6 — Le Soleil de Colombie, vendredi 6 mai 1983 Ces Amé€rindiens, ces Esquimaux, Voyages Un promeneur en voyage XVII Allusions et illusions Par Roger Dufrane [Su:te] Mardi 26 Le Hollandais, peu versati- le, sérieux et rangé en géné- ral, se montre, dans l’ensem- ble, plus froid que le Belge. Il s‘exhibe rarement au-dehors. Les cafés a terrasses, les fan- fares dans les rues, choses courantes en Belgique, en France et ailleurs, sont ici plutét rares. Pourtant, a ce Pa notre hotesse, lui, en famille ou entre amis, le Hollandais se débou- tonne. Cette froideur extérieure, née du climat nordique et de la religion calviniste, le Hol- landais, semble-t-il, voudrait parfois la secouer. Le diman- che, il descend sur Anvers, se proméne au marché, s'attable aux terrasses et se saoile de bruit. L'atmosphére truculen- te du pays flamand, od se parle sa langue, balaye ses complexes. Et puisque nous faisons allusion a la langue, retenons qu'en Hollande, l'anglais, que tout le monde comprend, Hdllandais grands bourgeois aiment s'exprimer en francais. ee ga pe i — te 4 Acc Aprés changement a Roosendael et a Anvers, j‘échoue chez Léon au coeur de Bruxelles, quartier général du bien manger. On peut s'y restaurer au rez-de- chaussée ou a l'étage, que je : , Caron peut y observer : va-et-vient, en bas, des badauds. En face, de l'autre cété de l'étroite rue, se dresse une maison de brique aux pour gourmets F Aujourd’hui, en plein coup de feu de midi, je dois me contenter, & l'étage, d'une place en retrait de la fenétre. A la table voisine de la mienne, un Belge au visage fin et aux cheveux gris engage la conversation. Né a Bru- elles, de parents arméniens, il me découvre la mentalité ‘belge d'aujourd’hui: “hargne et jalousie, me dit-il, tour- mentent ses voisins, et aussi le désir de parattre, de sauver la face, en dépit du malaise économique. Sa femme ensei- SS Louvain. Je n’ose lui demander son occupation. II doit étre dans les affaires. Il me dit avoir assisté récem- ment a une conférence socio- économique: “Si les super- ne s’entendent pas ‘ici deux ans, Monsieur, on risque une catastrophe nuclé- sO Nie aC aS - ~~~ () ~~ 0 ~ali- Hastings Travel Ltd La seule agence. de voyage francophone Appelez Jacques 689-0461 aire.” Pour ma part, de telles prédictions, qui s’avérent le plus souvent erronées, m’amu- sent toujours. Je note pourtant que trop de gens, en Belgi- que, parlent d'une guerre possible et accidentelle, créant par 1a un climat psy- chologique qui me _ paratt dangereux. “Ca n’a pas sonné!” Mercreds 27 Dans les magasins, comme ailleurs a Bruxelles, les rela- tions entre les membres du personnel et les clients m’ap- paraissent toujours marquées d'une défiance courtoise et d’arrangements compliqués et peu pratiques. Je viens encore d’en faire l'expérience ce ma- tin. J’étais descendu au Grand Magasin de l'Innovation, dans le bas d’Auderghem, afin d’y acquérir une ceinture. Em- portant mon emplette, j‘ouvre au-dehors le sachet et aper- cois, fixée a la ceinture, une broche en plastique blanc ot s'inscrit: “Property of the Sto- res. Do not removel” Je re- tourne. La vendeuse, gentille, un rien soupconneuse, me conseille de m’adresser a la caissi¢re. Celle-ci, fort. occu- pée, me demande: — Vous avez ouvert le pa- quet dehors, Monsieur? — Oui . — Mais ¢a n’a pas sonné! Jai appris plus tard le mot de Pear Flanqués de leurs les objets subtili- Seocent a la porte de sortie un signal d’alarme. Or, com- me la plupart du temps, le déclenchement ne se produit , je suppose que les cais- Sree one recu l’ordre de laisser les choses aller, sport voir si ca marche!” - L’aprés-midi, je me rends au Parc du Cinquantenaire, que je parcours a pied dans toute sa 1 . Le soleil filtre entre branches et = les feuilles sches. Le jet d'eau chante et offre au ciel sa ploient leurs pavillons comme deux bras accueillants. Je traverse le beau parc’ dans toute sa longueur et en rejoint deux autres, plus petits ceux-la, mais charmants, et qui descendent en gradins: Les squares Ambiorix et Ma- rie-Louise. Leurs allées sa- blées, les enfants qui crient et se poursuivent, le jet d’eau, les belles maisons alentour, aux fioritures de pierre, tout cela n’a pas changé. Dans le bas, létang du Square Marie- Louise, avec ses statues ver- dies, ses saules pleureurs, ses oiseaux aquatiques, ses rocail- les, demeure d'un charme reposant et indescriptible. | , dé | ‘Indiens I’ A suivre bee eee a 744 Quest Hastings, Vancouver V6C as j a 0 ean ©