8 Education: «Enjeu National»-Volume Ill, Semaine du 2 avril 1990 Le financement au primaire et au secondaire par Claude Lévesque e financement de l'éducation en langue frangaise au Canada, aux niveaux primaire et secondaire, est un peu a limage d’un vieux slogan fédéral: «L’unité dans la diversité.» A ce chapitre, toutes les pro- vinces négocient en effet, 4 tous les cinq ans, un protocole d’en- tente avec le gouvernement fédéral. En outre, elles sont toutes soumises a |’ article 23 de la Charte des droits et libertés, qui donne aux francophones et aux anglophones le droit a1’édu- cation dans leur langue d’un océan a l’autre. Mais la quantité et la qualité des services éducatifs offerts, de méme que les ressources qui y sont consacrées, varient con- sidérablement d’une province a V’autre. En fonction du poids démographique et politique de la minorité francophone, ainsi que de l’interprétation que font le gouvernement ou les tribu- naux de la province concernée du fameux article 23. Dans toutes les provinces, en fait, les francophones se sont adressés aux tribunaux pour faire respecter leurs droits scolaires et leurs démarches en sont ren- dues a différents stades. Il y aeu trés peu de jugements rendus spécifiquement sur la question du financement. Dans la plupart des cas, les juges ont statué que le droit constitutionnel a 1’édu- cation n’était pas respecté, mais sans dire au juste ce qui devait étre fait. Sauf en Ontario. Des droits et du fric La Charte garantit donc un droit qui, pour cesser d’étre «L’unité dans la diversité» théorique, dépend de 1’attitude des législatures ou de décisions judiciaires. Si le gouvernement fédéral hésite 4 se méler d’un domaine de juridiction provinciale, iln’en finance pas moins dans des pro- portions non négligeables1’édu- cation dans la langue minori- taire. En vertu du dernier «Pro- tocole sur les langues officielles dans l’enseignement», signé en 1988, il affectera au cours des cing prochaines années 1,2 mil- liards $ & ce programme qui existe depuis 1970. Suivant les balises établies dans le Proto- cole, le gouvernement fédéral signe ensuite des ententes bila- térales avec chacun des territoi- res et provinces. Ces accords visent essentiellement le finan- cement de quatre catégories de dépenses: infrastructure, pro- grammes, formation et perfec- tionnement du corps enseignant, appui aux étudiants. Cette contribution fédérale de 1,2 milliards $ inclut, faut-il le rappeler, les sommes affectées a l’enseignement en langue an- glaise au Québec. Elle englobe aussi les écoles d’immersion frangaise et l’enseignement du francais langue seconde dans les écoles anglaises. Dans la plu- part des provinces, la contribu- tion fédérale représente environ la moitié du cofit de l’enseigne- ment dans la langue de la mino- rité. Au nouveau-Brunswick, elle ne constitue que 10 pour cent, tandis qu’ailleurs elle peut représenter jusqu’a 75 et méme 100 pour cent des coiits. La Commission nationale des parents francophones (CNPF) agit comme chien de garde, voyant par exemple a ce que les sommes affectées a 1’éducation de la minorité linguistique ne soient pas détournées au profit Glendon Glendon faculté de l'Université York * cours et programmes offerts en frangais et en anglais * cours menant au _ Baccalauréat és arts en éducation (B. Ed. ) minutes du centreville 2000 étudiants et professeurs ‘Service de liaison 2275, av. Bayview Toronto (Ontario) (B. A. ) et au Baccalauréat e enclave de verdure a 20 * communauté stimulante de Pour tout renseignement contacter : \ M4N 3M6 tél : (416) 487- 6710 <> UNIVERSITE BILINGUE A TORONTO a ee ae ee es oS aed 5 ad des écoles d’immersion. Plus fructueux, si reconnus «Le financement fédéral est indispensable et intéressant, dans la mesure ov la province coopére, fait remarquer le direc- teur général de cet organisme, Dans toutes les provinces, en fait, les francophones se sont adressés aux tribunaux pour faire respecter leurs droits scolaires et leurs démarches en sont rendues a différents stades. Paul Charbonneau. Les négo- ciations sont plus fructueuses dans les provinces ov les droits ont été reconnus. Au Nouveau-Brunswick, ov la minorité a ses propres con- seils scolaires depuis 1981, le tiers des 486 millions $ consa- crés au budget de l’Education en 1989-90 est alloué a la quin- zaine de conseils scolaires fran- cophones. En Ontario, depuis quelques années, une loi recon- Situé dans un milieu francophone «stimulant, le COLLEGE UNIVERSITAIRE DE HEARST offre a ses étudiantes et étudiants un enseignement personnalisé de qualité. Etudier en frangais, c'est vivre sa francophonie! Pour plus de renseignements, communiquer au : Bureau des admissions 60, 9° rue, C.P. 580 Hearst (Ontario) POL 1NO Tél. : (705) 372-1781 Fax : (705) 362-7518 nait aux francophones le droit de gérer leurs écoles, par le biais de sections francaises au sein des conseils scolaires existants; de plus, le gouvernement s’y est engagé a créer des conseils homogénes francophones, ce qui est chose faite 4 Toronto et Otta- wa. Mais le finacement pose toujours probléme. En Saskatchewan et dans I’Ile-du-Prince-Edouard, de grand pas ont été franchis, au moins dans le sens du droit a la gestion scolaire, fait remarquer le directeur général de la CNPF. On sait par contre qu’a ce chapi- tre, les choses sont moins roses dans d’autres parties du pays, notamment au Manitoba ot les francophones ont récemment été déboutés en Cour d’Appel pro- vinciale. En Colombie-Britannique, un programme-cadre institué il y a onze ans a permis |’ ouverture de quatre écoles frangaises ainsi que des cours en francais dans un certain nombre d’autres écoles. Le gouvernement accorde a ces programmes des subventions proportionnelles au nombre d’éléves inscrits. Pour obtenir des services comparables a ceux de la majorité, les francophones doivent toutefois quémander des subventions fédérales, affirme la directrice générale de 1’ Asso- ciation des parents du pro- gramme-cadre de francais, Lyse Hales. Les commissions scolai- res refusent, selon elle, de puiser dans les taxes scolaires locales. Revendications Tous les groupes de pression francophones invoquent le méme principe de base en ce qui concerne le financement de l’éducation dans leur langue: celui de 1’€quivalence aux ser- vices offerts a 1a majorité. COLLEGE UNIVERSITAIRE DE HEARST Si le droit 4 la gestion des écoles semble plus ou moins acquis en Ontario, le mode de financement de 1’éducation en frangais n’a pas encore été arré- té dans cette province. Dans un mémoire soumis récemment a un comité législatif spécial, l’Association canadienne fran- ¢aise de l’Ontario (ACFO) af- firme que «l’enseignement en langue francaise devra mainte- nant avoir droit 4 sa juste part des fonds publics», L’ACFO souligne la nécessité de consen- tir a certains coiits de rattrapage et prone notamment une redis- tribution provinciale des taxes scolaires levées auprés des in- dustries et des commerces. De- © puis peu, le gouvernement a an- noncé que celles-ci seraient re- distribuées dans les mémes pro- portions que les taxes résiden- tielles, ce qui ne satisfait pas les francophones qui sont socio- économiquement moins avan- tagés que leurs concitoyens de langue anglaise. En outre, 1’ Association fran- ¢aise des conseils scolaires de l’Ontario tente de faire déclarer inconstitutionnelle la loi consti- tutive du Conseil scolaire (fran- ¢ais) d’Ottawa-Carleton, qui prévoit qu’aux fins du recence- mentélectoral, les électeurs sont automatiquement considérés anglophones’a moins de's"ins=~ crire expressément comme fran- cophones. Une poursuite paral- — léle vise spécifiquement les implications financiéres de cette situation. Le gouvernement at- tend le dénouement de ces démarches judiciaires pour ar- réter sa politique sur le finance- ment de 1’éducation en frangais. En Colombie-Britannique, 1’ Association des parents du pro- gramme-cadre a demandé a la Cour Supréme de la province de forcer le ministére de 1’Educa- tion et les commissions scolai- res a affecter a l’enseignement | en francais toutes les sommes - qui sont prévues a cette fin. L’organisme estime que les commissions scolaires affectent indiment1’argent aux program- mes de la majorité dés qu’elles ont satisfait aux exigences mini- males du programme-cadre. Dans le méme ordre d’idée, la Commission nationale des parents francophones souhaite que les ententes fédérales-pro- vinciales soient scindées en accords distincts pour les écoles d’immersion et les écoles fran- gaises. Enfin, un demier sujet, etnon le moindre, apparait au palma- rés des revendications de la diaspora francophone: 1|’urgence de procéder a des éclaircisse- ments sur les fameuses disposi- tions législatives ou administra- tives qui stipulent que les droits s’exercent «la ol les nombres le _ justifient». Claude Lévesque est journa- _liste pigiste-d-Ottawa FS AE BR RATE LIE TT ae