, dont le lointain Halifax et a M. J.P. Joannidés pour avoir inaugu- réle cycle des manifestations culturelles avec un éminent conférencier. TELEPHONE 604/682-3664 Avocats — Notaires . 2A. D. P. MACADAMS litiges civils — droit familial ‘langues: francais et anglais‘ - CUMMING, RICHARDS |. UNDERHILL, FRASER, SKILLINGS TELEX O04-54467 600 BANK OF CANADA BUILDING 900 WEST HASTINGS STREET VANCOUVER, B.C. V6C IGI i 2D I pit ih as fe ¥< \