arthropodes, qui ne nous semblent ni pouvoir godter aux plaisirs sensuels ni spirituels. Combien encore peuvent se vanter d’avoir approfondi longuement cette promesse d’amour posthume aque fit Baudelaire a madame de Sabatier? Alors, 6 ma beauté! dites a la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés! Peut-6tre alors objecterez-vous, perspicaces, que nous sommes voués a devenir des défécations d’insectes et non les insectes eux-mémes. Ce a quoi je serais portée a répondre: bien vu. Ce- pendant, il semblerait que d’une forme de vie humaine, nous pas- serions directement a une existence entomomorphiaue. II y a la un phénoméne que mes connaissances lacunaires ne peuvent expli- quer, mais les faits n’en sont pas pour autant erronés. J’en veux pour preuve que le mot «insecte» est composé du pré- fixe in, qui signifie «dans», et du terme «secte» venu de siecte, «doctrine». Par conséquent, «insecte» veut dire «dans la doc- trine», ou, mieux, «dans l’enseignement», puisque le latin docere équivalait a «enseigner». D ‘ailleurs, pour ceux et celles qui doute- raient encore, il reste encore Voltaire, encore plus limpide: «Les hommes sont des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue.» On dit d’ailleurs qu’il a analysé exhaustivement ce sujet dans un traité qui faisait plus de 2 500 pages, mais que cette oeuvre jugée impie, voire méme hérétique, fut bralée. Et que dire encore de la clairvoyance de Lafontaine, dont les fables anthropomorphiques sont souvent interprétées a la legére? Sans oublier non plus les fourmis de Salvador Dali. Tous ces artistes nous révélent la des vérités que les sagaces grecs de l’antiquité connaissaient déja, les limbes étant accessoires. A preuve I’étymologie d’araignée, qui nous vient d’Arachnée, cette tisserande qui mit au défi Athéna de la surpasser a |’art d’ourdir. Evidemment, la déesse remporta le concours et, pour punir la vanité de sa concurrente, la changea en araignée. 10