Le Soleil de Colombie, vendredi 20 avril 1984 Suite de la page 1 services et la disponibilité des ressources auprés de toute asso- ciation. Qu’est-ce qui vous a mar- qué dans votre séjour a@ la EFC? Personnellement, ¢a a été une expérience trés riche, trés instructive, sur les notions de revendications dans un poste comme le mien dans une organisation qui doit faire la promotion des intércS de la minorité et en méme temps la promotion de ses besoins et chercher 4 les combler. For- cément, ¢a ma placé dans un contexte politique et finale- ment ¢a__a élargi mes con- naissances puis mes habiletés a gérer la politique, la criti- que et le conflit, et je trouve que c'est ¢a le meilleur souve- nir — ce n’est pas encore un souvenir! — c’est le meilleur apprentissage que j'ai fait ici. Méme si j'ai réguliérement eu des adversaires, ou enfin des personnes avec qui je m’étais pas toujours en accord; ¢a a été trés enrichissant parce que. jessaie toujours de com- prendre le point de vue des autres et il arrive parfois qu’on me reproche d’étre trop silencieux.. ou trop bavard. Mais je pense qu'il m’est arrivé d’avoir une écoute active et de toujours essayer de bien peser les impacts qui vont étre créés et ne pas oublier par dessous tous les intéréts de la communauté francophone au dela de nos différences et de nos bagarres internes. Dans la mesure ou cela sert des inté- réts de la francophonie, je suis prét a sauter dans le tas. Mais il ne faut pas oublier, Vélaborer des stratégies, de faire des retraites ou des pas un peu a la maniére de la guerre; lorsqu’on est un guer- rier on veut avant tout gagner et il faut utiliser les avan- tages du terrain. I] faut utiliser les faiblesses de l'adversaire, car notre adver- saire n’est pas la communau- té francophone elle-méme. II faut sans arrét étre sur le qui-vive pour faire reconnai- tre le fait francais, l’éduca- tion en francais dans cette province. Il ne faut pas faire de quaitier; On peut faire des concessions, pour gagner plus tard, il faut étre réguliére- ment en guerre. Ce sont toutes ces expériences qui m’ont appris mais aussi d’avoir ren- contré plusieurs francophones qui sont de vrais guerriers, qui sont des stratéges et de fins causeurs. Et je veux remercier tous les francophones avec qui j'ai travaillé: je ne vous donnerais pas la liste car je risquerais d’en oublier. Je remercie aussi le personnel de la Fédération. Pendant votre mandat, avez-vous senti évoluer la communauté francophone de la Colombie britannique et dans quel sens? Oui . Lorsque je suis arrivé, il faut s'en souvenir, la Fédération n’avait pas de direction permanente, le poste de directeur général n’avait pas été comblé de facon permanente depuis huit . mois. A | ’époque, il y avait dix-sept postes de travail, maintenant nous travaillons avec douze postes. Il y avait une grande instabilité qui se reflétait dans la participation au Conseil général de 1’épo- que ow l'on voyait réguliére- ment des nouveaux visages a chaque réunion. Et on avait -une structure compliquée, il y avait des indi- vidus, il y avait des: grou- pes d'individus, il y avait des associations, etc. ... Main- tenant nous avons, a la Le testament de F.F.C.,. et on le constate depuis la derniére année, une structure qui permet un peu plus la concertation; les fran- cophones se rencontrent a tra- vers le Conseil des présidents et lors des assemblées généra- les, au moins trois fois par an: et cette année-ci cela aura été quatre fois. Cette nouvelle structure améne une meilleu- re stabilité, on s’en apercoit. On reconnait les visages, es membres des associations sont en mesure de suivre les dos- siers et ceux ou celles qui étaient timides sont en mesure maintenant de s’exprimer. On en a eu un bel exemple au dernier conseil des présidents. Les dossiers fonctionnent, évoluent non seulement grace au personnel de la Fédération, mais grace aux dirigeants des associations qui s’expriment sur ces dossiers et les influen- ces et ¢a c'est un change- ment. La deuxiéme nouveauté, la visibilité de la Fédération est beaucoup plus grande. La nouvelle équipe qui est actuel- lement a la Fédération a élaboré une stratégie de pré- sence dans le milieu; diail- leurs vous pouvez le constater a travers le rapport CROP qui nous prouvait que les franco- phones de la Colombie britan- nique ne connaissaient pas leurs associations et ne sa- vaient pas qu’ils pouvaient les utiliser. Aujourd’hui grace 4 toutes sortes de témoignages on constate qu’on est plus connu. Une preuve au bureau du sénateur Jack Austin qui est aussi le minis- tre du développement social du Canada et qui contrdéle un_ budget de plus de la moitié, sinon des deux tiers du bud- get annuel du Canada, nous avons maintenant d/excellents rapports. Nous avons égale- ment des contacts avec le ministére fédéral des commu- nications, d’ailleurs le projet