12, Le Soleil de Colombie, Vendredi 17 Décembre 1976 De Louvain a Paris Chers amis, Me voici dans la Ville des ‘Lions’, car voila ce que veut dire ‘Leuven’, le nom flamand de cette ville. On est en pleine Flandre, bien que, en mon _ ignorance totale de la langue flamande, jarrive a me tirer d’affaire partout en parlant francais. Pour tant, toutes les enseignes sont écrites uniquement en flamand; méme mon billet ferroviaire, acheté a Paris, porte, en tant que destination, le nom de ‘Leuven’, non pas celui de ‘Louvain’. Le but de ce voyage était de me réunir avec Mgr. Etienne L., grand savant qui, malgré sa vocation et sa foi catholique fervente, s’occupe presque totale ment de |’étude du Bouddhisme, ce qui m’'intéresse moi aussi, encore que je sois loin de légaler en ce domaine. A Paris, je m’étais réuni avec un savant japonais, dont j’avais traduit et publié (dans un journal torontois) un article.Lorsqu’il m’indiqua que lui aussi avait l'intention de voyager 4 Louvain dans le méme but, je lui répondis, ‘Si je reportais d’un jour mon retour a Paris, je serais en mesure de vous servir d’inter préte, puisque vous ne parlez pas de francais, tandis que Mgr. L. ignore le japonais.’ - Ne vous inquiétez pas! Nous nous tirerons d’affaire, tant bien que mal, en anglais. - Au contraire, ce serait pour moi un plaisir et un honneur 4 la fois. D’ailleurs, si je peux m’exprimer un peu franchement, je sais que ni lui ni vous n’avez la facilité de l'anglais. - Bon! Allez-y. Lundi (15) aprés-midi, je mon tai en train 4 la Gare du Nord. Les expériences que j’y ai faites sont dignes de répétition. Je partageais un compartiment avec six autres personnes, deux Fran caises, deux Amgutgins et deux jeunes hommes de langue espa gnole. Puisque le but des Fran- caises était Bruxelles, et qu'il n’y a pas de ligne directe Paris-Lou-. vain, nous avons fait tous ensem- ble le voyage Paris-Bruxelles. Ne connaissant presque pas la Belgi- que (je n’eus que passé deux ou trois jours 4 Gand), j’essayai de me renseigner a son sujet a l’aide des Frangaises. Lorsque je leur . dis: “Je suppose que Bruxelles est une ville flamande”, elles éclatérent de rire, comme si les seuls a.parler flamand étaient sous-humains. (Cela me rappelle un phénoméne canadien analo- gue.) Aprés s’étre accalmies, elles me répondirent que Bruxel- les, étant la capitale nationale, ' était une ville biliingue, que l’on n’avait aucun besoin de savoir le flamand pour s’y tirer d’affaire. Les deux Américains se parleé- rent en francais tout le long du voyage; c’est leur accent qui m’indiqua leur origine. Quant aux deux hispanophones, ils ne se connaissaient pas. L’un lisait un livre espagnol, l'autre causait avec nous de temps en temps. J’avais un journal viennois, que je lisais en vue d’améliorer mon allemand, lequel commence 4a se détériorer, en vue d’une visite que je ferai bientét en Allema- gne. Aprés l’avoir lu, je l’offris aux autres. Un des Américains l'accepta, puis il le passa a lhispanophone qui avait causé avec nous. Quand nous arrivémes a Bruxelles, celui-ci m’aida beau- coup, me disant que, en tant~ qu’étudiant a l'université catholi- que de Louvain, il connaissait bien le ‘terrain’. Puis, lorsque je lui demandai s'il connaissait Mgr. L., il me répondit: ‘Bien sir! Toute la ville le connait, surtout a luniversité.’ - Bon! Mon but est de le visiter, car je ne le connais que de réputation. - Moi aussi, mais il a une trés grande réputation. Vous avez ou ENFRA ET AUSSI EN AN LIVRES NEUFS ET USAGES EN VENTE A PRIX REDUIT LITTERATURE, ROMANS POLICIERS, ~ POESIE, ESSAIS, THEATRE, BANDES DESSINEES. VARIETE DE Bee D’ ENFANTS paso “LE SOLEIL” 3213 rr rue 1e Cambie VANCOUVER tel. 879-6924 wenis! LAIS loger? - Je n’ai rien arrangé, mais je suppose qu'il y aura un bureau de logement a la gare, ce qui est le cas de toutes les gares européen- nes. - Méme s'il n’y en a pas, vous n’aurez pas a vous inquiéter, car il y a plusieurs hétels juste en face. Descendant du train, nous allames au bureau d’échange, M. Pedro F. (car c’est son nom) portant ma lourde valise, et de la nous vinmes a cet hétel, ot je l'invitai 4 dfher avec moi. Puis je lui dis: "Mgr. L. habite Avenue des Alliés. Vous savez ou c’est?’ - Mais certainement! C’est 1a’, m'indiquant du doigt la rue sur laquelle donnait la fenétre du café. ~~ Aprés le repas nous nous rendimes chez Mgr. L. Au cours de la conversation, je lui dis: “Monseigneur, 4 ma honte, j’ avoue que, il y a trois ans, je me trouvais dans la méme salle avec vous a Paris, au congrés orien- taliste, sans vous reconnaitre, car je cherchais un monsieur portant la soutane.” - Quoi? Vous n’aviez pas entendu parler du célébre Concile? Puis, M. Pedro F. de dire: “Ce sera, peut-étre, une surprise, mais je suis moi aussi prétre. Je suis nommément dominicain, ori- ginaire de la. Colombie, et j’y retourne aprés avoir fini mes études a Louvain.” Dréle de coincidence. Deux prétres en civil, deux Américains (abstraction faite de la différence nord-sud), deux Colombiens (mé- me abstraction). “Le lendemain, Mgr. L. m’invita a déjeuner avec lui dans un restaurant chinois. Tandis que nous prenions notre repas, nous vimes entrer, pour prendre place tout prés de nous, six jeunes hommes, évidemment des “ju- nior businessmen”. Puisque la langue qu’ils parlaient avait un ton familier, je constatai, en faisant un peu d’attention, qu’ils s'entretenaient en anglais, tous avec un accent non-anglophone. Il s’agissait de quelques Fla- mands qui avaient invité quel- ques Allemands a un déjeuner chinois. Les langues natales des deux nations se ressemblent tellement que les uns pourraient apprendre celle des autres sans - difficulté. Pourtant, ils choisirent langlais, évidemment parce que celui-ci est "Esperanto du vingt- iéme siécle. Un Canadien, de n’importe quelle communauté linguistique, ferait bien de passer un peu de - temps en Flandre, car, a condi- tion de substituer “francais”, “flamand” a “frangais”, il se sentirait bien chez lui. (Mgr. L. dit lui-méme: “Voici une quaran- taine d’années que jhabite a ‘ Louvain, et je n’arrive toujours {}> pas a parler flamand.”( A la différence de la langue frangaise, les langues néerlandaises n’ont pas une grande valeur en dehors _ du coin de la terre ot elles se~ ' parlent, mais ce n’ést pas sur cela qu’est basée la méprise linguisti- que. Comme je I’ai déja dit, je ne comprends pas un seul mot de flamand, mais jinsiste avec la méme passion sur le droit des Flamands de rester flamands, de parler flamand, que celle qui a marque le soutien Aue je Diggs a V. TAX EVASION - la cause francophone au Canada. Un voyage en Belgique approfon- dirait la compréhension du phé- noméne linguistique de la part des Canadiens, et.il stimulerait aussi l’économie belge, qui, d’ail- leurs, n’a pas trop besoin d’étre stimulée. Le france belge, qui, vaut moins de $0,025, est néan- moins une devise trés solide. Le cofit de la vie est tout aussi élevé ici qu’a Paris; en quelques domai- nes, encore plus. Il faut qualifier la déclaration que je ne sais pas un seul mot de flamand, car il s’agit de la langue parlée.. Puisque le