14 Arts et Spectacles c* omme il adorait ses grands-parents maternels! La grand-mére restait figée surson fauteuil roulant, l’oeil soucieux, inquisiteur, alors que “son vieux” faisait toujours le grincheux pour des riens et, au dire de “sa vieille”, lorgnait encore un peu trop les femmes. Les voisins répétaient: “C’pas ces vieux-la qui vont mourir de rire, c’est sartin!” Pourtant, dés que Pierrot, le p’tit dernier de la plus jeune des filles, apparaissait dans le vaste salon]’aprés-mididuJourdel’ An, ces “p’tits vieux impossibles” devenaient tout autres, se transfiguraient littéralement de bonheur. De longues distances et la maladie ne leur permettant pas de revoir et de choyer leur dernier petit-fils 4 leur godt, la grande réunion familiale traditionnelle s’avérait l’occasion révée de traiter ce “bel ange blond descendu du ciel” ou ce “joli visage en demi- lune” (images préférées de grand- mére) avec tous les égards dusaun petit prince. Pierrot le savait bien, et il en était tout a fait ravi. Bonne Année ! La parenté arrivait gaiement, oncles, tantes, cousins, cousines, chacun prenant soin de bien secouer ses bottes enneigées. “J’te souhaite une année de grosses vaches grasses!" "Moué tou, ch’t’ensouhaiteune tannante de bonne, une vachement bonne, comme dira les Frangas!" reprenait l’autre. “Bonné-teureu- zannée”’s’exclamaituneprécieuse. “Ch’t’en souhaite une bien-no- boutt-traussi!” _répondait, moqueuse, une cousine excentrique. Ou encore : “Bon succés dans toutes vos entreprises, mon onk tit-Toine!”, sans oublier le voeu idéal: “Vous aut’, Malvina pis Harvé, j’vous souhait’ rien a@’moins que l’paradis a fin d’vos jours!" "C’est ¢a, Charles- Conte du Jour de |'An Les etrennes de Pierrot Auguste, dis don’ qu’on a déja chaquin un pied dans tombe, t’en qu’a y ét’!” Et vive la joie! Fusaient les _ rires, s’enchainaient baisers légers (certains méme brilants), serrements de mains, embrassades, déclarations d’amitié, cris de joie, rigolades en cascades, mots a l’emporte-piéce... Chacun y allait de sa spontanéité naturelle trop longtemps retenue. Le grand souper de circonstance, servi dans de la vaisselle fleurie aux rebords finement dorés, était, selon la coutume, précédé et suivi de quadrilles (appelés “sets carrés”) et de chansons 4 répondre, dont celles-ci, toujours les mémes: “Le poil(e) r’volait, mon minou...”, “C’ était un p’tit sauvage tout noir, tout barbouillé...”, “Belle rose du printemps”... Tout cela copieuse- ment arrosé, bien entendu, de p’tit caribou pour les “vrais“ hommes et de toutes sortes de “liqueurs” pour les “belles créatures” et leurs mammots. Avant comme aprés le repas, les “mononks” surtout risquaient de grosses farces grivoises, cocasses ou délirantes, et méme des plaisanteries franchement cochonnes, que les grands-parents se faisaient un devoir de donner |’impression de mal entendre (“Moman, quossé qu’¢a veut dire: 'Mon grand spring est cassé?' Pour quossé faire qu’on trouve ca dréle?”). Les uns racontaient des récits de chasse, d’autres de péche, tous invraisemblables, récits que les conteurs se désémaient a vouloir faire passer pour pure vérité. Déclamation En soirée, quand la belle vaisselle était toute rangée a nouveau dans son large buffet sculpté, venait la minute tant attendue par les grands-parents: la déclamationdeleurpetit-fils adoré. Debout prés d’un antique piano droit, sous le regard ingénu d’une sainte Cécile en pdmoison, bouleversée, aurait-on dit, par un excés de bonheur céleste, Pierrot semblait maintenant prendre un vif plaisir a |’attention soudaine que tous lui accordaient encore cette année. Silence respectueux, comme a la messe durant |’ élévation. Le petit bonhomme y allait lentement de sa jolie voix claire, le geste comiquement théatral: “J’aime grand-papa, j’aime grand-maman (il avait failli ajouter, cette année-la: “J’aime son argent”), j’aime mon p’tit chat, mon p’tit chien, mon p’tit fréere. J’aime grand-papa, j’aime grand-maman, J’aime mon p’tit frére et mon glo-o-o zéléphant.” Applaudissements 4 tout rompre, et 4 n’en plus finir. Grand-mére et grand-pére