6 Education: «Enjeu National»-Volume I, Semaine du 5 mars 1990 Portrait historique Evolution de l’éducation des minorités de langue Wt au Canada par Angéline Martel our saisir les implications liées al’adoption de I’ar- ticle 23 de la Charte, il importe de resituer ce- lui-ci dans 1’évolution générale de l’éducation des minori- tés francophones au pays. Tel est le but du texte qui suit: il présente d’abord un apergu de |’éducation des minorités francophones avant 1982 et évoque ensuite les change- ments des effectifs scolaires fran- cophones notés depuis l’adoption de l’article 23. L’autonomie initiale des communautés francophones Aux origines de la colonisation, les communautés francophones bénéficiaient d’une autonomie lo- cale. Les services éducatifs de lan- gue francaise se développaient au fur et 4 mesure de I’établissement des communautés francophones a travers le territoire, au rythme et selon les besoins de chaque com- munauté. En 1676, par exemple, sur le site actuel de la ville de Kingston en Ontario, une communauté franco- phone s’établit et se donne trés tét une €cole. Mais c’est surtout au milieu du dix-neuviéme siécle que se multiplient les communautés francophones du Haut Canada et, avec elles, les écoles de langue fran- caise. En Acadie, une premiére école frangaise est établie 4 Port Royal dés sa fondation en 1707. D’autres Suivent au rythme de la colonisa- tion. Dans |’Ouest canadien, les pre- miéres écoles francaises sont fon- dées au début du dix-neuviéme siécle par des missionnaires, avant méme |’arrivée des premiéres colo- nies frangaises. Ces écoles sontalors destinées 41’ instruction et al’évan- gélisation de la population indigéne et métisse. Des enclaves franco- phones apparaitront surtout a partir du milieu du siécle, alors que s’amorce véritablement la coloni- sation de l’Ouest. Chaque commu- nauté se dotera de son école. A cette époque, les services éducatifs, généralement rudimen- taires, sont dispensés, financés et gérés localement par les membres de la communauté, de concert avec les autorités religieuses. Les com- munautés francophones bénéficient donc d’une autonomie complete en matiére d’éducation. La perte graduelle d’autonomie Le pays sera graduellement re- groupé sous l’égide de gouverne- ments qui prendront dés lors des peste oneal ge | Vous étes interesse(e) | 1 par les revues, les livres 1 ef les videocassettes? | ; Oui, ca miintéresse. t Je désire recevoir GRATUITEMENT votre mini-sélection. i Nom I i — Code postal | : ee ree — =I i l ; C.P. 444, Outremont, Qc H2V 4R6 PERIODICA, la maison de I'abonnement (PERIODICA) | L'éducation postsecondaire en francais... Direction-Jeunesse est un organisme de développement au service des jeunes de l'Ontario (613) 238-1213 dispositions relatives 4 1’éducation a l’intérieur de leur territoire. En 1867, l’établissement de la Confé- dération canadienne, qui réserve dorénavant aux gouvernements provinciaux le pouvoir exclusif de légiférer en matiére d’éducation, aura des répercussions décisives sur l’évolution del’ éducation francaise au pays. Par le biais notamment du financement public, ces gouverne- ments s’accapareront graduellement un domaine de compétences qui relevait jusque 1a des pouvoirs lo- caux et dans lequel les communau- tés francophones profitaient de la plus grande autonomie. Les gou- vernements provinciaux établiront ainsi des lois et des réglements régissant directement et unilatéra- lement, a l’échelle de chaque pro- vince, la langue d’instruction, la certification du personnel ensei- gnant, les matiéres a enseigner, les manuels scolaires, l’étendue des districts scolaires, etc. Soucieux de consolider son pouvoir et de satisfaire avant tout sa majorité linguistique, chaque gou- vernement provincial tente désor- mais d’implanter unsystémed’édu- cation uniforme a la grandeur de son territoire. Les mesures qu’il adopte ont pour effet, d’une fagon générale, de favoriser la majorité anglophone au détriment de la minorité francophone. De nombreu- ses législations viennent ni plus ni moins restreindre, abroger ou en- core interdire en tout ou en partie les dispositions ayant permis jus- que 1a V’instruction en francais, tandis que l’anglais est imposé peu a peu comme seule langue d’ins- truction autorisée. De telles législations seront adoptées notamment au Nouveau- Brunswick, en Ontario, au Manito- ba, en Alberta et en Saskatchewan, surtout au cours des premiéres décennies de la Confédération. Citons pour exemple la promulga- L'université adaptee — a vos besoins Situé dans un milieu francophone stimulant, le COLLEGE UNIVERSITAIRE DE HEARST offre a ses étudiantes et étudiants un enseignement personnalisé de qualite. Etudier en francais, c'est vivre sa francophonie! Pour plus de renseignements, communiquer au : Bureau des admissions 60, 9° rue, C.P. 580 Hearst (Ontario) POL 1NO Tél. : (705) 372-1781 Fax : (705) 362-7518 COLLEGE UNIVERSITAIRE eo ee DE HEARST tion du Réglement 17 en Ontario en 1913: conjoncture importante dans I’histoire des francophones onta- riens, ce réglement limitait délibé- rément l’enseignement en francais aux deux premiéres années du pri- maire et ]’interdisait dans les an- nées subséquentes. Constamment l’objet de vives protestations de la part de la minorité francophone de la province, ce réglement demeura toutefois en vigueur jusqu’en 1927. L’octroi de certains droits éducatifs Autour des années 1910-20, 1’évolution de l’éducation francaise au pays prend cependant un nou- veau tournant. Les minorités fran- cophones s’organisent graduelle- menten larges associations, qui ont pour effet d’augmenter considéra- blement leur poids vis-a-vis des autorités provinciales. Ainsi la plu- part des provinces commenceront peu apeua modifier leurs législa- tions de maniére a réhabiliter l’en- seignement en frangais. Cette libé- ralisation se limite toutefois a cer- tains niveaux scolaires et ne con- cere en certains cas qu’une partie seulement de la journée scolaire. Le changement d’attitude sera beaucoup plus marqué a compter des années 1960. Le gouvernement fédéral reconnait alors officielle- mentla dualité linguistique du pays et entreprend d’établir des politi- . ques nationales respectueuses de cette dualité, notamment par la création de la Commission royale d’enquéte sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963). C’est vérita- blement avec cette derniére que la © question des droits scolaires des minorités de langue officielle com- mence a s’imposer dans les débats publics 4 l’échelle nationale. En 1969 est enfin adoptée la Loi cana- dienne sur les langues officielles, qui consacre le caractére bilingue du Canada. La question des droits scolaires des minorités francophones devient par la suite un enjeu central des négociations intergouvernementa- les, négociations qui permettront aux minorités francophones de fran- chir des pas trés importants en