_6 Le Soleil de Colombie, Vendredi ler septembre 1978 Dans les eaux calmes du port par Claude JEAN En Colombie-Britannique, des gens ont commencé a vivre dans des maisons flot- tantes dés le début de ce siécle. L’origine remonte aux tra- vailleurs de l'industrie du bois qui, par nécessité, habi- taient sur l’eau. Ces communautés se sont développées rapidement et formaient des villages flot- tants comprenant des mai- sons familiales, un grand magasin général et quelque- fois méme des hétels. Tout ¢a au milieu de l'eau, et ces endroits n’étaient accessibles que par bateau. Plus tard, avec la venue des hydravions et des ser- vices routiers trés dévelop- pés, les travailleurs ont rem- placé ce style d’habitation par des maisons mobiles et des villes naissaient instan- tanément. Dans la ville de Vancou- ver, les maisons flottantes ont pris un grand essort pendant la dépression de 1929. Durant ces années de crise économique, |’argent ne rentrait pas, le crédit était inexistant et la construction des maisons se faisait rare. Prés de cing- cents personnes vivaient sur Veau de “Coal Harbour” (prés du pare Stanley). Aus- si, ces maisons étaient peti- tes et mal construites, la communauté n’était pas du tout attirante. La majorité des gens qui vivaient dans ces cabanes flottantes étaient forcés de se tourner vers l'eau, vu la situation économique du temps. Cependant, une étude de cette forme communautaire montra que les_ familles étaient heureuses et en bon- ne santé dans cet environ- nement assez particulier. SBRSBB. a. Une de ces jolies maisons qu’on trouve 4 Kanish Marine Village, construite sur trois grands flotteurs métalliques placés sur la longueur. [Photo Claude Jean]. Aprés ce passage difficile, la construction de cabanes de mauvaise qualité a cessé. Durant la derniére décennie, les maisons flottantes ont commencé a réapparaitre dans la région. Ces maisons, comme les temps ont changé, ont un aspect architectural plus de rigueur, un caractére moder- ne et un cachet particulier. ISOLEMENT RELATIF Toujours dans Coal Har- bour, la communauté de Kanish Marine Village conserve un caractére assez fermé. Cet isolement relatif est probablement due au fait que le petit village flottant est quasiment inaccessible si vous ne connaissez pas le chemin pour vous y rendre. La, la parade des remor- queurs du port, des bateaux de péche, des voiliers, goé- lands et canards sauvages, marque les scénes de la vie du coin. C’est ce style de vie qu'un petit groupe du port a décidé de vivre, dans cette absence de contraintes qu’on rencontre dans les grandes villes nord-américaines. Ce groupe a créé une belle communauté, unique en son » genre au Canada. C’est un lieu de voisinage trés adapté a la vie aquati- que. Il y a des maisons de toutes les tailles, montées sur d’énormes flotteurs mé- talliques, discrétement ca- chés par une construction de bois. Ces maisons ont souvent deux étages et beaucoup de vitres permettant a la lumié- re d'entrer. Les jardins ne~ sont pas rares non plus et il y a des fleurs partout. Le quai “qui est en fait la rue principale” a de chaque cété des maisons. ‘Ce méme quai améne ]’eau et lI’électricité par des conduits cachés sous le plan- cher de bois. Cette belle rue principale est bordée de jardiniéres et de lampadai- res enjolivant le décor. _ Ce n’est peut-étre pas impressionnant, mais -toute: ; Vinstallation et le matériel de ce havre de paix a cofité 750 mille dollars. Il-est impossible de géné- raliser la sorte de population qu’on y rencontre. On y voit de jeunes personnes et d’au- tres plus agées et les habi- tants ont des situations so- ciales trés diverses. Finalement, cette commu- nauté qui tend a prendre de lexpansion, fait face a divers problémes. Par