fondaient en larmes, commesi venaient enfindes’ ouvrir devant eux, toutes grandes, les portes de l’éternelle félicité. La “matante” qu’on surnommait effrontément “la grosse Germaine” ne manquait jamais des’écrier: “Y es-tu cute a mort, c’t’enfant-la. C’est ben effrayant!” Approbation générale. Sans s’en rendre compte, bien siir, Pierrot commencait ainsi a se forger, peu a peu, un incommensurable ego. Mais qu’importait tout cela. Un autre moment excitant entre tous était enfin arrivé pour lui, celui de déballer plusieurs cadeaux de valeur, queseulsses grands-parents avaient les moyens de lui offrir. Plusieurs cadeaux, ai-je dit? C’était bien plus: une véritable avalanche d’étrennes, un immense coffre aux trésors: d’un petit banjo a un train électrique, d’une premiére paire de patins a un jeu de hockey sur table... Pierrot accumulait les becs de reconnaissance (“Les convenances |’exigent”, avait affirmé sa maman) sur les joues flétries et roses de satisfaction de ses grands-parents. Vous voulez-vous-tu? Cependant, |’ étrenne qui, ce premier janvier, avait procuré le plus de contentement 4 |’enfant, c’était une longue traine sauvage derniercri. En!’ apercevant, Pierrot demanda, sur un ton ferme et déterminé, a son grand-pére encore tout ému: “Grand-popa, est-c’que vous voulez-vous-tu étrenner ma traine avecmoi demain?” Levaste _ salonéclata deriresans quele petit chouchou de ses grands-parents maternels ait su pourquoi. Comme Pierrot les adorait, ce jour-la, les vieux parents de sa maman! II représentait pour eux Vultime trésor de leur vie, mais eux, pour lui, n’étaient rien de plus que des pourvoyeurs annuels d’une foule de surprises achetées a prix d’or. Oui, comme il les adorait ce jour-la! Dommage que cette “adoration”, bien qu’intéressée, n’ait pu se manifester autrement et plus souvent. Dommage, en effet, que cela n’ait puarriver, comme va la chanson, “rien qu’une fois par — année”. Lendemains de réjouissances Retour4 la maison, enfin, le soir du 2 janvier, “le lendemain de la veille”, comme on disait. Les excés de fatigue et de table causés par les réjouissances traditionnelles, les multiples énervements, la nuit précédente presque blanche et le long voyage aller-retour, tout contribuait maintenant transformer notre petit angelot en véritable petit démon: crise de nerfs, pleurs déchirants a fendre |’4me, interminables lamentations d’un gamin subitement trop gaté quise croyait désormais maitre du monde. Mais dans la vie, tout s’arrange avecletemps. C’est ainsi qu’a peine deux jours plus tard, la maman surprit son Pierrot en train de s’en donner a coeur joie dans le sous-sol avec ses p’tits copains: chacun prenait un plaisir fou a se créer un univers de fantaisie avec rien de plus que l’amoncellement de... boites-en-carton-vidées-de- leurs-étrennes. Jean-Claude Boyer L'authentique premier "Mongolie Grill" en C.-B. Comment créer une crépe mongole. a ~~ by — 1. Choississez vos sauces et ingrédients favoris. 2. Apportez votre bol pour qu'on le pése et nous ferons glisser votre mélange. 3. Roulez les ingrédients dans la crépe mongole. ry n@ 4. Dégustez votre composition et pensez a Ia prochaine. The Mongoliz Gulf 46) e wa 4 fe} Lundi - Mardi 11 &@ 22h30 Vendredi 11 4 minuit Samedi 16 & minuit Dimanche 16 4 22h30 est le SOS Cette section du journal est réservée a la publication de cartes d'affaires et aux annonces de services commerciaux. Ce service est offert sur une base annuelle 4 un taux plus qu'avantageux. Le Soleil de Colombie pp, Clinique de santé IRE aeons anes TOUT POUR LE TRICOT ET LA BRODERIE oS POUE le Corps LA FONDATION Francine Thivierge i. apa é. Gage 0 E : 8171, chemin Cook, bureau 300 2 OSS Monique Giard,B.A.Ea.| | ANDRE PIOLAT, | | fcerecaaem ce ’ - Bur. 276-8141 Dom. 583-0093 Aarlan Tiber Phildar Pingouin Anny Bla nee un don pour !|’éducation ee ces eee een (604) 731-8780 Agert autorisé de la Mutuelle du Canada et de la Mutuslie Irvesico Inc. 3520 Kingsway, Vancouver, C.-B. 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V6A 2W1 | ET BON GOUT Vendredi 8 janvier 1993 ee eee ae —