Information Cette semaine, la Saskatchewan Quisont ces francophones canadiens éparpillés d'un bout a l'autre du pays, ceux qu'on appelait jusqu’'a tout récemment "les francophones hors Québec"? Qui sont ces enfants du divorce qui pourrait survenir entre le Canada, pére et pourvoyeur de l'aide financiére aux communautés de "langue officielle", et le Québec, la mére patrie? Quels sont leurs attentes, leurs espoirs, et leurs craintes face a l'avenir? Dixiéme d'une série de quatorze articles d'est en ouest: la Saskatchewan. Lorsqu’on observe la détermination des Fransaskois et l’énergie qu’ils investissent pour leur survie linguistique et culturelle, on se demande ou ils réussissent a trouver leur force. C’est alors que |l’expression «l’énergie du désespoir» prend tout son sens. Car malgré les statistiques démographiques qui leur donnent tort, la majorité des 23 000 francophones de la Saskatchewan tiennent 4 voir leur langue survivre. Les burn outs sont nom- breux chez ceux qu’onsurnomme les TLM (toujours les mémes). Ils siégent A de nombreux comités, sacrifient leurs fins de semaine pour organiser des activités, met- tre sur pied des projets ou sillon- ner la province afin d’assister a de nombreuses réunions. Et de- puis des décennies, des généra- tions de bénévoles persévérent malgré les nombreux revers que leur-histoire leur a fait subir. «Il y a un pourcentage de Fransaskois qui ne sont pas ) ~~ assimilés dans leur langue mais dans leur culture.» Leur tache n’a jamais été facile. Venus s’installer dans une province oi 1’on venait a peine de pendre Louis Riel, les Fransas- kois ont fondé des villages aux quatre coins d’un vaste territoire ou les moyens de communication étaient pratiquement inexistants. De plus, l’adversité a laquelle ils ont di faire face au cours de leur histoire a décimé leurs rangs. Sur dix personnes d’origine franco- phone, six ou sept ont perdu leur langue, victimes d’une implaca- ble assimilation. Pourtant ceux qui perséveé- rent poursuivent leur tradition de «batailleurs». Tout comme leurs ancétres ontréussi ase doter, avec l’appui du clergé d’alors, de pos- tes de radio, d’un collége franco- _ phone, de journaux et d’associa- tions, les Fransaskois d’aujour- d’hui se battent pour se doter -d’outils culturels qui assureraient leur survie. Conscients de la précarité de leur survie, plusieurs d’entre | "eux investissent la majorité de - leurs efforts auprés de la prochaine - génération. Les nombreuses pré- ‘ maternelles, les. graderies, les _ combats en justice pour le con- trdle des écoles frangaises témoi- ‘ gnent de cet acharnement a vou- loir transmettre leur langue et leur culture. Mais généralement, cela veut dire beaucoup de réunions et d’actions politiques. C’est pourquoi certains L'énergie du desespoir Fransaskois, tel le dramaturge Laurier Gareau, tout en concé- dant l’importance du combat po- litique et de la lutte pour des éco- les frangaises, préférent porter leurs efforts sur l’aspect socio- culturel. «Les gens sont optimis- tes face a leur culture tant que tu ne leur parles pas de réunion. Il est difficile de sentir positif lors- qu’ on milite politiquement, car malgré tous nos efforts, tout re- pose entre les mains des gouver- nements. C’ est pourquoi des évé- nements tels que la Féte fransas- koise ou le Festival théatral ob- tiennent tant de succés.» Laurier Gareau investit d’ailleurs beaucoup d’énergie dans le théatre francophone en Saskat- chewan, travaillant avec les nombreuses troupes de théatre communautaire de la province, ainsi qu’avec la Troupe du jour, une troupe de théatre profession- nel qui est source de fierté pour de nombreux Fransaskois. En effet, elle a remporté plusieurs prix au cours de festivals provinciaux et inerprovinciaux, en plus de re- présenter 1’Amérique du Nord a un festival de théatre en Norvége. Pour vaincre les distances, les Fransaskois ont maintenant accés A des outils moderes de communication. Ils ont toujours un journal, /’ Eau vive, et Radio- Canada assure la présence d’une radio et d’une télévision frangaise. De plus, grace au projet Réseau Mercure, chaque village a main- tenant son télécopieur et les ordi- nateurs de la communauté sont reliés 4 un réseau de télématique. Une communauté divisée La communauté fransas- koise est loin d’étre homogéne. Au niveau de l’engagement poli- tique et social, les divergences sont nombreuses. Plusieurs fran- cophones voient d’un mauvais oeil ceux qui viennent «troubler» la paix de leur village avec la reven- dication de leurs droits. Comme le dit Bernard Lavigne,président de 1’ Associa- ‘tion des artistes de la Saskatche- wan et professeur de cinéma a l’université de Régina, «il y a un pourcentage de Fransaskois qui ne sont pas assimilés dans leur langue mais qui le sont dans leur culture». Et ceci est la source de beaucoup de divisions. Souvent, opposition la plus farouche a laquelle les Fransaskois militants se heurtent émane de francopho- nes qui ont cessé de croire a leur culture et qui préférent ne pas trop hausser la voix face aux anglophones. Il y aplus d’un an, la mise sur pied par des parents franco- phones d’une école privée pour les éléves du niveau primaire a soulevé des passions comme on en avait rarement vu dans le petit village de Gravelbourg. On assista 4 une campagne