} f En Revue PARMI les dramaturges ‘anglais de la jeune généra- tion. Christopher Hampton occupe une place de pre- mier plan. Agé de. vingt- cing ans a peine, il a déja écrit 3 pieces de theatre (“When Did you Last See my Mother?”, “Total Eclipse” et. “The Philant- hropist) et a a son crédit plusieurs traductions d’oeu- vres de Tchéchov, Ibsen et méme Moliére. Il achéve présentement une traduc- tion en anglais du “Dom Juan” de Moliere pour le “compte de la B.B.C. de Londres. Hampton était a Montreal mercredi dernier pour as- sister a la premiere nord-a- meéricaine de sa deuxieéme piéce, “Total Eclipse’, spectacle inaugural de la nouvelle saison du théatre Centaur. Geite piéce traite des re- lations entre Verlaine et Rimbaud de 1871 a 1875. “Dans une série de courtes scénes, écrit Daniel Salem dans son livre “La révolu- tion théatrale actuelle en Angleterre”, Jl’auteur, en évitant soigneusement les clichés, montrait la manié- re dont Verlaine avait été attiré par “la beauté pay- sanne et rusee’ de HRim- baud.” Hampton, rencontré au Centaur quelques heures avant la représentation, de- des relations entre Verlaine et Rimbaud assurait un cer- tain rebondissement drama- tique a sa piéce mais qu'il n’en était pas le théme' prin- vait préciser que cet aspect cipal. Familles d‘écrivains Diplémé d’Oxford en francais et en allemand, Hampton déclarera qu'il a été amené a s’intéresser 4 Rimbaud & travers la poé- sie de celui-ci et que c'est seulement en cours de ré- daction que Verlaine s‘est substitué a Rimbaud comme personnage princi- pal de “Total Eclipse”. Pour lui, le théme fonda- mental de sa piéce est la description de deux famil- les d’écrivain: celui qui, comme Rimbaud, croit qu’il peut écrire mieux que n’importe qui et qui bloque complétement au premier coup dur; et celui qui, comme Verlaine, continue son oeuvre patiemment, en dépit des traverses et des embiiches. Hampton tient a faire re- marquer que si “Total Eclipse” nest pas une piéce historique, tous les épisodes qui y sont évoqués sont pourtant authentiques, sauf la derniére scéne. Pour lui, le théatre est un bon médium, un mé- dium dans lequel il se sent a aise, plus a l’aise en tout cas que dans les scé- narios de film et le roman. La premiére oeuvre qu’il a écrite a été d’ailleurs un roman que, heureusement, s’empresse-t-il d’ajouter au- jourd’hui, il n’a jamais osé publier. Depuis 1968, Christopher Hampton a fait plusieurs adaptations de pieces de théatre. Ce travail, il le re- connait, iui fournit I’occa- sion de respirer entre deux efforts plus importants.” “Leadaptation, dira-t-il, de- mande un petit nombre de grosses deécisions, tandis que la rédactiond‘une piéce demande un grand nombre de _ petites déci- sions.” ? Christopher Hampton Un petit nombre de grosses décisions Influences et préférences Détestant les catégories Christopher Hampton n’aime pas fonctionner en termes de genre. Aussi au chapitre des influences il recule de- vant la perspective de se trouver des ancétres loin- tains ou immeédiats. Et il s‘empresse d’affirmer que les trois piéces qu'il a écri- tes jusquici appartieunent a des genres tout a fait dif- férents. Et cela, meme sil voue une admiration sans bornes a Tchékhov qui, sefon lui, est inimitable, et qu’en lit- terature generale la pe riode quil prefére est le AiXieme siecle francais. “Parce que, d’abord, cette _ période marque la fin d'une ere et le commence- ment d'une autre. quelle est riche en courants divers “et meme contradictoires. La religion ayant perdu de ‘son influence et le mouve- ment scientifique progres- sant,- Técrivain est devenu alors une sorte de dieu. Et il lui est devenu de plus en ~ plus difficile d’écrire”’. Le jeune dramaturge an- glais qui, extérieurement, ressemble & un adolescent de CEGEP, a une nouvelle piéce en chantier. Mais il refuse d'en deévoiler le con- tenu et le titre. Une adap- tation francaise de sa piece “The Philanthropist” de- vrait prendre Jl’affiche au _ théatre de la Gaieté-Mont- parnasse de Paris, dés que les représentations de la nouvelle piéce d’Harnold Pinter, “C’était hier” se- ront terminées. McLuhan: » McLUHAN. PROPHETE OU IMPOSTEUR ?. par Sidney Finkelstein, traduit de Vanglais par Philippe Burdigal, Editions HMH, coll: “Aujourd’hui™. 1970, Montréal, 135 pages.“ CE PETIT LIVRE consti- tue a mes yeux l'une des critiques les plus acerbes_ —- et les plus intelligentes — qui ait été faite a len- contre le Mcluhanisme. Il ne fait pas de doute, en ve- rité, que pour lauteur de. cette analyse. McLuhan est . beaucoup plus un imposteur habile et seéduisant (au sens ¢tymologique de l'ac- ceptation: seduire) que ‘e prophete-messie des temps nouveaux. : On connait assez les the- ses essentielles de McLu- han pour qu’il nous soi: utile d’y revenir a nouveai ici. Cependant, avant de passer a l’analyse perti- nente des theses de McLu- han et de la philosophie quelles sous-tendent, cap- pelons brievement, sans Jes commenter, les quelques postulats et prémisses pre gnants de McLuhan: e les media électroniques (surtout la télévision et les ordinateurs) sont un prolon- gement du systeme. ner- veux central, Jequel sys- téme constitue un dénomi- nateur commun pour l’en- semble d'une population donnée; ® ce nouveau meédium électronique crée un nouvel environnement qui agit sur les sens de Vhomme ct opere leur changement que- litatif. Cette variation @’or- dre sensori-moteur provo- que une évolution cde homme (de type darwi- nien?), qui -est elle-méme la cause .d’une explosion historique. Ainsi, l’alphabet ‘phonetique a provoque un changement — que dis-je. -un bouleversement — et s> trouve a Tlorigine dela géométrie euclidienne; e pour McLuhan, les media sont les agents de laction, les hommes ne- - tant que des récepteurs passifs: es : @ le médium est le mes- sage: le médium est seul agent de changement: c'est lui qui opere Ja modifica- tion de da sensibilité hu- maine. Pour Finkelstein, McLu- han procéede par éblouisse- ments successifs du lecteur naif et abuse de sa creédu- lité. En réalité. ce que }’auteur appelle change- ment de la sensibilité ou des perceptions ne corres- pond guére au changement de l’équipement sensoriel (avec prolongation quasi- physique du systeme ner- veux central), mais bien plut6t:-& un changement des RELATIONS avec Jenvi- ronnement, ce qui implique une: logique tout a fait