entre l'autorité paternelle et maternelle, toutes deux tributaires de celle de monsieur le curé et l'autorité du clergé qui dirige d'une main de fer des séminaires dont l'existence réelle est de recruter de futurs ecclésiastiques parmi les éléves les plus bril- lants avec l'assentiment des parents. L'atmosphére sordide qui étouffe la libre expression n’a pris fin que trés tard, lorsqu'a éclaté la révolution tranquille du début des années soixante et la fin du régime de Duplessis. Cela ex- pliquerait pourquoi tant de poétes et d'écrivains, comme Ré- jean Ducharme, adoptent un pseudonyme ou se cachent com- plétement, loin de leur public lecteur. D'autres, comme Anne Hébert ou le Frére Untel, ont préféré s'expatrier carrément. « Arthur Buies, écrira Pierre Chatillon, fut le premier a se rebel- ler ouvertement contre cette situation ». Il donnera un extrait de La lanterne, oeuvre de cet auteur datant de 1868 et publié aux éditions de L'Homme en 1964 : « Ici, il nous est resté deux gé- nérations moutonniéres, agenouillées au son des cloches, et tellement accablées de bénédictions célestes qu'elles ont per- du de vue les choses de cette terre. » (41) L'auteur €voque son adolescence brimée dans sa ville natale Nicolet, dans les termes suivants : « A partir de 18 ans, je m'éloignai de ma famille et du sémi- naire en passant tous mes étés sous la tente dans un bois prés de Port-Saint-Francois. » (206) C'était la premiére étape d'une fuite qui le ménera lui aussi hors du pays, a la recherche d'une liberté a laquelle aspire la jeunesse québécoise de sa génération. A Paris, I'étudiant de la Sorbonne ne fera pas que des études, il explorera le pays de ses ancétres et sera séduit par le sud de la France engorgé de soleil et de lumiére. A Sainte-Marie de la mer, il plantera sa tente sur les sables de la plage, ce sera son chateau de sable dans lequel il connaitra le bonheur de la liberté.