e PAGE 6 L’ANSE-AU-SABLE Bee Coup d’cil sur l’abeille domestique: les rayons de la ruche par Sébastien Héon Lorsque 1’on s’intéresse a l’abeille domestique l’on remarque en premier lieu une structure sociale complexe ainsi que leur habitation : une construction élaborée faite d’alvéoles. En faisant quelques recherches, l’on découvre une multitude d’informations aussi étonnantes que fascinantes. Voici un compte-rendu de leurs exploits. Tout d’abord, la matiére premiére utilisée dans la construction des alvéoles est bien sir la cire. Elle set sécrétée par huit glandes ciriéres localisées dans l’abdomen, de |’abeille. La consommation de pollen est nécessaire 4 la production de cette matiére premiére qui demande beaucoup d’énergie. Chaque petite écaille (morceau de cire) est machée en moyenne quatre minutes avant d’étre utilisée. En conditions idéale, il faut, pour obtenir un kilogramme de cire, qu’environ 66 000 abeilles travaillent durant une heure. Ce kilo de cire pourra servir 4 construire approximativement 77 000 alvéoles, soutenir 22 kilos de miel et contenir une pouponniére de plus de 20 000 larves ou pupes d’abeilles. La forme hexagonale est celle qui offre le meilleur rendement unité par volume. Les abeilles travaillent en équipe. Une cellule est construite par plusieurs d’entre elles et plusieurs cellules sont construites en méme temps. Les abeilles commencent par le fond de l’alvéole, puis forment et allongent les cétés au fur et a mesure. Au tout début d’une colonie, la construction d’alvéoles est entamée au_plafond et sur les murs de la ruche. Plusieurs sites de construction débutent simultanément. Les ouvriéres s’y accrochent en chaines et forment une grappe dense ow la température est de 35 degrés Celsius, idéale pour la sécrétion de la cire. Une méme cellule peut servir a élever des larves, emmagasiner du miel, du pollen du de l’eau. Le reste ne semble que pur chaos et désordre 4 nos yeux. Un individu peut interrompre le modelage d’une cellule pour aller nourrir des larves, se reposer, puis reprendre sa tache premiére a un autre site. Un autre individu peut se promener d’alvéole en alvéole en ajoutant un peu de cire ici et la, polissant les murs par-ci, par-la. La précision et la solidité des rayons sont pourtant remarquables. Par exemple, |’angle entre les murs de n’importe quelle cellule est toujours de 120 degrés. Les stimuli qui déclenchent la construction sont les suivants : découverte de beaucoup de nectar, de pollen, manque d’espace pour élever les larves, danses, génes, etc. La plupart des insectes sociaux construisent leurs nids a la verticale, contrairement aux abeilles melliféres qui les construisent a l’horizontale. On croit que ces derniéres se servent de la gravité afin de déterminer dans quel sens batir les rayons. Elles sont munies de poils a la base du cou attachés a des plaques sensibles. Lorsqu’elles tournent ou inclinent la téte, les poils penchent et ces mouvements leur indiquent ou est le haut. Sans cet ingénieux systéme, les ouvriéres seraient incapables de fabriquer des rayons. Cependant, fait intéressant, une petite colonie a bord de la navette Challenger en 1984 réussit a édifier des cellules utilisables, bien que d’aprés nos expériences sur Terre, elles devraient en étre incapables en état d’apesanteur (Vandeberg et al. 1985). Mystére! Quant a l’aspect évolutif, le plus ancien fossile a été trouvé dans de l’ambre balte vieux de 40 millions d’années. Cette abeille ancienne et trés différente de notre abeille moderne est aujourd’hui éteinte. Elle est classée dans un genre qui lui est propre, Electrapis (Culliney 1983), Le plus ancien fossile d’alvéole a été découvert récemment en Malaisie et date de la fin du Tertiaire, ce qui est beaucoup plus récent. L’abeille moderne n’a que peu changé morphologiquement durant les derniers 30 millions d’années. Il est fort probable que leur comportement social complexe soit apparu il y a environ 27 millions d’années. Des bactéries trouvées dans |’intestin d’une abeille fossilisée datant de 25 millions d’années ont été ravivées en laboratoire. Des études comparative biochimiques ont démontré qu ’Apis mellifera avait un niveau plus élevé d’acides-aminés, et donc une évolution plus rapide que les autres espéces d’abeilles. En simplifiant 4 l’extréme, on pourrait aussi dire que l’abeille 4 miel est une guépe devenue végétarienne. La cire d’abeille est extreémement inflammable et dégage une chaleur trés intense lorsque brilée. Tous les apiculteurs connaissent les précautions a prendre lors de la destruction par le feu d’une colonie malade. Ils savent, tout comme les abeilles, que le feu représente un danger réel pour les ruches. D’ou vient le subterfuge qui consiste 4 les enfumer légérement avant de les manipuler? Les ouvriéres s’empressent alors de ventiler la ruche ou de se plonger la téte au fond d‘une alvéole pour se gorger de miel afin d’étre prétes a quitter le nid! Ainsi préoccupées par la menace incendiaire, elles laissent |’intrus faire sa besogne en paix. Bibliographie: Culliney, T.W.1983. Origin and evolutionary history of the honeybees, Apis. Bee World64:29-37 Seeley, T.D.1995. The wisdom of the hive:the social physiology of the honey bee colonies. Harvard University Press, Cam- bridge. 295 pages. Vandeberg, J.D., D.R.Massie, H.Shimunski, J.R.Peterson et D.M.Poskerich.1985.Survival, behaviour, and comb construction by honey bees, Apis mellifera, in zero gravity aboard NASA shuttle mission STS-13.Apidologie16:369-3383. Winston, M.L.1987. The biology of the honeybees. Harvard University Press, Cambridge. V111+281 pages.