de propagande par un groupe appelé «les amis de Gravelbourg» qui entreprit de mettre les batons dans les roues de ceux qui ap- puyaient le projet d’école privée. Les voitures de certains parents furent vandalisées et le directeur du réputé collége Mathieu eut a subir la présence d’une enseigne lumineuse en face du collége sur laquelle on pouvait lire des mes- sages hostiles 4 son égard. «Notre langue va peut-étre disparaitre mais notre culture va survivre.» Cette opposition fluctue au gré des saisons. Car la vie dans un milieu agricole n’est pas des plus facile, que l’on soit anglophone ou francophone. Pour plusieurs agriculteurs, la survie d’une lan- gue est un luxe qu’ils ne peuvent se payer lorsqu’ils voient I’ huis- sier 4 deux doigts de saisir leur ferme. Beaucoup de Saskatchewa- nais se préoccupent davantage de la survie de leurs communautés rurales aux prises avec d’énor- mes difficultés financiéres que des questions de langue ou de consti- tution. Les années 80 ont été par- ticuligrement difficiles au niveau de 1’économie agricole, épine dorsale de la Saskatchewan. Comme dans les années 30, cette crise économique a entrainé un courant d’intolérance face a la communauté francophone. Com- ment expliquer a des agriculteurs en difficulté qu’il est raisonnable d’investir des millions dans une communauté qui ne représente que 2% de la population? Quelle survie sans le Québec La question de la sépara- tion du Québec provoque diver- ses réactions chez les membres de la communauté fransaskoise. -Certains, tel Bernard Lavigne, affirment que l’indépendance du. Québec siginifie «/a mort dufran- cais en Saskatchewan». . - Laurier Gareau établit cependant une nuance entre cul- ture fransaskoise et langue francaise. «Notre langue va peut- étre disparaitre mais notre cul- ture va survivre.» Car pour Lau- rier Gareau, un des grands avan- cements de la communauté fran- . saskoise, c’est la reconnaissance Le Soleil de Colombie qu’elle posséde une culture pro- pre, culture qui va au-dela de la langue frangaise. «Notre culture a été facon- née par nos contacts avec les autres cultures de I’ Quest, ukrainienne, allemande et autres, ainsi que par notre héritage agricole de I’ Quest. Trop longtemps, certains de nos leaders ont cru qu’ il fallait im- porter notre culture du Québec.» Jusqu’a l’année derniére, par exemple, un événement annuel a Gravelbourg ses mesures législatives anti-fran- cophones dans les années 30. C’était l’époque ot le Ku Klux Klan venait d’établir ses pénates en Saskatchewan et le vent d’in- tolérance qui avait alors soufflé sur les Prairies avait fait perdre des plumes aux Fransaskois. il espére cependant que les anglo- phones du Cartada sauront faire des concessions pour garder le Québec dans le Canada. Quant a Laurier Gareau, il s’appelait «la Ca- bane a sucre», méme s’il n’y a pas un seul éra- ble dans le coin. Selon Laurier Gareau, affirme que I’at- titude de la po- pulation anglo- phone de l’Ouest se re- trouve égale- ment chez les Fransaskois: dans un Canada ; sans le Québec, la culture fransaskoise «se retrouverait au méme niveau que les cultures ukrainienne et allemande et ses éléments francophones finiraient par ne devenir que du folklore». Un vieux routier du mili- tantisme fransaskois, Roland Pinsonneault, se montre toutefois optimiste. II croit qu’un Québec souverain appuierait les commu- nautés francophones minoritaires. De toue fragon, il met assez de_ confiance dans la détermination des Fransaskois pour croire a leur survie, quoiqu’il advienne: «Avec la séparation du Québec, ily ena sirement qui vont jeter la ser- viette, mais on a passé d’ autres périodes difficiles» dit-il, en fai- sant référence aux sombres an- nées du régime Anderson et de «On ne veut pas que le Québec se sépare, mais on nest pas prét a tout lui donner pour le garder dans la Confédé- ration». Pourtant qu’ ils soient opti- mistes ou non face a la survie de leur langue, les Fransaskois se sentent chez eux dans leur pro- vince. Bernard Lavigne y est revenu aprés dix ans au Québec car «c’ est ici que sont mes raci- nes». «Lorsque des Québécois me demandent pourquoi je ne démé- nage pas au Québec, je leur demande comment ils se sentent lorsque des anglophones leur suggérent de retourner en France.» Jean-Pierre Picard J.P. Picard était directeur du journal V Eau vive de Régina, de 1987 a 1990. Canada Travaux publics Public Works fe a i Canada ‘| 666-9914. retenue. Appel d'offres LES OFFRES SCELLEES pour les travaux ou contrats de services énumérés ci-dessous, adressées au Directeur régional, Politique et admi- nistration des contrats, région du Pacifique et de l'Ouest, piéce 601, 1166 rue Alberni, Vancouver, (C.-B.) V6E 3W5 seront regues jusqu’a l'heure et la date limite spécifiées. On peut obtenir les documents contractuels auprés du Bureau de diffusion des plans, ala méme adresse que ci-dessus. ' TRAVAUX Appel d'offres no 70N-91-0148: Fournir les services d'inspection des appareils élévateurs, divers endroits, Colombie-Britannique. Date limite: le 29 janvier 1992 215h PM (HAP). Pour renseignements techniques: L. Rifkind, gestionnaire de projet, (604) Renseignements sur les modalités de soumission: (604) 666-0185. Ni la plus basse ni aucune des soumissions ne sera nécessairement Canad Vendredi 10 janvier 1992