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CETTE TRIBUNE LIBRE VOUS APPARTIENT

Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 3 novembre 1995 - 2

Lettre ouverte
aux Québécois
et quebécoises,

Est-ce que quelqu’un peut
m’expliquer pourquoi les leaders du
Parti québécois et du Bloc québécois
veulent donner gratuitement neuf
dixiémes des provinces canadiennes
aux Anglais? Louis XV a donné la
Nouvelle-France (“quelques
arpents de neige”) aux Anglais en
échange pour la Guadeloupe.
Napoléon a vendu la Louisiane aux
Américains pour une somme
dérisoire. Mais nos leaders actuels
veulent vraiment se distinguer. Is
veulent donner le Canada aux
Anglophones!

J’enseigne 4 un groupe de
jeunes francophones dans le petit
village de Sechelt en Colombie-
Britannique sur la cdte ouest du
Canada. Il ya denombreuses classes

LES LENDEMAINS DE LA VEILLE..

Abonnez-vous au seul hebdomadaire
de langue francaise en Colombie-Britanni

Envoyer au:
de Colombie, 1645, 5iéme avenue Ouest,
“ Vancouver, V6J 1N5, tél: (604) 730-9575

comme Ja mienne un peu partout
dans toutes les provinces de ]’Ouest.
Ces programmes francophones
existent grace a la détermination de
nos gens de maintenir leur langue et
culture canadienne-francaises dans
toutes les régions du Canada. La
culture francophone, qui habite cette
province depuis 200 ans, serait sans
doute beaucoup moins présente
dans 1’Quest aujourd’huisinos droits
n’étaient pas protégés par la Charte
des droits et des libertés du Canada.
La charte protége les minorités de
langue officielle partout au pays.
L’existence des programmes pour
francophones et les nombreuses
écoles d’immersion accroissent la
demande pour du matériel éducatif
et culturel frangais, livres, disques,
etc. ce qui aide 4 donner un essor a
laculture francophone en Amérique.

Si la majorité des citoyens et
citoyennes du Québec votent pour
la s€paration, les francophones hors
Québec perdront presque
certainement leurs droits aux écoles
francaises. La culture francophone

Date exp.:

en Amérique sera d’autant plus
appauvrie. Le Canada est un des
membres de |’organisation des pays
francophones du monde. Il
deviendra a coup sir, unilingue et
anglophone si le Québec cesse d’en
faire partie. Je vous demande donc
de voter pour le Canada et d’appuyer
vos fréres et soeurs francophones.
dans toutes les régions du pays. Je
vous demande de ne pas céder votre
droit a un Immense __ pays
francophone qui s’étend d’un océan
a l’autre.

Respectueusement,
Roger Lagassé, Instituteur

Le24 Octobre 1995
La Rédaction,
Le Soleil de Colombie

Je suis encore toute abasour-
die par ce que je viens de lire!!! il
semble que tout le numéro du Soleil
en date du 20 octobre soit consacré
au départ dela rédactrice...S’il fallait
que chaque personne congédiée
dans le monde actuel fasse le méme
tapage, ot serions-nous donc?
Nous aurions sans doute recours au
Prozac!

Depuis deux semaines c’est
comme si c’était la seule nouvelle
digne de mention dans les médias ...
ce fut la radio, puis la télévision, la
chronique des éditoriaux de Radio-

Canada dans son “’Ce Soir’? dul.

jeudi, le journal le Soleil et encore
aujourd’hui, le journal télévisé “’Ce
Soir’’. Ce n’est certainement pas le
prermiére fois qu’un rédacteur est
remercié et ce ne sera probablement
pas la derniére non plus. Cela n’em-
péchera pas le journal de paraitre,
Dieu merci!

Il est malsain de “”laver son
linge sale en public’’, c’est un signe
denon maturité, d’infantilismecriant
et qu’y gagne-t-on? Le lecteur n’est
pas impressionné, le seul perdant
dans tout cela étant celui qui injure...
Cela ne sert ni I’intérét du lecteur,
encore bien moins celui de la per-
sonne congédiée, c’est une grave
erreur de professionalisme. Agir
ainsi ne peut certainement pas ga-
rantir un avenir bien brillant...Mais
ou est donc passée la loyauté dans
tout cela?

Une lectrice fideéle,
HuguetteGAGNON,
Surrey

Le Soleil

Toute correspondance doit étre adressée au Soleil.
1645, Seme avenue Ouest,
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Fax: (604) 730-9576.
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Tél (613) 241-1017-Téiee. : (613) 241-6193

Chers Amis du
Québec,

Cette lettre contient des
souvenirs d’enfance, une histoire
d’amour et une réconciliation.