flamand est une langue germanique, quand je vois.une inscription néerlandaise, jessaie, a l’aide de l'anglais et de lallemand, d’arriverrr 4 son sens Jusqu’ici, mes efforts n’ont pas été couronnés d’un succés éblou- issant, mais je reconnais, de temps en temps, un mot, surtout quand l'inscription néerlandaise est accompagnée d’une version frangaise ou, ce qui devient de plus en plus fréquent, d’une anglaise ou d'une allemande. Malgré deux occupations alle- mandes, toutes deux bien cruel- les, les Allemands sont partout. Si on veut leur enlever leur argent, il faut savoir leur langue. Tout prés de l’hétel, il y a une succursale de Sears, ow j’ai fait quelques achats. Tous les mem- bres du personnel parlent fran- cais, mais il y a parmi eux quelques-uns qui ne le parlent évidemment pas avec trop de plaisir. Ayant choisi quelques objets, jallai a la caisse. La caissiére me fit savoir-le prix en flamand, que je ne compris pas, mais je vis le numéro 74 sur la balance. “Soixante-quatorze?” lui demandai-je d’un ton plus ou moins courtois. “Septante-qua- tre,” me répondit-elle, me regar- dant d’un oeil dépourvu de la derniére trace de bonté humaine. Léon HURVITZ Ke mot « par Louis-Paul BEGUIN MERCI, EMILE Je sais gré 4 Emile Zo- la d’avoir écrit: ‘*Une langue est une logique. On écrit bien lorsqu’on ex- prime une idée ou une sensation par le mot juste. Tout le reste n’est que POMPONS ET ‘FALBA- LAS”’ . Mon Dieu, que j’ai- me: Po mpons et falbalas! Car c’est bien vrai que nous devons tous écrire simple- ment et logiquement.. Pourquoi compliquer la vie des lecteurs en leur donnant 4 lire des phra- ses tarabiscotées. Des pompons, on en lit tous les jours. Des mauvaisestra- ductions, des tournures bi- zarres, rienque des falba- las. Il faut que chacun garde chez soi, sur son bureau, un bon dictionnaire: le Pe- tit Robert, le Petit La- rousse. N’hésitons pas 4a recourir aA notre diction- naire si nous ne sommes pas sQrs de nous. Est-ce frangais. Voila une phra- se qu’il ne faut pas hési- ter Ase dire. Mieux vaut une hesitation, une seconde -perdue, . qu’une phrase mal écrite dans un article, qu’un mot mal orthogra- phié. " Nous, les journalistes, les professeurs, les linguis- tes, sommes responsables de la langue devant le peu- ple. Nous influengons nos lecteurs, nous n’avons pas le droit d’étre mauvais en francais. M. Zola, vous qui déja vous inquiétiez des phra- ses mal tournées et qui avez écrit de magnifiques pages (je pense 4a la ‘* Béte Humaine), je vous dis mer- ci. Merci Emile. abeveeaseredeees a le Coin du Traducteur. is FIGURER 1 - Se figurer - (FAUX) Il a figuré qu’il reussirait - EXACT) Il S’EST FIGURE qu’il réussirait - ie Calculer, estimer, évaluer, prévoir, compter - (FAUX) J’ai figuré que mes frais s.éléveront 4 tant. (EXACT) J’ai CALCULE - ESTIME. - PREVU que mes frais s’éléveront 4 tant - (FAUTE) Je figure mettre dix heures pour y arriver - (EXACT) J’ESTIME - JE COMPTE mettre dix heures _ pour y arriver - 3 Calculer - a) avec complément direct d’objet - . (FAUX) Je vais figurer le prix de revient - we (EXACT) Je vais CALCULER le prix ‘de. revient - b) pris absolument - (FAUX) Cet éléve a du mal 4 figurer - (EXACT) Cet éléve a du mal 4 CALCULER - ELECTRONIC VIDEO RECORDING -- Définition: Procédé électronique d’enregistrement de l’image - . Traduction: ELECTROCINEMA - Fam.: ELECTROCINE - TAX AVOIDANCE (fin.) Définition: Action d’échapper 4 l’impdt par des moyens qui ne sont pas contraires 4 la loi - Traduction: EVASION FISCALE - _——— ee te ee ee ee ee LC Lr aes 2.2 Oe S08 ole et pe eee