exemple, la recherche d'une solution En Bretagne, la mer est morte TECHNIQUE - PROGRES Alors que la demande des produits pétroliers va sans cesse croissante, la techni- que du transport demande aussi 4 changer. C’est la raison pour laquel- le on trouve maintenant, sur toutes les mers du globe, des pétroliers géants transpor-: tant des millions de gallons de pétrole, la grande majori- té partant des pays arabes. Sur la planéte entiére, il y a plus de 4,200 pétroliers dont 700 dépassent les 200,000 tonnes, ce qui repré- sente 17% du total. Ces bateaux déplacent plus de la moitié de ce précieux liquide autour du monde. Pourquoi des bateaux aus- si gros? C’est évidemment une raison économique qui fait qu'un gros pétrolier transporte plus de carburant. a moins de frais qu'un ba- teau plus petit. Avec l’embargo du pétrole depuis 1973, la grosseur de ces bateaux n’a fait qu’augmenter. Ils sont si gros qu’ils ne peuvent appro- cher prés des cétes et ce sont des bateaux plus petits qui attendent impatiemment a trente milles au large pour prendre a leur tour le pré- cieux chargement. En 1977, le “Esso Atlan- tic” a été construit pour une compagnie japonaise pour transporter 3.8 millions de gallons liquides, avec une longueur de 1334 pieds (on pourrait y faire entrer qua- tre terrains de football). Tl existe actuellement cing bateaux de ce tonnage et beaucoup d'autres sont en voie de construction pour les années a venir. Bien sfir, c’est bien prati- que, mais en cas d’accident, que se passe-t-il? Nous y arrivons. L’année “derniére, ily a eu 14 -acci- dents dans les premiers six proportionnellement mois et le total de l’huile qui pollue les océans et |’éco-sys- téme augmente chaque an- née. De 1973 a 1976, 1513 bateaux ont perdu leur char- gement en mer, soit a cause du mauvais temps, soit a cause d’une navigation im- prudente (trop prés des cétes). Il faut savoir que ces ba- teaux ont entre 80 et 100 pieds de leur coque sous le niveau de flottaison! Les spécialistes attribuent ces accidents non a la tech- nique, mais simplement a Verreur humaine! Quelles lourdes responsabilités... Le 16 mars 1978, le plus grand désastre de l’histoire est survenu quand le super- pétrolier Amoco Cadiz a perdu ses 69 millions de gallons d’huile au large des eétes francaises. La Breta- gne a été frappée par cette marée noire, la ot la’majo-**~ rité des gens vivent de |’in- dustrie de la péche et du tourisme. Cet accident représente le double de la quantité de pétrole déversée par le Torrey Canyon en 1967, presque jour pour jour. Cet- te fois, la céte anglaise avait beaucoup plus souffert des dommages causés par le nau- frage. Répercussions sur l’environ- nement. L’armée et les volontaires ont fait tout ce qu’ils ont pu pour sauver les milliers d’oi- seaux qui jonchaient les plages jadis brillantes de sable blanc. Les poissons flottaient 4 la surface des eaux.couleur chocolat et les villages entiers de pécheurs étaient consternés de voir leurs bateaux tout noircis par ce liquide poussé par des puissants vents de la mer. _ Un biologiste qui avait ‘étudié les effets du Torrey Canyon depuis 1967 a décla- pour loger plus de monde fait partie des aspirations futures. Ce manque de sécurité est. di au fait que la population, encore peu nombreuse, au- Tait besoin de plus d’espace pour loger les gens désireux de se joindre au groupe, et lespace qui leur est alloué actuellement est insuffisant pour le projet a venir. Le projet est donc de consti- tuer une communauté solide sur un espace plus grand, difficile 4 trouver dans cette zone trés active de Vancou- ver. LA VIE URBAINE Ce groupe ne tient nulle- ment a se séparer de la ville, il est au contraire trés inté- gré au milieu urbain. Il vient méme y apporter un charme