Le Moustique !... Pacifique | Volume7 - 3¢ Edition ISSN 1704-9970 Mars 2004 Nootka ou la fatalité au féminin L’Association des écrivains francophones de la Colombie-Britannique est Siere de compter parmi ses membres I’écrivaine Monique Genuist. Elle vient de publier un huitiéme roman : « NOOTKA » qui a été trés bien regu par de tres nombreux lecteurs. Les critiaues sont toutes élogieuses auant au contenu historiaue du roman. Nootka l’Amérindienne, Fanny la Parisienne et Rosalind I’Allemande : trois victimes au destin tragique pour avoir été des femmes dont le sort est souvent déterminé par l’autre. Nootka est le nom d’une jeune Amérindienne de la tribu des Songhees dans la Baie Cadboro en Nouvelle-Calédonie, rebaptisée Colombie-Britannique par les Anglais lorsqu’ils établiront leur premier fort a Victoria. Personnage fictif important malgré le réle secondaire qui lui a été attribué dans le roman. Petite femme deélicate, elle est soumise aux traditions de sa tribu et plus tard, dans sa relation amoureuse avec un Blanc, a l'idéologie de |'église catholique, laquelle se partage avec les protestants la mission de convertir les autochtones. Déchirée entre les valeurs de ses ancétres et celles de "homme blanc qu’elle aime, elle fait montre d'une lucidité peu commune et accepte souvent de faire des compromis afin de ne pas s’aliéner sa tribu et de s’intégrer a une société blanche dans laquelle le destin l’a poussée. L’autre personnage important n'est pas Jean-Baptiste, l'amoureux de Nootka, figure médiocre, mais son cousin Louis-Joseph « qui a quitté son poste d'ingénieur a Strasbourg pour se faire chercheur d’or en Californie » et qui repart retrouver sa Lorraine non pas en aventurier enrichi mais en tant qu’étre désillusionné, conscient que « cette Amérique dont il avait tant révé le rejette » en le privant de son bonheur et en emportant son amour, découvert sur le tard, dans un incendie qui a détruit le village de Barkerville en 1868. L’épopée de Sep, diminutif a l’américaine de Louis-Joseph, commence a Sacremento en Californie, comme pour tant d’autres aventuriers venus d'Europe et d’ailleurs, a la recherche du métal jaune précieux que |’on trouve, semble t-il, dans la vase boueuse des cours d’eau. Cette 6popée de la ruée vers l’or se transporte ensuite dans le Nord du continent, colonie de la Colombie-Britannique. Victoria dans la pointe méridionale de I’ile que l'on désignera plus tard ile de Vancouver sera la premiére étape. Un endroit ou l'on demande un permis d’exploitation auprés du Gouverneur de sa Majesté avant de pénétrer plus avant dans la vallée du Fraser et de remonter jusqu’a Barkerville qui sera l'ultime Eldorado de cette ruée vers lor. L’auteure parle de « reconstitution romanesque d'un moment peu connu de la ruée vers lor en Colombie-Britannique » et choisit des « personnages fictifs dont beaucoup sont des francophones qui ont fagonné cette époque charniére de la céte Ouest. » Sa technique romanesque classique est menée de main de maitre. Le lecteur accroché au déroulement des événements se laisse emporter a son tour. Témoin de la passion de ces hommes déchainés devenus des bétes féroces qui n’obéissent qu’a la seule loi de s’enrichir méme par le crime et la violence. II les accompagne dans leurs pérégrinations et les observe le soir dans les saloons et les maisons de prostitution en train de dépenser sans compter leur recette de la journée. Une Francaise, Fanny Bendixon, est une figure 14