Je crois profondément que le
ressentiment que certains d’entre-
vous éprouvent envers le Canada
anglais n’est pas seulement relié a la
politique, au commerce, 4 la dette
publique, la Constitution, les accords
de Meech Lake ou aux dates de 1759/
63. Ce ressentiment prend racine
dans |’Age Noir de Phistoire, avant
la conquéte de la Grande Bretagne
par le duc William de Normandie en
1066. Il va ensuite perdurer durant
des centaines d’années de guerres
entre la Grande Bretagne etla France,
guerres qui eurent souvent lieu sur
le sol frangais et allaient cesser
lorsque les Canadiens frangais se
joignirent aux Canadiens anglais
dans les tranchées et sur les plages
de France lors des deux guerres
mondiales, non seulement pour
assurer la liberté del’ Angleterre mais
aussi pour libérer la France, votre
Mére Patrie, de la tyrannie des
envahisseurs allemands,

Ce ressentiment couve
depuis des centaines d’années, mais

ila été ravivé plus réecemment par les
deux cotés. :

Durant les années trente,
lorsque ma famille déménagea de
!’Ontario pour venir _s’établir a
Montréal, mes premiers mots en
frangais furent “Maudits cochons”,
injures qu’enfant nous nous nous
lancions les uns aux autres dans la
rue. Ma mére était alors bien
déterminéee 4 ne jamais me mettre
dans une école_ religieuse
francophone ou j’aurais pu devenir
bilingue, car cela était, soit-disant,
totalement inutile. “Ils parlent tous
anglais, 4 quoi bon se forcer?” En
fait la véritable raison était, qu’en ce
temps-la, le systéme québécois
d’éeducation avait la réputation
d’étre inférieurau systéme canadien.

A cette époque, une telle
attitude avait pour conséquence que
les Québécois étaient souvent traités
en citoyens de troisiéme classe ou
en paysans, et que les emplois qui
leur étaient disponibles se limitaient
a des postes de serviteurs, de
garcons de bureau, ou que les

positions qui leur étaient attribuées

offraient d’infimes chances en

; possibilités d’avancement.

Et bien, en voila assez de mes
souvenirs d’enfance. Vous et moi

Président-directeur : Jacques Baillaut
Assistant a la direction: Jean Pierre
Poissant

Administration et gestion : Sandrine M.
Lejeune

Caricaturiste: Yvan Brunet

avons grandi et notre maturité nous
place au-dessus de nos
ressentiments. L’heure est a la
réconciliation et a l’oubli du passé
ou alors aucun avenir ne pourra étre
envisageable de part et d’autre.
Depuis que j’ai quitté le
Québec en 1956, vos yeux se sont
ouverts en lisant des auteurs comme
le Frére Untel, ses articles etson livre
“Les Insolences”. Vous avez eu
votre “Révolution Tranquille” et
maintenant le Canada se réjouit de la
prise de conscience de votre propre
identité et de votre propre potentiel;
Tout cela est arrivé alors que vous
faisiez toujours partie du Canada.
Maintenant |’éducation met
a notre disposition un systéme
d’enseignement et des éducateurs
dont nous pouvons étre fiers.
Systéme qui permet 4 nos jeunes
gens de choisir leur place avec fierté
n’importe ot au pays et dans le
monde, pour y travailler en en droit,
médecine, sciences, affaires, et arts.
Au cours des vingt derniéres
années, je suis retournée plusieurs
fois au Québec. Quand |’autobus de
l’aréeoport qui traverse les rues
familiéres et passe devant les lieux
de mon enfance que je connais si
bien pour me ramener chez moi, la
joie m’envahit J’ai séjourné dans un
bon hotel 4 |’est de Ja rue Main (ce

' qui était impensable il y a de cela

quelques années). J’ai traversé a
pied le Vieux Montréal sur des
kilométres et je suis retournée sur
mes pas le long de Sherbrooke,
Dorchester (excusez-moi, Lévesque),
Ste-Catherine et les rues de St-James.
Jai parlé 4 des chauffeurs de taxi,
des vendeurs dans des magasins,
des coiffeurs, des hommes d’ affaires,
me suis mélangée a cette foule dans
le métro, dans les galeries d’arts, lors
de concerts sur la Place des arts,
dans des restaurants et des parcs, et
j’airevumes Laurentides que j’adore,
dévoilant la beauté de La Belle
Province, son charme et la
merveilleuse conservation de son
histoire. Une histoire qui marqua le
début de notre glorieux pays, le
Canada - une histoire que nous avons
partagée quand nous avons défendu
notre pays durant la guerre de 1812.

Je me rends compte que
j’éprouve un amour, un amour
profond pour notre province et pour
vous les Québécois, avec vos
visages vivants et éclairés, votre
démarche rapide, votre style, votre
jeie de vivre et les sons de votre
langue ainsi que votre acceptation

(suite p4;

Infographisme: Joseph Laquerre
Correspondant national : Yves Lusignan
(Agence de presse francophone)
Collaborateurs : Nigel Barbour, Sara
Léha, Marie Michaud, Richard Beamish,
Genevieve Gouin, Constantin Zaharia,
Odette Morin, David Bond, Caroline
Tessier, Danielle Dufour, Huguette Gagnon,
Jeanne Baillaut, Yvan Tremblay, Maurice
Gagnon, Genevieve Gouin, (Correspondante
de Montréal.

Ouverture du journal : 9h a 17h, du lundi au vendredi

L'abonnement annuel coite 28$ au Canada, 58$ a l'étranger.

Le journal Le Soleil de Colomble-Britannique est publié par Le Soleil de Colombie
Ltée. Enregistré comme courrier de deuxiéme classe. No 0046. - TPS No R 103242624

Impression : Horizon Publications

Hebdomadaire fondé en 1968 par André Piolat