particulier qu’on ne trouve pas souvent au coeur d’une ville nord-américaine. Cependant, cette recher- che de tranquillité et de vie communautaire dans une ambiance marine donne a ce lieu un ton trés recherché. L’architecture y est mise a l’épreuve et les construc- tions originales ne manquent pas. Cette population n’est plus celle qui vivait sur l’eau lors de la dépression, car ceux qui y vivaient étaient forcés de le faire. C’est un choix pour un style de vie trés original qui demande d’aimer la mer et la vie de communauté. Dans |’évolution d’une grande ville, il est intéres- sant de voir comment la population fait son choix de vivre ici ou ailleurs, dans telle localité plutét qu’une autre. C’est grace a un couple rencontré dans l'une de ces maisons flottantes, ainsi qu’a un document sur la petite communauté de Kanish Ma- rine Village, que nous avons pu constituer cet article. Nous aurons. probable- ment l’occasion de voir, dans les prochains numéros, des articles consacrés a l’habita- tion et 4 l’architecture, aussi bien ici que dans d'autres pays. Pour les gens intéressés par de tels articles, nous vous proposons de nous faire parvenir les v6tres au “Soleil” pour publication. Le monde du travail Travail Canada vient d’an- noncer qu’en mai 1978, les arréts de travail attribua- bles 4 des gréves et lock- out ont directement fait perdre 507,510 jours-hom- mes. Il y a eu 179 arréts de travail et ils ont touché 41,316 travailleurs. Les sta- tistiques correspondantes pour avril sont 157 arréts de travail, 42,255 travailleurs et 475,580 jours-hommes perdus. ré qu'il faudra entre 7 et 11 ans a la céte bretonne pour retrouver son équilibre na- turel. Les’ spécialistes ne connaissent pas trés bien les effets 4 long terme, mais 4 court terme, il suffit d’ouvrir les yeux pour constater tant de vie détruite en quelques heures. A Vére des_ pétroliers géants de 500,000 tonnes, propulsés par l’atome, I’hom- me maitre de la technologie, emporté par la raison éco- nomique et le gigantisme, reste impuissant devant de telles catastrophes. Comme le remarquait un océanographe américain: “La technologie pour netto- yer les dégAts infligés par Vhuile déversée dans la mer est loin derriére la techni- que pour transporter cette méme matiére...” Les accidents de la sorte sont toujours plus nombreux et plus graves. Jusqu’a présent, la majo- Par rapport au total esti- matif des jours ouvrables chez les travailleurs rému- nérés dans les secteurs au- tres que celui de l’agri- culture, le temps perdu en mai équivalait a 26 jours- hommes par 10,000 jours- hommes de travail effectués, comparativement 4 28 en mars. Dix-sept des 179 arréts de travail en mai ont eu lieu dans le secteur relevant de l'autorité fédérale. Ceux-ci ont touché 2,492 travailleurs et représen- taient 27,840 jours-hommes (soit 5 pour cent du temps perdu en mai). Vingt-trois des arréts de travail qui ont eu lieu en mai ont touché 500 travailleurs ou plus. Sept de ces arréts se sont produits dans |’indus- trie manufacturiére, six dans les mines, quatre dans ‘la construction, trois dans les transports et services d'utilité publique, deux dans les services et un dans I’ad- ministration publique. En- semble, ces 23 arréts de travail ont compté pour 66 pour cent de la durée en jours-hommes en mai. rité des bateaux qui sillon- nent les mers nettoient leurs. réservoirs vides avec l'eau de l’océan! Le pétrole et l’eau de mer ne peuvent se mélanger et le fait que les bateaux fassent leur toilette dans la mer contribue au moins a 1/6¢me des six millions de gallons qui polluent: les océans cha- que année. En Bretagne, la mer est morte, et ailleurs est-elle condamnée? ee jase 1 scenes nanennabedinninaasiaatanbansibaipean RES aa. Sh ga /.