réseau-ouest est un projet qui a été accepté : il permettra de développer un réseau ou cir- culeront artistes et artisans francophones de l’ouest. Au CRTC, nous avons fait plusieurs représentations. Nous avons rencontré la direc- tion de Radio-Canada a Vancouver mais aussi celle d’Ottawa. Il y a Expo 86 avec qui nous avons développé de nombreux contacts. Avec le bureau du premier minitre de la province; nous avons ren- contré le premier ministre lui- méme mais également son bras droit monsieur Spector. Concernant le tourisme nous sommes bien considérés auprés du ministre qui n’avait pas vu le fait francaiscomme occasion pour attirer le tou- risme en frangais; depuis un an et demi et plus particulié- rement cette année, nous avons avec le sous-ministre d’excellents rapports et on a vu recemment monsieur James Chabot remettre un chéque a la Chambre de com- merce _ franco-colombienne pour un projet qui fera con- naitre la province et la com- munauté franco-colombienne au Québec. On a ainsi remar- qué combien monsieur Chabot était enthousiaste devant l’évolution et la pré- sence des francophones en Colombie britannique.:. Avec les médias anglopho- nes et bien sar francophones, il y a une certaine relation de travail méme si parfois il y a des accrochages mais nulle doute que les relations sont supérieures et par notre impli- cation auprés des associations comme le Public Relations Society qui nous ont mis en contact avec les responsables de relations publiques, avec des entreprises de Vancouver et de sa banlieue. Nous faisons réguliérement depuis deux ans deux conférences annuelles a l’université de la Colombie britannique pour présenter la communauté francophone. Nous avons, via tout le secteur développement économique, fait la recherche et répertorié les gens d’affaires francophones; cela a permis de créer tout un réseau et de faire connaitre aux franco- phones,et a l'ensemble de la communauté des commer- cants et des professionnels qui sont experts ou qui excellent dans tel ou tel domaine. Ce qui est un élément neuf. Il y a également la chambre de commerce qui est en place depuis un an et qui a un réle trés actif parce que mensuel- lement elle a un lunch ou un diner avec un conférencier, toutes les semaines elle a un petit-déjeuner. Ensuite on pourrait parler de Paciféte qui est un projet non seule- ment pour donner une plate- forme un peu plus organisée a l'ensemble des artistes et des artisans francophones de la province, mais c’est aussi une occasion de les faire connaitre auprés des autres groupes anglophones impliqués dans la culture, et la je pense au dernier Pacific Contact qui va mettre sous les projecteurs des artistes francophones et, de ce fait, agrandir la présence de la communauté francophone en Colombie britannique. Je pense a toutes ces acti- vités et ces actions qui vont permettre a la Fédération et a la communauté francophone d’étre reconnue dans la pro- vince; actions et activités difficiles 4 chiffrer quand on fait de la revendication, doit- on s’arréter a 100 000 dollars, a 500 000 ou 4a huit millions de dollars?’ Quand je vous parlais de reconnaissance de Te rafiole C’est la semaine des bénévoles du 23 au 29 avril 1984. - Merci a tous ceux et celles qui donnent si généreusement de leur temps et de leur talent. _LaFédération des Frarico-Colombiens la Fédération et de la commu- nauté francophone, deux arti- cles dans le Sun ont prouvé les résultats de toute la campa- gne et le «lobbing» 4 l’endroit du dossier de l’éducation qui avait débuté en septembre dernier. On se rappelle qu’a cette €poque le gouvernement voulait modifier le protocole d’entente entre la commu- nauté et cela l'immersion. De concert avec l'APPCF et le BC Parents for French, on avait réussi a ébranler la conviction du gou- __vernement. Aprés ces articles de nombreux lecteurs et lec- trices ont appris que la Féedé- ration est organisée et rend des services professionnels. Justement organisation administrative interne de la F.F.C. permet maintenant doffrir un service de traite- ment de textes par exemple et cela va aller en augmentant. Car la Fédération et la com- munauté francophone doit devenir de plus en plus auto- nome financiérement. Cette autonomie enlévera un cer- tain nombre de critiques de la majorité anglophone et en plus cela donnera un meilleur contréle sur notre propre développement. Quels sont les problémes spécifiques a la communauté ee ae de la C.B.? Y a-t-l des solutions? Des problémes spécifiques on en a. On n’a pas d’ins- titutions quand je veux dire institutions je fais abstraction du Soleil de Colombie, de Radio-Canada et de la Fédé- ration qui a trente-neuf ans. Je parle des institutions 4 caractére gou- vernemental qui ont de lVargent pour faire la promo- tion de l’éducation, de la cul- ture et du fait francais. En es bénévoles! touchait maintenant |