de liaison que les membres de la Fédération. Ce que l’on demandait a l’agent de liaison était presque impossible. II lui fallait étre agent de liaison, administrateur, agent de relations internes et publiques, spécialiste en animation, en éducation, en coopération, rédacteur du magazine "L’ Appel", bref, il lui fallait faire le travail de dix et plus. C’est 4 ce moment également qu’il y eut une résolution des membres mandatant la Fédération de revendiquer |’ école pu- blique de langue francaise, et ceci, malgré l’opposition des paroisses. Pour la premiére fois, la Fédération dissociait l’éducation en frangais de la religion catholique. Ce fut la ‘scission entre la Fédération et les paroisses de Maillardville qui croyaient que l’organisme qu’ ils avaient aidé 4 créer en 1945 reniait et abandonnait les écoles catholiques. Les mémoires et revendications auprés du ministére de l’Education portérent finalement fruit. Le ministére accepta, en 1968, de créer un secteur francais 4 l’école publique a Coquitlam. On souhaitait que cette expérience déboucherait sur la création d’un programme officiel d’enseignement en frangais pour la province. Hélas, le programme devint un pro- gramme d’immersion. L’année suivante, l’adoption de la Loi sur les langues officielles insuffla une nouvelle énergie dans la communauté francophone de la province. La Loi donna naissance 4 |’ action socio- culturelle du Secrétariat d’Etat et aux subventions pour les groupes. Ceci permit la formation d’animateurs communau- taires et la Fédération put rejoindre et former nombre de lea- ders qui redonnérent un élan a la francophonie de la c6te ouest. On opta également pour une nouvelle structure de fonction- nement et une nouvelle orientation. On changea de nom en passant de la Fédération Canadienne-Frangaise de la Colombie- Britannique 4 la Fédération des Franco-Colombiens. On dé- plaga le siége social 4 Vancouver et on créa le poste de directeur général. On se distancga également du membership individuel pour aller vers un membership associatif. On confirmait le caractére fédératif de l’organisme en remplacant l'association d’individus dans une grande corporation par |’ union d’une variété d’ organismes et d’ institutions locales et régionales, une «Fédération de mouvements pour des fins particuliéres». Du cété des revendications, on présentait des mémoires au minis- tre del’ Education demandant |’ établissement d’ écoles frangaises oi I’on enseignerait en francais et non le francais. On voulait l’enchdssement du frangais comme langue d’enseignement dans la Loi scolaire. La victoire fut obtenue en 1978 avec I’ ouverture du Programme cadre de frangais. Prés de 600 éléves furent ins- crits dans dix commissions scolaires et un service de langue fran- aise au sein du ministére fut créé. On approuva également un soutien au Canadien Parents for French dans leurs démarches pour lobtention de classes d’immersion frangaise. On demandait aussi la télévision en frangais. La Société _ Radio-Canada avait étendu «sa voix» jusqu’a la c6te du Paci- fique en 1967. Il s’agissait maintenant de lui faire étendre son signal de télévision. Suite a la présentation d’un mémoire aux audiences de la C.R.T.C. et I’ obtention d’appui d’ organismes anglophones et francophones, la télévision francaise de Radio Canada fit son entrée en ondes le 27 septembre 1976. L’élan se poursuivit. Le développement culturel de la com- munauté faisait l’ objet des activités du Conseil culturel franco- colombien. II y eut la fondation de plusieurs nouvelles as- sociations, notamment 4 Nanaimo, Kelowna, Vancouver, Campbell River, Maillardville, Comox. Ces années virent aussi la création d’ organismes culturels (chorale, théatre, histoire), de parents, de jeunes et de gens d’affaire. En ce qui concer- nait sa vocation politique, la Fédération regut le mandat d’exercer des pressions sur le gouvernement provincial afin de faire exclure les francophones des groupes ethniques: on exigeait la reconnaissance officielle comme un des peuples fondateurs. On lui demandait aussi de recevoir les plaintes des citoyens qui se sentaient lésés dans leurs droits de franco- phones et d’acheminer ces plaintes 4 qui de droit. La Fédération continua 4 raffiner ses interventions politiques. Lors du référendum au Québec en 1980, elle adopta une posi- tion de non-ingérence et reconnaissait le droit des Québécois a4 l’auto-détermination en stipulant que la situation au Québec était le résultat d’une politique continue d’inégalité a l’égard des droits des francophones sur |’ensemble du territoire canadien. L’organisme provincial insistait sur la nécessité de réforme constitutionnelle visant une nouvelle entente fondée sur le principe d’égalité des droits des deux peuples fonda- teurs, sans porter préjudice 4 ceux des autochtones. La Fédé- ration réclamait également la participation des francophones hors Québec au processus de réforme. Elle maintint ces posi- tions pendant les années de discussions constitutionnelles et fut active dans les débats entourant les accords du Lac Meech et Charlottetown. Le développement communautaire continua. Le mouvement de regroupement s’étendit avec la fondation d’ associations dans les Kootenay Ouest et d’associations de logement, de fem- mes, de danse, etc. On ne dit plus «Regardez-moi souffrir» mais plutét «Regardez-moi prospérer. C’estle nouveau lan- gage d’une communauté qui s’ est dotée des institutions dont elle a besoin et qui a commencé a occuper la place qui lui revient sur la scéne provinciale. Cette communauté célé- brait en 1995 le cinquantiéme anniversaire de la fondation de la Fédération et profitait de cette occasion pour préparer son entrée dans le 21° siécle.